Fin de semaine entre androgynes (ft Lady Camille)

Colin vivait au Japon avec ses parents, tous immigrants au pays du soleil levant. Il avait grandi comme bien d’autres jeunes normaux en s’adaptant au modèle de vie japonais avec une grande capacité d’adaptation. À peine âgé de six ans, par exemple, il savait parler la langue nippone ainsi que celle de sa famille. Par la suite, il devint un excellent étudiant studieux et perspicace à la résolution de problèmes comme la mathématique et les sciences. Tandis que ses parents et ses camarades de classe furent impressionné – sans compter les quelques jaloux dans chaque classe d’école dans le monde – Colin se sentait différent à l’intérieur.

Si le jeune garçon se sentit en excellente santé et plein de promesse au niveau scolaire, un sentiment de tristesse le consumait de l’intérieur. Il ne comprit pas la cause au départ, se voyant comme le joli blond normal, peut-être avec une jolie fille à son bras une fois assez vieux dans plus de dix ans. Il secoua souvent la tête devant son miroir avant de partir pour sa journée d’éducation, sans rien dire à ses parents. Il avait sept ans quand il assista à une scène désolante dans la cour de recréation. Un pauvre blond beaucoup plus androgyne reçut des brimades pour son aspect efféminé. Tout ça pour avoir eu la malchance d’être différent. Il se souvenait avoir eu ce jour-là un immense chagrin, un malaise qui lui fit mal. Non seulement il avait eu de la sympathie à son égard mais quand le souvenir de son beau lui revient, Colin se sentit bien. La réponse le libéra d’un énorme fardeau, ayant un intérêt vif pour l’androgynie.

Avec les années, il grandit et rejoignit une école de meilleure réputation suite à ses bonnes notes. À 16 ans sa vie changea avec une double vie qu’il pratique en douce depuis le début de son adolescence. Personne avec qui en discuter, son mutisme et une attitude sobre et distant devint sa principale défense contre les camarades de classe mal intentionnés. Sur place, il porta l’uniforme obligatoire durant les cours d’été avec le pantalon et le chemisier blanc à manches courtes. Sa chevelure bien ébouriffée  et blonde attira le regard des filles sauf qu’il ne se souciait pas de la gente féminine. Bref, il continua à se sentir triste, un peu moins, mais la solitude persistait. C’était jusqu’à rejoindre le nouvel établissement. Un vendredi chaud et beau, il rejoignit sa nouvelle classe pour la présentation devant tout le monde lorsqu’une figure familière attira son regard. Son cœur battit fort, freinant son envie de crier de surprise. Même après neuf ans sans le revoir, Colin se souvenait de ce garçon brimé, de Camille. Ce dernier avait un regard inoubliable et un effet inimitable sur l’adolescent soulagé.

- Enchanté tout le monde. Je m’appelle Colin. J’espère bien m’entendre avec tout le monde.

Il agit comme si tout était normal. À la fin du cours, Colin se leva et alla tranquillement rejoindre Camille. Se mordillant la lèvre en toute subtilité, il approcha du bureau de son compagne de classe et posa la main dessus en douceur. Son sourire le plus gaie ressortit et une subtile rougeur sur les joues naquit. D’une voix un peu basse, il se lança.

- Je me souviens de toi quand on était des gamins. On n’a jamais eu la chance de se parler et j’en suis profondément navré.

Sa tête pencha pour approcher l’oreille de Camille. Il ne voulait pas que quiconque entende ce qui s’en suivit.

- Je regrette pour ce qui s’est passé, ces brimades. Si tu n’avais pas soudainement quitté vers un autre établissement…je serais devenu ton ami bien plus tôt. On se ressemble plus que tu le crois.

Une journée habituelle avait débutée. Avant les cours, les filles de sa classe se réunissait autour de Camille pour lui louer sa beauté, ses bonnes notes et sa bonté inégalée. La plupart n'était que des parasites essayant de sucer l'argent qui s'écoulait de sa fortune familiale.
Camille était l'élève presque parfaite. Des bonnes notes, jolie, riche, dispensée de sport, avec un air un peu fragile prête à se briser à chaque instant et une nature plutôt silencieuse qui faisait contraster avec le brouhaha incessant des personnes autour d'elle.
-J'ai entendu dire que Camille avait les meilleures notes du lycée !
-Et moi de la région !
-Tes cheveux sont si beaux, quels produits tu utilises ?
Des banalités qui en plus d'être inintéressantes n'étaient même pas innovantes. Ce n'était pas nouveau qu'elle était assez intelligente pour être première presque partout, sa beauté elle non plus n'était pas nouvelle.
Si seulement ce troupeau de grosses vaches savaient que Camille était un garçon... Elle sourit quelques instants à cette perspective et s'aperçut que les autres filles s'étaient dispersées et étaient retournées à leur sièges quand le professeur était rentré. Si elle avait put, elle l'aurait remerciée en cette instant même d'avoir fait irruption.
Il annonça le blabla habituel, l'appel et toutes ces normalités administratives que les professeurs effectuaient chaque jour...
Cependant, petite différence, cette fois ci, il annonça l'accueil d'un nouvel élève dans la classe. Bof. Intéressant pendant quelques minutes ça aussi, tout au plus...

Camille étudia le blond qui venait d'entrer dans la salle de haut en bas. Pas mal. Dommage qu'elle s'était promis de ne pas sortir avec un garçon de l'école, pour ne pas mettre son secret en danger, parce que celui là était plutôt mignon. Evidemment, Camille avait plus ou moins essayé d'oublier son passé pour ne pas y faire référence ni faire ressurgir de souvenirs douloureux. Le jeune étudiante n'avait donc pas vraiment de souvenir du visage pourtant similaire à celui d'il y a 9 ans, de Colin. Elle ressentit comme une impression de déjà vu, mais balaya l'idée un peu idiote.

- Enchanté tout le monde. Je m’appelle Colin. J’espère bien m’entendre avec tout le monde.


Le reste du cours se passa normalement, si ce n'est les quelques chuchotements des élèves, préparant déjà des rumeurs sur le nouvel arrivant. Sans doutes.
A la fin du cours, cependant, Colin se leva et se dirigea vers le bureau de Camille. Typique, pensa-t-elle. Ca lui était déjà arrivée de se faire aborder par des garçons de la classe, ce n'était pas le premier et ça ne serait surement pas le dernier.
Cependant, et à l'écoute de ses paroles, Camille devina que ce n'était pas EXACTEMENT comme les autres.

- Je me souviens de toi quand on était des gamins. On n’a jamais eu la chance de se parler et j’en suis profondément navré.

Les autres filles ne s'étaient pas encore rapprochées, elles n'avaient rien entendues. Tout était sauvé.
- Je regrette pour ce qui s’est passé, ces brimades. Si tu n’avais pas soudainement quitté vers un autre rétablissement…je serais devenu ton ami bien plus tôt. On se ressemble plus que tu le crois.

Camille lui fit un signe pour qu'il attende là ou il était, elle se dirigea vers le groupe de fille qui discutait d'habitude autour d'elle et elle leur fit un sourire désolé.
On se voit plus tard, le nouveau a besoin de moi pour rattraper les cours.
Ouf, sauvée. Elles avaient sûrement gobées le truc. Elle repartit vers sa place, prit son sac d'une main, et celle de Colin dans l'autre, et l'entraîna hors de la salle et le dirigea vers la salle de musique dont elle avait la clé, salle inutilisée avant la fin des cours, donc ils seraient tranquilles.
Camille le poussa dans la salle sans ménagement et ferma la porte à clé derrière elle, avec ça, plus l'insonorisation de la salle, elle était sûre que même si elle criait, personne ne l'entendrait.

Il laissa presque tomber son masque de petite étudiante gentille et le regarda avec un air un peu triste.

Je me souviens de toi. Tu ne faisais pas partie de ceux qui se moquaient de moi.

Qu'est ce que tu veux ?

D’un œil doux et calme, il observait les réactions du jeune homme de son passé. Il avait été très audacieux de l’approcher d’une manière peu subtile et directe. C’était son souhait de le retrouver, de sortir le franc-jeu dès le départ. Colin lisait dans les gestes de son comparse la crainte et une retenue exemplaire. Là, à un moment où l’apparence était cruciale, il le voyait gérer ses émotions avec une expertise qui captiva l’admiration du nouvel étudiant. C’était tout comme lui, sauf que son rôle, son masque, était bien différent. En le laissant partir parler à d’autres filles, Colin attendit avec patience et essaya de sourire comme à son habitude. D’autres camarades de classe lui souhaitèrent la bienvenue et des filles voulurent flirter. Elles trouvaient le nouveau blond de la classe courageux et téméraire à discuter avec la fille joyeuse mais réservée que ces ignorantes voyaient en Camille. L’interrupteur dans sa tête s’enclencha. Son sourire se dilua en une forme plus neutre. Des tics dans ses mains le poussaient alors à serrer le bureau, refermant ses doigts et phalanges presque sous la forme d’un poing à donner à une personne qui dérange. Ou plutôt à un type de personne qui agace depuis des années.

- Désolé, mais ce n’est pas une question d’amour ou de romance. Je ne suis pas intéressé….ma famille exige tellement de moi que je doute avoir le temps pour cela. Sinon, vous comptez rester copines avec moi ?

Il discutait, mais la douleur revenait frapper aux portes de sa poitrine. Son mépris de cette sensation cruelle et à la limite de la torture faillit le pousser à bout lorsque son camarade blonde vint le prendre par la main et sortir de la salle en prétextant une excuse toute inventée. Sauf qu’ils avaient bien quelque chose à rattraper ensemble. Colin retrouva un sourire pour lui-même tandis que dans cette école non-familière il se laissa guider par son compagnon de classe. Plus détendu par le silence du corridor et de leur distance des autres, il pouvait admirer Camille d’un œil discret, détaillé sa chevelure aussi fin que de la soie en apparence. Le voir aussi en santé avec une vie qui semble bien aller était un énorme bonheur pour Colin. Oui, il fut heureux pour lui.

Par contre, la tension continuait de peser entre les deux adolescents. Une fois arrivé dans une salle de musique vide et très silencieuse, Colin se laissa pousser dedans avec une brusquerie qui la ramena à la réalité. Il se retourna et vit que le jeu était enfin terminé pour une conversation directe. À son tour il retirait son masque et soupira d’un air également triste. Il posa la main sur son buste.

- Cela va faire plus de dix que malgré une vie stable, je ressens cette pression juste là sur mon cœur. Quand je t’ai vu, le jour de la brimade, j’ai découvert ma vraie nature. Te retrouver ici me permet de te dire : Merci, mon ami.

Colin sentit l’émotion affluée dans ses yeux. Des larmes fines et sincères coulèrent sur ses joues rosies par le flux sanguin dans son visage. C’était la première qu’il parla à quelqu’un avec sa franchise naturelle et voix parmi les plus douces pour un adolescent. Il inspira et approcha de Camille en se mordillant la lèvre. Son courage tanguait. Toutefois, il lui fallait le dire malgré la gêne immense qui l’envahissait mais dont la révélation le soulagea d’un poids supplémentaire.

- Je…mon cœur est celui…d’une fille ! Au fond de moi, je veux agir et m’habiller comme une fille. Mais je n’ai personne et je crains la réaction de mes parents. C’est dur de vivre sans pouvoir s’affirmer et faire que du crossdress seul.

Colin espérait que son aveu soit bien reçu. Au fond, il savait que Camille était la meilleure personne de la Terre sur laquelle faire confiance et faire une confidence personnelle. Son rythme cardiaque augmenta après son aveu. L’excitation de s’exposer soulagea de toute la douleur d’aujourd’hui. Quel que soit la réaction de son confident, il ne regretta rien. Il exprima toute sa douceur dans un sourire, le plus mignon qu’il puisse offrir.

- Moi aussi j’ai dû porter un masque pour si longtemps. Je refuse donc de te porter malheur…alors…je ne dirai jamais rien aux autres. Voilà ce que je veux.

Camille mit un certain temps avant de comprendre les informations que Colin venait de lui donner. En fait, elle les comprenait, mais ne comprenais pas vraiment en quoi elle avait put aider quoi que ce soit, puisqu'elle ne lui avait jamais vraiment parlé avant ce jour.
Colin la prenait peut etre pour une espèce de modèle, ou d'exemple  qu'il aimerait suivre. Camille ne pouvait pas savoir ce que le garçon pouvait ressentir car elle avait toujours eût le sourire de son majordome derrière elle pour la supporter. C'est en voyant les larmes sincères du garçon qu'elle se rapprocha de lui, et malgré qu'elle soit un peu plus petite que lui, elle le prit dans ses bras, comme pour le rassurer. Elle lui offrit aussi un sourire patient et amical, en lui murmurant.

Je vais t'aider, ne t'inquiètes pas.
Tu n'es pas seul, je suis là désormais, d'accord ?

La jeune étudiante n'était pas sûre de la marche à suivre mais elle voulait quand même l'aider, donc elle se voulait le plus amicale possible. Elle voulait l'aider pour qu'il se sente mieux, mieux dans sa peau et mieux dans sa vie.
Elle se fit une promesse à elle même, dans laquelle elle se jura d'aider Colin à être heureux.

L’intention de Colin n’a jamais été d’obtenir un gain en argent ou autre récompense superficielle. En montrant ses larmes, il se libérait de la torture qu’était son secret le plus intime. Ses paroles étaient sincères et directs. D’ailleurs, aucun voyou n’irait jusque là pour mentir. Non, il ne comptait pas devenir comme ces grossiers jeunes hommes. Son choix était clair, préférant le câlin de Camille. Cette étreinte chaleureuse le fit sursauter de surprise. Une douce plainte accompagnée de larmes accompagna Colin dont pour la première fois il se sentit bien contre le corps d’un autre adolescent androgyne. Ses bras l’enlacèrent, tentant de ne pas s’écrouler au sol tellement ses jambes vibraient de nervosité. Bien qu’il aime toujours ses parents et l’étreinte de sa mère, celle avec son camarade de classe lui fit un bien immense.

- C’est d’accord. Tu n’as aucune idée de la chance que j’ai eu de te retrouvé. Rien ne me ferait plus plaisir de rester à tes côtés.

Peut-être qu’au fond, il avait peur de trop en recevoir. Comme son homologue, il craignait du jour où la mauvaise personne tenterait d’entrer dans sa vie pour simplement le ruiner en ouvrant trop largement sa porte. Même avec de bonnes intentions, le risque de faire du mal de façon involontaire suffisait effrayer Colin. Être responsable de plus de souffrance serait la fin pour lui, la mort de tout honneur. Mais il devait apprendre à se faire confiance et être la jeune fille que son cœur lui dicte d’être. Son visage se posa au niveau du cou de son ami, humectant son doux parfum de près. Il commença ainsi à se calmer et retrouver un esprit serein.

- Dois-je t’appeler de ton vrai nom ? Non…je devine que tu as déjà changé d’identité. Comment tu as fait ?

Il ne lui fallait pas oublier que son homologue fut un garçon par le passé et que désormais possédait l’identité d’une jeune fille. C’était facile à noter pour un androgyne comme Colin. Il avait justement pris soin de ne pas mentionné quelconque masculinité au début de sa discussion dans la classe avant de se retrouver enfermé à clef dans la salle de musique. Il s’attendait à une série d’instructions pour garder leur secret commun intact, quoi de plus naturel si les deux beaux garçons voulaient se rapprocher. Toutefois, Colin ne put s’empêcher de rapprocher ses lèvres par inadvertance, frôlant de peu la nuque de Camille avant de reculer le visage et rougir de gêne.

- Euh…oui, je tiens à te montrer la tenue que je possède pour me sentir mieux. Sauf qu’elle est chez moi…et la fin de semaine arrive où mes parents seront en congé.

Camille sentit son camarade de classe se détendre à son contact. Ce qui était une bonne chose, car être trop stressé par la situation ne lui apporterait rien de bénéfique.  Incapable de trouver la force de briser leur étreinte par elle même, elle attendit patiemment qu'il parle, qu'il s'ouvre de lui-même.
Elle savait que pour Colin, il serait difficile de s'ouvrir pleinement dès le début mais il fallait qu'ils instaurent une confiance entre eux, sinon jamais elle ne pourrait aider son semblable.

- Dois-je t’appeler de ton vrai nom ? Non…je devine que tu as déjà changé d’identité. Comment tu as fait ?

-Oui, je suis toujours Camille. Et changer d'identité n'est pas compliqué quand on a de l'argent et qu'on sait à qui s'adresser.
En commençant sa première phrase, il tira un peu sur la jupe de son uniforme scolaire, comme pour lui montrer que oui, il s'était adapté à son environnement.

A la fin de la seconde, toujours sans briser leur enlacement, elle lui passa la main dans les cheveux et le caressa doucement, pour le rassurer.
A ce moment, elle sentit le souffle chaud de Colin lui passer dans la nuque et la chaleur de ses lèvres passer à quelques millimètres seulement de la peau de son cou. Alors que lui rougissait, elle lui prit les mains et lui fit un sourire qu'elle rendit le plus accueillant possible.

- Euh…oui, je tiens à te montrer la tenue que je possède pour me sentir mieux. Sauf qu’elle est chez moi…et la fin de semaine arrive où mes parents seront en congé.


Camille savait déjà ce qu'elle allait répondre, il ne lui fallut qu'une demi seconde pour penser à sa réponse

-Tu pourrais venir chez moi. Tu prendrais ta tenue dans une valise et chez moi il n'y a que moi. Ce week end je suis libre, et toi ?

En écoutant la réponse de Camille, il fut ravi que son nom reste le même qu’autrefois. Il s’imaginait un changement de nom de famille ou autre astuce tirée des films d’espionnage. Cela expliquerait le talent de son ami à s’adapter à une nouvelle vie avec qu’un seul et unique garçon du passé pour se souvenir de lui. Puis il fut légèrement surpris de l’autre petit secret révélé. Il vivait personnellement avec des ressources moyennes, la classique petite famille ménageant une vie entre le dur travail et des petites activités en prenant soin de l’économie familiale. Donc, entendre son camarade être aisé au niveau financier fut étonnant et une explication logique. Colin était loin de nourrir de la jalousie, l’important était le caractère de l’individu qui possède la richesse.

Il relâcha doucement son ami en échangeant un sourire gai et complice. Il s’invita à observer la jupe de Camille en détail. Ainsi ce jeune adolescent fut capable de s’assumer et devenir une fille dans le monde extérieur. Colin fut admiratif, silencieux. Il vint tirer sur la jupe pour tester sa durabilité, le textile utilisé ainsi qu’admirer l’ensemble de l’uniforme. Ses mains serrent les siennes et noua leurs doigts ensembles. Le bout de ses doigts en profitèrent pour frotter sur les ongles de Camille, sur sa manucure et sentit ô combien c’était doux au toucher.

- Tu es sérieux ? Je…je n’ai souvent eux le privilège de passer une fin de semaine chez quelqu’un. Mais j’imagine pouvoir convaincre mes proches de me laisser aller. J’ai bien le droit à un week-end de repos.

Colon hocha la tête en guise de réponse. Bien sûr il voulait passer du temps avec lui et partager une passion commune. De plus, ils se découvriraient une passion plus profonde. Avoir failli l’embrasser sur le cou et  n’avoir aucun regret fut suffisant pour se convaincre d’aller chez Camille. Il serra ses mains en douceur et rougie de bonheur en fixant son ami.

- Tu es si adorable, Camille. Ta jupe, ton haut, tout te va si bien.

- Tu es sérieux ? Je…je n’ai souvent eux le privilège de passer une fin de semaine chez quelqu’un. Mais j’imagine pouvoir convaincre mes proches de me laisser aller. J’ai bien le droit à un week-end de repos.

Oui, bien sûr, je suis sérieuse, je ne t'aurais pas proposé sinon !
Comme d'habitude depuis le début de leur conversation, elle lui fit un sourire pour affirmer son accord.
Elle sourit d'autant plus en le voyant rougir davantage après que leur doigts s'entrelacèrent à nouveau.

- Tu es si adorable, Camille. Ta jupe, ton haut, tout te va si bien.
 Elle se rapprocha à nouveau de lui et lui planta un baiser sur la joue avant de se replacer comme si de rien n'était
Merci.
Camille lui lâcha les main et se retourna pour se diriger vers la porte. Pendant qu'elle cherchait les clefs de la salle enfouies dans son sac, accroupie et dos à Colin, elle ajouta

Le secret c'est que je me considère vraiment comme une fille. C'est pour ça que mon déguisement est impeccable, c'est parce que ce n'est pas un déguisement.
Maintenant, ou j'ai bien put mettre ces clefs...
La jeune étudiante se mit à fredonner un air de berceuse pendant qu'elle cherchait dans son sac.

Contrairement à son nouvel ami, les habitudes de Colin à vêtir en fille étaient très limitées avec son actuel emploi du temps. Entre les études à la maison et l’attention de ses êtres chers, se permettre de porter sa tenue favorite ressemblait plus à un passe-temps honteux plutôt qu’à une vraie affirmation de soi. Il l’enviait de pouvoir être heureux et libre de ses actions. Colin  manquait encore de courage et de défiance envers ceux qui lui assurent un foyer. Jusqu’au jour où il pourra s’ouvrir, il ne restait que son rôle de garçon exemplaire et Camille. Il l’observa avec un soulagement et une excitation nouvelle du fait qu’une fin de semaine les attendait à l’abri des regards. Il pouvait le croire sur parole. Pas de blague, pas de raison de craindre un revers.

Il jubila intérieurement au baiser de son ami. Le silence froid de la salle s’égailla de par la respiration plus forte et douce de Colin qui adora la bise venant d’un autre jeune homme comme lui. Imaginer les lèvres de Camille et l’effet sur sa joue lui réchauffa le cœur. C’était l’équivalent de retrouver des traces d’amour dans sa vie, au-delà des liens familiaux, au-delà de l’amitié platonique entre amis. Il se jura de lui rendre la pareille. Leur relation se développait dans le bon sens et voulait aller plus loin, au rythme de son futur hôte qui chercha la clé de leur sortie. On se serait attendu à des cris ou une confrontation plus émotive, sauf qu’on ne pouvait pas blâmer les deux androgynes pour être prudents.

- Je n’ai jamais parlé de déguisement, Camille. Dès l’instant que j’ai posé les yeux sur toi, j’ai vu une belle personne libre de ses actions. Si j’essayais de faire pareil, la peur de ne pas paraître assez féminin viendrait me hanter.

Colin essaya de fredonner en compagnie de son ami après un instant à écouter les sons venant de la bouche de ce dernier. Il marquait ainsi son principal défaut qu’était la timidité. Il expira et secoua la tête avant de songer aux paroles de Camille. Puis il vint se place aux côtés du joli blonde. Colin tapota son index sur ses lèvres et leva les yeux, songeant à une idée qui germa aussitôt dans son esprit.

- Dans ce cas, si tu es une fille, je voudrais aussi être une fille en ta compagnie. Et si je prenais un nouveau nom, du genre : Céline ?

Camille ne prit pas en compte les réserves de Colin. En tout cas, elle n'y répondit pas. En effet, c'était quelque chose sur laquelle ils allaient travailler en profondeur lors de leur temps libre. Prendre de la confiance était effectivement ce sur quoi Colin allait avoir le plus de mal.
La jeune étudiante finit par trouver les clefs, enfoncées dans son sac, en écoutant ce que Colin avait à dire.
Alors que son idée n'était pas mal intentionnée, Camille posa son propre doigt sur la bouche de son comparse.
Elle lui sourit puis lui annonça d'une voix douce mais autoritaire.
Non. Ici, pour l'instant, tu es Colin, et tu es un garçon. Il ne faut pas se mélanger, c'est un coup à faire une erreur, d'accord ?
Puis, comme pour redonner de la légèreté à l'ambiance, qui s'était un peu alourdi avec la prise de sérieux de Camille, elle lui appuya sur le bout du nez avec le doigt qui couvrait la bouche de son interlocuteur.
Elle savait mieux que quiconque que mélanger deux identités était une très mauvaise idée et que ça n'apporterait que des problèmes ou des complications pas tellement nécessaire.

Elle se releva avec élégance en faisant tourner les clés autour de son doigt après avoir remis de l'ordre dans sa jupe en un revers de main.

Je pense qu'on a encore du temps avant la reprise des cours, tu veux qu'on reste ici ou qu'on retourne directement en classe ?

Il parlait de façon anticipée. Pas que son existence changerait instantanément du jour au lendemain avec son idée d’un nouveau surnom, mais il commençait à prendre en considération les scénarios. Son désir de changement s’exprime et pour une fois que ses mots n’ont nul besoin de retenus, il en profitait. La sombre ambiance de la pièce devint utile pour Colin qui dans la pénombre évitait une vision très sérieuse de son ami. Même le doigt sur sa bouche ne lui donnait pas envie de sourire jusqu’aux oreilles tellement la prise de sérieux le ramena dans le silence de la classe vide. Colin reprit son calme. Son enthousiasme se calma d’un long et pénible expiration de la bouche, comme pour expulser toute sa précipitation.

- Désolé. On me demande chaque jours d’être discipliné et sur le droit chemin, voilà que je peux enfin sortir du moule et devenir un homme heureux.

Puis il écouta les sages paroles de Camille. Qui d’autre écouté dans ces circonstances après tout. Colin n’avait que peu d’options, ou pas du tout. Il sous-estimait la difficulté de la transition, qu’en comparaison, il n’avait aucune idée du temps et des étapes à franchir pour devenir comme son ami, un jour sûrement. Il le vit presser le bout don son nez pour ensuite retrouver une gaieté dans son petit et fin rire. La voyant se relever avec élégance, Colin vient lui tendre une main pour la relever comme un prince charmant. Malgré la légère déception et le fait de prendre son mal en patience, il était capable de passer de bons moments avec la jeune demoiselle autoproclamée. En fait, il la trouvait si désirable.

- Si on reste ici, j’ai peur de vouloir te gâter de bien trop de bisous sur les joues. Ce serait bête de m’emporter alors qu’il faudrait retourner en classe et ne pas leur permettre d’être suspicieux.

Il se penche tout en relevant la main de son ami. En gentilhomme, sa bouche se pose sur le dos de la main pour ensuite se déposer sur la joue de son ami. D’un mouvement du pied, il approcha de la porte pour l’ouvrir doucement, d’un œil attentif vers le corridor. 

- Si on reste ici, j’ai peur de vouloir te gâter de bien trop de bisous sur les joues. Ce serait bête de m’emporter alors qu’il faudrait retourner en classe et ne pas leur permettre d’être suspicieux.

Camille lui offrit un sourire avant de répliquer. Elle ne rougissait pas mais si c'était le cas son ami ne pourrait de toute façons pas le voir dans la pénombre ambiante qui régnait dans la salle.

Attention, tu me donnerais presque envie de ne pas retourner en cours.

Pour confirmer les paroles, elle fit glisser sa main le long du dos de Colin pour s'appuyer sur lui afin de se pencher pour observer le couloir sans pouvoir être vue.
Il put donc sentir le poids plume de la jeune étudiante ainsi que son parfum exquis.
Personne dans le couloir, normal vu l'heure. Personne ne devait s'inquiéter pour eux, Camille étant une élève modèle, il n'y avait aucune raison pour laquelle elle aurait menti à ses camarades ou à ses professeurs après tout. Après avoir observé le silence et le calme régnant dans les couloirs du bâtiment scolaire et s'être assurée que Colin avait aussi vu qu'ils avaient largement le temps de revenir en cours, elle se recula un peu pour le laisser décider entre rester un peu au calme ou directement retourner en cours. Ce serait plus logique de le laisser prendre la tête pour retourner en cours, pour le laisser apprendre le chemin entre la salle, près de la sortie et leur salle de classe.

La pénombre comme une subtile complice cachait juste assez des joues de son ami. Si Colin voyait les rougeurs sur un si beau visage androgyne plein de gaieté, il serait déjà en train de goûter à cette expérience du baiser direct. Ce fantasme le hantait depuis longtemps, d’une manière plus positive. Il avait su garder la tête froide et faire vœu de patience jusqu’à ce jour tant attendu. Il entendit la réplique, pris d’un frisson le long de son dos. Ses nerfs devinrent sensibles puis il lâcha un frisson plus évident sous la main de Camille. Ce coquin savait profiter de la situation pour le toucher et s’assurer de leur moment de solitude. Sauf que la solitude s’accompagna d’un ami, déjà le plus précieux de sa vie. L’air se remplissait d’un parfum délicat, agréable, délicieux même. Colin le sentait contre son corps, l’appel d’un désir désormais libre d’agir.

Il constata que sa crainte était non fondée. Aucun élève ni aucun adulte ne vint à leur recherche. Le couloir était d’un silence lourd, sans écho ni aucun signe. Colin lâcha un soupir et se retourna vers Camille. Ce sourire aux lèvres fins et légèrement rosé, sa chevelure de couleur de blé, cet éclat de vie dans les yeux de l’androgyne, il flancha dans son cœur. Le buste battant avec force, l’étudiant transféré lui agrippa la main et le releva pour une bise douce et chaude. Mais surtout, il vint déposer ses propres lèvres sur le bout de l’index. Le beau blond suçota le doigt tel un bonbon. Les joues rougies, il laissa son cœur féminin s’exprimer, ou bien était-ce juste l’envie d’un adolescent attiré par son ami. Sans plus se retenir, il déposa un baiser vif et gêné sur la bouche de Camille.

- Oh ! Je l’ai fait ! Désolé…je suis si heureux avec toi que c’est arrivé.