(PV) Noyade en eau douce

Novaa a préparé cette sortie depuis des semaines. Simple mais pour autant importante, elle signe l'un de ses rares jours de repos. En ce jour important, elle n'avait ni entraînement, ni répétition, ni cours, ni rencontre avec des fans ou quoi que ce soit d'autre. Rien du tout ! On parle ici d'un véritable jour de congés, de quelque chose que les artistes les plus populaires ont beaucoup de mal à s'offrir à cause des attentes portées sur eux qui les poussent à se perfectionner en toute situation. Ces journées, puisque rares, étaient chéries par Novaa qui s'assurait systématiquement que tout se passerait bien. Elle laisse des messages plutôt peu avenants sur les réseaux sociaux, à base de « Aujourd'hui je suis de repos. Si l'un de vous me croise à l'extérieur, veuillez ne pas m'importuner. J'aimerais pouvoir faire ce que je veux sans qu'on m'arrête toutes les 5 secondes pour un autographe ». Depuis un certain incident, les fans semblent respecter cette décision. Durant un autre jour de repos, Novaa n'avait pas pu faire quoi que ce soit. La cocotte a fini par exploser et a relâché sa colère sur le groupe d'individus qui la suivaient à ce moment. Les pauvres ne sont peut-être même plus des fans à l'heure actuelle.

Novaa sort dehors, simplement habillée d'un pull en laine aux airs de petite robe, d'une paire de collants opaques pour protéger ses jambes du froid, et de bottines noires. Elle ne met pas de masque ni de lunettes pour préserver son anonymat, jugeant que ses annonces multiples et son caractère feraient fuir tout fan un peu trop émoustillé. Elle subit quelques regards durant son périple mais n'y prête aucunement attention, bien trop focalisée sur le bonheur procurré par le simple fait d'être seule avec de la musique dans les oreilles. Elle finit par déambuler dans un parc plutôt paisible. En cette heure, les enfants étaient à l'école et leurs parents travaillaient. Seuls ceux qui n'avaient rien à faire de la journée peuvent se trouver ici.

L'artiste en congés continue de balader tout en fredonnant l'air de ses chansons favorites par moment, chansons qui ne sont même pas les siennes. Novaa a beau aimer son travail, elle n'a certainement pas suffisamment d'ego pour n'écouter que ses propres musiques, mais au moins assez pour chanter dans un lieu public sans craindre le jugement. Le contraire aurait été étonnant, pour une chanteuse reconnue. Heureusement, peu d'oreilles se baladent dans le parc, majoritairement à cause du jour et de l'heure. Novaa peut ainsi profiter d'un jour de repos bien mérité sans qu'on ne l'importune. Elle va poser son fessier sur un simple banc de bois posé au bord du lac principal du parc et observe la surface de l'eau, perdue dans ses pensées. Bien que simple, ce plaisir est suffisant pour la relaxer et lui apporter un instant de pure béatitude, loin de toute cette pression imposée par sa profession et son statut. Elle en vient même à regretter la rareté de tels jours.

L'espace d'un instant, l'esprit de Novaa s'en va ailleurs. Comme si toute sa fatigue utilisait cet instant privilégié pour s'envoler, pour se réinitialiser à un stade acceptable, les yeux de la belle se ferment doucement et restent ainsi pour quelques minutes. Minutes durant lesquelles personne ne dérange l'artiste apparemment endormie sur son banc alors qu'un aventurier aurait pu en profiter pour obtenir une photo. Ces minutes sont cependant écourtés par les instincts de la chanteuse. Comme si elle avait préssenti le danger, ses yeux se rouvrent. Elle baille, regarde autour d'elle et se demande ce qui a pu la faire tiquer. Elle remarque par la même occasion que la musique s'est arrêtée. Elle longe le cordon de ses écouteurs pour atteindre son portable. Éteint. Plus de batterie.

« Et merde. Je pensais pourtant l'avoir rechargé. »

Elle soupire, lasse, puis frissonne dans la seconde qui suit. Son intuition la nargue de nouveau. L'artiste regarde partout autour d'elle, ayant l'impression d'être observée. Un stalker ? La presse ? Elle grince des dents, regrettant déjà son petit moment privilégié, et décide de se lever du banc pour aller faire le tour du lac en marchant. Cette balade lui permet aussi de confirmer ses craintes. Quelqu'un l'observe. Qui ? Où ? Novaa n'en a pas la moindre idée, ce qui ne l'empêche pas de rester fidèle à elle-même. Elle hausse la voix.

« Eh, le cafard. Et si tu te montrais pour que je puisse t'apprendre ce qu'il en coûte de ne pas respecter ma vie privée ? »

Spoiler: "Tenue du jour" (cliquer pour montrer/cacher)

(sans les lunettes, et avec les cheveux bruns et lisses OTL)

Les humains avaient leur lieux magnifiques et savaient parfois en prendre le plus grand soin, comme à l'image du parc de seikusu, propre et jonché d'une végétation rafraichissante. Un euphémisme lorsque l'ont connait les mauvaises fréquentation que ces banc abritent, une fois la nuit tombée. L'eau du petit lac aussi était d'un clair plutôt pur, supportant la flottaisons des nénuphars et la volée des libellules venant s'abreuver. Le coin parfait pour se baigner ! Ce qui était selon les affiches du parc interdit, pour préserver la qualité de l'eau. Comme je n'étais pas une humaine je n'en avait que faire de ce règlement et y plongea le matin même, profitant du peu de regards indiscret pour nager incognito. Le revers de la médaille cependant, était mon incapacité à faire le chemin retour jusqu'à l'océan, sous la pleine chaleur de la journée. Comme d'habitude je comptais attendre la nuit et guetter, à l'affut du moindre humain avec lequel me divertir en attendant.

Pas grand monde ceci dit, j'avais entendu que les humains étaient attachés à cette charge régulières qu'ils appelaient travail, à laquelle ils ne pouvaient se soustraire. On devait être l'un de ces jours ou ils travaillent tous et durant lequel j'aurais très peu de chance de faire mouche. Tant pis, il allait falloir composer avec. J'avais toute cette étendue d'eau rien que pour moi de toute façon et rien ne garantissait qu'une jolie surprise ne pointerait pas le bout de son nez.

En parlant de surprise, une jeune fille plutôt mignonne, semblant marcher dans son petit monde foulait les sentiers du parc. Cette bulle autours d'elle paraissait increvable, elle avançait sans se soucier des quelconques présences, enfermés dans cette prison sonore qu'étaient ses écouteurs. Je commençais même à me demander si elle n'était pas une sorte de robot programmée à l'avance sur sa destination. Une pensée amusante mais bien ridicule, surtout sur terre. Au moins vu son manque d'attention, il m'était très simple de l'observer de derrière les roseaux, l'oeuil attentif et curieux jusqu'à ce que...

« Et merde. Je pensais pourtant l'avoir rechargé. »

Comme elle semblait se diriger vers le lac pour une raison inconnu, je pris bien soin de me cacher dans les branchages aquatiques, le visage ne sortant qu'à moitié de l'étendue. Etrange, celle qui était jusqu là si calme semblait chercher quelque chose comme si... ma présence avait été démasquée. Un sentiment qui trouva bien vite confirmation lorsqu'elle haussa le ton.

Sous l'étonnement, je m'enfonça aussitôt sous l'eau dans un clapotis trahissant la présence. On aurait pu croire à un poisson qui venait de sauter ou un canard qui avait bondit à toute allure mais bon, j'imagine qu'elle ne s'imaginerait pas ces bobard maintenant.

* Elle est plus attentive qu'elle n'en a l'air... *

Puisque nous en étions là inutile de se cacher d'avantage. Un peu plus loin sur l'autre rive, totalement reculée du parc mais à la vie de la demoiselle, je me hisse sur un des rochers brisant la surface de l'eau. Je fais mine de ne pas l'avoir vu, de vivre ma propre vie puis d'une de mes plus belles voix, j'entonne un magnifique chant. Une comptine sans lyrics dont les simples fredonnements sont emportés par le vent, jusque dans les oreilles de la belle. La voix d'une sirène était connue pour être la plus mélodieuse qui soit et je ne faisait pas exception à la règle. Je comptais bien la captiver et attirer toute l'attention sur moi...

- De bien vilaines paroles pour des lèvres si délicates...

Je brise soudain cette barrière qui nous séparait en m'adressant directement à elle, tête tournée par delà mon épaule et un sourire séducteur étirée le long du visage.

- Et ne serait pas toi qui me cherchait à l'instant, vilaine petite espionne ?

Une voix s'élève. Une bien jolie voix, peut-être même trop jolie. Novaa s'en retrouve à la fois captivée et irritée, ne pouvant s'empêcher de penser que personne ne lui arriverait à la cheville si une telle voix s'associait à sa plastique parfaite. Malheureusement, la sienne est plus banale bien qu'agréable à écouter. Elle ne sort pas des standards humains et n'est pas non plus celle de la révélation artistique du siècle. En conséquence, un chant si envoûtant ne peut que l'enrager, même s'il parvient également à faire battre le coeur de la chanteuse qui, comme poussée par une certaine force, se tourne et s'avance vers la source de la mélodie. Cette source est verrouillée du regard par Novaa à la seconde où elle est débusquée. Une... femme sur un rocher. Trempée. S'est-elle baignée malgré l'interdiction ? En voilà un cas particulier.

« Toi ou n'importe qui d'autre. Quelqu'un m'observait, j'en suis sûre. Ca fait des années que je subis ça, ce n'est certainement pas une hallucination. Maintenant j'aimerais savoir si c'était toi. »

Elle est énervée, la petite star. Si énervée qu'elle ne semble pas faire attention au moindre de ses pas. À chaque mot prononcé par l'autre femme, Novaa fait un pas vers l'avant, jusqu'à enjamber la toute petite clôture en bordure du lac. Son regard, rivé sur cette femme étrange, ne semble pas distinguer le décor en mouvement. C'est comme si rien d'autre n'existait. Finalement, la chanteuse aux manières de princesse ne reprend ses esprits que lorsqu'un grand frisson la parcourt. Ella a froid, très froid. En particulier à la partie inférieure de son corps. Par réflexe, elle baisse les yeux et constate que l'eau lui monte jusqu'au nombril, qu'elle a laissé tomber son sac, son portable et tout ce qu'elle tenait sur la rive du lac, mais surtout qu'elle est toujours en train d'avancer vers cette folle au chant si doux mais frustrant, bien plus lentement. À chaque pas, l'eau lui monte de plus en plus haut. Et pourtant, elle ne semble pas à parvenir à s'arrêter, sauf pour quelques secondes tout au plus.

« Ok. Tout va bien, je suis dans un rêve. Un corps qui n'obéit pas, ce n'est pas réel. »

Elle ferme les yeux puis les rouvre, elle se pince l'avant-bras, se mord la langue, observe les lignes de ses mains qui sont toujours aussi détaillées que d'habitude. Tout semble réel. Novaa commence à paniquer et fait tout ce qui est en son pouvoir pour arrêter son corps. Dans le procédé, elle se focalise tellement sur cet objectif qu'elle n'entend même plus le chant de l'autre folle, ce qui a pour effet de lui redonner un contrôle total sur son corps. Malheureusement, elle ne fait pas le lien entre ce qui vient d'arriver et la voix de l'autre femme.

« Bon. Tu m'excuseras miss je-n'ai-pas-ton-nom, mais je dois rentrer pour me changer avant de chopper un sale rhume. Donc si c'était toi qui m'espionnais, va bien te faire foutre et ne recommence plus jamais. Si c'était pas toi, oublie ce que je viens de dire et retourne faire la diva sur ton rocher. »

Puis elle lui tourne le dos, vraisemblablement agacée. L'eau lui monte maintenant à la poitrine. Un peu plus et elle n'avait plus pied. Novaa a évité le drame, surtout lorsqu'elle repense au fait que jamais personne ne lui a appris à nager. Elle rive donc son regard sur la côte et s'y dirige dans l'espoir de l'atteindre. Après ça, il lui restera tout de même un bon moment avant d'arriver chez elle. Le rhume était inévitable, surtout en cette saison. La star se met à jurer à voix basse, sans se douter de ce qui allait lui arriver.