So Fucking What !?

Fuhuhuh... Une admiratrice. Délectable.

Mais ne profitons pas trop des bonnes choses, au risque de s'y laisser prendre. Quand on plonge la main dans le bocal à bonbons et qu'on en saisit trop, la poigne est si large qu'elle ne peut ressortir. On ne s'enlise pas dans la fierté, elle est trop mauvaise conseillère en situation de crise.
Elle abat ses cartes. Elle tente une négociation. L'accord lui semble réglo, peut-être, mais pour Law c'est une toute autre histoire. En effet, la qualité des esclaves qu'elle lui propose en échange de ce qu'il capture est plutôt contestable. Il s'affale vers l'arrière, son bras tendu faisant pilier sur lequel il s'appuie.

Pour la drogue, OK.

Déjà, un point d'accord. De toute façon, fournir de la came de Nexus ici devenait un petit peu trop ardu, et les marges étaient assez discutables – il fallait transformer les yens en or, par exemple, pour pouvoir de nouveau le transformer en monnaie de chez lui.

Pour les esclaves, je dis non. Voyez-vous, ce que je viens chercher ici, ce sont des jeunes filles, fraîches, sans pouvoir, et sans repère. Une fois qu'elles sont dans mon monde, elles sont déboussolées. Totalement vulnérable. Dans un autre monde. Elles ne savent pas comment rentrer chez elles. Elles ont vécu dans un cocon délicat, avec votre saleté de technologie, qui les a préservé des vraies épreuves de la vie. Elles sont parfaites. Elles se soumettent vite. Elles oublient la notion de rébellion. Elles sont fascinées par leur nouvel endroit de vie, même. Et il faut parler du coût, aussi ! Si je ne peux plus attraper les jeunes filles ici, je vais devoir aller loin, très loin, pour éviter d'avoir trop d'ennuis avec la justice de Nexus. Il faut payer des attrapeurs, des transporteurs, et le voyage occasionne des frais en plus, la logistique, la nourriture... Et en plus, ce n'est pas moi qui les choisit ! Et elles sont moins domptables. Vous me proposez d'échanger mes petites traînées de Seikusu contre des criminels que vous voudriez éliminer, c'est ça ? Je n'en fais pas des esclaves. J'en fais de la chair à torture. Et croyez-moi que le prix entre l'un et l'autre est sensiblement différent.

Le commerce et ses rouages. Huntress n'imagine pas un seul instant le poids en pièces que coûte les esclaves venus de Tekhos, ou du Nord, ou des îles.

Tandis qu'ici, j'arrive, j'en chope une, et je pars. Ca ne me coûte rien, j'ai le choix comme je le souhaite, et ça me détend quand j'ai besoin d'être un peu loin de mes affaires. Mieux : Ca m'amuse.

Son sourire se fait carnassier, alors qu'il finit d'une traite son thé. Négligent toute règle de politesse, il n'hésite pas une seconde à s'en resservir.
Il réfléchit, désormais. Il sait qu'il a quelque chose qu'elle pourrait désirer, parce que théoriquement, il peut tout avoir, et théoriquement, elle a forcément un désir, puisqu'elle est humaine, jusqu'à preuve du contraire. Mais Hana n'a pas l'air intéressée par ce dont les hommes raffolent : L'argent, le pouvoir, la luxure. Il faut donc chercher plus loin.
L'ordre ? L'ordre est un vecteur de frustration et de contentement à la fois. Law aime ça : la discipline est l'un des piliers de son empire. Quand on est esclavagiste, quoi de plus naturel ?
… Ca y est. Il a trouvé. A défaut de pouvoir lui offrir l'ordre (peut-on l'offrir ?), il lui donnera les moyens de le faire régner.
A la surprise d'Hana, il posera sa proposition dans un italien parfait.

Je sais. Et si... Hm... Je vous offrirais... la magie ? Vous ne croyez pas aux Dieux mais, vous croyez à la magie ? C'est ce qui me permet de vous parler ainsi. (Reprise en nippon.) Normalement la magie se possède, mais certains artefacts, des bijoux et consorts, peuvent offrir des pouvoirs. Ils sont rares et chers, inaccessibles au premier venu. Demandez-moi n'importe lequel et je m'arrangerais pour trouver la chose qui vous l'octroiera.

Charmeur, pour changer, il n'hésite pas à en rajouter dans les regards et les sourires. Allons, ça paraît naturel tant il pratique. Le numéro passe inaperçu à l’œil qui n'est pas entraîné à le détecter. Le but avoué était de la faire plier plus facilement. Ca marche... des fois.
Si l'héroïne acceptait, elle devrait laisser tomber son autre proposition. Et donc, avoir pertinemment conscience qu'il continuera à kidnapper des gens de Seikusu pour en faire Dieu seul sait quoi.
Dilemme.

Ah. Voilà le côté qui ne lui plaît pas. Hana plisse légèrement les yeux, alors que Tyler Raine lui explique la façon dont il procède. Waw, elle n'aurait jamais imaginé qu'il venait chasser en personne, vraiment. Mais outre le respect tout relatif qu'elle a pour cet homme, elle n'aime pas sa façon de dérégler les choses. Le kidnapping, l'esclavage, tout ça lui importe réellement peu. Cependant, chaque personne a une place : les terriennes sur Terre, les terranides sur Terra. Pour Hana, c'est la base de tout, c'est la raison de ses TOC. Donc, si elle comprend parfaitement la facilité, le plaisir et le profit qu'il tire de ses petites parties de chasse sur Terre, elle ne peut pas les accepter. Elle a, franchement, autre chose à faire que de courir après toutes les greluches qu'il va kidnapper, attendre qu'il fasse mumuse avec, qu'il les vende, pour ensuite les ramener au bercail. Non, vraiment : le jeu serait rapidement très lassant, et sans doute épuisant.


Elle réfléchit à un compromis. Parce que, il faut le rappeler, ce n'est pas elle qui s'occupe des affaires et des négociations en temps normal, et ce n'est pas franchement sa tasse de thé. Parlant de thé... Son interlocuteur à l'air bien accroc à cette boisson. Il se ressert, alors qu'Hana n'est qu'à la moitié de cette boisson qui n'est, pour elle, "que de la flotte colorée qui sent plus ou moins bon". Donc ils réfléchissent, chacun de leur côté, il faut le dire. En réalité, Hana observe le moindre des gestes de Law, comme si elle cherchait à le cerner à travers eux. Au moment où elle pense pouvoir proposer quelque chose, Tyler la surprend, en parlant un italien parfait, enchainant avec du japonais, sans éprouver la moindre gêne. Elle ne montre pas sa surprise, ou sa curiosité, mais sa méfiance. S'il y a bien une chose que la jeune fille déteste, c'est la magie, en fait. Parce que cette force là n'est pas contrôlable, à son humble avis. Mais après, la magie, pour ce qu'elle en sait sur le sujet...


Elle finit sa tasse, pose son menton au creux de sa main, le coude sur la table. Elle est légèrement penchée en avant, et sourit :


- Vous ai-je déjà dit que vous étiez incroyable ? Ou devrais-je dire, surprenant ?


Oui, c'était cela, il était surprenant.


- Mais non. Je veux l'ordre, Tyler, pas davantage de chaos : vous détestez notre technologie, je hais davantage la magie de Terra. Ces greluches que vous enlevez, leur place est peut-être aux pieds d'un noble avec une chaîne autour du cou, selon vous. Pour moi, la place d'une fille de la Terre est sur Terre. Votre place, en tant que terranide, est sur Terra. Je me doute bien que votre business est florissant, et rapporte gros, avec des filles déboussolées. Mais vraiment, en toute honnêteté : je ne vais pas passer mon temps à courir après ces filles que vous enlevez pour les ramener chez elles, ici, sur Terre.


Ce fut à son tour de se resservir en thé. Elle fit tourner la tasse trois fois devant elle avant de la porter à ses lèvres. Et bien, cruel dilemme, oui. La question de la magie était claire dans sa tête, elle la refusait en bloc. Il fallait trouver un terrain d'entente sur l'esclavage, à présent. Sauf qu'elle était presque sûre qu'ils n'arriveraient pas à un compromis. Elle but une gorgée de thé, qui lui brula la gorge, mais elle ne broncha pas.


- Dites moi : que se passerait-il si Tyler Raine disparaissait de la surface de Terra ? Vous êtes quelqu'un d'important, et je suppose que quelqu'un va protéger vos affaires en attendant votre retour, pendant que vous vous amusez comme un petit fou à chasser sur Terre. Cependant... Au bout de combien de temps ce fidèle assistant que vous devez posséder finira par venir vous chercher, hum ?


Nouvelle gorgée de thé, et Hana reposa sa tasse. Elle croisa les doigts devant son visage, et y posa le menton.


- De plus, je ne vous ai pas trouvé avec une greluche sur l'épaule... Dois-je supposer que la chasse a été mauvaise, et que je vais faire office de lot de consolation ?


Triste sort pour une divine sauveuse, hein ? Mais Hana ne s'en formaliserait pas des masses. Elle n'imaginait pas qu'elle ne pourrait pas fuir de TYler Raine. Quoique le défi serait intéressant, et lui arracha un léger sourire.