Val revint à lui dans le chaos de la bataille mais ne bougea pas, il était complètement sonné, par terre dans la voiture. Autour de lui, des éclats de voix, le bruit des lames qui s’entrechoquait, le bruit mat des flèches se fichant dans la chair ou la loupant de peu. Où était-il ? Que faisait-il ici ? Où était Denna ?
Il leva légèrement la tête, assez pour apercevoir qu’un homme l’observait, un peu fluet, les cheveux longs et sales, une balafre sanguinolente lui barrant l’œil, un cimeterre à la main, dans l’autre, un petit bouclier rond. Endurcis, l’homme d’un peu plus de trente ans avait le regard intéressé, comme si il se demandait combien pouvait valoir la vie de notre jeune ami.
Il ordonna qu’on prévienne un certain Bane, sans doute le chef du groupe de bandits, et on le fit sortir sans ménagements. Pour le mettre face à un homme qui devait avoir la quarantaine vétu d’un gris proche de la couleur des rochers environnant. Celui jeta son mégot, roula une nouvelle cigarette, et leva juste un regard rapide vers le captif.
« Alors mon garçon, dis-moi comment tu t'appelles, ton pays d'origine et pourquoi cette charmante jeune fille a jeté son dévolu sur toi. »
Un ricanement parcouru les bandits pendant qu’on trainait la mord sith devant Val dans la poussière, ils se foutaient complètement de son importance, ou de qui elle était. Ou alors, c’était parce qu’ils savaient qu’ils ne faisaient preuve d’aucune délicatesse.
« Si tu coopères sans me faire perdre mon temps, ajouta Bane. Je te laisserais peut-être t'amuser avec ta copine quand elle sera réveillée. Tu dois surement avoir plein de choses à lui dire après tout ce temps passé en sa compagnie. Mmmh? »
Val ne savait que répondre, devait il accepter la proposition. ? Ce devait être la meilleure solution pour sa propre survie, mais est ce qu’il pouvait faire confiance à ce Bane ? Non, bien sur que non, il n’avait aucune valeur marchande, il était un otage que personne ne viendrait réclamer. Avait-il donc les moyens d’inventer quelque chose de crédible ? Peu de chances, aussi il se contenta de dire la vérité, toute aussi peu crédible au passage.
« Je…je suis Val’Arrinian, je viens des terres du Chaos. » Il déglutit puis réfléchit à ce qu’il allait dire. Il avait du mal à savoir pourquoi il avait été capturé et pourquoi il avait subi pareil traitement. « Je… je ne sais pas, sans doute parce que je me suis introduis en douce dans sa tente pour chercher quelque chose à piquer, et je me suis fais prendre la main dans le sac. »
Voila, il leur avait signalé qu’il n’était personne, qu’il ne valait rien. Avait-il la force de tenter quoique ce soit ? Il n’aurait pas la force de faire ce qu’il s’apprêtait à faire deux fois, il était, avec ces personnes, un mort en sursis, et avait plus de chances de survie tout seul avec Denna qu’avec eux. Au moins, elle ne chercherait pas à la tuer, elle le maintiendrait vivant.
Il se souvenait juste de grands éclairs de lumière, qui avait cramé les gardes de la diligence. L’un d’eux utilisait la magie. Mais qui ? Son clone n’aurait pas le droit à l’erreur. Il ne pouvait tirer que deux volées, et de son coté, il voyait au sol trois poignards. Il ne matérialiserait qu’un clone, pour gardeer assez d’énergie pour se battre. De quoi tuer trois soldats de la douzaine de bandits encore vivants.
Il releva les yeux vers Bane, le défiant des yeux, matérialisant son clone à une centaine de pas de lui. Celui-ci banda l’arc du soldat mort à ses pieds, visa et décocha sa flèche en direction de la nuque de bane, mais à peine avait il décoché qu’il encochait une autre et tirait sur le bandit à la droite et un autre à la gauche. Une volée.
De son côté, Val avait saisi un poignard et l’avait planté dans l’aine du premier soldat qu’il avait rencontré, puis il l’avait lancé dans le torse d’un autre, ricochant contre la cage thoracique. Le dernier poignard se trouvait devant lui et li fonçait dessus dans un cri de colère, son clone n’avait plus de flèches, il était dans la merde. Plus d’armes à porte. Il était mort ! Ah si ! Une arme ! Non, pas ça ! Il venait d’aviser que l’agiel pendait toujours au poignet de Denna qui se trouvait inconsciente au sol, tenant l’agiel dans sa main.
Il saisit le bras de la mord sith et le leva assez haut pour que dans sa course le garde se le prenne dans les valseuses. Il pensait avoir fait ce qu’il fallait por s’en débarrassé, il donna un coup de pied maladroit dans son arme et un atre dans son nez. Mais alors, son clone disparut. On l’avait abattu.
Il s’agissait des renforts des bandits qui s’étaient cachés dans des rochers. Mais ils ne fonçaient pas sur Val et Denna, mais dans le sens inverse. Quand Val tourna la tête, il vit ce qui avait fait peur au reste des brigands, ces gens étaient sans doute une patrouille Ashnard. Val leur fit signe alors qu’il hissait Denna à bord de la diligence, avait de s’écrouler de fatigue, harassé par les émotions et l’état se son corps, sur les genoux de Denna.