Pas de mélanges, non, ça ira. ( PV )

Boire à une heure pareille n'était plus vraiment raisonnable. Surtout en sachant que l'alcool galopait dans les veines de Kina depuis 14h. Il était bientôt minuit. Et elle ne voyait toujours pas trouble, ce qui l'encourageait grandement à boire davantage. La jeune brune venait de se déhancher sur Geronimo d'Aura Dione, et voilà qu'elle voulait encore boire. La promiscuité, la chaleur, la danse, tous ces facteurs faisaient grimper une soif terrible en elle. Sa langue était sèche. Elle détestait ça. Et, bien sûr, pas question de se cantonner à un verre d'eau ; elle avait les moyens de s'envoyer dans les airs et ne comptait pas s'en priver. C'est vêtue d'un haut qui s'apparentait plus à un soutien gorge qu'à autre chose, surmonté d'une longue chemise blanche et affublée d'un jean slim noir qu'elle s'avança pour la énième fois vers le bar. Son foie était décidément en béton armé. Elle ne flancha même pas en appuyant ses coudes sur le bar, remettant ses lunettes en place. Dieu merci, ses cheveux n'étaient pas trempés par la sueur.

- J'te sers quoi, encore, petite ?

Le barman n'avait de cesse de la nommer ainsi. Ses pieds épuisés par ces danses - elle portait, de plus, des talons aiguilles - lui ordonnèrent de se poser sur un des tabourets hauts. Kina s'y installa prudemment.

- Mojito.

- Tu ne veux pas changer, un peu ?

- Pas de mélanges, non, ça ira, répondit-elle dans un sourire.

Attendant qu'il lui serve sa boisson, la jeune femme s'étira. Minuit pile. L'horloge scintillait. Une fille bourrée hurla "Bonne année". Le barman déposa devant elle un verre bien rempli, où une multitude de feuilles de menthe flottaient allègrement. L'odeur de l'alcool ne l'écoeura pas, signe qu'elle pouvait encore boire. Son regard se perdit un moment dans le décolleté de Kina.

- ... Je te l'offre, va.

Elle lui répondit d'un sourire, remuant son cocktail avec sa paille. Des gens buvaient, des gens dansaient, d'autres s'embrassaient. La jeune femme roula des yeux. Pitié. Ce soir, elle le sentait bien, elle rentrerait seule dans son petit appartement au nord de Seikusu. Y'a même plus de métro, maintenant. Secouant la tête, elle s'enfila une large rasade d'alcool. Le rhum scintilla dans sa gorge, et elle rejeta la tête en arrière un moment, tandis qu'on venait s'asseoir à côté d'elle.

Il était bientôt minuit et Gabriel n’avait aucune envie de rentrer dans sa piaule… déjà parce que le connard qui l’attendait allait lui réclamer un loyer qu’il n’avait pas encore les moyens de payer, le salaire tombant dans deux jours, mais aussi parce qu’il allait passer la nuit seul dans un lit vide de présence féminine, aussi, il avait bien l’intention d’aller boire pour oublier.

Il était donc allé vers un de ces bars branchés, se disant que peut être non seulement il picolerait, mais en plus, peut être aurait-il la possibilité de tirer un bon coup dans cette histoire ! Oui, on avait le droit de rêver, le droit d’espérer… ouais, c’est ça, le genre de nénette qui venait dans ces boites venaient pas pour se faire tirer, au mieux elles venaient tirer… le portefeuille d’un ducon… pis elles venaient danser, boire et se lâcher, mais pas vraiment se lâcher sexuellement… au mieux il trouvait des chaudières… mais pour ce que ça valait…

Il entra dans le batr, non sans un billet au videur et fila s’asseoir au comptoir, un siège des plus inconfortables mais il s’en accommoderait dtant bien que mal pour le moment, de toute manière, ce serait plus simple que de faire des allers et retours entre le bar et une table avec banquette, ce qui, avouons le, l’arrangeait bien vu comme il avait l’intention de boire !

« Oh mais c’est le Gabriel !  On t’a laissé tout seul ce soir…. »

Gabriel s’apprêta à lui envoyer une réplique des plus blessantes et des plus grossières, mais il se retint de justesse alors que le barman lui apportait son verre habituel : un scotch, double, sec. Gabriel le prit et le vida d’un trait, à la grecque, cul sec !  Il eut un soupir de satisfaction et lança :

« Un autre !  Et prépares en de suite trois ou quatre, j’ai pas l’intention de décoller tout de suite ! »

Il sourit et se retourna vers la jeune femme à côté suite à un léger regard du barman… jolie…. Il se contint, évitant ainsi de la siffler, mais la lorgner rapidement, il ne put s’en empêcher… elle aurait très bien fait l’affaire pour ce soir… restait à voir si elle était intéressée ou si il pouvait lui donner une raison de l’être !

« B’soir mamzelle ! »

Très éloquent, mais de otute manière il n’avait pas envie de faire un maximum d’efforts…