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Te souviens-tu de notre chant ? [Lamnard & Yukka]

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Lamnard Kystrejfter

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    Ancien esclave nexusien, c'est un orateur et un mystique, fort et agile, qui a pris les armes contre ses maîtres et suit depuis la voie d'un homme libre.
    Un temps résident de Son'Da, il a quitté la ville pour mener sa lutte personnelle contre les esclavagistes, écumant côtes et cours d'eau par bâteau.

Te souviens-tu de notre chant ? [Lamnard & Yukka]

samedi 21 juillet 2018, 00:58:32

Te souviens-tu
de notre chant ?


" Je te le dis, on s'est perdu ! Tout ça pour quelques foutues infusions ! "

" Qui te dit que nous rentrons déjà, Olgiar ? Du nerf ! Et ces quelques infusions sauveront peut-être la jambe de Baltazar. "

" On aurait juste pu payer un guérisseur ... "

" Il n'y en a pas d'assez bon à moins de deux semaines de navigation. Ne t'inquiètes pas. J'ai appris ce remède d'une bonne amie. "

" Une amie ... Et elle t'a appris ça entre deux parties de ... "

" ... Des fois, tu es un imbécile, Olgiar ! Tiens ! En voilà ! Tu vois ? "

Le chef affranchi se pencha sur l'herbe grasse et verte de cette forêt des terres du nord. Malgré la saison, il faisait ici plus frais que dans les régions qu'il avait pris l'habitude de parcourir. La brise fraîche venue des pics enneigés pointant à l'horizon, au nord, lui rappelait ses années passées à Son'Da, à la recherche de lui-même et de sa destinée. D'une touffe de plantes pointant au sommet de la couverture herbeuse, il piqua plusieurs brins, les prenant près du sol et les posant aussitôt dans une poche de tissu humide. Le temps de revenir au bateau, ils seraient presque prêts pour créer le cataplasme. Il en prit bien plus que nécessaire, soucieux de ne pas tomber à court et de n'avoir pas fait ce long détour pour rien.

Pendant un instant, il pensa à cette amie qui lui avait fait découvrir certaines plantes et remèdes. C'était il y a bien des années. Elle vivait loin au nord, en ermite, et il ne l'avait plus revue depuis.

* * *

Le froid du grand nord venait le mordre par le moindre interstice que le vent cinglant ouvrait dans ses vêtements chauds. Même couvert de fourures, Lamnard sentait la gifle d'un froid polaire le caresser de sinistres promesses tandis qu'il luttait pour gagner un abri. Venu braver la nature en ermite en espérant un signe des dieux, il commençait à penser que ces derniers voulaient sa mort.

A l'époque, mis à part sa carrure, il n'avait pas tant à voir avec le chef de guerre qu'il était aujourd'hui. Ses tatouages n'étaient encore qu'un vague projet, et si ses cheveux blonds descendaient à ses épaules dans un fatras de mèches en pleine santé, il n'avait de son bouc qu'une timide brosse de poils en bataille. Il sentait, au fond de lui, que ceci n'était pas vraiment celui qu'il était. Ce jeune homme plein de vie et de projets qu'il était manquait de quelque chose de vital : la confiance en soi. Il était venu ici se mettre à l'épreuve pour l'obtenir.

Mais l'abri qu'il s'était monté avait été emporté dans une avalanche il y a trois jours. Il avait été protégé par miracle par les débris de son logis, et il avait creusé à s'en meurtrir ses doigts bleuis pour retrouver de l'air et un ciel chargé de nuages d'orage. Il avait réuni tout ce qu'il pouvait, et avait marché pendant plus de 48 heures, sans vivres ni eau, avec pour seul espoir la possibilité de trouver un abri quelconque face à la tempête qui faisait rage sans discontinuer.

Il avait fini par gagner l'entrée d'une caverne alors que l'espoir et ses dernières forces menaçaient de le quitter pour de bon. S'engouffrant dans l'étroite faille rocheuse, il s'était glissé entre les stalagmites millénaires à la recherche d'un point d'eau et de mousse, quoi que ce soit qui pourrait l'aider ; mais il n'avait rien trouvé dans la première salle, ni dans la deuxième. L'épuisement lui avait soudainement coupé toute force dans les jambes. Il avait trébuché sur la roche cristalline dans un râle d'agonie. En tentant de se relever une dernière fois, il avait levé la tête et aperçu une silhouette cachée derrière des formations calcaires.

Et il avait sombré dans la nuit.

* * *

Plongé dans ses pensées, il se redressa, la bourse bien remplie de pousses, mais il se figea en voyant une silhouette émerger de buissons proches. Cette silhouette familière fut comme une illusion née de sa nostalgie, comme une salutation bienveillante fabriquée par ses propres souvenirs.

Mais quelque chose n'allait pas. Lamnard eut à peine le temps de réaliser que Yukka, en chair et en os, était bien présente et n'était pas le fruit de son imagination, qu'elle s'effondrait. Il vola à son secours, mais elle avait déjà sombré dans l'inconscience.

Yukka

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Re : Te souviens-tu de notre chant ? [Lamnard & Yukka]

Réponse 1 dimanche 05 août 2018, 13:39:20

Il faudrait être fou pour s’aventurer dehors avec la tempête qui battait son plein. J’ai beau être une Nunaat, je connais les dangers de ces montagnes, en particulier lorsque le vent se lève et balaie la neige pour fouetter la peau de ceux qui osent vagabonder durant ce temps pourri. Il suffit d’une seconde pour glisser et tomber dans un ravin que l’on n’avait pas vu à cause de la masse volante. Et je n’étais guère folle. Mon voyage pour rejoindre Lenwë n’a jamais été des plus simples. L’Académie est perchée exprès pour n’y accueillir que les valeureux, ceux qui ne baisseront pas les bras pour apprendre, encore et toujours, de la magie. Des nuages d’un blanc nacré avaient commencé à cacher le soleil et ses rayons ardents. Il ne m’avait pas fallu longtemps pour comprendre que je devais trouver rapidement un abri. J’avais marché quelques temps avant d’enfin trouver une grotte, une faille dans la roche, pour pouvoir me faufiler et me mettre à l’abri. Je me retourne un instant et je vois la tempête s’abattre subitement. Il s’en est fallu de peu. Pas que je craigne vraiment le froid, je suis une Nunaat après tout, mais plutôt les dangers qu’elle pourrait bien cacher. M’enfonçant d’un pas lent mais bruyant, je viens me caler contre des stalagmites, ouvrant mon sac à dos pour grignoter un morceau et boire un peu, histoire de patienter. Ce n’est pas tout de suite que la tempête allait se lever. Peut-être que si je ferme les yeux un instant…Cela ne me fera pas de mal…

Je suis du genre méfiante, et toujours sur mes gardes, mais jamais, ô grand jamais, je n’aurais pensé trouvé quelqu’un ici. Je ne me suis assoupie que peu de temps, à dire vrai, je ne sais pas combien de temps, mais je sens encore la tempête battre son plein dehors. Quelque chose était là, ou bien quelqu’un. D’un geste que je veux lent et discret, je me redresse derrière mes stalagmites et frise du nez en apercevant une masse se diriger vers moi. Il s’agit là d’un homme, qui a l’air mal en poids ou bourré, au vue de sa démarche chancelante. Je crois qu’il a à peine le temps de s’apercevoir de ma présence, qu’il tombe presque raide au sol.

Un grognement siffle d’entre mes lèvres alors que je l’observe quelques minutes, toujours inerte. Je suis toujours prudente. Le coup de l’homme qui s’approche de moi et fait mine d’être blessé, j’le connais. Les esclavagistes adorent jouer cette carte avec un appât pour faire tomber les Terranides…Je m’avance alors vers lui, et du bout de ma queue, je lui lève quelques mèches blondes pour l’observer d’un peu plus près, scanner ses traits pour décrypter quelque chose, comme une mauvaise farce, comme s’il tramait un quelconque traquenard. Mais rien de tout cela. L’homme est simplement glacé et à bout de forces. Chier…

Un autre grognement transperce le silence de cet espace. Ma bonté me perdra. De deux doigts à son coup, je cherche son pouls, qui est faible. Je ne peux pas le sortir pour l’emmener à Lenwë pour l’instant. La tempête le tuerait, même si je le prenais à bras. Je m’énerve contre moi-même, d’être si faible à la vue d’une personne dans le besoin. Ca me perdra, mais après tout, Miuggrayd l’avait fait pour moi à l’époque, et m’avait sauvé la vie, finalement. Sans grande délicatesse, je soulève le jeune blondinet, et vient m’asseoir contre une stalagmite, et le fait poser sur moi, contre mes fortes cuisses et dans mes bras, qu’il ressente toute la chaleur de mon corps, qu’il puisse enfin se réchauffer après le temps passé sous la tempête. C’est le seul moyen, malheureusement. D’une main, je lui entrouvre la bouche et approche ma gourde que je viens trouver dans mon sac à dos. Je l’ouvre et lui en verse un très fin filet pour qu’il essaie de boire, sans chercher à le noyer. Observer une quelconque réaction, tout en le gardant contre moi, comme un enfant dans les bras de sa mère. Il me suffisait d’attendre, soit son réveil, soit sa mort…

~~~

Les salopards ! Ils m’ont suivi jusqu’ici…J’halète. Je pensais leur faire front, mais ils étaient trois, bien armés et savaient parfaitement ce qu’ils faisaient. Sales enculés d’esclavagistes ! Sadiques en plus de ça ! En voulant les affronter à l’orée de la forêt, j’ai cru en blesser un mais ce n’était qu’une illusion, bête fantasme pour que je baisse ma garde une seconde. Une putain de seconde qui a permis à l’un d’entre eux de m’assigner une bonne taille à la hanche et une autre à la cuisse. J’ai essayé de les repousser, mais je suis bien trop lente pour eux avec ma hache. Et blessée comme je suis, ça n’arrange rien. J’enrage, un rugissement rauque s’éteignant dans ma gorge. Je n’ai plus que la fuite. Alors j’essaie de me diriger vers les montagnes, malgré le sang qui s’écoule sur ma peau, et la douleur qui me lacère le corps. Je prends sur moi, je me dois de les semer, sinon je suis bonne aux fers ou à crever. Lenwë est encore loin, mais peut-être que de m’aventurer dans les neiges qui couvrent les pics montagneux m’aidera à m’en défaire. Je n’ai pas le choix…

Je ne les entends plus derrière moi, mais je sais qu’ils ne sont pas loin. Il leur suffira de suivre le sang au sol pour me trouver. Mais je n’en peux plus, je dois reprendre mon souffle. Penchée contre un arbre, me tenant tout contre avec mon épaule, j’essaie tant bien que mal d’inspirer longuement et d’expirer plus facile, mais rien n’y fait. Je grimace en baissant la tête sur mes blessures.

- Chier…

Mon regard se trouble. Non, pas maintenant…Je dois avancer. Je me redresse. Des lucioles brouillent ma vue, alors que je vois une masse au loin. Une tête blonde. Tiens, serait-ce… ? Je ne réfléchis plus, tout devient blanc. Je n’entends plus. Je n’arrive plus à parler. Je sombre…

Lamnard Kystrejfter

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Re : Te souviens-tu de notre chant ? [Lamnard & Yukka]

Réponse 2 mercredi 08 août 2018, 05:47:12

" Bordel ! C'est qui, ça ? Et pourquoi on l'aide aussi ? "
" Tu ne me croirais pas si je te le disais, Olgiar. "

Lamnard découvrit la créature blessée et réalisa qu'elle n'était pas juste une Nunaat, mais que c'était bien elle. Il examina ses blessures et réprima un geignement de frustration. L'entaille à la cuisse, ce n'était pas grand chose, mais sa hanche était profondément touchée. S'il n'y avait eu l'os, si l'agresseur avait frappé un doigt plus haut, il aurait infligé une blessure mortelle et il n'y aurait plus personne à sauver. Yukka avait perdu beaucoup de sang, mais c'était encore acceptable. Cela voulait dire deux choses : l'entaille était encore fraîche et les agresseurs n'étaient pas loin. Mais qui pouvaient-ils bien être ? Il adressa la question à son compagnon nain, qui renifla avec aigreur.

" Des mercenaires ? Ou des esclavagistes ? "
" C'est pas le genre des esclavagistes d'abimer la marchandise. "
" Ha ! Depuis que ces bâtards de Sang-Cochons ont commencé à s'étendre sur ces terres, ce commerce s'est fait encore moins propre qu'auparavant ! "

Olgiar avait raison ; et comme pour le confirmer, des jappements de chiens de chasse, caractéristiques de ce groupe esclavagiste, se mirent à porter jusqu'à eux. Trop tard pour la déplacer ! Il allait falloir tenir le terrain. Pas question d'abandonner Yukka à une mort certaine ; ou même pire.


* * *


Le gros de la tempête était passé, ou peut-être était-ce la grotte qui étouffait les bruits alentour, ou bien encore était-ce lui qui perdait prise avec la réalité. Etait-il en train de mourir ? Non. Il parvint à bouger ses doigts, et ses orteils. Ses extrémités répondaient à ses instructions, et bientôt son corps entier sembla sortir d'une torpeur macabre dans un frisson généralisé qui tira des pointes de douleur à chaque muscle et chaque jointure. C'était comme s'il venait d'échapper aux griffes de Hel et qu'il était parvenu à lui voler du temps supplémentaire en ce monde. Pourquoi lui ? Il n'en avait aucune idée, mais il allait faire la connaissance avec celle qui l'avait sauvé. En ouvrant les yeux, il découvrit un visage à la peau bleutée et aux yeux blancs. Des cheveux bruns tombaient comme un voile d'une tête d'où pointaient des cornes. Il leva une main tremblante vers elle et toucha ses lèvres charnues et presque noires comme pour vérifier qu'elle était réelle, mais il s'attarda et fit courir le bout de ses doigts sur les traits de son visage, sur ses cornes ...

" Tu m'as ... Tu m'as sauvé. Mer ... Merci. "

Parler était difficile. Sa bouche semblait faite de terre et de gravier, mais il devinait qu'il lui devait aussi les quelques mots qu'il pouvait prononcer avec peine. Il était déshydraté, mais pas tout à fait. Alors qu'il en prenait conscience, une gourde se portait à ses lèvres. Il parvint à se redresser et à boire quelques gorgées, mais il dut s'arrêter pour éviter de faire un malaise. Après des jours enfoui sous la neige et perdu dans la tempête, il était dans un état déplorable : déshydraté, affamé, blessé, engelé ... Sa fragile enveloppe humaine n'avait jamais subi pareilles privations, même dans les galères nexusiennes. Il savait qu'il pourrait mourir, et qu'il devait sa survie à la bienveillance de cette créature qui avait décidé de lui venir en aide. Il se sentait éternellement reconnaissant envers elle.


* * *


De la tranche de son bouclier, Olgiar frappa entre le bord du gorgerin et le menton du dernier esclavagiste mis à terre. La trachée s'écrasa en une profonde crevasse, et le tortionnaire cracha du sang et s'asphyxia aussitôt par manque d'air et en se noyant dans ses propres fluides morbides. De son côté, Kystrejfter essuyait sur un bout de gambison déchiré le sang maculant sa hache. Le calme était revenu, mais à présent une série de cadavres d'hommes et de chiens parsemaient les environs. Le combat avait été brutal, rapide, et inégal. Ils avaient réussi à berner une guerrière solitaire et bienveillante, mais face à deux roublards sans états d'âme l'affaire avait été vite réglée.

Maintenant, il fallait venir en aide à Yukka. Avec du tissu propre récupéré sur les cadavres et quelques plantes cueillies dans la forêt, Lamnard prépara un baume aux propriétés curatives et anti-douleur. La préparation avait été bien plus brouillonne et élémentaire qu'il était préférable, et mâcher les pousses pour les broyer et dégager leurs vertus médicinales avait plongé l'abolitionniste dans un état second, forçant Olgiar à prendre le relais. Le Nain, bien qu'hésitant au départ, finit de bon coeur car cela semblait effacer les courbatures dans ses jambes. La compresse d'urgence préparée, les blessures pansées, les ingrédients supplémentaires récoltés, il était temps de s'en retourner au navire. C'était une longue marche qui allait encore se compliquer avec une Nunaat certes menue, mais grande et forte, à porter. Le Nordique fit cependant preuve de force et de résilience en la prenant au mieux sur ses épaules et en entamant la marche du retour.

Yukka

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Re : Te souviens-tu de notre chant ? [Lamnard & Yukka]

Réponse 3 vendredi 14 septembre 2018, 16:36:39

Les humains me surprendront toujours. Ces êtres, à l’apparence si faible, si chétive, pouvaient endurer bien des choses avant de s’en retourner six pieds sous terre. Était-ce leur génétique qui en avait fait de profonds résistants ? Je ne saurais dire, mais ils avaient beau avoir ce pouvoir, ils n’en restaient pas moins bêtes, pour la grande majorité. Celui que je tenais dans mes bras en était un. Il n’avait pas l’air très épais entre mes bras de Nunaat. Et s’il y avait eu à faire un comparatif entre nos peaux, je crois qu’il pourrait s’en approcher doucement de la mienne. En essayant de le réchauffer avec mon corps, je me surprends à observer ses traits. Ce n’en était pas moins qu’un humain, un homme qui plus est, mais il y avait quelque chose qui se dégageait de lui. Une aura de…Je ne sais pas, mystère.

- Mphr…

Un grognement s’étouffe dans le fond de ma gorge. Qu’il ne crève pas, pas après les efforts que je suis en train de faire pour toi, inconnu. Mes mains bleutées s’attardent à le frictionner un peu partout, sur ses bras, ses épaules, son torse, ventre, cuisse et jambes. Il devait se réchauffer. Et je crois que cela fonctionne enfin. Je le sens bouger contre moi, même si ce n’est que quelques millimètres. Mes yeux sans pupilles le fixent, à la recherche d’un quelconque signe qui me dirait qu’il va mieux. Lui avoir donné de l’eau semble l’avoir un peu éveillé, mais ce n’est pas encore ça.

Il commence à me toucher. Sa main, tremblante, presque sans vie, se mit à dessiner ma bouche charnue, mes lèvres à l’aspect identique à des crocus à safran, de cette couleur qui devait lui faire peur peut-être. Pense-t’il que j’ai froid également ? Je ne souris qu’intérieurement. Extérieurement, mon visage ne montre rien, ne décrit rien. Qu’il voit que je suis toujours sur mes gardes, qu’il voit aussi que je ne suis pas son ennemi. Sur ce dernier point, il doit bien en avoir conscience car le voilà en train de me toucher un peu plus, en particulier mes cornes. Sale petit humain de merde. J’étouffe un grognement, mes narines se dilatant en expirant un souffle fort. Je me retiens parce que tu es faible, mais sache que je pourrais te casser en deux comme on brise un cure-dent ou une allumette.

- Tu me remercieras quand tu seras en pleine forme.

Je ne me défais pas de lui. Entre mes bras, contre mon corps, il n’y a qu’ainsi qu’il reprendra des couleurs, et je ne parle pas de celles d’un Nunaat. Je lui approche de nouveau ma gourde, qu’il prenne un peu à boire en premier lieu. Qu’il se réhydrate d’abord, et quand il se sentira ne serait-ce qu’un peu mieux, je pourrais lui donner à manger quelque chose de plus consistant.

- Je suis Yukka. Et toi, humain ?

Je me tais l’espace de quelques secondes tout en l’observant d’un air curieux. Je cherche à voir s’il va arriver à boire et me répondre.

- Ne t’inquiètes pas, je m’occupe de toi.

Il pouvait s’endormir s’il le souhaitait. Je serais encore là à son réveil.

~~~

Tout est uni autour de moi. Un coup, je vois tout noir, tout est aussi sombre que dans le cul d’un ogre qui a pris son bain le jour-même. Une autre fois, tout apparaît d’une blancheur immaculée, qui me donne l’impression d’avoir atterri dans ce monde que les humains appellent le Paradis. Y suis-je ? Un bruit tambourine dans ma boîte crânienne. C’en est insoutenable, cette sensation que tout est proche et loin à la fois. Ah oui…Ces grognements que j’entends, ce ne sont pas les miens. Les chiens ? On dirait…Ou des loups ? Suis-je en train de mourir ? Non ! Je ne peux pas, je suis la dernière ! Je me dois de continuer ! Je dois me relever ! Allez l’Edelweiss, debout !

Mais rien n’y fait. Je n’arrive pas à ouvrir les yeux. Je ne sens plus mon corps. Est-on en train de me dévorer ? Je…Je n’arrive pas à me concentrer. Les…Les esclavagistes ! Ces enflures…Je me suis faite avoir comme une abrutie. Si minable…Je sens mon être en feu. Une douleur brutale semble vouloir me ramener à la réalité, et me déchire littéralement le flanc. L’instant d’après, je me sens flotter mais pourtant si lourde, comme si mon corps ne me répondait plus. C’était le cas mais…

Je papillonne des yeux. Le monde ne semble pas être différent que lorsque je scelle mes paupières. Pourtant, un flou artistique se retire enfin de ma vue et laisse apparaître petit à petit le bois où je m’étais écroulée. Ainsi qu’un dos et une chevelure blonde qui me rappelait étrangement…

- Blon…dinet ?

Le bruit de mes sabots cognant le sol martèle l’air et le calme des bois. Je suis faible, et je déteste ça.

- Les…chiens…Esclavagistes…

Où sont-ils passés ? Et s’il se mettait à attaquer aussi Blondinet ? Je…Non. Yukka, debout !

Lamnard Kystrejfter

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Re : Te souviens-tu de notre chant ? [Lamnard & Yukka]

Réponse 4 mercredi 19 septembre 2018, 06:15:39

   Lamnard buvait tant bien que mal. Il la forçait à travers sa gorge aride par petites gorgées. Il n’était jamais passé si près de la mort, même quand il faisait son temps dans les galères. L’expérience le conduisait aux limites de ses capacités. Il se sentait au seuil de l’anéantissement, à deux doigts de s’effondrer et de ne jamais se réveiller. L’absence finale ; la fin de l’aventure. Mais son aventure n’avait même pas encore commencé. Il était bien trop jeune pour se laisser mourir, et il ne pouvait pas laisser sa sauveuse avec son cadavre puant de toute manière !

   Il retrouvait peu à peu l’usage de ses sens. Sa gorge, réhydratée, se desserra, et il put presque sentir ses organes s’épanouir avec le peu d’eau fraîche qu’ils recevaient. Avec le gel qu’il subissait, l’eau était presque chaude quand il la glissait sur sa langue. Mais, peu à peu, la vie reprenait ses droits. Il avait été imprudent et malchanceux. Il ne devait sa vie qu’à la bonté de cette créature qui l’avait sauvé ; peu importe ce qu’elle était. Yukka était son nom. C’était beau ; original, aussi. Pour une raison qui lui échappait, il lui inspirait une plante verte. Rien à voir avec la personne qu’il avait sous les yeux, grande, pâle et bien vive.

« Je suis Lam...nard. Lamnard. Enchanté, Yukka. »

   Il était encore faible et chancelant, mais ses bons soins, bien que simples, le ramenaient du seuil de la mort avec rapidité. Il était heureux de vivre, et reconnaissant pour sa nouvelle chance. Sans vraiment y réfléchir, il se blottit un peu plus contre elle, et la main qui pendait près d’elle remonta pour se poser au creux de son dos. Elle était bel et bien grande, et puissante, et un homme moindre aurait vraiment paru ridicule et infantilisé en agissant ainsi. Lamnard, cependant, était à la taille de la petite Nunaat, et même légèrement plus grand qu’elle. C’était quelque chose qui ne devait pas lui arriver très souvent avec les humains.

« Qu’es-tu, Yukka ? J’ai beaucoup voyagé, mais j-brrrr ! Je n’ai jamais vu quelqu’un comme toi. »

* * *

   Yukka avait repris ses esprits sur le dos de Lamnard. Elle avait glissé de ses épaules au cours de leur longue randonnée, et ses sabots avaient touché terre. Elle semblait sous le choc, encore dans son combat contre les esclavagistes. Elle l’avait reconnu, mais elle se débattait, grognait, les mettait en garde. Le capitaine la posa délicatement à terre, et ses sabots glissèrent tandis que ses jambes cédaient sous elle. Il l’accompagna jusqu’au sol, dans l’herbe grasse et contre un arbre à l’écorce lisse. Il lui saisit les poignets. En temps normal, elle aurait aisément rivalisé avec lui, mais, dans l’immédiat, elle était bien trop faible pour lui résister.

« On s’en est occupé. Yukka, regarde-moi ! Les esclavagistes sont tous morts. Nous ne craignons plus rien, ici. »

   Il lui laissa le temps de se calmer, et demanda à Olgiar de continuer pour apporter le remède au plus vite pour Baltazar. Le nain s’exécuta après avoir reçu les instructions, non sans maugréer pour la forme, mais il ne traîna pas, accourant pour soigner son camarade, ses jambes courtaudes le portant à une vitesse insoupçonnable à travers la forêt. Les nains faisaient de petites enjambées, mais ils étaient des marcheurs rapides et endurants, aux foulées constantes et énergiques. Il disparut bien vite, tandis que Lamnard donnait à Yukka sa gourde et la forçait à boire un peu. Il sortit aussi quelques fruits et arachides qui lui donneraient des forces.

« Les nouvelles … ne sont pas excellentes, malgré tout. Tu es blessée et tu as perdu beaucoup de sang. Il te faut des soins ; meilleurs que ce que je peux te prodiguer ici. Haaa … C’est bon de te revoir, biquette ! »

Yukka

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Re : Te souviens-tu de notre chant ? [Lamnard & Yukka]

Réponse 5 lundi 15 octobre 2018, 19:43:42

Il boit. C’est au moins cela de gagné. Je n’aurais pas voulu le forcer à boire davantage en lui basculant la tête en arrière, la bouche ouverte. Enfin, s’il avait fallu faire cela pour qu’il survive, je l’aurais fait. Mais je n’en suis plus là désormais. Il se réhydrate un peu, c’est un petit pas pour qu’il reprenne des forces. Il avait encore la force d’avaler, et de parler, assez du moins pour me répondre, se présenter.

- Enchantée, blondinet.

Lamnard. Je saurais m’en souvenir, quand les âges auront passé, ou le jour où je me retrouverai coincée, avec des problèmes aux fesses, même si je ne pense pas que cela arrivera. Je fais bien trop attention à tout cela. On ne vit pas près de trois siècles, sans apprendre à survivre et à échapper à ceux qui nous veulent du mal. Pas sans savoir se battre, se défendre. À l’écoute de tout ce qu’il y a autour de nous, j’arrive à ne plus faire attention au souffle du jeune humain, et encore moins à son rythme cardiaque. Mes paupières scellent mon regard, et concentrée, j’essaie d’entendre ce que nous réserve le temps, en dehors de la grotte. La tempête est encore là, moindre, certes, mais toujours là. Je souffle un peu par le nez, essayant de rester patiente. Ce n’est pas tout de suite que nous allons bouger.

Enfin, lui décide de se mouvoir un peu pour se coller davantage à moi, comme pour profiter de ma chaleur. Ou d’un peu de réconfort ? Je sens ma peau brunir au niveau de mes joues, sans que je puisse le contrôler. En réalité, ça me met un peu mal à l’aise, surtout parce qu’il m’a pris par surprise. Je ne m’y attendais vraiment pas. Petit con. Retiens-toi, Yukka…Tu ne vas pas faire voler un blessé, tout de même. Et puis, il ne doit pas être conscient de ce qu’il est en train de faire, du moins, pas entièrement. Petite chose blessée et curieuse…Tss. Je ne t’en veux pas. Si j’étais humaine, moi aussi, je demanderai de quelle race est la créature qui m’a sauvée. C’est d’un ton neutre que je lui réponds.

- C’est normal. Je suis la dernière des Nunaat.

Mmh…Je pourrais lui expliquer davantage, mais pour le coup, je n’en ai pas vraiment l’envie. Cette histoire est assez vieille, d’une autre époque, même ancienne par rapport à l’âge que j’ai aujourd’hui, mais…La blessure est toujours là. Ma soif de vengeance n’est toujours pas satisfaite. Elle me brûle. Ça fait mal. Je fixe l’éphèbe blond, qui ressemble un peu moins à un cadavre. Tu remues bien des choses, Lamnard, par cette simple question. Curiosité, quand tu nous tiens.

Une de mes mains se détache de son corps pour aller fouiller dans mon sac, que j’ai laissé à côté de moi. Concentrée, je suis à la recherche de…Ah ! Trouvé. Enfin, je sors ma dextre agrippant une petite bourse. Avec dextérité, j’arrive à l’ouvrir et en sortir quelques petites baies, mais en premier lieu des framboises et des mûres. J’approche une framboise près des lèvres du survivant.

- Essaie de manger, sinon, tu ne regagneras jamais des forces. Et tu ne sortiras jamais d’ici.

S’il arrive à les manger, j’essaierais de lui donner de la viande séchée. Les baies sont bien assez molles pour qu’il puisse les ingérer et ne pas se fatiguer à mastiquer comme un fou. Et…J’espère le faire réagir aussi. Je pourrais le porter et le faire sortir de cette caverne quand la tempête sera terminée, mais je sais aussi que l’instinct de survie peut pousser les âmes à trouver une autre force au plus profond d’eux-mêmes.

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Tout est encore sombre autour de moi. « Sombre »…Je devrais dire d’un blanc laiteux, comme si je baignais dans un bain au lait d’ânesse. J’ai beau papillonner des paupières ainsi, pour tenter de mieux voir ce qui m’entoure, pour l’instant, rien. Je sens aussi que mon corps est lourd. Bien que je sais être sur Lamnard, entre ses bras ou son dos, je sais qu’il prend soin de moi. Je n’arrive pas à parler. Mes lèvres semblent s’entrouvrir mais rien ne s’en échappe, mis à part mon souffle qui est lourd et ronfle dans le brouhaha de notre avancée.

Je mets du temps avant de voir la silhouette du blondinet, enfin, d’en distinguer les traits flous. Ma respiration encore profonde, je reprends peu à peu mes esprits, ou plutôt ma mâchoire semble vouloir articuler quelques mots pour me faire comprendre de ma compagnie masculine.

- Putain d’me…

La douleur au niveau de ma taille me tiraille subitement et m’arrache une grimace. Au moins, il avait réussi à se défaire de mes chasseurs, et je l’en remercierai jamais assez pour cela. On peut dire qu’il était tombé à point nommé. À croire, peut-être, qu’il y a une bonne étoile qui veille sur moi et qui ne souhaite pas me voir mourir. Pas encore. Ce surnom qu’il me donne m’aurait fait grogner si j’avais été en pleine possession de ma personne, mais cela ne m’arrache qu’un petit rire, sachant parfaitement qu’il en profite, le salaud. Je le fixe, son profil trouble, de mes yeux sans pupille ni iris.

- Tu as de la chance que je sois dans…Cet état…

Je grogne l’espace d’un instant, retenant un ricanement pour ne pas souffrir davantage.

- Sinon je ne me serais pas gênée pour te foutre un pain dans les valseuses pour ce surnom débile.

Mais l’heure n’était plus à la plaisanterie. Si je continue de saigner, je ne vais pas m’en sortir. Avec ce qu’il me reste de force, j’arrive à bouger mes bras pour plaquer mes mains sur la blessure et appuyer, retenant ma douleur de par ma mâchoire serrée. Putain que ça fait mal…J’observe Lamnard un moment, avant de me remettre à parler. Correctement, je l’espère.

- De l’eau…Du thym pour nettoyer…Puis du miel, et des feuilles de choux en cataplasme…Et un bandage pour tenir tout ça…J’avais…Dans mon sac…

Mais à dire vrai, je ne sais même pas si je l’ai encore sur le dos. La seule chose que je ressens là, c’est ma taille et ma cuisse…Il faut dire que j’ai failli servir de viande à brochettes pour un futur feu de joie.


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