http://www.youtube.com/watch?v=av1BMec7SbwLe regard apaisé, Sappho balaya le pièce dans un soupir éreinté. Il sentait encore ses muscles tendus au possible, et une sueur glacée qui ruisselait le long de son dos. Il se pensait, parfois, fou d'agir ainsi. S'il se faisait épingler, il ne resterait plus rien de lui ... Il avait beau savoir manier les esprits, il ne pouvait le faire à grande échelle. Il s'accroupit, et caressa du bout des doigts les courbes du corps à ses pieds. Une jeune adolescente aux joues rouges était sur le sol, inanimée, pour ne pas dire morte. Son dos nu était strié de griffures, et des marques sur son cou indiquait bien qu'elle était morte étranglée.
Il se releva, lui lançant un dernier regard. Il comptait bien laisser là le corps de la petite, encore enveloppé du kimono qu'il lui avait offert. Celui-ci était ouvert, déchiré, marqué par des ébats qu'il ne contrôlait qu'à moitié. L'impulsion était son guide, et ce guide était aveugle. Elle était belle, pâle, et ses yeux étaient grands ouverts, comme un dernier regard sur le monde.
Sappho entreprit de se revêtir, de refermer le kimono de la jeune fille afin de ne pas laisser son corps nu à la vue de tous, et sorti de la pièce sans aucun mot. Il se sentait presque bien, libéré d'une pulsion assouvie avec délice. Sentir les battements d'un coeur, d'un corps, lui insufflait dans l'être tout entier un profond plaisir.
2 jours aprés- Sappho ?
Le jeune homme jeta un regard vers son épouse, affalée sur le lit avec toute la grâce d'un lamantin gras, pour ne pas dire obése. Ce genre de négligences l'énervait. Assise ainsi, elle dévoilait tout un amas de peau détendue et de graisse enfermée, marquant ses cuisses d'une peau d'orange qu'il détestait. Il referma sa chemise avec précaution.
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Mh ?- Ils ont encore trouvés une adolescente morte.
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Mh !- C'est la troisiéme en 2 semaines. Je commence à craindre pour ma peau.
Il soupira, et se retourna vers elle, sa cravate encore à peine fermée. Il lui caressa la joue.
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Ne t'en soucie pas, tu n'as rien d'une adolescente. Elle fronça les sourcils, et il retourna face à son miroir. Il l'avait vexé, et il s'en sentait presque heureux. Ce besoin de ne pas être aimable avec son prochain était un de ces traits de caractère les plus marquants. Il parlait avec froideur, distance ... Dans un soupir, il noua sa cravate et enfila sa veste. " Quelle élégance ! " songea t'il. Un pantalon noir, une chemise blanche, une cravate et une veste noire ... De quoi passer inaperçu, et de quoi ramener encore une proie ... Un sourire naquit sur ses lèvres.
Il passa sa main dans ses cheveux, et enfila un chapeau digne d'un mafieux. Il l'avait eue en Italie, après une rétrospective sur Maurizio Cattelan, son artiste favori. Ce mince souvenir lui réchauffa le cœur. Il fit un signe de main à son épouse, et quitta la demeure d'un pas rapide. Sa galerie n'était pas bien loin ... Il vagabonda 10 minutes, avec ce même pas assuré, et entra rapidement dans sa galerie d'Art. Il devait recevoir une journaliste, aujourd'hui. Il se massa les tempes.
Ne pas commettre la moindre faute, le moindre impair. Il se servit, contre toute attente, un verre de scotch, et coinça une cigarette entre ses lèvres, avant de se diriger vers son bureau en sifflant " La gloria ". Il dut traverser toute la galerie, pour pousser une porte noire qui tranchait avec les murs blancs de la galerie à l'aspect minimaliste. Sa crainte de se faire pincer pour ses agissements était passée ... Il se sentait presque immortel.
D'un geste, il visa le verre de scotch posé sur son bureau, et celui-ci s'envola pour se poser dans sa main. Sa capacité de télépathe n'avait pas disparue, effectivement ...
- Advienne que pourra, récita t'il en se posant sur son siége.
Il salua le destin d'un signe de la main, et avala une gorgée de scotch.