« La chimère ! Une créature de légende connue pour ses incroyables particularités physique ! Un corps de lion muni de deux têtes : celle d’un lion et d’une chèvre, côte à côte. Sa queue est un serpent, lui même ayant sa propre conscience à part entière. C’est aussi l’un des animaux les moins aptes à être observés, car particulièrement agressifs et violents ! Elle ne chasse parfois les proies qu’ils ont vue que pour le simple plaisir de les réduire au silence ! Wahou, on croirait qu’un scientifique fou a dérapé et a fait des mélanges grotesques ! Je me demande si un truc aussi laid existe vraiment ! »
Paulina pouffa doucement de sa main libre, observant le dessin de chimère que le livre lui offrait. Quelle aubaine de l’avoir trouvé il y a quelques jours sur la mousse desséchée d’une souche morte. Avec beaucoup de précaution, la dragonne referma le livre et le porta à son cœur, un sourire s’étirant sur ses babines.
Sans crier gare, un vent sec, un vent des terres sauvages, se leva brusquement agita l’arbre sur lequel la créature se trouvait. Ses les doigts griffus de ses pattes s’accrochèrent à la grosse branche sur laquelle elle reposait, alors qu’une de ses mains s’appuyait contre le tronc de l’arbre. Paulina attendit que le souffle du ciel se calme pour agiter sa tête de droite à gauche, retirant les feuilles qui s’étaient empêtrées dans ses cornes.
De bonne humeur, la dragonne porta le livre dans son dos pour le ranger dans son sac avant de décrocher l’une des trois gourdes qui pendaient à sa ceinture. Après avoir retiré le goulot, elle le porta à ses lèvres…pour se rendre compte qu’il ne restait que quelques gouttes !
« J’ai encore du mal la reboucher…Il va falloir trouver une source d’eau potable ou un convoi…en route ma grande ! »
A petit pas prudents, elle s’avança le long de sa branche, sortant de la voûte protectrice des feuilles de l’arbre et se retrouvant, d’une certaine manière, à l’air libre. Après avoir emplit ses poumons de l’air du matin, la dragonne sauta en avant et déploya ses larges ailes pour prendre la direction du Nord.
Suivant les traces du vent pour planer un maximum et pour ne pas trop se fatiguer, Paulina vola ainsi pendant plus d’une demi-heure, ses yeux scrutant le sol pour repérer quelque chose qui puisse étancher son début de soif et refaire le plein de ses gourdes.
L’herbe jaune laissa la place à une sœur plus verdoyante, alors que le parfum de fleur envahissait ses narines. Pour que la végétation soit un peu meilleure par ici, il devait vraiment y avoir des cours d’eau quelque part !
Ce qu’elle aperçut plus tard ne fut pas un cours, mais resta tout de même satisfaisant à ses yeux. Au-dessus d’elle, une bonne dizaines d’humains désignaient le ciel, elle pour être plus précise, et couraient dans tous les sens, rentrant dans des tentes d’allure assez grossière pour s’y cacher. Les chevaux, s’ils n’avaient pas été attaché aux chariots laissés de côté, se seraient eux même enfuis avec plaisir !
« Encore des humains qui ne sortent pas le nez de chez eux…soupira t-elle pour elle-même. Surement des nomades…Ils ne sont pas éduqués dans ces coins arides ! »
Amusée par leur réaction, la dragonne entama sa descente, faisant du sur place, ses ailes claquant dans l’air. Ses pattes ne tardèrent pas à sentir la douceur de l’herbe verte…c’était agréable ! Alors, elle pris le chemin du campement.
Sur son chemin, les nomades s’écartaient, les yeux exorbités, et serrant leurs femmes et leurs enfants contre eux. Quelle spectacle grotesque…Dire qu’elle n’était descendu que pour échanger de l’eau contre l’or qui tapissait le fond de son sac ! Elle resta ainsi immobile, ses yeux passant d’un individu à un autre. Après avoir passé sa langue fourchue sur ses lèvres sèches, Paulina ouvrit la bouche pour faire naturellement sa demande lorsqu’un spectacle encore plus amusant que tout à l’heure l’interrompit.
Un petit humain, qui avait voulu sortir en vitesse de sa tente, s’était empêtré dans le tissu était tombé par terre. Ce n’est que lorsqu’il pu se dégager et la contempler que son visage abhorra la même expression que ceux des nomades. Mais ce qui la surprit, ce fut ce qu’il fit ensuite…
Comme s’il surmontait sa propre peur, le petit humain, étrangement différents de ces autres habitants des terres sauvages, s’approcha…et la salua d’une petite voix enrouée.
« Heuu…sa…salut…je…je me nomme Noboru Hirano…je…je ne vais pas faire du mal…se…serais-tu…un dragon… »
Les sourcils froncés, la mine inquiétante, la dragonne l’observa plusieurs secondes sans ciller. Puis elle combla de quelques pas la distance qui le séparait d’elle, avant de se penche lentement vers son visage, le museau de la créature à seulement quelques centimètres du sien. Il avait de beaux yeux bleus…de la même couleur que les siens ! Et un visage particulièrement angélique ! Une épaisse fumée tiède et blanche s’échappa des naseaux de la créature, soufflée sur le jeune Hirano, comme pour le mettre mal à l’aise.
Ce n’est qu’après plusieurs secondes de contemplation, alors que tous les nomades retenaient leur souffle et se demandait si le monstre allait lui ouvrir le ventre ou non, que Paulina se redressa de toute sa stature, dépassant le jeune humain de deux bonnes têtes.
« As-tu de quoi boire, Hirano ! »