Morgane était une femme juste, suivant un code d’honneur bien précis, elle respectait à la lettre ce dernier. Par ces mots, on serait tenté de penser que l’héritière de Pendragon est une personne noble, au cœur pur, mais la vérité est bien loin de ça. L’honneur et la justice, comme beaucoup de concept, sont subjectifs, personnel et à interprétation. De ce fait, Morgane ne vit pas comme une prude, bien au contraire. Elle profite des nombreux plaisirs de la vie, faisant les choses comme elle le désire tout simplement ; même si cela doit aller contre la loi de temps en temps.
Elle ne commet pas des crimes atroces, mais passer au-dessus de certaines lois ou encore frauder peut faire partir de son code d’honneur, tant que cela sert son bon plaisir. Pourquoi ce petit aparté sur la jeune femme ? Parce que cette dernière se tenait à l’heure actuelle devant l’entrée d’une boîte de nuit, une discothèque et bien d’autres noms pour qualifier un endroit réservé aux adultes. Et aux dernières nouvelle, la rouge n’est clairement pas majeure. Comment allait-elle rentrer ? Très simplement, une fausse pièce d’identité et cela n’était qu’un moyen pour elle d’assurer sa sécurité.
Il faut dire que le Japon est plutôt confiant sur ce genre de chose, plaçant leur confiance dans l’honnêteté de tous, c’était sans compter sur elle, surtout si elle pouvait s’amuser. Son physique la vieillissait un peu plus que les autres, elle faisait donc la vingtaine sans trop de problème. Elle avançait petite foulée par petit foulée, suivant le rythme de la queue, l’endroit étant assez populaire, il faut le reconnaître.
Tout en marchant, la belle remettait un peu d’ordre dans sa tenue. Elle vérifiait l’état de ses collants, ainsi que de ses escarpins. Elle allait quand même devoir danser avec cela toute la soirée. Sur le moment, elle se demandait qu’elle idée lui avait traversé la tête pour enfiler cela. Même en mettant des talons de petites tailles, elle serait toujours plus grande que les autres. Elle respectait simplement le cliché du genre de tenue qu’elle portait. Une idée bien bête, mais ce qui était fait, n’était pas à refaire. Pour le haut, elle faisait attention à remettre son virgin killer en l’état, laissant ce bout de tissus révéler ses formes, leurs proportions, sans pour autant dévoiler trop de peau. Simplement de quoi attirer les regards et se sentir convoiter, une forme d’érotisme des plus simples.
Tout en approchant de la porte, elle décida d’essayer les vertus de sa tenue en se déhanchant un peu devant la sécurité de ce soir. Elle comprit bien rapidement aux regards penchés sur ses courbes que l’effet escompté était bien présent. Elle sentit même un regard plus insistant, un des membres de ce comité de surveillance à l’allure étrangement bien taillé, mais finement longiligne. Un certain charme, au vu de l’assurance qu’il dégageait. Sa voix de cristal au timbre légèrement résonnant se faisait entendre pour saluer ces derniers et leur offrir un petit signe d’au revoir. Cette action n’était pas que séductrice, elle voulait leur donner un peu de motivation dans ce métier où ils devaient tous être sérieux, pendant qu’eux s’amusaient pleinement.
Elle pénétrait dans les lieux, prenant ses aises, lentement, doucement, pour trouver un endroit sympathique. Et aussi évitez de trop se faire harceler. Elle restait donc assez souvent entre le bar et la piste, pour ne pas être pris entre deux feux. Elle voulait aussi éviter de consommer et dévoiler qu’elle n’est pas en âge de faire les choses ainsi. Puis cela lui permettait d’aller remuer chaque fibre de son corps sous les battements de la musique et même d’accepter certaines invitations à danser.
Et l’une d’elle ne tarda pas à débouler en milieu de soirée, un des membres de la sécurité osait sortir de son rôle pour se mêler au jeu du commun des mortels. Ce beau garçon à l’allure étrange, mais plus qu’agréable à dévorer. Bien entendu, ce n’était pas son beau minois qui allait empêcher la jeune femme d’être méfiante et de tester l’homme et ses possibles mains baladeuses saupoudrés de mots digne d’un serpent. Enfin, cela n’était qu’une supposition et tout en restant sur ses gardes, elle lui laissait sa chance, principe d’équité en ce bas monde.
La soirée se poursuivit ainsi, elle se perdit dans les bras d’un seul homme en cette soirée. Peu de mots étaient échangés, mais les actes valaient bien mieux, surtout dans une ambiance où le brouhaha empêchait de communiquer aisément. Les formalités furent tout de même échangées, le nom de chacun, gravé dans les mémoires respectives. Un nom peu commun que celui du ténébreux, venait-il d’ailleurs ? Possédait-il des origines étrangères, comme la demoiselle à la chevelure de feu ? Des questions qui ne trouveraient point de réponse maintenant, l’héritière n’en avait que faire. Pourquoi faire la fête, si elle devait réfléchir à des choses sans grandes importances pour le moment.
Le temps passait, il se concentrait, le moment venant se dissiper bien trop vite à son goût. Les heures avaient défilé à une vitesse presque affolante, même la musique ne lui avait pas permis de garder la notion du temps. Il faut dire que l’homme était bon danseur et qu’il s’était montré séducteur sans être un profiteur. Elle n’avait pas senti sur son corps des mains trop présentes ou des sous-entendus mal placés. Une certaine finesse dans cet échange, voilà un acte qui lui donnait sa chance, s’il se proposait. Non, pas qu’elle faisait des manières pour se faire désirer, mais il avait débuté les hostilités, elle trouvait cela normal de le laisser perdurer dans ce sens.
Cependant, la douche froide arriva bien vite pour la rousse, lui faisant écarquiller les yeux devant un tel comportement. Au moment où la salle se vidait, que la musique se coupait, l’homme semblait totalement changer de caractère, comme si l’arrêt du bruit avait fonctionné comme un interrupteur. Elle resta bouche bée pendant quelques secondes, essayant de comprendre où était le problème. Les signes semblaient pourtant tous concordés vers un même point ? Elle n’était pas folle à ce sujet-là ? Elle se sentait piquer un fard, il y avait une pointe humiliante dans ce comportement, comme si elle n’avait pas été assez doué pour capter son attention ou qu’elle était une déception.
Elle tourna donc les talents, légèrement énervée pour reprendre la route, décidant de marcher un peu pour se changer les idées, sinon cela allait la faire ruminer tout le reste de ce début de journée. La nuit régnait encore en maître sur la ville, laissant l’endroit éclairé par les lueurs synthétique. Sur les nerfs dans un premier temps, elle soufflait lentement pour reprendre son calme et se poser. Elle ne devait pas se laisser autant influencer par une simple rencontre, elle avait eu des attentes, certes, mais la vie était ainsi faîte.
Une fois revenue à un état plus serein, elle remarqua rapidement quelque chose, une présence qui venait à la suivre. Un sixième sens ? Son dur entraînement ? Sa légère méfiance naturelle ? Les effets de ses armes magiques sur elle ? Elle n’en savait rien, simplement qu’elle arrivait à ressentir ce genre de chose depuis des nombreuses années. Elle ne pouvait être sur qu’on là suivait, peut-être que la personne prenait la même route qu’elle ? Autant s’en assuré en prenant des endroits à la réputation douteuses. En s’engageait donc dans un parc réputé pour ses passes d’une grande facilité. Même là, l’ombre semblait la suivre, toujours à même distance, au même rythme que ses pas.
Cela aurait de quoi faire courir des gens, les faire fuir, provoquer une intense frayeur en eux, pas chez Morgane. Elle avait de quoi se défendre, puis rouster un vulgaire énergumène aurait de quoi défouler ses nerfs sur le moment. Le silence était un peu pesant par moment, jusqu’à se faire subitement briser par un juron bien audible, une voix au timbre rauque. Sa course se stoppa nette, elle ne bougea pas pendant une poignée de seconde. Puis d’un rapide mouvement, elle se retourna pour faire face à l’ombre lointaine. L’un de ses bras était tendu, prêt à libérer Excalibur de son entrave magique et se défendre rapidement. Elle se pressait un peu plus pour découvrir le visage de la personne osant la suivre.
Une découverte pleine de surprise, à la lueur d’un réverbère et de l’éclat de la lune, elle découvrit un visage qui ne lui était pas inconnue. Celui de Izar. L’homme qui l’avait fait danser une bonne partie de la nuit, pour ensuite partir sans décrocher un mot commençait à lui coller les baskets ? Bien étrange comportement. Le regard un peu plus dur, elle faisait entendre sa voix à son tour, le timbre toujours aussi beau, mais plus féroce dans ses vibrations.
« Izar ?! Tu me laisses en plan après la fermeture et maintenant tu me suis ? Tu as intérêt à avoir une bonne explication. »