C’est sous une pluie battante, sur le dos de nos montures, que nous arrivâmes en plein cœur de la capitale de l’empire. C’est au moment où nous eûmes franchis les portes de la ville, que notre pénible voyage pris fin. Difficile de ne pas se réjouir, après avoir baigné sous ce déluge d’eau pendant des heures, galopant face au vent. Heureusement que mon masque m’avait protégé des gouttes de pluie, mais je dus m’en séparer lorsque nous sommes entré dans la ville. Je doute que nos récentes actions à Tekhos ont pu remonter jusque dans une cité lointaine telle qu’Ashnard, mais je tenais à prendre mes précautions. Cela donnerait plus de difficulté à certains illuminés de faire le lien avec mon alter-ego.
Galopant dans les rues sinistres de la ville à la recherche d’une auberge convenable, nous prenions le temps d’admirer les ruelles désertes, sûrement à cause du mauvais temps. Seules quelques patrouilles militaires étaient présentes. Des bêtes immondes dégageant une certaine influence dans leur regard, dû par l’absence de peur. Aucune présence humaine dans leur rang. Ces créatures étaient à la hauteur de leur réputation. Je n’oublierais jamais les histoires que l’on me contait tout petit. J’avais encore la chair de poule, rien que d’y penser. Une véritable machine qui pouvait écraser tout sur leur passage, notamment un pays entier. Heureusement, que je ne suis plus affilié à un quelconque pays. Nexus était certes ma patrie natale, mais elle avait à présent peu d’importance à mes yeux.
Pourquoi avais-je entrepris un voyage vers une contrée qui ne figurait pas dans mes plans ? Tout simplement dans un but lucratif. D’ailleurs, on pouvait remarquer des affiches placardées sur chaque mur. Un tournoi devrait être organisé dans les prochains jours et la récompense était une somme faramineuse. Notre mouvement avait besoin de fond, dans le but de renforcer notre armurerie.
-Pourquoi ai-je l’impression que nous ne sommes pas prêts de trouver une auberge à votre goût frère Amon, dit-elle exaspérer.
Alice était l’une de mes lieutenants les plus fidèles de mon mouvement. Elle avait tenu à faire ce voyage avec moi, souhaitant participer également au tournoi. Nous étions juste deux, s’était largement suffisant. Je comprenais sa préoccupation, nous étions trempés jusqu’aux os et pas une seule auberge à l’horizon. Quelques habitations en piteux état et certains buildings nous entouraient. Mon attention fut absorbée par l’immense tour qui surplombait la ville. Son architecture était très particulaire, mais dégageait un côté luxueux. Je tentais en vain de regarder au travers des vitres à quoi pouvait tant ressembler l’intérieur, mais difficile à dire. On avait l’impression qu’elle était proche, compte tenu de sa taille imposante, mais elle était bien loin de la zone où nous nous trouvions.
-Voilà ce que nous pouvons faire avec un peu de patience ma sœur, dis-je après avoir attendu de tomber sur une auberge présentable à mes yeux pour lui répondre. Ici, je ne suis pas Amon, mais plutôt Jin. Tâchons de ne pas attirer les projecteurs sur nous.
Alice ne réagissait pas, trop épuisé par le voyage, elle fut tout même la première à franchir le palier de l’auberge. Nous nous présentâmes au comptoir pour demander deux chambres ainsi qu’un bon repas chaud. Nous fûmes accueillis cordialement par un vieil homme cheval. N’ayant point de bagage, on n’avait pas besoin de monter directement dans nos chambres, il nous présenta à une table vide sur lequel nous prîmes place dans l’attente de notre ration. Il ne nous avait pas fallu longtemps pour que l’on nous serve notre dîner accompagné d’une boisson. Sans comprendre pourquoi, sûrement par le poids du voyage, je m’endormis profondément après avoir bu une gorgée de mon breuvage.
Je me réveillais à l’aube à entendre les oiseaux, mais ce ne fut pas la seule chose qui me réveilla. On aurait dit un tremblement de terre, tellement que le sol froid et humide sur lequel j’étais allongé vibrait à la même fréquence que les bruits qui résonnait à l’extérieur… de ma cellule ! Je découvrais avec effroi que je tapissais au fin fond d’une cellule miteuse avec pour unique vêtement un simple tissu qui cachait mes parties intimes. Comment avais-je pu atterrir dans un tel endroit ? J’avais du mal à me rappeler ce qui s’était passé la veille, mais certain souvenir resurgissait tel un flash-back. Revoyant alors la scène en bouche. Des soldats étaient venus me prendre, lorsque je me suis écroulé sur la table, ainsi qu’Alice qui n’avait même pas tenté de s’interposer. Ces derniers lui remettaient une bourse qu’elle s’empressa de foutre dans son décolleté tout en m’adressant un sourire espiègle. Je venais d’être trahi par mon fidèle lieutenant, celle qui avait rejoint les rangs de ma confrérie. Comme tous les membres, je la considérais comme une sœur. Je n’eus même pas le temps de digérer cette révélation que l’on vient me chercher par deux hommes baraqués. C’est à ce moment que je m’aperçus que j’étais enchaîné aux mains et aux pieds.
Éblouie dans un premier temps par la lumière du jour, je constatais à mes dépens, que je me trouvais à présent dans une immense arène. Tiré comme un mal propre au centre de l’arène, mes geôliers me jetèrent au sol pour ensuite me lancer un bouclier et une épée. Ils avaient au moins fait l’effort de me débarrasser de mes entraves et de me donner des armes. Le public pouvait découvrir l’elfe que j’étais, un spécimen rare. J’avais même cru entendre une personne dans le public crié que j’étais moche. Je me demandais si lui-même s’était bien regardé. Il y avait quelques humains dans des loges privées.
-Mesdames et messieurs, créatures et nobles humains, Soyez les bienvenus dans notre immense arène. Sans plus attendre nous débuterons par un combat à mort, qui opposera Amon l’impitoyable anarchiste, terroriste responsable de la mort de plusieurs femmes et de l’autre côté notre célébrité locale la redoutable valkyrie d’Ashnard, Céleste.
La couleur venait d’être annoncée par le speaker, non seulement, je combattrais pour ma vie, mais également pour mon honneur. Alice ne m’avait pas seulement trahi, mais elle avait sorti les mots de leur contexte pour que le speaker dresse un portrait peu flatteur sur moi. Le publique commença donc à me huer. Je n’avais pas signé pour ce genre de combat. La trahison d’Alice m’était insupportable, je devais remporter ce combat pour laver mon honneur et reprendre ma place auprès des Jugement céleste. Mon adversaire n’était pas une personne lambda, mais également une célébrité locale pour que le public puisse l’acclamer avec une standing ovation. Il s’apprêtait à faire son entrée, mais l’évocation de son nom, nous, on disait long sur la personne.