La tournure de cette petite séance improvisée devenait carrément surréaliste aux yeux d'Adam. Il avait une vague idée de ce à quoi s'attendre quand il avait entendu les bruits de pas et les sanglots dans le couloir, et il aurait peut être anticipé le fait qu'elles se connaissent... Mais ça!?
Les choses s'emboitaient à mesure que les différents sens d'Adam captaient les informations de la scène. Une jeune étudiante, visiblement plus jeune que sa captive, le visage marqué par un vilain coup, nue comme un ver de terre à l'exception de son sac qu'elle utilisait pour se couvrir autant qu'elle le pouvait.
La stupéfaction muette de l'autre étudiante qui fit comprendre à Adam, avant que l'une ou l'autre n'ait prononcé la moindre parole, qu'elle n'était pas pour rien dans la situation de la seconde.
L'éclat de compréhension dans le regard de la jeune fille nue, sa colère.
Le dédain et les railleries de l'autre.
Tout ça entrait dans son cerveau, se fichait dans de petites cases qu'il emboitait furieusement dans tous les sens pour en tirer la meilleure logique.
Ok soit. Sa captive aux vêtements trop petit avait bastonné une camarade, l'avait laissée probablement assommée dans un coin, et lui avait piqué ses fringues. Ok. Pourquoi? Bah... aujourd'hui les jeunes sont tellement conditionnés par le consumérismes qu'on pouvait imaginer que c'était une bête jalousie "ton uniforme est plus beau que le mien"... ça paraissait tiré par les cheveux mais pas invraisemblable.
Sauf que si c'était le cas, elle aurait abandonné ses anciennes fringues et l'autre fille les aurait enfilées pour ne pas se balader à poil dans le lycée. Où étaient passés les vêtements de sa captive? Les lui avait-on à elle aussi piqués avant ça? Curieux, très curieux!
Décidément, maintenant qu'il y pensait, il devenait évident que sa captive n'était peut être pas une lycéenne. A bien la regarder, surtout en comparaison de la nouvelle venue, elle faisait nettement plus âgée, et nettement mieux formée aussi.
Elle n'avait l'air d'éprouver aucune compassion pour l'autre, ni de peur véritable finalement, à la façon désinvlote qu'elle venait d'avoir en lui demandant s'il ne pouvait pas changer de joujou...
La jeune étudiante - la vraie - gémissait maintenant, la tête entre les mains. Elle avait pris un sacré coup. La jeune femme devait y avoir mis toutes ses forces. La force de la colère? Si oui cela impliquait qu'elles se connaissaient, or ce n'était pas le cas puisque la jeune lycéenne avait mis un petit moment avant de réaliser qui elle était.
Curieux, vraiment très curieux. Mais il n'avait aucune urgence à tirer le fin mot de cette histoire. Pas encore.
Adam lâcha les poignets de sa captive. Vu la force qu'elle avait déployée pour assommer sa camarade, elle aurait pu se dégager depuis longtemps, elle ne l'avait pas fait, donc n'avait pas réellement l'intention de se sauver.
"Un échange?" Demanda-t-il d'un air amusé avant de toiser la petite lycéenne.
Il s'approcha de la jeune fille prostrée, s'accroupit près d'elle et observa ses blessures. Puis il lui écarta sans ménagement les mains de la figure. La gamine eut un hoquet de surprise assorti d'un petit cri. Elle n'avait pas peur de lui. Du moins pas pour l'instant. Elle pensait qu'il était un prof et qu'il allait la sortir du pétrin, punir sa camarade de l'avoir ainsi traitée... Mouais... ça pourrait être amusant de jouer ce jeu là... mais le rôle de la victime semblait être tout désigné à la nouvelle venue...
Sans se soucier des réactions de la gamine, il écarta l'une après l'autre ses paupières pour observer la dilatation de ses iris, tirant sa tête sans ménagement vers un rayon de lumière. La lycéenne se laissa faire sans autre protestation que quelques gémissements douloureux.
Le sac était tombé au sol, dévoilant le corps à peine pubère de la gamine. De tout petits seins en pleine croissance, avec de larges aréoles et de gros tétons, signe qu'ils commençaient juste à grossir, un ventre plat, presque maigre, des hanches étroites, pas encore bien développée. La différence avec l'autre fille était saisissante. Ce corps le mit immédiatement en appétit...
"Un vilain bobo que tu lui as fait... Mais rien de sérieux. Dans quelques jours il n'y paraîtra plus. Tu n'y es pas allée de main morte!"
Observa-t-il en se retournant vers Arzhela.
Il se leva alors, se dirigea vers la porte, sortit un trousseau un peu chargé de sa poche, prit quelques secondes pour trouver la bonne clé et verrouilla le panneau avant de s'asseoir sur le bureau du professeur, faisant face aux deux filles.
Adam était joueur. Il aimait les mises en scènes. Il adorait ça, même. Il adorait pouvoir abuser de ses victimes tout en ne dévoilant pas nécessairement son jeu. Il voulait pouvoir retourner bosser demain sans que les étudiantes aient braillé partout qu'un psychopathe se cachait sous une blouse de préparateur en sciences.
Il fallait donc qu'il trouve une raison plus ou moins valable de s'en prendre à ces jeunes filles. Pour la première, ça devenait compliqué. Mais elle avait visiblement beaucoup de choses à cacher, et il pouvait peut être compter là dessus pour qu'elle garde le silence. Dans ce cas mieux valait en faire une alliée.
Pour la seconde, tout était encore possible. A condition de la jouer fine.
La culpabilité. C'était encore ce qui fonctionnait le mieux, surtout avec les toutes jeunes adolescentes.
"Bon." Dit-il après avoir pris le temps de réfléchir. Il lança un coup d'oeil appuyé à Arzhela comme pour mesurer si elle était assez vive pour le suivre dans ce qu'il allait mettre en place.
"Peut-on savoir ce que faites à vous promener dans cette tenue, après la fermeture des classes, qui plus est, mademoiselle?"
La gamine lui jeta un regard empreint d'effroi. Visiblement elle ne s'attendait pas à ce ton accusateur. Elle devait penser que c'était à l'autre fille qu'il demanderait des explications.
"Je... C'est... C'est ELLE!" Balbutia la lycéenne, mi-pleurant, mi criant. "Elle m'a frappée, dans les toilettes, elle m'a frappée et puis... je ne me souviens plus. Je me suis réveillée et... j'avais mal... je... mes vêtements... Elle m'a pris mes vêtements!!!"
Adam se tourna, un sourcil relevé, l'air interrogateur, vers Arzhela. Il espérait qu'elle aurait la présence d'esprit de démentir et d'inventer quelque chose de compromettant pour la gamine.