Une chaude brise soufflait dans le petit jardin véhiculant un délicat parfum de cannelle à travers les airs. Ses yeux étaient mi-clos. Elle méditait, silencieusement, à des lieux de l'endroit où son corps reposait alors. Junko dormait - tout simplement. Elle basculait tantôt entre lucidité et inconscience du monde bâtit de toutes pièces par sa psyché. Il y avait dans cette bâtisse de bois contre laquelle elle était présentement accoudée, quelque chose de la demeure des Sources où plusieurs années de sa vie s'étaient écoulées. Dans ce tapis végétal qui caressait ses pieds nus, la jeune femme distinguait un peu de l'arrière cour de la maison de son enfance. Devant ce patchwork onirique, Junko trouva un apaisement temporaire qui ne tarda pas à être rompu par un vacarme soudain. Soudainement, elle se leva, s'extirpant de sa transe tandis que ses pieds martelaient soudainement le sol de la petite baraque. Il n'y avait personne si ce n'était quelques ombres mouvantes sur les murs. Personne. Elle continuait encore, sortant dans la grande rue pour venir s'écharper la plante des pieds sur un sol de bitume abîmé.
La route était déserte et les maisons qui la longeaient étaient dénuées de la moindre trace de vie. La jeune femme était seule. Il ne restait plus rien de la quiétude auquel elle avait aspiré quelques moments auparavant. Elle se surprenait à désirer la moindre apparition, quelqu'ait été cette personne. Junko aurait supplier pour un combat, ou une banale discussion avec une des vieilles amies du lycée qu'elle évitait comme la peste. Même sa mère si telle chose était possible. Mais personne ne vint.
« Je vous en prie.» chuchota-t-elle, se laissant tomber à genoux sur la route qui s'enfonçait au creux d'un horizon ténébreux. N'importe qui.
« Junko.» murmura une voix au loin. Alors, elle se surprit à espérer, se redressant soudainement pour scruter le brouillard qui s'étalait à l'horizon. « Junko. » répéta-t-on. La jeune femme secoua la tête avant de faire quelques pas en arrière. Soudain, une explosion brisait le décor, mettant le feu aux baraquements.
« Un cauchemar, un putain de cauchemar. » se répétait-t-elle en se tenant les tempes, secouant énergiquement la tête de droite à gauche. Ses ongles griffaient bientôt sa propre chair, dans l'espoir de s'extirper de ce mauvais rêve. Zuriel. Un coup de tonnerre avait suivi l'appel. La fumée qui envahissait les lieux avaient déjà dévoré les maisons. Comme si l'on avait versé de la gasoline sur le sol, un tapis enflammé s’érigea aux pieds de Junko avant de filer le long de l'horizon. Bientôt les flammes montaient, jusqu'à venir à parcourir le tissu de ses vêtements. Elles les dévorèrent allègrement pour ne laisser que la peau - intacte - en dessous. Elle ne ressentait aucune brûlure, juste une discrète caresse sur son épiderme. Son kimono tomba en cendres à ses pieds tandis que sa peau rougeoyait furieusement. Puis, le néant.
Lorsqu'elle ouvrit de nouveau les yeux, il n'y avait ni feu, ni paysage idylliques transformés en ruines par une quelconque puissance inconnue. Elle sentait le sable sous ses pieds, tandis qu'un plafond décoré jetait une ombre agréable sur sa figure. Confuse, elle porta instinctivement la main à ses côtés. Aucune arme. A vrai dire, il n'y avait rien. Elle était aussi vêtue que le jour de sa naissance. La mercenaire n'avait plus que ses tatouages comme décoration corporelle. Peu importait non ? Après tout, les instants précédents le lui avaient bien prouver qu'elle était encore enfermée dans son sommeil. Observant les alentours, elle établit que le lieu où elle se trouvait devait être un palais quelconque. Faisant quelques pas hésitant, Jun se décidé d'aller explorer la scène de ce nouveau rêve. Contrairement à celle qu'elle venait de quitter, celle-ci paraissait bien peupler. On entendait des bruits - cris, de joie, de douleur, de plaisir - et on apercevait une présence furtive. Une femme parée d'une tenue légère, agrémentée de bijoux d'or et de rubis la toisa avant de passer son chemin. Quel rêve... bizarre, songea-t-elle. Une résolution nouvelle grandie dans un coin de sa tête : même si elle était encore plongée dans un nouveau rêve, des vêtements, un peignoir ou un quelconque autre machin ne serait absolument pas du luxe. Mais pour l'instant, explorer cet étrange lieu semblait être une perspective plus alléchante.