« Ignorant … »
Au moment même où le soutien gorge avait volé, la lame s’était enfoncée dans la cage thoracique grasse de l’archéologue. Le cadavre s’agrippa encore un moment, les nerfs sûrement, au corps de celle qui l’avait assassiné, avant de s’étaler dans un râle sur le plancher. Selkis donna un coups de pieds nu dans l’homme, qui commençait à baigner dans son sang visqueux. Un nouvel archéologue d’assassiné. Cette fois, il avait eu le malheur de s’accrocher un peu trop à une statuette d’Horus, qu’il comptait vendre au plus offrant. Et tout était vite parti : se faisant passer pour une acheteuse nymphomane, la jeune femme avait réussie à lui arracher des mains la précieuse statuette.
Selkis récupéra son sous-vêtement, et l’attacha face à un miroir, se regardant vaguement dans la glace propre et net. Quel corps elle avait! Quel maquillage elle portait ! Elle joua un instant avec de petits poignets d’amour qui naissaient sur ses hanches, et enfila sa robe rouge et ses collants noirs en un instant. Elle attacha sa crinière noire, vaguement, avec une pince du même rouge, et remit ses ballerines noires vernies. Elle agrippa son manteau en fourrure, long, qui la conservait au chaud, et ouvrit la porte pour sortir de la pièce. Elle referma doucement, et galopa sur le palier, croisant un domestique qu’elle évita soigneusement.
Elle comptait vite sortir, la statuette accrochée à l’intérieur de son manteau. Il ne fallait pas qu’on la repère. Elle descendit les escaliers menant au hall de l’hôtel, quand un cri résonna.
« Au meurtre ! »
Elle se stoppa.
« Tout le monde reste à l’intérieur ! Fouille générale ! Personne ne sort ! »
La déesse frissonna, et tenta de garder un regard neutre et innocent, tandis qu’une troupe de policiers arrivaient dans le hall, montant sur les lieux du crime. Elle regretta amèrement de ne pas être sortie par la fenêtre.