Les provinces intérieures du royaume d’Ëlnwood avaient toujours été particulièrement paisibles. Une chose qui n’avait rien de surprenant, car les frontières du royaume étaient lourdement défendues par d’épais bastions et forts, ainsi que par des séries de vallées et de gorges s’enfonçant dans des massifs montagneux. Ëlnwood était ainsi un royaume très paisible, une sorte d’oasis fait de verdure, de fermes agricoles, et de vastes bois magiques où il faisait bon vivre. Jadis territoire elfique, Ëlnwood était maintenant peuplé majoritairement par des humains, qui faisaient commerce des produits issus de la terre : le bois, la viande, mais encore les gisements miniers situés le long des montagnes, et qui garantissaient au royaume une richesse considérable. Autrement dit, les récentes manœuvres militaires ashnardiennes n’impressionnaient guère Ëlnwood. Ashnard était encore assez éloigné de ce royaume, qui était par ailleurs très proche de Nexus, entretenant avec la cité-État des relations économiques privilégiées. Ce faisant, nul ne s’inquiétait, car, pour les habitants, les frontières extérieures d’Ëlnwood étaient sûres.
La réalité, cependant, était un peu plus nuancée, et cela, les locaux allaient en prendre conscience quand
Steppenwolf viendrait les attaquer. Le puissant Lycan avait jadis été un être humain, un simple fermier, qui avait été capturé par sa suzeraine, la belle et terrible
Rayla. Rayla avait mené sur lui des expériences, et avait transformé l’homme en une abominable bête. Pour son malheur, ce brave fermier était né avec des pouvoirs psioniques latents, que Rayla avait détecté, et avait utilisé à son compte. La femme était une Ashnardienne, une femme qui avait envie de faire brûler Ëlnwood, et qui avait, pour cela, envisagé un stratagème.
Au-delà des Ashnardiens, Ëlnwood ne connaissait qu’un gros problème : les loups. L’hiver, ils revenaient abondamment, et, si les différentes milices locales réussissaient à les éloigner des villages, les forêts et les bois étaient si denses qu’il était fréquent que les loups attaquent des habitants. Ces loups étaient très nombreux, ce que Rayla savait. Pendant des mois, Steppenwolf avait été fabriqué, à l’aide d’expérimentations génétiques, de mutagènes, de séances de torture, afin de le rendre docile envers Rayla, mais meurtrier et brutal envers les autres. Rayla l’avait formé, le relâchant dans des pièces en compagnie de prisonniers qu’il massacrait impitoyablement... Mais, pour réellement réussir à le soumettre à son autorité, elle avait dû jouer avec les hormones de la bête, afin que Rayla ait sur lui une emprise sexuelle. Ceci avait eu comme effet secondaire de développer chez Steppenwolf ses pulsions sexuelles, en faisant un terrible violeur, et qui, étrangement, et ce malgré toute sa bestialité, semblait soucieux de faire plaisir aux femmes, utilisant à cet effet ses pouvoirs télépathiques.
Néanmoins, et au demeurant, ses pouvoirs lui permettaient surtout de rallier les loups à son autorité. Pour les plus téméraires, il se contentait de broyer le mâle-Alpha, et, peu à peu, Steppenwolf avait constitué, avec lui, une véritable armée de loups, ce qui avait eu pour effet de réduire les attaques de loups sur Ëlnwood pendant l’hiver, ce qui n’avait pas manqué de surprendre les autochtones. Steppenwolf, en réalité, avait passé l’hiver à rallier les loups dans les montagnes. Car, aussi solide que soient les forts d’Ëlnwood, le royaume avait des faiblesses. Pendant la guerre entre les nains et les elfes, les nains avaient creusé des tunnels s’enfonçant sous les montagnes, afin de contourner les défenses. De tels tunnels étaient instables et dangereux, et empêchaient donc une armée de la traverser, mais un simple homme, en revanche... Ces tunnels et ces grottes étaient connus, et servaient habituellement de réseaux de contrebande. Steppenwolf n’avait eu qu’à les emprunter.
Aujourd’hui, le puissant Lycan était en compagnie d’autres loups, et partait chasser. Il pistait des biches, et avait délaissé son armure, s’exposant ainsi dans sa puissante nudité. Quelques cicatrices ornaient le corps de « Loup-Blanc », ainsi qu’on pouvait le surnommer. La puissante bête obéissait fidèlement aux ordres de Rayla, et cette dernière lui avait dit de se préparer à attaquer Ëlnwood se l’intérieur. Depuis des mois, il préparait son œuvre, renforçant son autorité sur les loups, et ce depuis une étroite forteresse abandonnée dans les montagnes.
Mais voilà... Steppenwolf avait en lui ces pulsions hormonales, et, depuis des mois, il n’avait pas eu l’occasion de coucher avec Rayla, ni même avec beaucoup de femmes. Alors, aujourd’hui, et de plus en plus téméraire, il s’éloignait des bois profonds pour se rapprocher des villages. Le Lycan avait, pour le dire simplement, une envie phénoménale de baiser. Il ignorait que Rayla, pour le soumettre, avait utilisé sur lui des élixirs s’inspirant des phénomènes formiens, qui, de la même manière, utilisaient les pulsions sexuelles pour soumettre les Formiens aux Annexiens. Comprendre les motivations profondes de Rayla n’intéressait guère Steppenwolf, qui était autant capable de se révolter contre elle qu’un Formien contre son Annexien.
*
Mais j’ai envie de baiser... De BAISER !!*
Steppenwolf n’avait pas les restrictions qu’un être humain pouvait s’appliquer quant aux pulsions sexuelles. Elles le dominaient totalement, mais la prudence lui imposait encore de ne pas s’attaquer à des groupements importants.
C’est bien pour ça que, tout en suivant les sentiers, il finit par renifler, outre l’odeur de biches, une délicieuse odeur qui provoqua en lui une érection.
Il s’arrêta au milieu de ce sentier boisé, et renifla cette odeur, qui dégageait des fragrances de parfum, et renifla les traces de pied sur le sentier.
*
Une femme, une femme !!*
Les loups l’entourant reniflaient également, avant de grogner et d’aboyer entre eux.
«
Rrrr !! » grogna soudain Loup-Blanc, leur imposant rapidement le silence.
Steppenwolf renifla encore l’odeur, puis suivit la trace.
Elle était toute fraîche, et la conduisit droit vers une cabane...