Véritable façade sur la mer, le port de Nexus était une impressionnante ligne s’étalant sur plus d’une centaine de kilomètres, tout le long de la côte. C’était une succession interminable de docks, de pontons, d’entrepôts, le tout séparés par des murs, des tours, des postes de garde, permettant ainsi de dissocier les différentes activités du port. Au milieu de ce dernier, on trouvait ainsi l’arsenal de Nexus, véritable forteresse militaire abritant l’une des flottes de Nexus.
Le littoral nexusien était, malgré son caractère médiéval, l’un des plus développés au monde. De multiples bouées et phares étaient postées tout autour, permettant d’aiguillonner les différents navires. Chaque jour, c’était un déferlement continuel de navires, d’ouvriers, de dockers, de marins, de marchandises, transitant à travers de multiples entrepôts. Outre les entrepôts, on trouvait également un grand nombre d’auberges et de tavernes, pensées pour accueillir les multiples marins. Autant dire que, chaque jour, elles se faisaient un considérable chiffre d’affaires.
En ce début de matinée, la garde se remplaçait le long des murs de l’arsenal. La forteresse maritime était très bien sécurisée, en ce qu’elle était séparée des quais adjacents par des récifs. Il n’y avait que deux entrées possibles, soit depuis la mer, soit depuis la terre. Une grande porte d’entrée se situait du côté de la mer, se soulevant et s’abaissant par le biais de lourdes chaînes en fer quand des navires voulaient y entrer. Aux angles du mur, il y avait de grandes tours, et les gardes surveillaient l’horizon.
Ce fut donc ce matin, alors que les goélands croassaient dans l’air, que les cloches des bateaux carillonnaient sous l’effet du vent, et que les premiers navires approchaient, qu’ils la virent. Joseph Montjoie était un simple garde affecté à la surveillance du beffroi ouest, le long des récifs. Chaque matin, il aimait observer le soleil qui se levait sur la ville. Le garde, sous son armure, était un amateur de poésie, et écrivait à chaque matinée un court poème, qu’il lisait ensuite le soir à sa dulcinée, en retournant chez lui. La vie qu’il menait n’était pas des plus stimulantes, mais, au moins, il n’était pas affecté aux patrouilles des bas-fonds. De cette manière, il était sûr de revenir chez lui en bonne santé pour revoir sa femme et leurs enfants.
Joseph menait donc une vie paisible, et on ne pouvait pas dire que ses journées étaient passionnantes. Il finit par se pencher à la fenêtre, en attrapant un morceau du pain ranci datant de la veille, afin de nourrir les oiseaux. Il en jeta les miettes, et, tout en faisant ça, pencha son regard vers les récifs... Et fronça les sourcils.
*
Hein ? Mais qu’est-ce que... ?!*
Surpris, le soldat continua à regarder en bas.
Il y avait une silhouette avachie contre les récifs. Joseph se pencha encore, écarquillant les yeux, puis se redressa brusquement.
*
C’est... C’est une femme !*
L’homme se précipita vers la cloche à côté de lui, et appuya dessus.
Quelques instants plus tard, un canot fut mis à l’eau, et se rapprocha des récifs, transportant plusieurs gardes. L’un d’eux grimpa sur les récifs, et s’approcha prudemment de la silhouette endormie. C’était une soldate, qui se pencha vers le corps nu. Une femme à la peau sombre, qui avait de multiples contusions et ecchymoses
«
Allez quérir un apothicaire, elle a besoin de soins urgents ! »
Elle n’était pas une menace, et la soldate sentait un pouls... Relativement faible. Un autre soldat vint l’aider, pendant que Joserph, resté à son poste, se précipita rapidement vers le médecin de garde, afin qu’il se prépare à soigner la jeune femme inanimée. Lui qui s’attendait à une journée banale, voilà que son quotidien était bouleversé.
Qui était donc cette dame ?