Les potins circulaient facilement, au lycée. Aussi, lorsqu'un nouveau surveillant débarqua dans l'établissement, il ne fallut pas longtemps pour que tous les élèves soient mis au courant. La majorité des questions qui revenaient sur leurs lèvres, selon les arrières-pensés de chacun, étaient : était-il beau ? Laxiste ? Sévère ? Naïf ? Mais Yahagi n'en faisait pas vraiment partie. Non, elle avait une vision beaucoup plus pragmatique des choses. Avoir un pion dans sa poche pouvait se révéler extrêmement pratique, notamment lorsque l'on souhaitait falsifier les registres d'absences, éviter les heures de colles, ou avoir un accès privilégié à certaines salles inutilisés. La seule question qu'elle se posait était, finalement, comment pourrait-elle le soudoyer .
Yahagi se mit à sourire. La question était davantage rhétorique qu'autre chose. Elle savait pertinemment comment elle allait procéder, elle l'avait déjà fait des centaines de fois. Il suffisait simplement de trouver sa corde sensible, et d'en jouer habilement. La lycéenne attendit donc patiemment l'après-midi, et l'heure de trou qu'elle avait entre deux cours, pour lui rendre visite, et jauger sa personne.
Elle se rendit ainsi en salle de permanence, tenant quelques cahiers contre elle. Un bref coup d'oeil à l'intérieur lui confirma ce qu'elle avait put voir sur le planning. Comme prévu, c'était bien le nouveau pion qui était assigné à la surveillance aujourd'hui. Elle releva un peu la jupe de son uniforme, juste assez pour la raccourcir de quelques centimètres, et entra d'un pas lent dans la salle. Lorsqu'elle passa près du bureau du surveillant, elle continua de quelques pas, puis laissa maladroitement tomber ses cahiers par terre.
« Oops ! »
Elle se pencha alors en avant, se pliant au niveau du bassin plutôt que des genoux, et ramassa ses affaires. Évidemment, tout était calculé pour que sa jupe se relève, et que le surveillant ne puisse rien rater des sous-vêtements qu'elle portait, une culotte blanche qui couvrait à moitié ses fesses rondes. Ses affaires ramassées, elle tourna la tête en arrière, l'air innocent, et lui adressa un petit clin d'oeil par dessus son épaule, avant de continuer son chemin comme si de rien n'était, et d'aller s'asseoir au fond de la salle.
Comme d'habitude, il y avait un important brouhaha, et la plupart des élèves avaient quittés leurs place pour s'asseoir sur les tables près de leurs amis. La salle de permanence était censé être un lieu de travail entre les cours, mais ça ressemblait davantage à une prolongation de la récréation. Personne n'avait ouvert le moindre cahier. Yahagi ne dérogea pas à la règle, elle posa ses cahiers sur la table, sortit son smartphone, y brancha ses écouteurs qu'elle glissa dans ses oreilles, et se mit un peu de musique en naviguant sur Instagram.