Koshiro était en panique.
Tout avait commencé ce matin. Il s'était senti bizarre, distrait. Ses pensées erraient librement malgré ses efforts, dérivant vers son impatience à revoir ses collègues ce matin. Il avait oublié sa ceinture, s'était trompé de sens dans le métro. Clairement, cette journée commençait mal. Et il se sentait angoissé.
Arrivé au bureau, ses pensées avaient été de plus en plus intrusives et distrayantes. Il n'arrivait pas à se tirer de la tête l'envie de tourner la tête vers ses collègues féminines, de les approcher, de les flatter, de les... séduire. Et c'était un vrai problème : il y a quelques mois, sa vie avait basculé lorsqu'il avait soudainement cédé à une envie insoupçonnée et s'était jeté sur une jolie fille qu'il connaissait sur son lieu de travail. Il avait perdu son travail et suivait encore une thérapie pour essayer de remonter à la source de sa crise. Alors, cette envie de les approcher ne lui inspirait pas confiance.
Il avait quand même réussi à se tenir jusqu'à la fin d'après-midi. La fatigue et la fin de journée aidant, le personnel du bureau se détendait et se montrait plus sociable. Dans le petit local photocopieuse, Sakura l'avait rejoint, la bouche en cœur, pour le supplier de la laisser passer avant lui.
"Steplé-steplé-steplé !" avait-elle minaudé. "Je ferai c'que tu veux en échange. "
Là, Koshiro s'était approché d'elle, l'avait coincée contre le mur et s'était perdu. Il s'était penché sur elle, et il aurait juré avoir vu de l'excitation dans son regard mais, au moment où il allait réclamer de la baiser sur la machine en marche, il s'interrompit. Une vague de panique l'avait pris, il avait quitté les lieux à la hâte, fébrile, et avait commencé à fuir.
Fuir cette présence qui s'était mise à le suivre.
"Où vas-tu, Koshiro ?"
Il ne devait pas écouter. Il hallucinait. Il devait contacter son psychologue. Quelle heure était-il ?
"Elle veut ta queue, Koshiro ! Retournes-y !"
Arrivé chez lui, il avait tenté de se réfugier dans son lit, s'était gavé de somnifères, avait attendu le sommeil. Mais la voix avait continué, toujours plus fort, et il lui sembla que son cœur allait exploser.
Il fuit son appartement. Il fuit la communauté. Il fuit les rues à travers la nuit, et finit dans le parc plongé dans le noir, si ce n'était la lueur de quelques réverbères sur les chemins. Il comprit la vacuité de son action. Comme si les ombres amplifiaient les voix et les angoisses, il se retrouva harcelé de voix perverses l'incitant à céder à ses plus bas instincts.
Koshiro se roula en boule sur un banc. Il se mit à pleurer, à hurler, et, dans son désespoir, un seul nom lui vint pour le sauver de cette possession.
"NOVAAAA !!"
Les voix cessèrent soudainement, et Koshiro, doucement, rouvrit les yeux, déboucha ses oreilles, se redressa sur le banc. Il s'assit, hagard, dévasté. Il lui sembla que le monde était moins sombre autour de lui, mais toute la noirceur et la chaleur primaire qu'il avait ressenti semblait s'être concentrées juste devant lui, où se tenait une silhouette inconnue ; un vieil homme élégant qui lui adressait un sourire malicieux.
"Merci, Koshiro ! Tu as rempli ton rôle à merveille. Orinasu Hoshie ne va pas tarder."
"Ori...na-quoi ?"
De la ville leur arriva un flash de lumière, avant qu'un filet lumineux s'élève dans les airs avant de pointer vers eux, comme un missile lancé vers sa cible. Et Asmodée délaissa le mortel pour se porter vers sa véritable proie.
Il l'attendait.