Mais ... j'ai faim ! (Sei Sakuraoka)

Dans un bâillement sonore et de grands gestes d'étirements, Timmy se réveilla enfin, après une bonne nuit de sommeil. Nous étions jeudi, et il était aux alentours de 10h30... Les grasses matinées, l'un des avantages de ne pas avoir à aller à l'école. Les yeux encore mi-clos, la première chose qu'il entendit fut le gargouillement monstrueux de son estomac, qui réclamait que l'on s'occupe de lui ! Le jeune garçon se frotta doucement les yeux, comme pour mieux se réveiller, et réfléchit à ce qu'il pourrait bien manger. Ses réserves étaient vides, et il n'avait pas un sou en poche...

Timmy finit par se redresser, avant de quitter pour de bon l'hospitalité de sa couverture. Il était temps d'aller chercher de quoi se nourrir ! Il ne savait pas trop où ni comment, mais c'était des petits détails qu'il pourrait régler pendant sa petite balade en ville. Il s'habilla d'un baggy vert kaki un peu trop large pour lui, qu'il serra non pas avec une ceinture mais avec une cordelette trouvée non loin de là, ainsi qu'un T-shirt blanc, classique, qui était lui assez pas très adapté à sa taille, il lui arrivait jusqu'à mi-cuisse environ. Il enfila finalement une paire de basket usagé, d'une couleur marron plus que douteuse, et il était fin prêt à sortir.

Le jeune blondinet marchait gaiment parmi la foule, à la recherche d'une éventuelle épicerie suffisamment déserte pour y perpétrer son larcin, sans risquer de se faire attraper, mais toutes celle qu'il trouvait étaient un petit peu trop occupées son gout. Il était concentré sur la manière de calmer son estomac qui criait famine de plus en plus douloureusement, et ne remarqua pas le groupe d'adolescents qui arrivait en sens inverse. Il heurta accidentellement l'un d'entre eux, qui passait un peu trop près de lui.

Oh désolée, je t'avais pas vu !

Il s'excusa brièvement et continua sa route comme si de rien n'était, contournant le groupe en longeant le mur de la rue. Mais cela ne semblait pas être de l'avis d'un des gars, qui l'attrapa par l'épaule et le ramena de force vers eux.

Attends, mec, tu viens de me bousculer la, tu t'rends pas compte ou quoi ?

Il plaqua d'un coup sec Timmy contre le mur, et les trois acolytes en profitèrent pour encercler le jeune garçon, qui comprenait que ça sentait le roussi pour lui. Poussé par la peur et l’adrénaline, il repoussa celui qui le maintenait, et tenta de s'enfuir par la brèche qu'il venait de créer, mais fut bien vite rattrapé par l'un des voyous qui le plaqua impitoyablement au sol.

Hé, où tu crois aller comme ça, toi ?
Il a osé s'en prendre à nous, ça mérite une petite punition, vous en pensez quoi ?
Bah ouais, ce serait pas juste de le laisser s'en tirer comme ça !
Et si on le lynchait ?
Écoute petit, si tu lèche nos pieds on pourra peut être te pardonner.
Hahaha !

Timmy se débattait furieusement, cherchant à tout prix à se tirer de là, mais sans succès. Celui qui l'avait plaqué au sol pesait de tout son corps sur lui, et l’empêchait de bouger pendant que les autres canailles s'amusaient à l'effrayer et à le tourmenter ... Et personne ne semblait passer par là. Il été seul, et livré à lui même, comme d'habitude ...

Ce jour là, Sei n'était pas en train de casser de l'alien sur une planète lointaine, dans une galaxie lointaine, de son secteur spatial ni de dévier le cours d'une pluie mortelle de météorites qui menaçait la Terre ou encore d'affronter quelque chef de guerre mal luné qui avait en tête des plans de domination pour la galaxie. Elle n'était même pas dans l'espace, en train de patrouiller, ou encore dans un coin paumé de la Terre mais se trouvait à Seikusu, se promenant tranquillement et profitant du beau soleil matinal.

Passant devant une ruelle, elle vit un groupe de quatre jeunes encerclant un cinquième, qui était plus petit qu'eux. la jeune femme comprit vite la situation : ces jeunes gens "courageux" étaient en train de le racketter. Un passant ordinaire aurait continué son chemin en faisant comme si de rien n'était mais Sei n'était pas de cette trempe là : elle allait donner une bonne leçon à ces gaillards !

On pourrait croire qu'elle était ainsi depuis son entrée dans le Corps des Green Lantern mais c'était faux : Sei avait toujours été comme ça. D'ailleurs, s'il en avait été autrement, l'Anneau ne l'aurait même pas choisi.

Eh, vous allez lui foutre la paix sinon je vais vous en coller une !

Interloqués, les voyous se retournèrent et, le premier moment de surprise passée, raillèrent la jeune femme :

- C'est qui cette pouffe ?! dit le premier
- Mêle-toi de tes fesses salope ! fit le second
- Dégage ou on te surine ! menaça le troisième
- Attendez, z'avez vu la paire de nichons qu'elle a ?! On pourrait peut être s'amuser un peu avec elle... proposa celui qui avait l'air d'être le meneur.
- Ouais t'as raison, j'ai toujours rêvé d'avoir sous la main des nibards pareils !

Et il s'avança vers Sei qui l'attendait, souriante, les bras croisés : quatre, c'était du gâteau ! Et elle n'avait même pas besoin de sa Bague pour ça !

- Putain, rien que de la voir j'ai la tri...

Il ne put achever sa phrase : d'un coup de pied aussi magistral que rapide, Sei venait de le toucher aux parties génitales. Le gaillard s'écroula au sol, se tenant les bijoux de famille, poussant un cri de douleur.

Voyant cela, le "chef" sortit un cran d'arrêt avec lequel il menaça la jeune femme :

- Je vais te crever sale pute ! fit-il avant de se jeter sur elle.

Cette dernière esquiva la pointe de l'arme, se saisit du bras de l'agresseur et le tordit : un craquement sinistre se fit entendre dans l'air puis un hurlement :

- Elle... elle m'a cassé le b... bras ! réussit-il à articuler.

Voyant cela, les deux autres ne demandèrent pas leur reste et filèrent ventre à terre. Sei s'approcha du jeune garçon :

- Ca va ? lui demanda-t-elle, regardant rapidement s'il n'avait pas été blessé ou frappé. Manifestement elle était arrivée à temps vu que le gamin était indemne. Elle avait pensé que c'était un collégien mais en le voyant de plus près, elle vit qu'il n'avait pas de sac et que ses vêtements étaient usés, pour ne pas dire sales. Un fugueur sans doute...

Devant les railleries des quatre garçons, Timmy ne pouvait pas rester sans rien faire. Il allait leur montrer de quoi il était capable ! Enfin, s'ils daignaient lui en laisser l'occasion ... Ce ne serait pas la première fois qu'il se battait, loin de là, et se prendre quelque coup ne lui faisait pas peur, qu'il n'hésitera pas à les leurs rendre ! Oeil pour oeil, dent pour dent ! Et tant pis pour eux, ils n'avaient qu'à pas être méchants !

Il fut tiré de ses pensées héroïques par une voix féminine, et très autoritaire, qui le surprit tout autant que ses agresseurs. Tournant doucement la tête, il remarqua une jeune femme, et avant même qu'il n'ai pu la dévisager son regard se posa sur le fantastique buste dont sa tenue laissé paraitre les formes. Ouvrant de grands yeux fascinés, il en oublia presque qu'il était en compagnie de quatre lascars qui voulait lui faire la peau ...

Avec une simplicité qui émerveilla davantage le jeune enfant, l’héroïne se débarrassa sans problème des indésirables, frappés dans leur amour propre. Timmy insista d'ailleurs bien sur ce fait, fier et amusé, comme s'il avait participé à leur débâcle.

- Ouais, sauvez vous, c'trop la honte de se faire battre par une fille !

Remarquant qu'il était toujours à terre, il se releva rapidement, et bomba fièrement le torse, légèrement frimeur. Après avoir épousseter ses vêtements, qui n'étaient déjà plus tout neufs, il adressa ensuite un regard de gratitude à la jeune femme qui venait de le tirer d'un très mauvais pas. Un regard qui s'abaissa rapidement au niveau de sa poitrine, qui captiva toute son attention pendant un long moment.

- Ca va ?

Le jeune Timmy cligna longuement des yeux, et eu un peu de mal à comprendre ce qu'elle venait de lui dire, sur le coup. Un peu comme s'il rêvait, et qu'on venait de brusquement le réveiller. Il s'inclinant respectueusement vers celle qui venait de le sauver, et bredouilla tant bien que mal des remerciements. Enfin, à sa manière.

- Ouais je vais bien, merci beaucoup, m'dame ! Heureusement que vous êtes arrivée, sinon j'aurais fais un malheur ! Faut pas m’énerver moi, j'aurais pu les envoyer à l’hôpital direct !

Joignant les gestes à la parole, il prit une posture de boxeur et envoya quelques coups de poing dans le vide, imitant un combat avec des adversaires imaginaires.

- Dites, comment vous vous appelez ? Moi c'est Timothée, mais tout le monde m'appelle Timmy !

Un grondement sourd se fit entendre, provenant tout droit de l'estomac affamé du jeune garçon. Avec tout ce qui lui était tombé dessus, il n'avait toujours pas eu l'occasion de manger quoi que ce soit. Posant la paume de sa main sur son ventre, il demanda.

- Vous n'auriez pas quelque chose à manger, s'iou plait ? Je meurs de faim...

Sei trouva amusant le côté fanfaron du gamin qui n'avait rien trouvé de mieux que de railler ses agresseurs après qu'ils se soient pris une bonne raclée de la part de la jeune femme. Visiblement, il avait une bonne dose d'amour propre ou d'inconscience, voire les deux...

Quand elle lui demanda s'il allait bien, le garçon ne répondit pas tout de suite tant il était fasciné par l'imposant tour de poitrine de sa sauveuse. Cette dernière ne s'en formalisa nullement : elle avait tellement l'habitude qu'on mate sa poitrine qu'elle ne faisait plus vraiment attention ; parfois ça l'agaçait un peu mais sans plus. Néanmoins, elle n'était pas comme ces bêcheuses qui mettaient des tenues sexy et qui prenaient des airs de vierge effarouché quand un regard masculin s'attardait un peu trop sur leur décolleté : "dans ce cas, elle n'ont qu'à porter une burqa !" avait-elle coutume de dire.

Elle était quand même un peu gênée qu'un garçon aussi jeune - Sei ne lui donna pas plus de 12 ou 13 ans - la reluque aussi ouvertement. Mais bon, il était parfois difficile de résister à ses hormones quand on atteignait l'adolescence...

- Ouais je vais bien, merci beaucoup, m'dame ! Heureusement que vous êtes arrivée, sinon j'aurais fais un malheur ! Faut pas m’énerver moi, j'aurais pu les envoyer à l’hôpital direct !

Sei plaqua sa main devant sa bouche pour étouffer un rire : il ne manquait pas d'aplomb ce petit ! Il était taillé comme une allumette et avait encore du lait dans le nez, question crédibilité, il repassera !

- Je n'en doute pas une seule seconde... fit-elle d'une voix légèrement moqueuse, l'observant en train de mimer un combat imaginaire contre des ennemis tout autant imaginaires.

- Dites, comment vous vous appelez ? Moi c'est Timothée, mais tout le monde m'appelle Timmy !

En attendant ce prénom, elle eut la confirmation qu'il était un gaijin, un étranger. Là encore, elle ne s'en formalisa pas : elle-même était à moitié japonaise, moitié américaine. D'ailleurs, pour elle, ces histoires de pureté du sang ou de la race, étaient des conneries.

- Sei. Sei Sakuraoka, lui répondit-elle d'une voix amicale.

Un gargouillement lui indiqua que le gamin avait sacrément faim. Elle en eut la confirmation quand il lui demanda si elle n'avait pas quelque chose à manger. La jeune femme réfléchit : elle pouvait lui acheter une bricole et continuer son chemin par la suite mais ça n'arrangerait pas sa situation. Il était seul, faible et il pouvait très bien tomber de nouveau sur des racailles...

- Bon, ok, viens chez moi : il y a de quoi manger là-bas.

Elle se demanda pourquoi elle l'avait invité car cette décision avait quelque chose d'absurde : elle le connaissait à peine et il pouvait très bien être un délinquant en fuite ou, plus ordinairement, un gamin qui avait fugué de chez ses parents pour un motif stupide, comme une mauvaise note à l'école ou Dieu sait quoi... D'un autre côté, il y avait quelque chose en lui qui touchait le cœur de Sei, sans qu'elle sut pourquoi...

Sur le chemin qui menait chez elle, elle lui demanda avec sa subtilité habituelle :

- Tu as fait une fugue ?

Timmy prit un air profondément vexé, lorsqu'il remarqua qu'elle doutait de lui et riait de ses aptitudes de combats. Il était même prêt à répliquer vivement, et à surenchérir concernant ce qu'il aurait fait, mais se ravisa quand elle avoua finalement qu'elle n'en doutait pas une seule seconde. Il accueillit même la remarque avec un sourire satisfait, heureux de voir qu'elle était du même avis que lui. Visiblement, lui et l'ironie, ça faisait deux ...

Sei Sakuraoka, voilà le nom de la femme qui se tenait devant lui. Il était un peu étonné de voir qu'elle ne le réprimanda pas malgré qu'il reluquait ouvertement sa poitrine. D'habitude, il avait droit à de vives remarques, à ce que l'on traite de pervers, et parfois, même si c'était plutôt rare, à d'adroites gifles qui laissaient une belle empreinte rouge sur sa joue, qui ne le quittait pas jusqu'à la fin de la journée. Mais là, non, elle semblait indifférente, presque blasée. Une information que Timmy rangea précieusement dans un coin de son esprit.

- Bon, ok, viens chez moi : il y a de quoi manger là-bas.

Le jeune garçon ouvrit de grands yeux étonnées en entendant cela, il n'en croyait pas ses oreilles ! Sei l'invitait à manger chez elle ? Timmy tenta de se souvenir de la dernière fois qu'il avait eu un vrai repas chaud ... sans succès. Ça remontait à bien trop longtemps ! Son regard devint humide d'émotion, à l'idée de pouvoir manger à sa faim, et il sauta sur elle pour l'enlacer. S'il avait été assez grand, il lui aurait sauté au cou, mais comme ce n'était pas le cas, il se contenta de se blottir contre son ventre. Ce qui n'était déjà pas si mal, surtout qu'il pouvait sentir la généreuse poitrine de l’héroïne se poser sur sa tête.

- Me-merci beaucoup, m'dame !

Ils se mirent ensuite en route vers sa demeure, que Timmy s'imaginait comme une grande maison, un véritable château, avec des meubles et des décorations tout partout ! Peut être même avait-elle un valet qui était à son service ! Les conditions dans lesquelles il a vécu on sérieusement altéré son jugement, de ce coté là ... Il suivait gaiement la jeune femme, heureux de voir la tournure qu'ont pris les événements, du moins, jusqu'à ce qu'elle ne lui pose cette question.

- Tu as fait une fugue ?

- Ouais, enfin en gros ... ça fait presque un an que j'ai quitté la famille qui m'a hébergé ... mais c'est du passé, maintenant.

C'était en effet quelque chose auquel il ne pensait plus depuis longtemps. Il s'était fait à l'idée de vivre seul, dans la maison abandonnée qu'il avait trouvé, et dans laquelle il logeait maintenant. De plus, sa situation paraissait tout à fait banal, pour lui, il n'avait même pas conscience que c'était anormal, ou illégal. L'idée d'avoir un jour à la quitter, chassé par des squatteurs plus menaçant que lui ou par d’éventuels propriétaires des lieu, lui paraissait impensable.

Un peu plus tard, voyant qu'ils n'étaient toujours pas arrivés, Timmy demanda avec impatience.

- C'est encore loin, m'dame ?

La réaction du gamin quand elle lui proposa d'aller manger chez elle fut des plus éloquentes : il lui sauta littéralement au cou ! Enfin, vu sa taille il ne put qu'atteindre son ventre, le sommet de son crâne touchant légèrement ses seins... Sei ne sut que faire ou dire devant une telle démonstration de gratitude puis, au bout de quelques secondes, elle finit par le repousser gentiment.

- Me-merci beaucoup, m'dame !
- Y'a pas d'quoi mon grand ! Et puis m'appelle pas madame : j'ai l'impression d'avoir 20 ans de plus ! répondit-elle en riant doucement et en lui faisant un petit sourire.

Et ils se mirent en route vers la demeure de la jeune femme qui n'était pas très éloignée. Tout en marchant, Timmy répondit à sa question :

- Ouais, enfin en gros ... ça fait presque un an que j'ai quitté la famille qui m'a hébergé ... mais c'est du passé, maintenant.
- Un an ?! T'as vécu dans la rue tout ce temps ?! Et tes parents, pourquoi tu les as quittés ? Ils étaient méchants avec toi ?

Car c'était la seule explication logique qui lui était venue à l'esprit : quand on préférait la rue au foyer familial, c'était parce que ce dernier était loin d'être douillet. Tout de même ce gamin avait du cran de vivre tout seul dans la rue. Du cran ou de l'inconscience...

- C'est encore loin, m'dame ? demanda-t-il au bout d'un moment. Quel impatient celui-la ! D'un autre côté, il avait faim donc c'était compréhensible.
- Non on est arrivé, fit-elle en désignant du doigt le bâtiment où se trouvait son appartement. Et puis je t'ai déjà dit de pas m'appeler "madame", "Sei" suffira.

Ils grimpèrent une volée de marches en bois et arrivèrent devant une porte qu'elle ouvrit. Elle s'effaça pour laisser passer son invité.

Timmy pouvait voir que l'intérieur était quelque peu en désordre : des piles de comic-books se trouvaient un peu partout, dans des étagères bien sûr mais également au sol et sur le canapé. En face de ce dernier, un magnifique écran plat trônait dans le mur du fond ; bien entendu, elle l'avait fabriqué elle-même, grâce aux pouvoirs de sa Bague et cet objet technologique était largement supérieur en qualité d'image et de son par rapport à ceux que l'on pouvait trouver dans le commerce.

Sur le mur, derrière le téléviseur, était punaisé un immense poster représentant Saturne ; c'était bien sûr un cliché qu'elle avait pris avec sa Bague et qu'elle avait développé avec tout un atelier de reprographie (crée avec son Anneau). Il prenait tellement de place que la paroi semblait complètement disparaître.

Ce n'était pas la demeure de maître auquel le gamin s'était peut être attendu mais au moins l'endroit était confortable et accueillant.

- Installe-toi sur le canapé, je t'apporte à manger.

Elle ouvrit un placard et en sortit un bol et un paquet de céréales. Du frigo, elle prit une bouteille de lait et posa le tout sur la table-basse. C'est alors qu'elle s'aperçut qu'elle avait laissé sa batterie de pouvoir dessus...

Bah, il prendra ça pour un objet d'art-déco ! pensa-t-elle en haussant les épaules. Pendant qu'il mangeait, elle alluma la télé : sur l'écran Seiya était en train de combattre Aiolia, le Chevalier d'Or du Lion ; enfin "combattre" était un grand mot : le Chevalier de Pégase était en train de se faire démolir le portrait...

Sei sembla surprise de la réponse donnée par le petit Timmy, ce qui le surprit également lui aussi. Il n'avait rien dit de choquant, pourtant, n'est-ce pas ?

- Un an ?! T'as vécu dans la rue tout ce temps ?! Et tes parents, pourquoi tu les as quittés ? Ils étaient méchants avec toi ?

- Ah, mais non, j'vis pas dans la rue ! J'ai ma maison, et elle est, euh ... la bas !

Il accompagna ses mots par un vague geste de la main, dans une certaine direction, comme s'il ne savait pas vraiment où c'était mais qu'il ne tenait pas à l'avouer.

- J'ai jamais connu mes vrais parents, moi ... C'était une famille qui m'avait adopté, et ils étaient pire qu'à l'orphelinat ou j'étais ! Sérieux, j'suis bien mieux tout seul qu'en leur compagnie.

Ses dernières paroles étaient teintées de colère, d'un chagrin enfoui au plus profond de lui. Quelques larmes coulaient sur ses joues, qu'il essuya d'un geste rageur. Il détestait pleurer, ça manquait quand même un peu de virilité. C'est bon pour les fillettes, d'après ses propres mots. Mais c'était quelque chose qu'il ne pouvait pas contrôler, et il ne supportait pas ça. Avec ce qu'il a vécu à son age, comment en aurait-il pu être autrement, de toute façon ? Timmy continua à marcher, sans souffler mot, tentant de calmer ses sentiments du mieux qu'il pouvait.

- C'est encore loin, m'dame ?

- Non on est arrivé. Et puis je t'ai déjà dit de pas m'appeler "madame", "Sei" suffira.

- Désolé, m'da..euh, Sei j'veux dire.

Peu de temps après, ils arrivèrent enfin à destination, et l'enfant put voir de ses propres yeux que l'univers qu'il s'était imaginé, était loin de la réalité des faits ... même si la maison était à la hauteur de ses espérances. Ce n'était pas du grand luxe, mais c'était plus confortable que la masure qui servait de maison à Timmy. Et elle avait des tonnes et des tonnes de comics, qui jonchaient les étagères, et même le sol et les chaises ! Pas un seul endroit où il posait ses yeux n'en avait pas ! Spiderman, Batman, l'incroyable Hulk, et d'autres personnages qu'il ne connaissait même pas, ils étaient tous là ! A peine eut-il l'aval de Sei pour s'installer, il se jeta sur le premier fascicule qui lui tomba sous la main et sauta sur le sofa.

Pendant qu'il bouquinait l'histoire des Tortues Ninja, Sei lui apporta de quoi se préparer un bol de céréale, et son estomac ne se fit pas prier ! Jetant le comics avec les autres, il se précipita sur la nourriture apportée par la jeune femme.

- Oh ouais, 'rop bon, merchi !

Timmy était tellement enthousiaste qu'il en parla la bouche pleine. Et quand son hôte alluma la télé sur un épisode des Chevaliers du Zodiaque, il eut l'impression d’être au paradis ! Que pouvait-on rêver de mieux ? Il enchainait les bouchées à un rythme impressionnant, se gavant les joues comme une marmotte avant l'hibernation ! Lorsqu'il eut finit le premier bol, il s'en servit sans retenue un deuxième, qu'il termina tout aussi rapidement. Il avait un sacré appetit, le petit garçon.

D'un geste nonchalant, il se laissa tomber en arrière, sur le canapé, les deux mains posées sur sa bedaine bien remplie, les yeux au plafond.

- Waaah, j'ai bien mangé moi ! C'était super bon en plus !

Presque inconsciemment, le regard de Timmy s'attarda ensuite sur l’opulente poitrine de la jeune femme. Elle lui paraissait si attirante ... dans ce genre de situation, il n'aurait pas hésité à les prendre entre ses petites mains, mais ça ne se finissait généralement pas très bien pour lui, ses joues et ses fesses se souviennent encore des punitions qu'il avait reçu. Il savait que ça ne plaisait pas toujours, et il ne voulait pas mettre prématurément fin à son hébergement. (Et oui, Timmy n'est pas toujours un gamin inconscient ^^) Il préféra donc s’éclipser plutôt que de faire à nouveau une bêtise, en utilisant une ruse vieille comme le monde, pour fausser compagnie.

- Sei, j'ai envie d'faire pipiiii.

Quoique là, dans le cas présent, il avait réellement envie de se rendre au toilette.

Tandis que Timmy dévorait ses céréales, Sei mettait un peu d'ordre dans ses affaires, rangeant ses comics dans les étagères tout en réfléchissant aux paroles du gamin : il était clair qu'il habitait dans un squat et qu'il ne désirait plus du tout revenir chez ses parents adoptifs, même si ces derniers n'avaient pas forcément l'air d'être des tortionnaires.

Le gamin se resservit un second bol de céréales qu'il dévora tout aussi goulument que le premier : il avait vraiment faim ! Tellement faim qu'il n'avait pas fait la moindre allusion à sa Batterie de Pouvoir. Quand il eut fini, il s'affala sur le canapé et dit d'une voix satisfaite :

- Waaah, j'ai bien mangé moi ! C'était super bon en plus !
- Je suis contente que tu sois rassasié ! fit-elle avec un beau sourire.

Le nouveau regard de Timmy sur la poitrine de Sei n'avait nullement échappé à cette dernière : il avait beau être sorti de l'enfance - rappelons au passage que la jeune femme ne lui donnait pas plus de 13 ans - il était sacrément précoce sur ce plan là ! Néanmoins, il ne devait pas être un cas isolé : elle avait remarqué que les garçons de son âge flashait sur les filles pourvues d'une poitrine généreuse ; ceci dit, ces dernières n'étaient pas mieux car la plupart des adolescentes étaient attirées par les mecs baraqués et/ou friqués. A chaque sexe ses fantasmes...

- Tu n'a pas vraiment répondu à ma question : ils étaient méchants avec toi tes parents adoptifs ?
- Sei, j'ai envie d'faire pipiiii.

Mon dieu, il avait 12-13 ans mais il s'exprimait vraiment comme un gosse !

Les toilettes sont dans la salle de bain, fit-elle en lui montrant sa chambre, à l'autre bout. D'ailleurs, ajouta-t-elle avec un sourire malicieux et en fronçant son nez tu en profiteras pour te prendre une bonne douche : tu fouettes !

Ce n'était pas une moquerie : le gamin sentait vraiment mauvais. Il n'était certes pas couvert de crasse et de saleté - signe qu'il devait quand même de temps en temps se laver - mais cela devait faire belle lurette qu'il n'avait pas dû se récurer à fond...

Quand il fut entré dans la salle de bains, elle retourna dans le salon, continuant à regarder la télévision.

Son envie d'uriner se faisait de plus en plus pressante. Les mains posés sur son entrejambe, il se dandinait sur place, sautillant d'impatience. Et c'est avec une grande satisfaction qu'il courut à l'endroit indiqué par Sei !

Les toilettes sont dans la salle de bain, à l'autre bout. D'ailleurs, tu en profiteras pour te prendre une bonne douche : tu fouettes !

- Oui m'dame Sei, c'est promis !

Répondit-il, avant de disparaitre derriere la porte de la salle de bain. Il se dépêcha de se soulager, dans un profond soupir. Une fois sa petite affaire terminée, il jeta un vague coup d'oeil à la pièce, repéra le nécessaire à sa toilette, et se déshabilla sans hésiter, avant de sauter dans la baignoire. Quelques doses de gel douche, moult gestes énergiques, et plusieurs dizaines de litres d'eau plus tard, voilà Timmy qui sortit de la douche propre comme un sou neuf ! Pendant qu'il s'essuyait, un "petit" détail attira son attention. Il avait jeté ses vêtements un peu n'importe comment, et n'avait pas fait très attention en se douchant... du coup, ils avaient pris l'eau ! C'était aussi le cas de la moitié de la pièce, d'ailleurs. Il y avait de l'eau partout ! Une véritable inondation ! Mais il ne s'en préoccupa pas, considérant que ce n'était qu'un détail...

A ses yeux, le plus important, c'était l'état de ses habits. Voyant qu'il n'avait rien à se mettre, Timmy se sentit un peu pris au dépourvu, mais se ressaisit assez vite. Sei aurait surement des vêtements pour lui ! Une idée sortit de nul part, et il y croyait dur comme fer, naïf comme pas deux. Il finit de se sécher, et sortit de la salle de bain, demander des vêtements à la jeune femme. Oui, il était entièrement nu, et pas gêné pour un sou.

- Sei, mes vetements y sont tout mouillé, maintenant...

L'assurance dont il avait fait preuve plus tôt, dans la douche, s'envola en quelques instants, sans qu'il ne comprenne le pourquoi du comment. Ses mâchoires se mirent à claquer, ses yeux s'embuèrent légèrement, ses lèvres s'étirèrent en un triste sourire. On aurait dit qu'il était à deux doigts de fondre en larme...

- Et j'ai plus rien à meeeeeettreeeeuh !

Il fonça sur Sei, bras en avant, et sauta sur le canapé sur lequel elle était installée. Assis sur ses cuisses, il la serra fort dans ses bras, sa tete plongée dans sa poitrine, entre les deux impressionnantes rondeurs que son haut ne parvenait pas à dissimuler. Ses petit bras s'était glissé derriere elle, et il l'enlaçait autant qu'il pouvait, son corps nu et un petit peu viril blottit contre le sien. La chaleur corporelle et la tendresse de ses seins le réconfortait, il ne pleurait plus, mais sanglotait un petit peu, à un rythme qui se calma progressivement. C'était si doux, il se sentait si bien...

Timmy disparut dans la salle de bains et Sei continua à regarder la télé. Elle pouvait entendre le bruit de l'eau qui coulait du pommeau de douche. Bien. Quelques minutes passèrent et le bruit se tut, signe que le gamin avait fini de se laver. Bien.

La porte s'ouvrit quelques instants après et Sei entendit la voix plaintive du garçon :

- Sei, mes vetements y sont tout mouillés, maintenant...
- Comment ça ils sont mouillés ?! fit-elle d'une voix moqueuse, le regard toujours rivé sur le poste. Tu t'es lav...

Elle ne put achever sa phrase : pivotant la tête, elle vit Timmy qui était complètement nu ! Elle poussa un hoquet de stupeur devant ce spectacle et resta bouche bée, ne sachant pas très bien quoi dire ou quoi faire.
Le visage du gamin se décomposa et il poussa un "et j'ai plus rien à meeeeeettreeeeuh !" déchirant mais quelque pathétique : à l'écouter la fin du monde était imminente !

La suite fut encore plus cocasse : l'adolescent se jeta sur elle et l'enlaça, posant sa petite tête blonde contre sa poitrine. Cela s'était passé tellement vite que Sei n'avait rien compris et restait les bras ballants... Des images de son enfance surgirent de sa mémoire : elle se souvenait avoir vécu une scène similaire quand, Izumi, son petit frère de 5 ans s'était jeté dans ses bras le jour de ses 10 ans. Sa façon à lui de lui souhaiter son anniversaire...
Une vague d'émotion souleva sa poitrine et elle enlaça à son tour Timmy, une larme coulant de son œil. Une bonne minute après, elle le repoussa doucement et dit d'une voix à la fois douce et moqueuse :

- Franchement, pleurer pour ça... Bon, je vais te prêter des vieux vêtements à moi. J'espère seulement qu'ils t'iront.

Elle se leva et se dirigea vers sa chambre. Ouvrant un placard, elle en sortit un short et un T-shirt. Ils étaient peut être un peu trop grands pour lui mais ils devraient faire l'affaire. Sans un mot, elle les lui tendit.

- On va t'acheter des fringues neuves !

Timmy resta de longues minutes ainsi, blottit contre elle, hochant affectueusement sa tête contre la poitrine généreuse de la jeune femme. Ses pensées s'envolèrent, ailleurs, il ne réfléchissait plus à rien, il appréciait ces instants, qu'il n'aurait cessé pour rien au monde. Mais la réalité des faits étaient différentes, et Sei le repoussa légèrement... mais avec une tendresse à faire fendre le coeur. Aussi, le sourire heureux que le jeune garçon affichait se crispa un peu en entendant sa remarque.

- Franchement, pleurer pour ça... Bon, je vais te prêter des vieux vêtements à moi. J'espère seulement qu'ils t'iront.

Dans un reniflement vexé et orgueilleux, il releva la tête, fronça les sourcils et rétorqua avec sa verve habituelle.

- Snff, j'pleurais même pas, d'abord ! J'avais juste un peu mal aux yeux !

A contrecœur, il se sépara de l’étreinte chaleureuse de l’héroïne, et la laissa lui apporter de quoi le couvrir un peu mieux. Il attrapa le short et l'enfila, dissimulant vaguement l’érection importante qui se profilait entre ses jambes. Se reposer contre sa superbe poitrine ne l'avait visiblement pas laisser indifférent... C'était une réaction naturel pour lui, cela lui arrivait assez souvent et il ne s'en souciait pas. Mais qu'en était-il de la jeune femme ? Il ne le savait pas vraiment, et se disait qu'elle devait surement penser la même chose que lui. Il enfila ensuite le T-shirt qu'elle lui tendit. Il était bien trop grand pour lui, mais pas plus que la plupart de ses affaires, c'était quelque chose dont il avait l'habitude.

- On va t'acheter des fringues neuves !

Timmy ouvrit de grands yeux émerveillés. Même si ce n'était que des vêtements, il appréciait beaucoup l'idée de recevoir des cadeaux ! Avec un enthousiasme digne des dessins animés, il bondit dans les airs, tendant ses bras bien haut. Et il cria :

- Yeah, supeeeer !

Il respirait la joie de vivre et l'innocence, ce petit garçon.

- Snff, j'pleurais même pas, d'abord ! J'avais juste un peu mal aux yeux !
- Bien sûr... fit-elle toujours de sa voix moqueuse.

Ce Timmy était mignon comme tout mais il avait vraiment 7-8 ans d'âge mental par certains côtés... Par contre, question libido, il n'était pas du tout en retard, bien au contraire ! Il n'avait pas échappé à Sei l'érection du garçon suite à leur étreinte. La jeune femme ressentit une certaine gêne face à cette manifestation physique, somme toute normale, mais qui devenait quelque peu malsaine par le fait que le gamin n'avait aucune espèce de pudeur ni de honte. On aurait dit un enfant qu'on aurait laissé à lui-même et qui aurait poussé un peu n'importe comment. Un petit sauvage quoi !

- Yeah, supeeeer !

Son enthousiasme fait plaisir à voir mais s'il pouvait calmer sa joie... pensa-t-elle en soupirant.

***

Quelques heures plus tard, Sei et Timmy rentraient du centre commercial. La jeune femme avait acheté à Timmy, 3 paires de chaussettes, une paire de baskets, un pantalon, un short et 3 T-shirts neufs. Ils avaient fait ensuite une virée dans un fast-food, une librairie et un café avant de rentrer chez la jeune femme.

Il était maintenant plus de 7 heures du soir mais le soleil n'était pas encore couché : on était en avril et les journées s'allongeaient de plus en plus. Tandis qu'elle déballait les affaires, Sei posa une question à Timmy toute simple :

- Excuse-moi de te demander ça mais tu as quel âge ?

Elle lui avait donné 12 ou 13 ans mais maintenant elle se demandait s'il n'était pas plus âgé que ça...