Les Déesses et les Dieux avaient en effet la capacité de ne pas être dérangé par des futilités telle que le climat. L'Olympe avait un climat inchangeant, un ciel bleu, un soleil doux, jamais de pluie ou de neige, à moins qu'il prenne la fantaisie à l'un des occupants de la faire tomber. Mais le pouvoir ne se gaspillait pas de cette façon, s'aurait été futile et ridicule de l'utiliser ainsi...
Ridicule, c'était aussi le mot pour définir comment Hestia se trouvait, soudainement. Sa confiance en elle s'était un peu restreinte, chose rare pour un Dieu, pensez-vous... mais Hestia était différente des autres Divines, elle avait toujours des points faibles, des défauts irréparables, qui faisait d'elle ce qu'elle était. C'était peut-être sa différence qui la rendait attirante au yeux d'Aphrodite... elle était un peu comme un trophée, un diamant brut, en quelque sorte, que la Déesse de l'Amour voulait posséder pour le tailler, et en faire un diamant aux éclats fulgurants, comme tout les autres.
Hestia ignorait qu'Aphrodite tirait les rennes du Grand Jeu, et qu'elle n'était jamais qu'une pièce de plus, sur l'échiquier de la Passion. Une pièce neuve, jamais utilisée, jamais touchée. Il en fallait toujours plus, des pièces. Aphrodite jouait seule, en solitaire, mais ça n'avait pas l'air de la contrarier, et lorsqu'un défi tel que Hestia se présentait, elle était satisfaite.
« Je ne suis pas aussi gourmande que les Autres... je me contente de peu. »
Hestia n'avait même pas imaginé avoir les deux, c'était un peu comme si elle ne se rendait pas compte que, comme chaque Dieu, elle pouvait avoir presque tout ce qu'elle voulait. La Divine était tellement habituée à être humble... c'était ainsi, une habitude.
La Divine de la Passion retira ses habits, dévoilant son corps d'albâtre, offert, prêt. Hestia avait toujours son statut de Divinité, puissante et imposante devant les humains lorsqu'il le fallait. Mais dans cette situation, elle n'était jamais que la jeune vierge innocente qu'elle avait toujours été... c'est ainsi qu'elle rougit, détournant son regard pétillant sous les flammes.
Le corps d'Aphrodite lui faisait de l'effet, car il aurait fait de l'effet à n'importe qui. C'était prévisible, et Hestia s'y était préparé... pourtant, elle n'osait pas toucher du bout des cils, ces formes prêtes à s'envoler.
« Tu n'as pas honte ? »
C'était ainsi qu'elle réagissait, oubliant même le vouvoiement imposé... Elle était peut-être Déesse de l'élément le plus destructeur de la nature... mais elle était femme avant tout. Enfin, plutôt fille. Jamais elle n'était devenue réellement femme, avec l'abstinence qu'elle s'était imposée, à cause de ce pacte qui l'avait scellé à Zeus...
D'ailleurs, ou se trouvait-il, celui-là ? Elle ne l'avait plus vu depuis des décennies... Hestia était persuadée de le croiser, en venant à l'Olympe... mais elle n'en avait vu la moindre trace... elle se promit de garder la question au chaud, Aphrodite devait être plus au courant.
Hestia soupira, en voyant Aphrodite s'approcher, et lui caresser sa joue, son épiderme parfait et frais comme la rosée. Elle était encore rouge, à cause du choc émotionnel, et plus elle y pensait, plus sa nature de vierge reprenait le dessus. Du coup, son manteau finit par glisser de ses épaules, ne l'engageant à rien, sinon à dévoiler son corsage attrayant, rouge comme le sang, et la naissance de ses seins auparavant cachée par la fourrure.
Hestia n'avait pas honte de se montrer... elle avait seulement honte que Aphrodite lui impose la vision de son corps nue. Comme ça, sans avertissement. En sachant très bien qu'elle n'était habituée à voir ni un corps de mâle, ni un corps de femelle. La vie n'était pas facile, quand on était abstinente et bien décidé à le rester. On ne découvrait que des choses auxquelles on s'attendait, et certaines restaient cachés pour toute l'éternité... et l'Éternité, c'était très long.
« Voilà. Satisfaite ? »
Hestia s'était un peu dégagé, détournant encore son regard, pour se calmer. Les ardeurs d'une adolescente innocente, les picotements de la curiosité, atteignaient le corps d'une Divinité. C'était peu banal. Et assez gênant pour la concernée.
Hestia changea le sujet en posant la question qui lui brûlait les lèvres depuis assez longtemps, maintenant...
« Avez-vous une idée de l'endroit ou pourrait être Zeus ? J'aimerais le visiter, en partant. »
Elle ajouta, en plaçant une mèche de cheveux derrière son oreille :
« Je n'ai pas l'intention de rester dans l'Olympe... je n'y suis venue que parce que vous m'avez appelé. Il y a trop d'humains qui jouent avec le feu, au risque de se brûler. Inconscients... »
La Divine des Flammes jeta un regard sur le feu, et les murs qui s'illuminaient avec la chaleur. Elle osa poser les yeux sur Aphrodite, toujours nue, toujours offerte. C'était d'une vulgarité presque dégradante, du moins, pour Hestia. Aphrodite ne l'entendait sûrement pas de cette oreille... c'était assez énervant, dans un sens...