Ishtar aurait très bien put être raisonnable. Ou au moins prudente. Mais la jeune femme, avide de tout ce qui pouvait apporter des sous-sous, se lançait dans des escapades incontrôlées et ... foireuses. En cet instant même, elle regrettait sa nature opportuniste et sa naïveté quant aux moyens de se faire de l'argent facile. Habituellement, elle n'était pourtant pas naïve. Sûre d'elle, elle ne se faisait plus aucune illusion vis-à-vis de la réalité. Il était difficile de l'avoir ... Sauf quand elle avait les crocs. Et qu'elle ne roulait plus sur l'or.
Elle s'était laissée embarquer dans un plan sans queue ni tête, dans le seul but de toucher de l'argent en échange de menus services, et peu catholiques. Dans ces moments-là, pas de morale, seul comptait le but, la finalité. Et, comme elle ( aurait dû ) s'en douter, elle était tombée sur des arnaqueurs. On s'amuse, on la drogue, on la jette quelque part en espérant qu'une créature l'avale. Perdu. Elle était vivante, hargneuse ...
Mais en pleine nuit, et au beau milieu des landes. Et effrayée, morte de froid qui plus est. Elle n'avait sur le dos qu'une kimono pourpre et noir, et ses cheveux étaient coiffés avec peu d'habilité. Une mèche rebelle venait, de temps à autre, balayer son visage. Un visage pâle, toujours séduisant, avec cet air hautain mais presque allumeur quand elle venait à pencher la tête et sourire.
Sauf que là, les bras croisés sur la poitrine, elle ne faisait que errer.
- Je me hais, grogna t'elle.
Elle scruta le ciel un moment, continuant à marcher. Rien n'apparaissait. Bon, eh bien Dieu n'existe pas, c'est déjà ça de fait ... Elle restait convaincue qu'une entité immensément bonne et vertueuse viendrait la sauver. Utopie.
Et son regard croisa le paysage. Une demeure. Elle se frotta les yeux. Non, elle hallucinait, évidemment, c'était impossible ... Un sourire naquit sur ses lèvres, tandis qu'elle trépignait de joie, accélérant le pas. Quelqu'un serait là, pour l'aider, la sauver, lui offrir de quoi manger et dormir ... Une naïveté touchante s'empara d'elle, tandis qu'elle avançait petit à petit vers la demeure ... Un manoir.
Elle y dormirait bien, c'était certain. Elle y volerait bien, aussi ... Y'a pas de petits profits. Elle se frotta les mains, remettant en place son kimono qui glissait sur ses épaules, dévoilant sa peau pâle et délicate, et se précipita vers l'entrée. Grilles ouvertes, porte fermée.
En tremblant, elle toqua avec son poing, une vague d'espoir s'emparant d'elle.