Ah, voilà… là on sentait un peu la peur poindre. Là ça me semblait enfin devenir une réaction normale et du coup, avec des actes prévisibles. Elle se figea, cria un peu de surprise parfois dans des brusqueries, craignant sans doute que sa gorge ne soit entamée par la lame, mais je maitrisais mon domaine, et elle n’avait pas à craindre pour sa vie tant que je ne le décidais pas. Et je ne décidais pas de la tuer. Pas maintenant du moins... je lui souris et je humais la peur à sa tempe. Voilà une sensation bien délicieuse, il fallait le reconnaitre…
Elle refusa de regarder son ancien copain, ou autre qui gisais dans son sang. En même temps, à le voir gésir ainsi, comprenant toute l’horreur de la mort et l’invitation mortifère de cette scène, quoi de plus normal ?
Elle avait, semblait-il, compris ce qu’elle risquait. Et si elle avait compris ce qu’elle risquait, alors nous allions pouvoir avancer. Jusqu’à sa chambre dans un premier temps, mais pas que. Là-bas se trouvait le portail pour sa geôle. Enfin, geôle…
La chambre était désordonnée. Certes, le lit n’était pas fait, mais j’vais retourné le contenu des commodes, j’avais vidé les tiroirs, et ainsi de suite, exposant tout ce qu’elle n’aurait sans doute pas voulu que l’on voit sans la moindre vergogne. De toute façon, il fallait que je mette le bazar, alors découvrir ses amusements personnels, ça ne m’atteignait pas, mais ça pourrait toujours rajouter du sordide à l’ambiance pour les enquêteurs, non ?
Sa petite voix me fit rire, et je riais de bon cœur.
« Te tuer ? Ma chérie, je ne vais pas te tuer. Je t’emmène dans un endroit qui, bientôt, sera ta nouvelle demeure. Tu y seras bien. Juste le temps de faire quelques petites affaires avec des personnes qui veulent que tes parents s’inquiètent et ensuite, je te ramènerai chez toi. »Était-ce un mensonge ? Pas vraiment. Si les conditions s’alignaient bien, dans quelques jours, semaines, mois, elle reviendrait vivre chez elle, réapparaissant comme ça de nulle part après que ses parents aient perdu beaucoup… oui, cela pourrait suffire. Si j’étais payé assez bien sûr. Sinon, une petite comme elle, bien voluptueuse où il fallait et qui saurait apprendre la docilité… c’était une bonne chose, non ? Je lui fis un sourire et je la faisais pivoter pour qu’elle puisse voir le rectangle très légèrement iridescent.
« C’est par là que nous allons tous les deux. »Et je la poussais en avant, la relâchant, au travers du portail.
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Le trajet paru durer un instant, ou une éternité, selon le professionnel, cela variait selon les personnes. Je m’en fichais un peu, dans le fond, de cela. Toujours était-il que je sortais du portail à sa suite ans ce qui semblait être une cave, où se trouvaient des cages, vides, faites de métal plus ou moins mal entretenues. Dans un coin, un matelas de paille avait été mis, avec un seau d’hygiène, une cruche d’eau et un morceau de pain noir qui tiendrait au ventre pour la journée. Il n’y avait, en guise de lumière que le contour d’une porte, à quelques mètres de là, et une sorte de lampe qui semblait flotter à ras le plafond, offrant un aspect lugubre au lieu. Le sol semblait assez poussiéreux, quoiqu’en terre battue. Les murs étaient de pierre, simple, et à plusieurs endroits de lourds anneaux de métal y étaient fichés.
« Bienvenue dans ta chambre. C’est temporaire bien sûr. Mais ici nous pouvons parler plus agréablement. »Je rangeais mon arme, et m’écartais d’elle pour m’asseoir sur une cage, assez grande pour contenir un gros chien, et donc parfaite pour s’asseoir dessus.
« Je suis maitre Dairn et j’ai été grassement payé pour te maltraiter et en avoir des preuves à envoyer à ta famille. Pour les détourner de marchés juteux. Jusqu’à ton départ d’ici, tu vivras selon mon bon vouloir. Est-ce que tu vois une objection à cela ? Je suis disposé à répondre à tes éventuelles questions. »