Toute cette semaine n'aura été que galères qui se sont enchaînées les une après les autres. Au point que ce doit être la première fois en plus d'une semaine que je me retrouve le cul vissé sur un canapé pour pouvoir souffler un moment avant de devoir repartir.
De la musique latino remplie la boite de nuit au point d'empêcher les gens de pouvoir s'entendre correctement si ils ne se mettent pas à hurler dans l'oreille de leur voisin. C'est probablement pourquoi Paco demande à être suivi dans une pièce à l'étage qui sera plus calme.
- A té vwala. Entre, entre !
Paco est ce qu'on appelle un Narco. Originaire de Colombie, il baigne dans le milieu de la drogue et de la prostitution depuis ses 13 ans où il était simple guetteur pour les cartels.
- On sété dit d'accord pour 20 kilos. Tou va pouvoir lé écouler ?
- Ouais, sans problème.
- Bien, bien... Oui, c'est bien.
- ...
- Le problème, tou vois.... Cé ké mon bras droit m'a dit que tou bossais pour lé flics.
- Et nous lé flics on les aime pas beaucoup.
Un échange de coups de feu démarre au même moment où une porte vient s'ouvrir en grand dans mon dos pour claquer contre le mur avec fracas.
- T'es encore en train de regarder un film de merde ?
Inutile de me retourner pour reconnaître la voix d'Anton. Lui et moi avons l'habitude de bosser ensemble depuis quelques jours dans les rues de Seikusu pour le compte d'un revendeur de came. Le genre de boulot merdique pour tout un tas de raisons mais qu'on est obligé de faire si on veut bouffer faute de mieux.
Vendre de la drogue ça rapporte facilement et rapidement. Sauf que les inconvénients et les risques sont nombreux vu qu'on peut vite se retrouver dans la merde et ce autant face aux flics que face aux clients. Ces dégénérés sont parfois prêts à tout pour avoir leur dose. Un gars a carrément essayer d'échanger un bébé contre un sachet à Anton la semaine dernière. Cette merde fait faire n'importe quoi aux gens.
- En même temps il y a que ça.
D'un geste du doigt je montre une pile de DVD qui menace de se casser la gueule à mon collègue du moment. L'endroit où je me trouve en ce moment est une planque qui sert de point de chute aux livreurs dont on attend la marchandise qu'on devra revendre dans la foulée.
- Ouais, bah arrête, faut qu'on y aille.
- Sérieux ?
Anton lève le bras pour me montrer un gros sac de sport.
- Enfin ! Je commençais à péter un câble ici.
Je peux entendre la fermeture du sac s'ouvrir alors que je m'avance pour en vérifier le contenu. Et là mes yeux s'ouvrent grands alors qu'un large sourire vient déformer mon visage tandis que je me tourne vers Anton qui a la même réaction que moi.
- C'est de la bonne came ça, non ?
- Ouep !
- Ca veut dire qu'on va dealer chez les chicos ?
- Ouep !
- On se fera pas emmerder par les flics ?
- Nop !
Les plus gros trafiquants de la ville ont les flics dans leurs poches car ceux-ci touchent un pourcentage de la vente de drogue dans les quartiers riches vu qu'il est question d'une clientèle prête à payer le prix adéquat en échange d'un produit de qualité.
Contrairement à la merde coupée aux produits ménagers revendue aux junkies qui donneraient père et mère pour une dose qui pourrait les foutre en l'air définitivement dans une ruelle.
Ce doit être la première fois que je suis content de faire ce boulot depuis qu'on a commencé. Faut dire que ça aide d'avoir su protéger notre marchandise de deux raids de flics différents.
- Allez, faut qu'on écoule ça et on pourra se faire un joli paquet de fric.
Il a raison, surtout que ce genre de produit part très vite et très facilement. Reste à voir si les clients sont aussi faciles à gérer qu'on le dit dans ces quartiers-là.
