Quand elle était petite, époque qui remontait à loin, Jane avait été le souffre-douleur de Nell. Pas dans la mesure où elle la battait, mais dans la mesure où Nell, profitant de son léger ascendant physique du fait de son âge, s’amusait à lui sauter dessus quand elle dormait pour la bombarder de chatouilles. Ce souvenir afflua à l’esprit de Jane quand Shion se plaignit d’être chatouillée. Jane frotta alors son nez contre les doigts de la jeune femme, et pencha sa tête vers elle. Ainsi, elle était sensible ? En d’autres circonstances, Jane l’aurait volontiers torturé, comme Nell avait pu le faire, et comme elle le faisait encore de temps en temps sur sa sœur, mais le fait est qu’elle était bien trop excitée pour se permettre ce petit coup. Au lieu d’agir, et de l’attaquer à nouveau, Jane choisit donc de rester sage et calme, retournant embrasser Shion. Elle était vraiment belle, belle et attirante. C’était un tout autre visage de la jeune lycéenne qui apparaissait aux yeux de la femme. Shion recommença à les pousser, et les deux sœurs se regardèrent entre elles, avant de regarder Shion. L’apprentie-sorcière se demandait ce qui pouvait bien lui traverser l’esprit.
Le dos de Shion heurta le lit, et elle les observa, dans une position très sensuelle, avant de faire jouer les bretelles de son corset, tirant sur un cordon, ce qui défit légèrement cette dernière, le rendant moins solide. Jane et Nell, naturellement, bavèrent sur le décolleté très intéressant de la maid. Elle déglutit, tandis que Shion recommença à jouer avec ses lèvres, les léchant, avant de se rapprocher de Jane. Méconnaissable, la discrète Shion se transformait en une sorte de prédatrice sexuelle, une tentatrice qui se mit à caresser délicatement, et plutôt sensuellement, la lèvre de Jane. Elle lécha le doigt ganté de la jeune femme, qui implorait qu’on la « touche ».
*Elle a craqué ou quoi ? Qu’est-ce qu’elle veut dire par là ?*
Jane laissa Shion embrasser Nell, qui répondit à son baiser, le regard de la grande sœur croisant brièvement celui de la petite, partageant la même incompréhension. Il se passait quelque chose que les deux femmes n’arrivaient pas à comprendre, quelque chose qui, en toute logique, les perturbait. Shion redevint alors toute cramoisie, et s’excusa de son comportement. Cette fille était définitivement bizarre... Bon, Jane et Nell n’étaient pas franchement une référence de normalité spirituelle, mais, tout de même... Shion avait presque l’air schizophrène, oscillant entre une jeune fille renfermée sur elle, terriblement nerveuse, et une femme plus mûre, plus passionnelle, plus dominante. Tous les timides étaient-ils comme ça ? Oscillant entre le petit enfant nerveux et l’adulte affirmé ? C’était troublant. Les sœurs se regardèrent, et, sans rien dire, s’avancèrent alors vers Shion, chacune l’embrassant sur une joue, Nell à sa gauche, Jane à sa droite.
Ce fut Nell qui posa ensuite ses lèvres sur la bouche de Shion, tournant sa tête avec l’une de ses mains, tandis que Jane, de son côté, embrassa le torse de Shion, puis ses seins, les embrassant à travers le corset, s’étalant pour cela sur le corps de cette dernière. Elle sentit la pression du sein de la jeune femme, sa poitrine comprimée à travers le corset, et s’en félicita, ne pouvant s’empêcher de jouer avec ce morceau de son corps. Elle léchait son corset, tandis que Nell rompit son baiser avec Shion pour caresser ses lèvres du bout des doigts :
« Tu es vraiment une femme incroyable, toi... Et tes lèvres sont... Elles sont si tendres... »
Elle enfonça un doigt dans la bouche de la jeune femme, caressant sa belle langue, restant près d’elle.
« Je suis bien heureuse d’avoir pu te rencontrer, jeune femme. Pour le reste... Nous ne sommes pas des Anglaises, Shion, mais des Californiennes, aussi chaudes que des Espagnoles. Et nous avons une relation incestueuse, qui plus est. Alors, autant te dire que, pour nous choquer, il faudrait vraiment placer la barre haute. N’aie pas peur de laisser tes sentiments s’exprimer, laisse-toi tout simplement aller. »
C’était tout ce que Nell lui demandait, car, en l’état, c’était la seule chose qui, dans le fond, avait une quelconque importance.