Le danger.
Oui, le danger était une chose que Ludmilla aimait beaucoup. Le danger, l’adrénaline, toute ces sensations qui vous brûlent, vous réveillent, vous rappellent que vous êtes en vie, que ce n’est pas fini. Cette sensation, elle la recherchait depuis longtemps ; pour tout dire, depuis qu’elle avait sa vie bien rangée, et calée, elle n’était pas des plus heureuses. Aucun émoi, aucun rebondissement dans sa vie trop calme, trop molle. Ses seuls plaisirs étaient des films à faire trembler un monstre, des films qui faisaient peur, qui l’empêchaient de dormir, craintive … Mais elle adorait cette sensation de peur, alors elle ne s’en privait pas.
Ce matin-là, tôt, Ludmilla se réveilla avec des fourmis dans les jambes. Elle quitta vite sa maison, enfilant son habituel sari bariolé, coiffant rapidement ses cheveux fins et impeccables, et marcha longtemps, sans regarder où elle allait. Elle s’en moquait, d’ailleurs ; elle pouvait aller partout, elle se fichait de se tromper de route, de finir sur le bas-côté : elle ne recherchait que des sensations fortes.
Le soleil était beau, aujourd’hui, et elle marcha toute la journée. Le paysage était plaisant, l’air pur, et même si elle ne croisait rien de palpitant, d’inquiétant, toute cette ambiance demeurait agréable.
Mais en fin de journée, son estomac se fit entendre, et elle se rendit compte de sa bêtise. Elle était trop impulsive, c’était désagréable à constater. D’un geste de la main, elle se recoiffa, scrutant les alentours. Où était-elle ? Elle ne reconnaissait pas le paysage.
Fatiguée, elle s’affala sur le sol, fixant les lieux qui l’entouraient.
- Et tu fais quoi, maintenant ? pensa t’elle tout haut.
Son estomac gargouilla à nouveau. Elle le fit taire en donnant une petite tape sur son ventre, et fit la moue. Bon, elle allait se reposer, et prier, et elle verrait ensuite. Elle joignit les mains, regardant le ciel marqué de quelques rares nuages.
- Dieu, si tu existes … Envoie moi un pommier, pria t’elle.
Puis elle se rendit compte que ce genre de blasphèmes ne l’aiderait pas, et se décida à se taire.