Il marchait depuis plusieurs heures, le village de son « ami », ou plus précisément, d’une de ses relations de travail avec qui il avait beaucoup eu affaire. Et c’est justement pour cela qu’il allait le voir. Il portait sur son dos un gros sac à dos de toile rempli d’objets d’origines plus ou moins frauduleuses, allant de la belle montre en argent au collier de perle. Il ne transportait rien de lourd, ni de trop fragile, juste ce qui s’écoulait facilement. Avec son contenu, il aurait de quoi vivre sans difficulté pendant les cinq prochaines années. Mais il était trop généreux, il en donnerait à des mendiants,...
Il avait prévu aussi ce qui lui servait de laisser passer, une demi-douzaine de bonnes bouteilles d’un hydromel qu’il avait fait lui-même, pendant son petit moment de tranquillité, en prévision de ce jour. Il avait volontairement surchargé de miel l’eau pour qu’il soit très alcoolisé, car plus il en avait dans le sang, plus il revoyait ses prix d’achat à la hausse pour un verre de plus. Méthode honteuse, peut être, mais c’était son seul moyen d’avoir un prix équitable, et éviter l’arnaque. Il en avait soupé, pendant un bon moment il s’était fait floué, alors il estimait qu’il était plus que normal qu’il floue un peu les autres à son tour.
Il frappa trois coup, puis un, puis deux, et il posa deux bouteilles d’hydromel au sol, et se retira dans l’ombre du grand creux d’un arbre voisin, prévu à cet effet. Ces bouteilles servaient un peu comme un signal de reconnaissance. L’étiquette était un code. Di son contact sortait et rentrait les deux, il devait le suivre avec un peu de décalage, la porte ne serait pas fermée, di il n’en prenait qu’une, il devait attendre qu’il prenne l’autre, si il n’en prenait pas, il valait mieux s’en aller. Un code discret, un code efficace, un code » connu d’eux seuls.
Un homme de petite taille, mais de panse assez développée sortit, vit les bouteilles au sol, regarda vers l’arbre creux, comme s’il essayait de discerner la présence du voleur dans les ténèbres de la nuit, puis il rentra une bouteille, et récupéra l’autre une dizaine de minutes plus tard, laissant sa porte entrebâillée, l’invitant donc à entrer.
A pas de loup, il se glissa dans l’ouverture sans faire grincer les charnières, referma doucement la porte derrière lui. Il retira sa cape de voyage noire comme les ténèbres qui recouvraient de leur manteau ce monde. Il se dirigea ensuite, sans aucune forme de politesse dans le salon de son hôte, déposant le sac à ses pieds.
« Mon cher Val’Arrinian, cela fait si longtemps ! Presque six lunes que je ne t’ai pas vu ! »
Pure hypocrisie, il savait parfaitement, les deux le savaient très bien et chacun jouait son rôle dans cette comédie, mais elle était importante, le premier qui parlerait franchement risquait de se trouver en position de faiblesse dans les négociations.
« Comment va mon plus fidèle client ? Ce cher Eltarnon ? C’est vrai que cela faisait longtemps ! Je dois avouer que vous me manquiez un peu ! Les bons acheteurs sont rares de nos jours, et aucun ne vous arrive à la cheville tant en intégrité qu’en honnêteté sur les prix proposés. »
« Tu me flattes mon jeune ami, mais nous parleront affaires demain, ce soir, fêtons la joie de nos retrouvailles ! J’ai cru entendre dans ton sac sonner le doux bruit du nectar des dieux disparus ! »
« Oui, je vous ai apporté une demi douzaine de bouteilles d’hydromel, mon meilleur ! Et fait maison en plus ! »
« Et bien, qu’attends tu pour le sortir, l’heure estr à la beuverie ! »
Et voila, il était tombé dans le piège, il allait boire, boire, boire jusqu’à plus soif, puis il entrerait dans le vif du sujet pour obtenir le meilleur prix. Il se pencha, sortit les quatre autres bouteilles du sac, fit sauter le cachet de cire du bouchon pendant que l’autre posait deux chopes sur la table. Val servit les deux à raz bord, le regardant boire cul sec en sirotant du bout des lèvres la sienne. Si sa relation tenait l’alcool, lui pas, il devait faire attention.
« Ah ça fait du bien par là ou sa passe ! » Il s’en resservit un verre. « Et bien, bois, fait pas semblant ! Il est vachement bon en plus ! Bois ou tu vas m’offenser, et il n’est pas bon d’offenser son hôte ! »
Non, c’était lui qui s’était fait piéger. Il n’avait pas le choix, et dut vider trois chopes dans la soirée, vu la taille des chopes, autant dire qu’il voyait un peu trouble, et ne marchait plus droit. Son interlocuteur en revanche, avait bu tout le reste des quatre bouteilles pour atteindre le même état.
« Je…je t’ai préparé la chambre d’ami ! » Puis avec un œil lubrique, il ajouta : « Et il y a même un p’tit cadeau pour l’hydromel ! Je suis sur que ça te plaira, elle n’est pas droguée car j’aime quand ell, et de celui-ci e se débat la nouvelle, mais si tu préfère, regarde dans la table de nuit, faudra attendre un peu mais bon ! »
Val traina son sac plus qu’il ne le porta jusqu’à sa chambre, heureusement, il n’y avait pas d’escaliers, tout était de plain pied, sauf la cave. Il ouvrit la porte de la chambre et compris ce qu’il avait entendu par cadeau, et il comptait bien en profiter. Une jeune femme aux cheveux parme était attachée. Ses poignets étaient noués à ses chevilles dans une position assise dans doute inconfortable. Elle avait les cheveux en bataille, des traits fins, de légers cernes, comme si son hôte ne l’avait pas beaucoup laissé dormir ces derniers temps. A son cout était ajusté un collier alliant le cuir et le métal auquel était attaché une sorte de laisse qui descendait et se perdait entre ses magnifiques seins parfaitement adaptés à ses gouts et finissait sur son ventre plat. Il ne pouvait de là ou il était apercevoir son intimité, cachée par ses longues jambes fines. Elle avait une peau blanche qui mettait tout en valeur chez elle.
Et dire qu’il avait toujours rêvé de posséder une esclave, mais il n’en avait jamais eu les moyens ! Il sourit à cette pensée, ferma la porte à double tour, ce qui lui prit une bonne minute, ne serait ce que pour mettre la clé dans la serrure, puis il fixa la jeune femme et d’approcha, en murmurant de manière parfaitement aufible pour elle : « Je sens que je vais m’amuser moi ! »