Depuis le temps qu'il était parti, il l'avait presque oubliée. Ce lointain passé trouble, où le sens de son existence était si vague et où ses journées s'étaient résumée à vagabonder et piquer des crises de colère pour un oui ou un non. Depuis le temps, il avait drôlement changé... Il était moins impulsif, plus sociable et compréhensif. En un sens, il guérissait petit à petit dans ce nouveau monde qu'il apprivoise à son rythme, découvrant des cultures et des personnages qu'il n'aurait pas imaginé. Un monde presque onirique, qui relève de tous les fantasmes humains connu, mais sûrement pas le paradis pour lui: sa maison lui manquait. Mais aussi ceux qui lui sont chers.
Car son amour ne s'était plus résumé à l'amour presque fanatique envers sa mère, mais il l'avait partagé: Perona, Loveday, bien d'autres encore qui ont pavé sa route et l'aidé, inconsciemment, à se guérir et prendre conscience du monde depuis son esprit deconnecté. Bien sûr, il restait énormément de chemin a faire: sa sainte horreur des hôpitaux et ses pulsions irrépréssibles envers les infirmières ne s'étaient pas arrangées. Toutefois, il s'était bien écarté de la mission donnée par Nasira a l'origine, qui lui disait de forniquer le plus possible. Seulement... Sandji n'en n'avait vu pas grand-intérêt. Du moins, pas quand il s'agissait de quelqu'un d'autre que des personnes avec qui il avait eu le plaisir de le faire.
Maintenant il était temps de rendre des comptes. Un appel imperceptible mais pourtant présent envahit son esprit, alors perdu au beau milieu de plaines dans Terra. Etrangement, cet appel le guidait quelque part, et sans qu'il se demande pourquoi il le suivit. Il traversa des ruisseaux et une colline, avant de trouver un bosquet dont l'entrée du sentier était "gardée" par deux grands arbres, dont les branches se croisaient. Un vent surnaturel, faible mais présent, sortait de ce sentier. Il s'y enfonça, le noir l'envahit, et toute trace de lui disparut de ce plan.
Lorsque la lumière lui revint, un vacarme assourdissant lui emplit les oreilles, le forcant a pousser un grognement et se boucher les tympans. A bien regarder, il semblait être dans une allée, aux murs de béton, une mauvaise odeur émanant d'une bouche d'égout... Il était bien retourné dans le présent. Mais l'appel continuait toujours, et il continua d'avancer en s'accoutumant au bruit des voitures et des élèves, dans une sorte de grande cour... Il était en face du lycée de Seikusu, qu'il connaissait bien, et se trouvait devant une entrée de service. Sans hésiter, il passa cette porte laissée déverrouillée et arpenta les couloirs sans que le personnel ne le voie. Une fois de retour aux abords des classes, certains élèves détournaient le regard, croyant reconnaître le criminel recherché par la police, mais "que ferait un terroriste pareil dans leur lycée", se diraient-ils. Certains restaient sceptiques et s'éloignèrent en pensant toucher un mot aux surveillants, d'autres crurent à un dérangé qui se croit cool en l'imitant.
Toujours était-il, lui n'en avait rien à faire et avançait toujours en direction de l'infirmerie, comme un zombie obéissant, avant de pousser la porte et avancer de quelques pas, avant de la refermer derrière lui. Sachant pourtant à qui appartiens cette pièce, il resta surpris en voyant la personne qui se tenait au bureau, en face de lui, et le dévisageait. Il sentit comme une forte gêne et baissa les yeux, préférant regarder le sol que les yeux perçant de Nasira qui lisent au plus profond de l'âme.
" ... Sandji est rentré. "