L’été, c’est toujours chaud, c’est un fait.
Cependant, il est des fois comme ça où, la faute à des événements surprenants, sinon totalement incongrus, la chaleur parvient encore à grimper, quand bien même la ville souffre déjà d’une canicule sans pareille.
Comme tout bon lycéen qui se respecte, je profitais des premiers jours de cette longue pause estivale pour… glander, pour faire plus ou moins tout ce que j’aimais, malgré les reproches de mes parents comme malgré les blagues incessantes de mes deux sœurs, dont je ne supportais déjà plus la présence à la maison.
Le jour balades, mangas, animes et jeux-vidéos, la nuit… tout autre chose. Et quelle « chose » ! Voilà des semaines maintenant que je passais mes nuits à me faufiler en douce dans le bureau des parents pour passer des heures entières devant des streams divers et variés. Moi qui découvrais tout ça, les joies comme les tréfonds d’internet, autant dire que je ne faisais pas la fine bouche non plus tant je m’émerveillais de tout… De fil en aiguille, j’avais forcément atterri sur « d’autres choses » et, c’est ainsi que j’avais découvert la chaîne de Pinkky.
Un rouleau de sopalin et un tube de lubrifiant posés sur la table, je m’étais bien vite pris au jeu et, avant même que je ne le remarque vraiment, soulager le mal de mes soirées en solitaire en la regardant se trémousser à moitié nue devant sa caméra était devenue une habitude, une sorte de rituel quotidien. Je fantasmais évidemment sur toutes ces photos et vidéos privées qu’elle mettait en ligne ailleurs, mais, dans la mesure où je ne pouvais me permettre de dépenser de l’argent que je n’avais pas, il faut croire que j’avais fait de cette frustration un petit jeu. Nuit après nuit, sans même prendre la peine de participer aux immondes discussions qui pouvaient bien avoir cour sur le tchat, j’observais seulement, me retenais au possible pour attendre le moment fatidique où je pourrais en voir plus, ne serait-ce qu’un peu plus… tout en m’imaginant comme sa peau devait être douce et comme ses seins… si lourds…
Au bout de quelques jours comme ça à peine avait-elle pris une place véritable dans mes pensées, comme dans ma vie, pour ainsi dire. Aucune chance pour que je ne m’abonne à son OF, bien sûr, mais je la suivais partout ailleurs. J’étais notifié de chacun de ses posts à la seconde près, et partais vite me cacher à chaque fois, pour voir ce dont il en retournait. Quelques captures d’écran par-ci par-là, pour que je conserve toutes ces photos d’elles avec moi et, très souvent, il fallait bien avouer que la plupart d’entre elles trouvaient leur utilité plus tard…
Pas forcément plus tard, en fait.
Je ne connaissais son nom et son visage que depuis quelques semaines à peine et pourtant, je n’arrêtais pas de le… faire… en pensant à elle. Heureusement, j’avais l’imagination fertile !
Mais tout ça n’étant pas le plus intéressant, venons-en au fait !
C’était il y a… dix jours. Deux semaines, peut-être ?
Un autre stream, lors duquel Pinkky essayait maillot de bain après maillot de bain. J’avais déjà le caleçon aux chevilles depuis des heures et je n’en étais clairement pas au premier round, si vous voyez ce que je veux dire, quoiqu’aurait pu en dire cette trique que j’avais, comme si rien n’avait encore démarré.
Promettant qu’il y aurait une petite surprise à la clé, et qu’elle serait d’utilité publique au futur de sa page privée -sur laquelle son contenu était paraît-il bien plus sulfureux-, la plantureuse streameuse s’était lancée dans un de ses habituels petits jeux, en demandant à ses viewers la taille de leurs… vous voyez.
De nombreuses conneries furent balancées évidemment, comme d’habitude, mais beaucoup posèrent de questions et certains finirent même par émettre l’hypothèse que Pinkky cherchait seulement à, je cite « se faire fourrer par une grosse queue ».
Nul doute que je sois encore un brin naïf, mais à la lecture de ces simples mots, le puceau malhabile que j’étais ne put s’empêcher de se joindre à la conversation, pour la toute première fois de l’histoire.
Après m’être servi d’un mètre-ruban que j’avais entièrement déroulé pour l’occasion, j’avais mis en ligne les mensurations les plus sensibles et privées de toute ma vie… et bien sûr, de même qu’il en fut pour tous ces autres balançant à tort et à travers des chiffres tout bonnement aberrants, c’est tout le tchat qui se mit à se foutre de ma gueule… Un peu gêné, quand bien même je disais vrai, je m’étais tu.
Enfin… jusqu’à ce que Pinkky relance les hostilités. Riant bien des dizaines et des dizaines de messages reçus, elle se décida à pimenter les choses. C’est à ce moment, d’ailleurs, qu’elle promit qu’il y aurait une récompense à la clé, pour les plus téméraires.
De but en blanc, elle demanda à tous ceux qui faisaient les malins de lui adresser une photo de leur engin, pour preuve à l’appui avec, bien sûr, de quoi mesurer la chose…
De ce qu’elle dit dans les minutes qui suivirent, beaucoup reculèrent et ne lui envoyèrent finalement rien… ou « pas assez », mais elle sembla bien s’amuser ensuite, alors que sans nous montrer le contenu de sa messagerie, elle se mit à commenter, noter… voire à en féliciter certains, en citant leurs noms à voix haute.
C’est lorsque je vis ses yeux s’écarquiller et briller, alors qu’elle citait mon pseudo, que je compris que j’avais pris la bonne décision, en lui envoyant cette photo de mon sexe. Le classifiant « hors-catégorie » plutôt que de vraiment le noter, je reçus toutefois très vite un premier message privé en retour. Puis un autre. Totalement abasourdie et n’en croyant visiblement pas ses yeux, Pinkky me demanda d’autres photos… et je m’exécuta.
Le stream terminé, notre conversation ne s’arrêta pas pour autant et, quand bien même je n’étais pas bien à l’aise avec tout ça, je répondis à toutes les questions qu’elle me posa, à l’exception de celle-ci « mais, 38cm… ça ne fait pas mal à tes partenaires ? »
La raison était bien simple : je n’avais pas la moindre expérience.
À mesure que les jours passèrent, sa curiosité ne décrût pas, tout comme la mienne, et la petite idée que la streameuse avait derrière la tête se précisa peu à peu. Bien qu’intimidante, l’idée était très simple : Pinkky recherchait un membre… « satisfaisant », avec lequel prendre quelques photos et courtes vidéos… pour alimenter sa page privée. J’eus l’eau à la bouche, et plus encore, quand elle vint à me parler de photos de mon sexe dans sa main, ou au bord de ses lèvres le temps d’une photo, ou bien posé sur ses fesses nues… et j’eus plus chaud encore lorsqu’elle m’expliqua que, si j’étais d’accord, nous pourrions même tenter quelques vidéos, courtes, mais plus explicites, dans lesquelles nous pourrions nous essayer à la pénétration, avec ou sans douceur, dans tout un tas de positions différentes… dans des tenues, des pièces différentes, pour qu’elle ait de quoi alimenter sa page pour un moment. C’était un peu comme faire un film érotique, ou un peu, un tout petit peu porno, disait-elle.
Les jours avaient passés et je n’étais toujours pas redescendu, tant cette idée m’affolait. Tout ça n’était pas encore bien clair, je ne savais pas bien non plus tout ce que cela engageait et, quand bien même la date fatidique approchait, je ne savais pas non plus tout ce que j’aurais droit de faire ou non… une chose était sûre, Pinkky allait faire de moi un homme !
Enfin… peut-être.
Au matin même du rendez-vous, où je devais la rejoindre chez elle, il m’était encore resté impossible de trouver où que ce soit des préservatifs à ma taille… La boule au ventre, après avoir visité autant de supermarchés que de pharmacies à travers toute la ville, j’avais fini par abandonner, de peur d’être en retard. Miné à l’idée que rien ne se passe à cause de ça, je devais avoir l’air bien bête et penaud.
À l’entrée de cette large maison typique, tout de style japonais, que l’on m’avait indiquée, je me tenais un peu mal à l’aise, mon index osant à peine effleurer la sonnette.
« Euh… B-Bonjour ! C’est… c’est Takezo. J’avais rendez-vous ici à 11h avec… avec Pinkky. »