Après la pluie, vient le beau temps Ce dicton, Sylvandell venait d’en faire l’illustration, car, après une tempête qui avait duré plusieurs jours, le petit royaume montagnard, perdu à l’entrée d’un massif montagneux, retrouvait un beau ciel bleu avec un élégant soleil C’était donc l’occasion idéale, pour Alice, de s’adonner à sa passion préférée : l’équitation Assise sur Éclipse, un magnifique destrier de guerre, un étalon au pelage noir, elle galopait dans les hauteurs de Sylvandell, là où peu de gens allaient, longeant en effet le territoire des dragons, voire s’y aventurant parfois, sans que cela ne dérange personne, et surtout pas les dragons. Elle était l’héritière d’Erwan Korvander, après tout, reconnue comme telle par le Patriarche. Aucun des dragons de Sylvandell ne viendrait l’attaquer, et ce alors que le territoire des dragons était rigoureusement interdit aux humains, certains dragons n’hésitant pas à les chasser.
Sylvandell était un royaume isolé, situé dans les hauteurs. L’entrée principale se faisait par un grand pont surplombant un fleuve. On entrait par un canyon qui donnait sur une grande plaine centrale, cette plaine constituant le cœur de Sylvandell. On y trouvait, outre quelques forêts, une série de villages et de petits fortins, l’ensemble étant entouré par d’épaisses montagnes. C’était au fond de la vallée qu’il y avait la capitale de Sylvandell, s’appelant…
Sylvandell. La capitale éponyme se découpait en deux parties : la «
ville basse », qu’on pouvait apercevoir depuis la plaine, et la «
ville haute », dans les hauteurs. Pour rejoindre la ville basse, il fallait atteindre le village situé au fond de la vallée, Motte-la-Vallée, où on trouvait, soit des sentiers escarpés, soit plusieurs plateformes qui montaient et descendaient le long de la paroi.
Le royaume n’était guère grand, puisqu’il s’étalait sur une vallée. C’était un petit royaume perdu, mais qui, pourtant, était connu d’un bout à l’autre de Terra. En effet, Sylvandell avait une impressionnante particularité, qui expliquait pourquoi ce royaume perdu était si connu… Il était bâti dans un massif montagneux appartenant à des dragons dorés ! De redoutables dragons qui, des siècles auparavant, avaient formé un pacte avec Erwan Korvander, un pacte qui se renouvelait à chaque fois qu’un Korvander naissait au monde. Ledit Korvander devait alors, à l’approche de sa majorité, passer un rituel antique au
Sanctuaire des Dragons. Alice y avait été, et le Patriarche l’avait recouvert de ses ailes et de son souffle. Un rituel autant religieux que magique, car Alice avait été insufflée par l’énergie du Patriarche. Depuis lors, elle avait un certain pouvoir sur les dragons. Non seulement ceux de Sylvandell ne l’attaquaient pas, mais elle pouvait aussi apaiser les autres dragons… Jusqu’à une certaine mesure. Ce pouvoir ne marchait pas avec tous les dragons, et même avec peu, mais il permettait en tout cas aux dragons de repérer la nature particulière des Korvander.
Aujourd’hui, donc, Alice galopait. Elle ne chevauchait pas dans la plaine, mais dans les hauteurs, et traversa une forêt pour rejoindre une corniche surplombant le massif. C’était un spectacle vertigineux et magnifique, fait d’une série de pointes triangulaires s’étalant à perte de vue. Là, Alice sauta au sol, délaissant son cheval, puis se rapprocha du rebord, humant l’air frais. Le vent faisait remuer ses cheveux, et, parfois, elle voyait la silhouette massive d’un dragon, et le saluait de la main.
*
C’est vraiment… Apaisant.*
La Princesse s’assit sur l’herbe. Elle comptait encore se reposer un peu, et ne pouvait pas se douter qu’un dragon très particulier allait bientôt la voir…