Cette fois c'est décidé... Je fais payer à ce couard de m'avoir volé mon bâteau ET mon équipage et je prend ma retraite sur l'une de mes îles paradisiaque, loin de tous ces parasites bouffeurs de chiasse! Non mais oh! Savaient-ils seulement qui j'étais? Comment osaient-ils me traiter de la sorte? Moi! Le grand John Smith! Capitaine et roi des îles connues et moins connues messieurs dâmes! Capitaine, z'entendez ça bande de moules? Ca m'avait prit assez de temps pour faire valoir mon titre, remporter toutes mes victoires, conquérir tous les territoires d'outre-terre connus, possédé assez de bâtiments et d'équipages, pour qu'on puisse me concéder mon titre de Capitaine Gueule d'Ange tout de même... C'était un monde...
Non mais sans blagues, me faire éjecter d'une taverne pour avoir discrètement passé la main aux fesses d'une serveuse qui a, soit dit en passant, passé la soirée à m'allumer? C'était fort de rhum ça quand même... Bien sûr, je ne m'étais pas laissé faire. Eh quoi? Je serais parti comme ça, sagement? Alors que je n'avais rien fait? Plutôt mourir que d'faire ça! J'étais un pirate oui ou non? Je répond: Evidemment que j'en étais un!
C'est donc en mettant du coeur à l'ouvrage que j'avais déclenché une baston. BASTON! Ensuite, une fois que tout le monde avait bien été occupé et qu'on ne me prêtait plus la moindre attention, je m'étais faufilé jusqu'au comptoir pour massacrer le patron de la taverne à coups de tabouret...
Il avait pris cher le pauvre. Enfin c'était mérité. Engager des putes, qui allumaient les hommes pour leur soutirer de gros pourboires, puis raquêter les filles c'était moche. Il n'a eu que ce qu'il méritait ce gros porc.
Prenant la caisse au passage, et une bouteille de rhum, j'avais filé discrétos, butin et alcool sous le bras, royal.
Maintenant, je n'avais plus qu'à rentrer à la maison... Mais bon, c'était où pour moi la maison?
Et bien! Partout et nulle part!
J'étais libre voyez-vous. Pas d'impôts ni de taxes, mon monde était anarchique, sans contraintes, sans devoirs ni droits. J'étais ma seule loi et ça m'allait parfaitement comme ça.
C'est donc dans cette optique, sifflotant légèrement que j'avais repris la route, ma camelotte sous le bras. Ca pesait une tonne ces machins là... Des statuettes trybales, bijoux de pacotilles, accessoires cheveux et ménager... Bref, des trucs merdiques qui ne servent absolument à rien si ce n'est impressionner des personnes qui en savaient encore moins que vous sur l'objet en question lorsque la dite personne venait chez vous. C'était exotique comme dirait l'autre avec son accent snob à me tapper la tête contre les murs.
Il me restait encore pas mal de chemin pour la ville suivante, celles où je comptais écouler mes marchandises chez mon receleur préféré, et mon voyage manquait cruellement d'agréements... Heureusement, j'avais du rhum!
Tout à mon alcool, je commençais à fredonner un de ces airs pirates que m'avait mis en tête cette gourde de rouquine. La cuite que j'avais pris à cause d'elle me faisait encore mal au crane la peste...
Alors que je ruminais de sombres châtiments, tous plus cruels les uns que les autres, préparait ma vengeance congelée, traçait des plans sur la comète... Ne vous avais-je pas déjà précisé que je n'étais point Casimir, l'ami pédophile des petits enfants? Bref, alors que je songeais, disons cela comme ça, une lueur rougeâtre attira mon oeil curieux.
Une jeune femme, dans un état déplorable si on regardait ce qui était et qu'on imaginait, comme moi, ce qui aurait pu être, tenait une pierre rouge, belle comme un rubis... Une jeune jouvencelle à détrousser, intéressant. Son état de fatigue me facilitait bien trop la tâche, ça en perdait son piquant, mais l'or que je me ferai en la refourgant se moquerait bien du mal que j'avais eu à l'obtenir.
Quelle ne fût pas ma surprise en voyant une vilaine entaille sur son bras se refermer comme par... Enchantement? Oui je sais, vos gueules. Allez chercher une autre comparaison pour rire... Bref, voilà qui donnait une valeur inestimable à cet objet... Il fallait qu'elle m'appartienne. La vendre ou la garder, là serait toute la question...
Prenant un air aimable et charitable, j'attendais, un peu en retrait et sans faire de bruits, qu'elle range sa pierre (dans sa saccoche je note) et donc de savoir où elle était, avant de m'approcher. Je n'avais certes pas d'eau, mais j'avais du rhum. Enfin... Un peu... Les bouteilles tintant dans mon sac ne seraient certainement pas sur ce larcin ambulant. Une fois qu'assez de temps ce fut écoulé, histoire qu'elle se dise que je n'avais pas pu voir la pierre et donc que j'étais totalement désintéressé, je m'approchais, non chalant comme à mon habitude, et lui tendis la bouteille de rhum.
"Aussi bon dehors que d'dans ma p'tite dame. Ca va vous requinquer."
Mon rhum... Mon bon rhum... Je te vengerai, ne t'en fais pas.