Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Jessica Cruz

Créature

A.
Répondeur

« Il est mort, Jess’, okay ? Ce n’est pas parce qu’on a jamais retrouvé son corps que… Maman m’a dit que tu avais arrêté les séances avec le Docteur Alvarez… Pourquoi tu ne réponds plus, Jess’ ? On est là pour t’aider ! »

*BIP !!!*

« Bonjour Madame Cruz, Olivier Tooker à l’appareil, votre conseiller de MetLife. Je me permettais de vous appeler par rapport à votre contrat d’assurances référencé n°2800-545-12. Comme vous n’avez pas répondu à notre dernier mail, je me permets de vous appeler en ce personne. C’est un peu embarrassant à dire… Le cabinet du Docteur Alvarez nous a appelé pour nous dire que, visiblement, vous ne seriez pas allés à votre rendez-vous de cette semaine… Et, si je ne m’abuse, d’après ce qui est contenu dans votre dossier, c’est la quatrième absence. Or… Euh… Je dois vous rappeler que MetLife s’est obligé à indemniser tous les frais psychiatriques nécessaires pour vous aider à aller mieux, si, en retour, vous vous engagez à y aller. Bien sûr, nous pouvons comprendre qu’il y ait quelques irrégularités, mais nous n’avons aucune nouvelle de vous, et… Enfin… On ne peut pas continuer à assurer des séances qui n’ont pas lieu, nous dépensons de l’argent pour rien, vu que notre politique nous amène à régler les honoraires avant les séances. Je sais que je me mêle de ce qui ne me regarde pas, mais sachez que je ne voudrais vraiment pas que ma compagnie résilie notre contrat, et je vous ai déjà défendu auprès de mon chef. Je vous rappelle que vous pouvez changer de psychologue sans aucun problème, Madame Cruz. Pourriez-vous me rappeler pour m’en dire plus ? Vous avez mon numéro professionnel sur votre téléphone, normalement, mais, dans le doute, je vous laisse mon numéro de téléphone portable… »

*BIP !!!*

Ce Tooker avait une voix agréable. On sentait qu’il avait l’air concerné par ce qui se passait. Même la tonalité crachotante du téléphone parvenait à rendre cette voix. On l’imaginait bien draguer les filles en sortant le soir avec cette voix chaude, qui évoquait quelque chose de la Californie.

Mais, d’ores et déjà, le silencieux téléphone accomplissait son office, en passant au message suivant.

« Jessica, c’est ta mère à l’appareil. Il est temps que tu te ressaisisses, ma petite puce. Tu ne peux pas vivre ainsi encore, comme ça, cloîtrée chez toi, à ne voir personne. Ce n’est pas sain, ma petite chérie. Le Docteur Alvarez m’a appelé, tu sais… Personnellement. Il s’inquiète pour toi, et… Écoute, Jess’, tu n’es pas toute seule, d’accord ? On est là… On est une famille, ma chérie, alors… Rappelle-moi, mon cœur, ou je vais devoir me déplacer. »

Elle avait un double des clefs… C’était une condition indispensable quand ils avaient signé le bail, mais, entre-temps, Jessica avait fait changer les serrures. Il était toujours possible qu’on vole les clefs de sa mère, qu’Il le fasse… Et, tandis que le répondeur remplissait son office, la solitaire silhouette ne bougeait pas. Elle était là depuis maintenant plusieurs heures, recroquevillée sur son canapé, prostrée comme une âme en peine, les yeux encore écarquillés par les souvenirs… Les flocons de neige, le sifflement de la hache, les hurlements, la braise dans les cheveux… Elle fermait les yeux, comme pour chasser les visions, mais elles étaient toujours là.

Aller chez Alvarez ? Son cabinet était à l’autre bout de la ville, bien trop loin pour qu’elle puisse avoir le courage de s’y rendre. Il la guetterait, car Il était là, elle le savait. Eux ne pouvaient pas comprendre, eux n’avaient pas vu de quoi Il est capable. Oh, elle savait bien ce qu’ils disaient, tous, ce que sa mère pensait, ce que Sara, sa sœur, pensait également quand elle leur disait ce qu’elle avait vu. Qu’elle délirait, qu’elle amplifiait les évènements qu’elle avait subis… Mais elle, elle savait qu’elle ne délirait pas.

La dernière fois, elle avait été surprise par son voisin de palier en ouvrant la porte de son appartement, afin d’y récupérer la nourriture qu’elle se faisait livrer à domicile. Il l’avait silencieusement regardé, et elle avait vu, dans ses yeux, les reflets verdâtres… Jessica s’était réfugiée chez elle à toute allure. C’était depuis cette fois qu’elle n’était plus sortie de son antre, n’osant même plus répondre au téléphone, ni même allumer la télévision.

Et, alors que ses yeux étaient écarquillés, et que les sillons de larmes glissaient le long de ses joues, elle entendit le souffle du Démon, remontant jusqu’à ses oreilles…

*Jeeeeeeeeeesssiiiicccaaaaaaaaaaa…*



1.
Spring break

Six mois auparavant…

Le SUV 4x4 arrêta sa course devant le grand chalet en bois de Bloomberry Lake, et Steve, en souriant, claqua joyeusement la portière.

« Ah ! s’exclama-t-il jovialement. Vous avais-je menti, les filles ? Vous croyez vraiment que c’est le long des plages de la Californie ou de la Floride que vous pouvez avoir un tel spectacle ? Un tel air pur ? »

Brittany devait bien admettre que Steve ne leur avait pas menti. Originaire du Maine, il disposait de ce chalet quand bon lui semblait. Ses parents l’avaient bâti de leurs propres mains pour leur retraite, et on pouvait comprendre pourquoi. Ils étaient perdus au milieu d’une vaste forêt montagneuse, face à un lac immense, avec une île au milieu, et, au fond, le spectacle d’épaisses montagnes triangulaires se découpant vers les nuages. Un spectacle très séduisant.

Steve se frotta joyeusement les mains en s’approchant de la porte du chalet. Un chalet de deux étages, avec une grange, qui disposait de l’électricité, d’une télévision, et même d’un accès à Internet. Ses parents avaient pensé à tout. Le chalet disposait d’une parabole, ainsi que d’une borne WiFi, permettant d’avoir une connexion à la Toile. Un endroit parfait, que Steve avait vu se faire petit à petit.

La plupart du temps, les springs break avaient lieu le long de la côte. Miami diffusait toujours, à l’approche des différentes vacances organisées par les universités, des promotions exclusives. Tout le monde se ruait en effet vers les plages de Miami, car, dans leur université, la double semaine de vacances avait lieu en Avril. La saison commençait, l’eau était un peu plus chaud qu’en hiver, et on pouvait bronzer. Brittany, de fait, avait envisagé d’aller pour Miami Beach, mais, outre la distance, il fallait aussi admettre que, malgré les offres des hôtels, les prix n’étaient pas donnés.

C’était Steve qui avait suggéré à la petite bande une vraie semaine de relâchement, en allant dans une région plus proche, le Maine, et plus particulièrement dans le chalet de ses parents. Un cadre atypique et idyllique, champêtre. Ce n’était pas vraiment ce qui avait fait fantasmer Brittany au début, mais il fallait bien admettre que c’était joli… Et, effectivement, elle n’avait pas les moyens d’aller à Miami, même si elle se réservait ça pour l’été.

Elle et Jessica, elles comptaient bien se faire quelques surfeurs musclés et bronzés après les examens universitaires. Jessica sortit à son tour, et hocha la tête, ses longs cheveux noirs virevoltant au gré du vent.

« Ouais, ta grange est pas si mal, Steve…
 -  Ma grange ? Tu te fous de moi ou quoi ? Regarde-moi ça, Jess’, c’est un vrai palace, ouais ! »

Jessica et Brittany en savaient quelque chose. Steve avait des photos de toute la construction du chalet, et il y en avait de lui, quand, tout petit, il tenait une petite pelle dans la main pour aider son père et sa mère. Ses parents avaient dirigé une entreprise de maçonnerie. Il n’y avait pas de quoi être riches, mais, à force, ils avaient accumulé suffisamment d’expérience pour bâtir, à eux tout seuls, leur propre maison. Pour faire ça, ils avaient pris une grosse année sabbatique, et avaient ensuite progressivement, tous les week-ends, en famille.

Des souvenirs joyeux à partager, mais Jessica devait bien reconnaître que, même si elle et Brit’ charriaient souvent Steve, la maison était tout de même pas mal, et l’endroit… Plutôt sympa. Paumé, certes, mais plutôt pas mal. C’était le principe d’un spring break, après tout, et le trio était loin de l’agitation et de la pollution inhérente à Gotham City, où ils y faisaient leurs études universitaires. L’université de Gotham ne faisait pas partie de l’Ivy League, mais, quand on avait comme mère une ancienne réfugiée sudaméricaine qui travaillait comme caissière dans un supermarché, il ne fallait pas s’attendre à des fortunes. Jessica aurait pu décrocher une bourse aux mérites pour aller dans une grande université, mais, pour décrocher ces précieuses aides, il fallait être au moins aussi intelligent que Red Richards, ce qui était loin d’être son cas.

Les Trois Mousquetaires, ainsi qu’ils s’appelaient, filèrent dans le chalet, déposant leurs affaires. L’endroit sentait un peu le renfermé, ce qui amena Steve à ouvrir toutes les fenêtres. Divers tableaux de la région étaient là, ainsi que la tête d’un sanglier empaillée au-dessus de la cheminée.

« Ah ! Voilà la fameuse bête… commenta Jess’.
 -  Un vrai monstre, hein ? »

Steve était originaire de cette région, et, outre les week-ends sur la menuiserie et la charpente, son père était aussi un chasseur. Ensemble, ils avaient traqué cet énorme sanglier, et son père avait réussi à l’abattre. Une bataille mémorable, qui résonnait dans l’esprit de Steve comme un duel épique entre l’Homme et la Bête. Son père et lui avaient vaincu le sanglier, et son père l’avait ensuite amené à un ami boucher de Bloomberry, le plus proche village local, afin de le vendre, et d’avoir une tête empaillée qui décorait maintenant le salon.

Jessica ne tarda pas à se rendre vers son endroit préféré : la bibliothèque. Brittany savait combien la jeune femme aimait lire. C’était même une vraie passion pour Jess’. Quand elle était plus petite, elle passait ses Samedis à la bibliothèque municipale, et lisait compulsivement les Dimanches. Il avait fallu qu’elle rencontre Brittany à sa deuxième année à l’école pour sortir, faire de la corde à sauter, se prélasser sur l’herbe… Elles s’étaient même rencontrées à travers la lecture, car Jessica était très en avance sur son âge, et le professeur l’avait rapproché de Brittany, afin qu’elle aide cette dernière à faire des liaisons. Entre les deux filles, le contact avait été immédiat. Jessica avait toujours été un brin introverti, une fille plutôt timide et discrète, incapable de se mettre en valeur, à l’inverse de Brittany. Avec sa magnifique chevelure blonde, Brittany avait, avec les années, tiré un très bon numéro dans la grande loterie de la vie. Ses formes s’étaient très bien développées, et elle avait une magnifique poitrine, là où Jessica, elle, sans avoir tiré le gros lot, avait quand même des soins moins volumineux. Pour autant, il aurait été injuste de la dire laide. Elle avait une peau bronzée, héritage familial, de longs cheveux noirs, des yeux marrons, une silhouette plutôt bien réussie, avec des hanches agréables, et de belles jambes fuselées.

En réalité, les deux femmes étaient plutôt belles, même si Jessica avait tendance à trouver Brittany plus belle qu’elle… Sans doute parce que, contrairement à Brit’, Jess’ ne se maquillait pas trop. Dès lors, sa beauté ne ressortait pas trop, ce qui lui allait plutôt bien, puisque, contrairement à son amie, la jeune femme n’avait jamais aimé se faire remarquer.

Assez rapidement, Jessica se dirigea vers la bibliothèque, afin d’y sortir ses livres. Ses amis la connaissaient suffisamment pour savoir qu’elle ne sortait jamais sans ses « munitions ». Ouvrant son sac à dos, elle en sortit ainsi le Linwood Barclay qu’elle avait commencé à lire dans le trajet, avant de le ranger en atteignant Bloomberry.

« Sérieusement, avait alors dit Steve, vous croyez vraiment qu’une ville peut s’appeler comme ça ? »

Ce bref souvenir la fit légèrement sourire. Bloomberry… Sacré nom pour une ville, en effet ! Puis, et tandis que Brittany, en fond, commençait à vérifier si la chaîne HiFi fonctionnait, et que Steve se retrouvait à porter les bagages, le regard de Jessica se retrouva happé par les livres étalés autour d’elle. Il y en avait pas mal. La mère de Steve était une grande lectrice, mais la bibliothèque ne comprenait pas que des livres, et la jeune femme fronça légèrement les sourcils en voyant, sur une étagère, plusieurs classeurs. Intriguée, elle en attrapa un, et le posa sur la petite table au centre. Une vieille odeur de moisi agressa ses narines quand elle ouvrit ce dernier, tombant sur plusieurs journaux, dont le papier était devenu jaunâtre. Elle sentit même un peu de poussière jaillir du classeur.

*C’est le journal local…*

En soi, que Bloomberry ait suffisamment d’argent pour entretenir un budget local était un exploit, et Jessica comprit que les parents de Steve avaient accumulé toutes les éditions du journal local. On y parlait de l’organisation de la fête du sanglier, les parcours de chasse, les soirées spéciales dancing au dinner local… Tout ça s’étalait sous ses yeux… Et elle s’arrêta soudain en voyant un article du Washington Post, qui n’avait visiblement rien à faire là.

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EFFONDREMENT À BLOOMBERRY MINE – UN SURVIVANT RETROUVÉ

C’est une fantastique nouvelle pour ses proches et pour toute la petite commune de Bloomberry, dans l’État du Maine, autant fantastique que surprenante. Il y a de cela plusieurs semaines, l’une des poutres de soutènement de la mine de charbon de Bloomberry s’était effondré, provoquant un enlisement de la mine, et piégeant derrière des tonnes de débris plusieurs mineurs, sans aucun moyen de communiquer. Depuis cet évènement sinistre, les secours ont multiplié les opérations pour tenter d’extraire les gravats, tâche rendue difficile par la structure de la mine. « C’est une très vieille mine, nous avait expliqué Monsieur Stillwell, chef des pompiers de Castle Rock. Elle est aussi vieille que le village, et nous ne pouvons pas utiliser d’explosifs, sous peine de faire s’effondrer tout le reste de la mine ». Ainsi, pendant plusieurs semaines, les pompiers se sont relayés, utilisant des pioches et du matériel d’extraction, tout en consolidant certains aspects de la mine avec des poutres. Leur effort a finalement payé, car ils ont trouvé, derrière les débris, un survivant, qui a été immédiatement transporté à l’hôpital général de Castle Rock. « Son état est très critique, nous a indiqué le Docteur Jatson. Son état est stationnaire, mais il a besoin de soins ».

Cette découverte miraculeuse a évidemment ravi les habitants de Bloomberry, même si elle est entachée par le fait que les autres mineurs n’ont pas été retrouvés…

« Jess’ ? ‘Me dis pas que tu t’es encore réfugiée dans tes vieux livres ! »

L’appel de Brittany surprit Jessica, qui délaissa sa lecture de l’accident de Bloomberry Mine, et hocha la tête.

« Non, non, j’arrive ! »

Un peu intrigue par cette histoire, Jessica l’oublia cependant relativement vite… Pour l’heure.



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Entretien téléphonique #1

« Écoutez, Jessica, je suis… Je suis déçu, tout simplement. Je veux dire, nous faisions des progrès, vous commenciez à venir régulièrement à mes sens, et à envisager de prendre le bus. Pourquoi un tel revirement ?
 -  Parce qu’Il est là, Docteur… Je le sais.
 -  Ce n’est pas parce que la police n’a pas retrouvé son cadavre que…
 -  Non, pas lui !
 -  Ah… Je vois… L’Autre, donc…
 -  Je sais que vous ne me croyez pas, Docteur, vous me prenez pour une idiote ? Mais Il existe, et c’est vrai, et je l’ai vu…
 -  Vous croire, ou ne pas vous croire, ne fait nullement partie de mes intentions. Nous vivons à Gotham City, Jessica, cette ville est remplie de psychopathes en puissance et d’autant de clients potentiels. J’ai depuis longtemps admis que la réalité, aussi incroyable soit-elle, pouvait parfois se montrer bien supérieure à n’importe quel délire imaginé par des fantaisistes… Et n’y voyez nulle référence à votre situation. Je vous dis simplement ça parce que, peu importe que ce Volthoom existe vraiment ou non, dès lors que, pour vous, il existe réellement.
 -  Il n’est pas une invention de mon esprit, Docteur ! Je vous dis qu’il existe, j’ai tué son hôte, alors Il me traque, pour prendre le contrôle de mon esprit, et pour…
 -  Jessica, Jessica… Essayons de raisonner de façon rationnelle, vous voulez bien ? Vous savez, je n’accepte quasiment jamais des entretiens purement téléphoniques, parce que j’estime que, pour qu’une thérapie fonctionne, il faut être l’un en face de l’autre. Derrière un téléphone, il y a une distance que je n’aime pas, quelque chose qui bloque le processus thérapeutique. Dans votre cas, sachez que j’aurais pu arrêter de vous considérer comme une patiente dès lors que vous n’assistez plus à mes rendez-vous. Si je continue à vous suivre, c’est bien parce que j’estime que vous n’affabulez pas, et que je suis convaincu de pouvoir vous être utile…
 -  Oui, oui, je sais… Mais Il existe, et Il m’a retrouvé, Il va prendre possession du corps de mon voisin, et…
 -  Cela fait plus de six mois, maintenant ! Vous ne croyez pas qu’il aurait eu le temps de vous retrouver, depuis ?
 -  Non, il fallait lui laisser le temps de se reconstruire. Je l’ai fait souffrir, et… Je me suis renseignée sur Internet. Les  cas de possession sont… Enfin, je sais qu’Il rôde, là, quelque part, et qu’Il est train de prendre son emprise sur moi. Il… Il se nourrit de la peur, vous comprenez ? Ma peur…
 -  Raison de plus pour laquelle vous devez lutter contre votre agoraphobie, non ? Écoutez-moi, Jessica, je… Je ne vais pas vous demander de reprendre les séances, mais peut-être que vous pourriez entreprendre de refaire quelques courts déplacements dans les prochains jours, non ? Vous restez enfermée dans votre appartement, et ce n’est pas bon pour vous, car vous vous mettez à imaginer quantité de choses. Vous devez sortir, et vous convaincre que le monde n’est pas un endroit si dangereux. Déposer vos poubelles directement dans la benne, par exemple, plutôt que les laisser sur le palier de votre porte, ou acheter le pain… La boulangerie est proche, non ?
 -  O-Oui, elle… Elle est pas très loin…
 -  Alors, voilà ce que je vous propose… D’ici à notre prochaine séance, je veux que vous soyez capable de vous rendre au moins jusqu’à la boulangerie, et de conserver le ticket de caisse, comme preuve que vous avez réussi à sortir de chez vous, à vous mélanger, aussi brièvement que ce soit, au monde extérieur, et à en revenir en un seul morceau. Vous pensez pouvoir faire ça ?»



2.
Le massacre de Bloomberry Mine

Six mois auparavant…

Les doigts remuèrent dans le bol, craquèrent les fines rondelles légèrement salées, s’imbibèrent de traces de poussières, avant que la main ne remonte, piochant l’heureux élu. Le morceau de chips finit sa course dans la bouche de Brittany, tandis qu’elle glissait machinalement ses doigts sur le rebord de la table en bois, comme pour se les essuyer.

« Tu as trouvé les vieux journaux de mon père, alors ? »

Torse nu, Steve venait de poser une question purement rhétorique, mais Jessica, haussant les épaules, dans un maillot de bain rose deux pièces, les cheveux encore trempés des suites de sa baignade dans le lac.

« Je suis intriguée, voilà tout…
 -  Oh, ça, tu peux l’être, ouais, c’est une sacrée histoire… Tous les habitants du coin la connaissent, mais… J’sais pas, vous êtes un peu jeunes, sans vouloir vous vexer…
 -  ’Te fous pas de nous, Steve, on est des Gothamites, je te rappelle ! Tu crois vraiment que ton conte peut être plus effrayant que les massacres du Joker ? »

Brittany marquait un point. L’histoire locale de Bloomberry, elle s’en fichait, mais, et pour être honnête, des trois, elle était clairement celle qui prenait le moins son pied. Elle, elle aurait voulu aller à Miami Beach, se coucher sur les serviettes, et se faire draguer par des surfeurs endimanchés, et tirer un coup le soir. Avoir du fun, au lieu de s’ennuyer dans un trou paumé du Maine, un endroit impossible à situer sur une carte tant il était éloigné du monde civilisé. Steve avait beau être fier de la borne WiFi installée dans la maison, le réseau restait pour autant assez chaotique

Jessica, quant à elle, se devait bien d’admettre que l’histoire de Bloomberry Mine l’intriguait Peut-être était-ce une conséquence de tous ces thrillers et de tous ces polars qu’elle lisait ? Elle avait découvert que le père de Steve avait réuni plusieurs articles supplémentaires sur cette histoire, et qu’elle avait tellement ébranlé la petite ville de Bloomberry qu’on lui avait consacré un hors-série spécial, que le père de Steve, hélas, n’avait pas en stock. Fort heureusement, Steve connaissait cette histoire, et, tout en buvant un peu de sa bière, commença à en parler :

« Cette région est une région très isolée, et pas très riche, économiquement parlant. Les quelques villages qui se trouvent ici ont beau mettre en avant leurs vallées et leurs lacs, les touristes n’affluent pas des masses, et l’époque où les trappeurs vivaient ici en traquant des castors pour en vendre les peaux est révolue depuis longtemps. Alors, les ancêtres ont fait des trous dans les montagnes, et ont trouvé des ressources exploitables. C’est comme ça que Bloomberry Mine a été fondée.
 -  Palpitant, nota une sarcastique Brittany.
 -  On a jamais compris ce qui s’était passé ce soir-là, poursuivit Steve, décidant de ne pas tenir compte de la Remarque acerbe et critique de Brittany. Tu as dû le lire dans les journaux de mon père, c’est arrivé un Vendredi, en fin de journée. Le temps n’était pas particulièrement mauvais, même s’il y avait pas mal de vent. Papa était concerné par cette histoire, car deux des mineurs travaillaient souvent avec lui, ou faisaient de la chasse ensemble. »

Jessica savait que le père de Steve était originaire de la région, ce qui expliquait aussi pourquoi sa famille avait décidé de bâtir ce chalet dans les montagnes. C’était comme un moyen de retourner aux sources, loin des agitations de la ville. Il fallait bien admettre que la région était magnifique. Steve, pour convaincre les filles, leur avait parlé de ce vaste lac à proximité, Cauldron Lake, et de cette clinique privée pour les artistes en voie de perdition, Cauldron Lake Lodge. Le fondateur de cette clinique affirmait que le paysage magnifique relançait l’inspiration de n’importe quel artiste. La jeune étudiante pouvait confirmer cette analyse, elle qui avait vu un coucher de soleil dans le coin. On avait l’impression que les montagnes flamboyaient, et, en cette occasion, on avait vraiment l’impression de voir un paysage de carte postal se dessiner sous vos yeux. Mais, et même malgré ça, Jessica n’était pas encore prête à s’enterrer dans un tel coin paumé, et ce même si elle savait que Gotham City était une ville très dangereuse.

Steve reprit donc, en se concentrant désormais sur l’accident en question :

« Pour commencer, on a jamais su si c’était un accident ou… Ou autre chose. Je veux dire, y a eu une expertise, une enquête, mais personne a su dire comment l’une des poutres de soutènement a pu finir par lâcher, alors qu’il y avait aucun rapport de mineurs signalant une faiblesse au niveau de cette poutre. Les familles des victimes avaient assigné la compagnie pour négligence, et le juge a condamné l’assurance à les indemniser, mais le dossier des demandeurs ne tenait pas debout. Le juge n’avait pas d’autres choix que de condamner l’employeur. La mine était devenue inutilisable, et toutes ses familles se retrouvaient sans le sou. Imaginez un peu le scandale si on avait refusé de les indemniser… On aurait accusé la justice de collusion, même si la négligence n’a jamais pu être prouvée.
 -  Alors quoi ? Quelqu’un aurait délibérément scié ce poteau ? »

Le conteur se tut pendant quelques secondes, pinçant légèrement ses lèvres.

« En examinant la poutre, on aurait pu en être sûr, mais elle était brisée en mille morceaux… Mais c’est pas ça le plus important. Le plus important, c’est ce qu’ils ont trouvé derrière…
 -  Quoi, le mineur qui a survécu ? Il avait des informations là-dessus ? »

Bien malgré elle, Brittany souriait légèrement, reconnaissant bien là sa petite Jess’, les yeux légèrement agrandis, alors qu’on lui racontait une histoire. Oui, indéniablement, la jeune Jessica avait toujours aimé les histoires, et son imagination s’emballait déjà, imaginant un sinistre complot mené par la compagnie pour faire fermer une mine qui n’était plus assez rentable.

« Floyd Thompkins était le seul survivant… Un mineur assez discret, le fils de Monsieur Thompkins, le gros propriétaire terrien de la région. Tout le monde dit que les autres sont morts de faim, mais…
 -  Mais quoi ? »

Steve soupira encore, et ferma les yeux.

« Comme je vous l’ai dit, Floyd a un père influent, qui a embauché toute une batterie d’avocats pour protéger son fils. Les détails de l’enquête n’ont jamais été révélés, mais il était impossible que Floyd survive tout ce temps dans les mines sans manger… Il pouvait s’hydrater un peu avec les gourdes des mineurs, mais, pour ce qui est de la nourriture…
 -  Pas de rats ? proposa Jessica, arrachant une grimace à Brit’.
 -  Pas dans ce coin de la mine.
 -  Alors, comment est-ce qu’il a fait pour… ? »

Brittany ne termina pas sa question, car la réponse lui vint en la posant, ce qu’on put voir pendant que ses yeux s’écarquillaient. Steve en resta silencieux en retour, laissant aux jeunes femmes le temps de prendre la mesure de ce qui avait bien pu se passer. Jessica, elle, ne le concevait que trop bien. Elle avait entendu parler de ces histoires d’avions s’écrasant dans les montagnes de l’Himalaya, de ces rescapés qui étaient obligés de s’entretuer pour survivre, et elle se rappelait aussi cette nouvelle de Stephen King, sur un individu échoué sur une île, qui, à cause de la faim, perdait petit à petit la raison. Il commençait par attaquer une mouette dont le ventre contenait tout un tas de saloperies, mais, avec le temps, et sous l’appel de la faim, voyait peu à peu la raison céder, jusqu’à envisager de se manger lui-même, de se couper une main pour la manger. Sous les besoins les plus élémentaires, que sont la soif et le besoin de manger, des millénaires de civilisation et d’éducation vacillent sur place. Il n’était pas bien difficile d’imaginer ce que quelques mineurs isolés, coupés du monde, et plongés dans le noir, avaient fini par ressentir au fil des jours.

En fait, Jessica se surprenait à en frissonner sur place, mais Steve, en tant que brave homme, n’allait pas passer sur l’occasion de donner quelques sensations à ses amies, surtout maintenant qu’il voyait que son histoire avait attiré l’attention de Brittany.

« Ils se sont massacrés entre eux. Tu n’imagines pas ce que les avocats de Thompkins ont fait pour que personne n’en sache rien. Floyd était le seul survivant de ce massacre, et était poursuivi pour homicide volontaire… Du moins, au début. Mais les avocats de son père ont insisté sur le fait que sa situation était sans réelle précédent, et qu’il n’était pas responsable de ses actes, plusieurs expertises psychiatriques allant en ce sens. »

Vu le ton de Steve, on pouvait se douter que ces expertises n’avaient pas forcément été les plus objectives possibles. Leslie Thompkins, son père, avait dû se démener pour sauver son fils. Les médias l’avaient interviewé, lui qui décrivait son fils comme « psychologiquement très fragile », mais, très curieusement, l’attention des médias ne s’était pas tant portée sur Floyd que sur la compagnie. De même, les familles des victimes avaient davantage chargé la compagnie que Floyd Thompkins.

« Et qu’est-ce que Floyd a dit ?
 -  Pas grand-chose… Quand les pompiers sont venus, il était immobile, figé, près des cadavres de ses amis. Un état qu’il n’a jamais quitté depuis. Il est catatonique, expliqua-t-il. Son père a assuré sa défense, et personne, à Bloomberry, n’aurait été se battre contre Leslie Thompkins. Et puis, la compagnie était plus solvable, et, aux yeux des médias, faisait un coupable bien plus efficace pour leurs gros titres qu’un mineur catatonique. »

Floyd Thompkins avait été mis hors de cause par les avocats de son père, qui avaient évité un procès devant les assises en obtenant la requalification de l’infraction en homicide involontaire, et avait bénéficié, suite à cela, d’une exonération pour démence. Depuis lors, il était toujours hospitalisé à l’hôpital psychiatrique de Castle Rock.

Jessica comprenait surtout que cette histoire n’avait jamais été vraiment résolue. Que s’était-il passé dans la mine ? Les enquêtes de police avaient révélé de multiples lacérations, des griffures, des coups de hache sur les mineurs, mais aussi sur Floyd, signe qu’ils s’étaient tous entretués. Cependant, ils n’étaient restés dans la mine que quelques jours, à peine. Était-ce suffisant pour que tous ces hommes, des habitués de la mine, des vétérans, des pères de famille même, perdent à ce point la raison ?

« Pour répondre à une question que tu dois te poser, Jess’, non, la mine n’a pas été construite sur un ancien cimetière indien. »

Un léger sourire amusé traversa les lèvres de Jess’. La passion de la jeune femme pour les mystères n’échappait à personne, et sûrement pas à Brittany ou à Steve. Quand elle était encore une collégienne, et même plus tard, au lycée, elle adorait regarder toutes les émissions de télévision sur les grands mystères jamais résolus. Elle s’était passionnée pour l’histoire de Jack l’Éventreur, l’insaisissable tueur de prostituées londonien, ainsi que sur les autres grands mystères de l’Histoire, consultant de multiples livres. Le monstre du Loch Ness, les statues de l’Île de Pâques, les menhirs de Carnac… Son rêve d’enfant avait toujours été d’être une exploratrice, et de résoudre de grands mystères. Difficile de trouver un terme pour désigner cette profession, mais elle se voyait bien en tant que détective privé et archéologue, spécialisée dans la résolution de ces mystères, financée par de riches clients privés. Elle s’était d’ailleurs dit que sa première cible serait la mystérieuse colonie perdue de Roanoke, où une colonie entière avait disparu, sans qu’on ne retrouve jamais leurs traces, avec, pour seule indice, un mot gravé sur un poteau : « Croatoan ». De fait, c’était en écoutant un reportage à la télévision sur les recherches archéologiques en cours à Roanoke, alors qu’elle était petite, qu’était née en Jessica l’envie d’explorer, de résoudre les mystères.

Le massacre de Bloomberry Mine n’était pas un mystère aussi retentissant que la deuxième colonie de Roanoke, mais, pour un début, ce n’était pas si mal.

« On devrait s’y rendre, décréta-t-elle alors.
 -  Hein ? Où ça ?
 -  Ben, dans la mine…
 -  Dans un endroit aussi glauque ? T’es pas bien, c’est sûrement dangereux ! »

Jessica haussa les épaules.

« Je suis sûre que tous les jeunes du coin s’y rendent… Pas vrai, Steve ? » lui demanda-t-elle, avec un petit sourire sur le coin des lèvres.

Gêné, l’homme se massa l’arrière du crâne.

« Hmmm… C’est possible… Et je dis bien possible… Que certains garnements du coin fassent ça pour impressionner les filles… »

Comprenant ce qui se passait, Brittany secoua alors catégoriquement la tête :

« Non, non, impossible ! Vous, allez vous perdre dans cet endroit crasseux si ça vous chante, mais jamais vous ne me forcerez à y aller ! »

Et, dès le lendemain, les trois partirent naturellement vers Bloomberry Mine…



B.
Sortir les poubelles

*Allez, Jess’, tu peux le faire !*

C’était un exercice facile. Tellement facile que, chaque jour, des centaines de milliers de gens le faisaient instinctivement, en rentrant chez eux du boulot, déposant un bref baiser à leur femme, avant d’emporter les sacs noirs, puis de ressortir, et de les jeter dans la grande poubelle. Et Jessica l’avait, elle aussi, déjà fait, depuis qu’elle avait quitté la maison de sa mère pour venir dans cet appartement. Elle connaissait le chemin par cœur. Ouvrir la porte, filer sur la gauche, descendre les marches de l’escalier, de trois étages, pour rejoindre le rez-de-chaussée. Là, il suffisait ensuite d’éviter les boîtes aux lettres en allant sur la droite, où il y avait une porte avec un petit couloir menant à l’arrière-cour, remplie de poubelles, que les éboueurs venaient chercher deux fois par semaine.

Rien de bien compliqué, donc, un trajet qui ne risquait sûrement pas de tomber sur un braquage mené par Double-Face, ou de se faire capturée par Le Joker pour servir d’appât dans l’un de ces jeux sinistres contre Batman. Vivre à Gotham vous habituait à vivre au quotidien avec la peur, à faire d’elle un élément naturel de votre existence. C’est ce que Jessica se disait à tous ceux lui demandant pourquoi elle avait choisi de rester à Gotham, plutôt que d’aller dans des villes plus sûres. Derrière les arguments de façade (tout était moins cher à Gotham qu’ailleurs, afin d’attirer les Gothamites), il y avait surtout le fait que, quand on vivait à Gotham, on pouvait, potentiellement, vivre dans n’importe quelle autre ville des États-Unis. Jessica s’était ainsi toujours crue au-dessus de tout, au-dessus de la peur, jusqu’à ce qu’elle Le rencontre.

*Arrête de te dégonfler, merde ! Tu comptes rester cloîtrée chez toi tout le restant de sa vie ? Volthoom ne t’a pas retrouvé !*

Une voix la sermonnait dans sa tête, une voix qui ressemblait à celle de sa mère. Elle avait passé toute sa vie à Gotham City, et en connaissait donc un rayon sur la peur, et sur la manière qu’il y avait de réussir à la gérer. Soupirant à nouveau, Jessica finit par abaisser la poignée de la porte, et entendit cette dernière coulisser lentement, avec un léger grincement. Le passage se dévoila peu à peu, et, automatiquement, une lumière s’alluma, éclairant un mur blafard et gris, avec quelques lézardes ici et là. Elle savait que les propriétaires voulaient amener le syndic à réparer les parties communes, mais le syndic, comme tant d’autres structures de Gotham, était suffisamment corrompu pour refuser de dépenser ses deniers.

Fermant les yeux, Jessica tenait dans sa main une poubelle, et parvint à faire un pas devant elle, atteignant le tapis à l’entrée, bradé du mot « WELCOME ». Elle soupira encore, regarda à droite, à gauche, puis à droite, et encore à gauche de nouveau, pour finir encore sur la droite, son regard se figeant sur la porte 312. Celle de son voisin... Ce type qui la regardait bizarrement. Est-ce qu’il était là ? Derrière sa porte ? Elle l’imaginait, là, à attendre le moment où Jessica sortirait, pour se figer derrière l’œillère, et la regarder... Car Il avait toujours pris son temps, pour autant qu’on daigne s’en rappeler. Il fonctionnait ainsi. Avant toute autre chose, Il était un pervers, un sadique, et tout son être ordonnait à Jessica de retourner s’emmurer à l’intérieur, d’abandonner cette folie.

*Tu n’en reviendras pas, Jessica, tu n’en reviendras pas !!*

Combien de temps se figea-t-elle sur place, un pied posé sur son tapis, l’autre dans son appartement ? Le temps semblait lui donner l’impression de défiler au ralenti, et, toujours, l’infâme porte 312 se refusait à s’ouvrir. Elle restait obstinément fermée, et personne ne passait. La lumière s’éteignit alors, plongeant le couloir dans l’obscurité. Sa main tâtonna sur la gauche, trouva un interrupteur, appuya dessus...

*DRRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIINNNGGGG !!!*

Le son de sa propre sonnette manqua la faire défaillir, et elle tomba à genoux, puis sa porte se referma alors, dans un claquement sévère.

*VLAAAM !!*

Jessica tenta alors de se relever, sa main tâtonna contre le mur, mais le sol sembla se mettre à glisser, ses jambes se dérobèrent sous son poids, et elle rampa vers la porte, prenant vaguement conscience qu’elle était en train de pleurer. Elle atteignit son tapis, et le balança de l’autre côté, cherchant frénétiquement le talisman qui se trouvait dessous.

« Jessica, Jessica...
 -  Non, non, non, non, non...
 -  Jessica, Jeeeeeessicaaaaaaa... »

Où était-il ? Mais où était-il donc, ce putain de talisman ?! Elle tapait sur le sol, en vain, tout en voyant des flammes vertes remonter le long des murs. Inutile de tourner la tête pour savoir d’où venait les bruits, ni les flammes et les lignes qui filaient le long du couloir. La porte 312, évidemment. Des flammes brûlaient tout autour de la porte, et cette dernière s’ouvrit en grand, comme une bouche menant en Enfer. Jessica pleurait à chaudes larmes, en entendant le monstre approcher.

« Tu croyais pouvoir t’enfuir, Jessica ? Mais j’ai posé mon empreinte sur toi, ma chérie, et il est temps de consommer notre union. Jessica... »

Les flammes, encore et encore, dansaient devant ses yeux, et elle entendit, le long du sol, le raclement de la hache, qui filait le long du sol, se rapprochant, tandis que ses narines percevaient l’odeur des cendres, de la chair calcinée, et que le sang ruisselait sur son corps, formant des croûtes séchées. La créature s’approchait, souriant dans son dos, comme le Chat du Cheshire, sourire hideux et difforme, comme une manière de symboliser la folie dans un monde fou. La hache filait sur le sol, décrivit un mouvement dans l’air, se relevant près d’elle...

...Et sa main saisit alors le bout du talisman, et elle se retourna, le brandissant en hurlant :

« VA-T-EN !! »

Tout autour d’elle, les flammes hurlaient furieusement.



3.
Bloomberry Mine

Six mois auparavant…

Il régnait à Bloomberry Mine une atmosphère d’abandon, sinistre et silencieuse, comme si on rentrait dans un mausolée. La mine ne s’était jamais remise de l’incident. Sur ce point, Steve était incollable, et, pendant le trajet, il leur avait longuement expliqué ce qui s’était passé. Brittany avait écouté d’une oreille très distraite, tandis que Jessica, elle, oscillait entre le paysage spectaculaire et les explications de Steve. On avait tenté de réhabiliter Bloomberry mais, après le procès, la compagnie avait tout simplement abandonné la mine.

« Ils l’ont revendu à Leslie Thompkins. Au début, on pensait qu’il voulait en faire un musée à la gloire des mineurs... »

C’est ce qui avait été fait avec la plus proche mine, Cole Mine, qui se trouvait du côté de Bright Falls, de l’autre côté du lac. Bloomberry Mine avait été la dernière mine en activité du secteur. En chemin, Jessica observait le Maine. C’était vraiment un endroit particulier, qui devait probablement rappeler, dans l’imaginaire collectif, les régions de la Frontière, en ces temps immémoriaux où les premiers colons avaient exploré toute cette immense région. Forêts d’arbres et montagnes se découpaient le long de chemins en sentier, de routes qui serpentaient le long du paysage. Un changement notable par rapport à toutes ces villes où les colons avaient fait des routes droites, creusant le long des monts, formant, comme à San Fransisco, des routes particulièrement longues, des pentes redoutables à grimper. Ici, l’Homme n’avait pas pu imposer sa vision sur le terrain, et avait dû suivre les boursouflures et les disparités de la région. Un paysage sinistre, digne d’un film d’horreur, avec ces forêts millénaires et profondes.

Quand le SUV s’arrêta à l’entrée de la mine, Steve leur avait expliqué que Leslie avait laissé la mine telle quelle, car il n’avait jamais trouvé d’investisseur pour en faire autre chose. Qui irait investir dans ce trou paumé ?

« Et voilà... Bloomberry Mine ! »

Les trois comparses délaissèrent la voiture. Il y avait, à l’entrée, une carte sur un panneau, et Jessica s’en approcha, pour voir rapidement un signe tracé à la main sur cette dernière. Une croix rouge avait été tracée dans une zone, avec un texte tracé au feutre, très évocateur : « LIEU DU CARNAGE ».

« Hmmm... Charmant.
 -  Oui, euh... Les garçons du coin sont souvent très imaginatifs, alors, ne vous en faites pas si vous voyez des tags, ici et là. C’est une histoire qui a fait grand bruit ici... Enfin, j’ai pris des lampe-torches. Une pour toi, Brit’, et une pour toi, Jess’. Maintenant... Suivez le guide ! »

Le groupe se rapprocha du bâtiment central, tandis que Steve leur expliquait que Bloomberry Mine avait été fondé sur le même modèle que Bright Falls Coal Mine. De fait, la mine de Bright Falls se trouvait de l’autre côté de la montagne, et, jadis, les deux mines avaient envisagé de creuser dans la mine pour faire des galeries qui permettraient de rejoindre les deux mines. En voyant plusieurs lignes de chemin de fer, Jessica comprit que, derrière tout ça, il y avait l’idée de créer un tunnel permettant de rejoindre Bright Falls et Bloomberry sans avoir à contourner la montagne.

Steve avançait d’un pas certain, suivant la ligne de chemin de fer, rejoignant ainsi plusieurs entrepôts abandonnés, qu’il contourna pour rejoindre un escalier en bois qui craquait sous ses pas. Jessica, elle, s’immergeait de l’atmosphère sinistre et désolée de la mine. C’était vraiment un endroit de film d’horreur, coupé et isolé du monde, et, en tant que pure Gothamite, elle imaginait déjà un serial killer s’y abriter, s’y réfugier, afin de découper en rondelle les touristes en bikini qu’il capturait au volant de sa camionnette.

« T’es sûre qu’il y a pas un psychopathe là-dedans ? »

Jessica sourit silencieusement. C’était l’une des raisons qui faisaient qu’elle adorait Brittany, car cette femme lui donnait souvent l’impression de lire dans ses pensées. Comme si elles étaient interconnectées ensemble. C’est à ça qu’on reconnaissait de grandes amies, après tout. Jessica la connaissait depuis des années, et Brittany avait toujours eu ce don inné de comprendre ce que Jessica pensait, à tel point qu’on pouvait se demander si elle n’était pas une télépathe.

« Oh, bien sûr... On l’appelle ‘‘Le Tueur des Mines’’. Je ne voulais pas vous en parler pour ne pas vous effrayer, mais... C’est un type qui sévit dans toute la région...
 -  ...Un VRP qui profite de son boulot pour capturer des adolescentes dans les petits villages près des mines...
 -  ...Au volant d’une camionnette abritant officiellement ses produits de vente, genre des télévisions emballées dans des cartons, avec tout un matériel vidéo, comme des caméras haute définition, des trépieds, et qui capture les filles pour les enfermer dans les mines...
 -  ...Et les torture toute la nuit... »

Steve s’était arrêté de marcher, les regardant silencieusement.

« Euh... Vous êtes un peu flippantes, là, les filles, vous savez ? »

Elles sourirent entre elles, avant de glousser. Steve savait que c’était une spécialité des filles, comme un effet secondaire du fait de vivre continuellement à Gotham City. C’était un truc qu’elles adoraient faire, se raconter des histoires d’horreur, en les complétant au fur et à mesure. Elles racontaient souvent des histoires de psychopathes, ou de tueurs en série, ce qui, dans une ville aussi dangereuse que Gotham, n’était pas forcément très compliquée. Steve finit par hausser les épaules, tandis que Jess’ et Brit’ restaient ensemble, côte à côte, visiblement très amusées et très fières de leur « Tueur des Mines », presque aussi crédibles que « Woopie-Woopie le Clown ».

Bloomberry Mine ressemblait à un vrai tombeau, avec une longue galerie. Ils avançaient le long d’un rail, voyant, ici et là, des trous, des artères secondaires. Il ne restait plus que les ampoules. Tout le reste avait disparu avec les années, ou récupéré par la compagnie. Steve aurait pu leur en parler pendant longtemps. Le grisou avait été redoutable ici, et la théorie officielle, pour expliquer l’effondrement de la mine à un endroit, était d’ailleurs lié à ce gaz, le mélange air/grisou étant connu pour être très explosif. Un coup de grisou meurtrier, mais, sans trop pouvoir se l’expliquer, Jessica avait cru remarquer que, quand Steve parlait de la version officielle, il était plus que mitigé.

Le trio finit par rejoindre une partie de la mine où le rail s’arrêtait.

« C’est ici... »

Leur guide arborait tout naturellement un ton de circonstance, désignant, avec sa lampe, plusieurs poutres qui avaient l’air plus récentes, et plus solides, que les autres.

« C’est là que la mine s’est effondrée...
 -  On approche, donc ?
 -  C’est pas trop tôt, je commence à suer... Je pensais pas qu’il ferait aussi chaud.
 -  L’air commence à manquer, et nous sommes sous la montagne. Et encore, nous ne sommes que trois. Imaginez l’enfer que ça devait être, quand ils étaient une trentaine à bosser là-dedans.
 -  Ouais, ben, je préfère pas imaginer... Dire que j’aurais pu être à la plage, et, au lieu de ça, je me retrouve à crapahuter dans une putain de mine glauque...
 -  Ouais... C’est génial, non ?! »

Pour seule réponse, Brittany fit une grimace, et Steve s’éclaircit la gorge.

« Allez, les filles ! Terminons la visite... La scène de crime est au fond de la galerie ! »

Il s’aventura alors, dépassant le site de l’accident, tandis que Jessica continuait à observer la poutre et le plafond. Un coup de grisou ? C’était possible... Steve avait de larges doutes, car Bloomberry Mine était doté de détecteurs, des télégrisoumètres enregistreurs qui permettaient, depuis la surface, par le biais de divers indices, de mesurer la hausse de grisou, et ainsi d’évacuer la mine en cas de problème, par un système d’alarme automatique. Or, le jour de l’incident, l’alarme n’avait pas retenti. C’était un élément que la compagnie avait largement utilisé pour contrer cette thèse, comme celle de l’effritement progressif des poutres par des termites. Les expertises réalisées sur les autres poutres et sur les quelques débris retrouvés n’avaient pas permis de noter une érosion progressive du fait des insectes.

La réalité était que l’enquête avait été bâclée, car il fallait un coupable, et il fallait que ce soit la compagnie minière. Jessica doutait d’avoir des réponses dans la mine, mais, en s’en approchant, elle ressentait un intense frisson d’excitation, qui remontait le long de son échine.



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Chroniques de la Lanterne Suk’Krar

La lampe de sa lanterne éclairait les ruines de la vaste citadelle religieuse. Il n’y avait plus âme qui vive depuis longtemps, et le bouclier entourait le corps de la créature, empêchant cette dernière de succomber à l’absence d’oxygène. Le biodôme permettant de maintenir la vie dans cette partie de la cité spatiale avait été crevé, et il s’avançait lentement, la lanterne illuminant les murs des temples et des statues, cherchant à comprendre ce qui s’était passé. Ce dont Suk’Krar était sûr, c’est qu’il n’y avait pas un seul survivant.

Quelque chose avait crevé le plafond de cette station spatiale qui, comme d’autres biodômes, flottait en orbite autour de cette planète. Une planète dont l’atmosphère avait été ravagée par une industrialisation massive, extrêmement polluante, contraignant les habitants à se réfugier dans les hauteurs, dans des biodômes alimentées par des usines entièrement automatisées. Ils avaient vécu ici, jusqu’à ce qu’un trou absorbe tout l’oxygène présent.

Utilisant son anneau pour se générer une bulle d’oxygène, la Lanterne avançait, volant vers la plus grande structure du dôme, une sorte d’immense temple, entourée de statues, dont certaines avaient été dynamitées. Des tags ornaient encore certaines de ces gigantesques statues, faisant plus de trente mètres de haut. « IMPOSTEUR ! » y lisait-on. « L’ANNEAU EST UN MENSONGE ! », voyait-il sur un autre tag.

*Une révolte... Ou une guerre civile, peut-être ? Rien d’étonnant, après tout...*

De la part d’individus ayant choisi de conserver l’Anneau de Volthoom, il fallait s’y attendre. Suk’Krar était bien placé pour savoir que cet anneau ne faisait que semer la discorde, le chaos, la confusion, et, en fin de compte, la division, la folie, la mort. Des civilisations entières s’étaient mises à le vénérer, allant des simples êtres sauvages vivant dans leurs cavernes à des individus vivant dans des stations spatiales sur orbite. À chaque fois, il avait vu la même chose, les mêmes morts, les mêmes scènes de massacre, les individus se divisant pour récupérer l’Anneau.

Suk’Krar savait qu’il se rapprochait. Le Green Lantern n’était pas un débutant. Il fallait un Lantern aguerri pour pister l’essence de Volthoom, et se battre contre les fanatiques et les zélotes dont l’âme avait été corrompue par lui… Mais aussi pour se protéger soi-même de l’influence de l’Anneau. C’était pour cette raison, en définitive, que les Gardiens avaient confié à l’Omushuun la responsabilité de cette opération. Suk’Krar descendait d’un peuple qui bénéficiait de résistances naturelles et fortes aux perturbations mentales. Les Omushuun, sous leur peau beige claire et leurs yeux noirs globuleux, disposaient d’antennes cérébrales, qui leur permettaient de communiquer entre eux, mais qui permettaient aussi de calmer et de tempérer leurs émotions. Sur Omusha, leur planète natale, il existait en effet des monstres qui les traquaient à travers leurs émotions, et c’était pour se prémunir de ça que, avec les éons, les Omushuun s’étaient dotés de ces antennes inhibitrices et protectrices. Elles étaient ainsi très efficaces, et, d’après les Gardiens, à même de le protéger contre Volthoom et son influence malsaine.

Les Green Lanterns étaient choisis en raison de leur volonté inébranlable. Ils étaient des parangons de vertu, et, pendant longtemps, on les avait crus incorruptibles. La trahison de Sinestro, l’un des meilleurs Lanterns, avait permis de réaliser que même un Green Lantern n’était pas à l’abri de lutter contre ses influences malsaines, et que nul n’était parfait. En conséquence, Suk’Krar se devait d’être vigilant, et, surtout, de retrouver l’Anneau le plus rapidement possible.

Suk’Krar s’envola le long de ce temple pyramidal, jusqu’à trouver une entrée, par une ancienne voie de tramway. Il s’y faufila, remontant jusqu’à la station, où il vit, encore et encore, d’autres inscriptions, ainsi que des barbelés, des objets renversés, des carcasses métalliques, des corps de miliciens flottant dans les airs… La guerre s’était concentrée ici, et Suk’Krar continua à s’envoler, remontant le long d’énormes couloirs jusqu’à rejoindre le cœur de la pyramide, un immense hall, gargantuesque, avec des statues colossales, et un trône au fond du hall, derrière une succession de plusieurs perrons.

*Il était là…*

Suk’Krar tendit son propre anneau, et se concentra. Un faisceau lumineux verdâtre en jaillit, éclairant le trône, et vit que ce dernier était trop petit pour abriter un souverain quelconque, mais plutôt une sorte d’écrin, avec, en son centre, une fine crevasse, une courbure cylindrique. Ses doigts vinrent caresser cet endroit, glissant délicatement dessus, et il serra le poing.

*L’Anneau était là… Il est tout proche…*

Suk’Krar se retourna, regardant autour de lui, et serra le poing, puis fit apparaître une fine traînée verte. Il s’envola, apercevant un trou dans le toit, depuis lequel l’Anneau s’était enfui, et comprit que c’était lui qui avait crevé le plafond de cette station orbitale. Quand il s’était assez nourri d’eux, il les avait tués. Ces pauvres âmes avaient dû se déchirer pour récupérer l’Anneau, source de tous les pouvoirs… Et de toutes les folies. Une nouvelle fois, des gens avaient succombé. Une nouvelle foi, les Green Lanterns n’avaient pas été à la hauteur. Le Lantern considérait en effet toute mort civile comme un échec, car il incombait aux Green Lanterns de protéger l’existence de ce genre de menaces.

Il partit donc, suivant à travers le Cosmos la signature de Volthoom, afin d’en venir à bout…



4.
Cette chose enterrée

Six mois auparavant…

Le fond de Bloomberry Mine était un endroit sinistre, comme si le drame qui s’était passé là en avait imprégné les murs et l’obscurité. La lampe-torche de Jessica éclairait la zone, et, mis à part l’imagination fertile des individus passés ici, il n’y avait rien qui signalât la présence de mineurs s’étant massacrés entre eux. Des capotes usagées traînaient partout, et, pour être totalement honnête, en réalité…

« Merde, ça pue ! »

Brittany la devança, faisant à nouveau sourire Jessica. Oui, effectivement, ça puait, et c’était peu dire… Une odeur rance, sauvage, agressait les narines de Jessica, un mélange de sueur, de renfermé, et de sexe. Il y avait des cannettes de soda abandonnées sur le sol, des bouteilles, et même plusieurs culottes usagées. Les habitants du coin avaient peuplé les lieux à leur manière, et Jess’ vit également, dans les coins, des braises, des bouts de bois calcinés, signes de soirées romantiques dans la mine autour d’un feu de camp, probablement à la recherche de sensations fortes pour la nuit, ou de filles suffisamment éméchées pour qu’elles puissent filer dans leurs bras.

« Ouais… Tu sais, Steve, si tu voulais qu’on s’envoie en l’air, Miami Beach aurait quand même été nettement mieux…
 -  On fait avec les moyens du bord. C’est presque comme un rituel, de venir ici, tu sais… Genre, pour exorciser de vieux démons, tu vois le genre ?
 -  ‘‘Exorciser de vieux démons’’… C’est ta manière poétique de présenter un baisodrôme ?
 -  Vous venez de Gotham… Vous, votre truc, c’est plutôt les vieux orphelinats abandonnés, les manoirs hantés, et les entrepôts lugubres…
 -  Tu oublies les usines condamnées avec les cuves de produits chimiques… »

Jessica souriait, et sa lampe-torche fila le long du mur, voyant divers tags et inscriptions, relativement évocatrices : « FLOYD EST UN MEURTRIER ! » ; « J’AI BAISÉ CYNTHIA ! » ; « LE NUM’ DE MAGALY, ELLE AIME QU’ON LES LUI FOURRE DANS LE CUL… » ; « PRIÈRE DE NE PAS JOUIR TROP FORT, LES FANTÔMES DORMENT ! »…

Elle secoua lentement la tête, retenant un faux sourire, puis marcha encore. Steve et Brittany continuaient à débattre, mais elle ne les écoutait pas. Jessica l’investigatrice était déjà revenue à la charge. Elle avait toujours été comme ça. Quand son instinct lui soufflait quelque chose, elle le suivait. Petite, quand elle était encore à l’école élémentaire, c’était sa grande spécialité : découvrir pourquoi Benny, le gros dur de la classe, s’absentait toujours avant le début du cours de 15 heures, ou résoudre enfin le grand mystère de l’amant de Mrs. Stuart, afin de savoir si l’amant en question était le cuisinier de la cantine, ou l’assistant scolaire. En bref, Jessica avait toujours aimé farfouiller. Elle n’était pas qu’une jeune fille aimant lire les grands mystères, elle voulait aussi les résoudre, et, après tout, tout grand détective partait toujours de petits mystères. Il fallait bien commencer un jour, et apprendre que Benny lisait en secret les courriers de sa copine, ou que Mrs. Stuart sortait en réalité avec Mr. Robert, le professeur d’Histoire, avait fait partie de ces premières énigmes brillamment résolues.

Se déplaçant donc, elle rejoignit le fond de la grotte, où elle vit plusieurs éboulements, avec des morceaux de poutres. La jeune femme se mit à fléchir les genoux, écartant quelques blocs de pierre.

*La mine continue par là…*

Est-ce que les enquêteurs s’étaient rendus au-delà ? Ils avaient bien dû mener une enquête, aussi bâclée soit-elle… Il est vrai, cependant, que la zone avait l’air très instable. Jessica se releva donc, et fila sur la gauche, tournant une oreille distraite vers Brittany et Steve.

« ‘‘J’aime qu’on me la foute dans le cul’’… Il n’y a pas à dire, on sous-estime la poésie des pécores. »

Jessica retourna sa tête, et continua à éclairer le fond de la grotte. Ses mains se posèrent sur la paroi, glissant dessus, comme si elle pouvait imaginer les derniers instants des compagnons de Floyd Thompkins. Prisonnier dans cet espace clos… C’était particulièrement sinistre, en réalité. On ne voyait pas le soleil, personne ne vous entendait hurler. Comment ne pas perdre la raison dans de telles circonstances ? Emmuré vivant… Rien qu’à cette idée, Jessica sentit un frisson la parcourir, et releva sa lampe, éclairant l’entrée de la grotte, comme pour se convaincre que rien ne s’était effondré, et que tout était intact.

*Tu deviens cinglée, ma pauvre…*

Elle sourit silencieusement, avant de sursauter en sentant quelque chose de froid et de poilu frotter sa cheville. Tournant brusquement la tête, elle vit un rongeur filer rapidement, après avoir creusé dans la paroi. Il décampa à toute allure, la cheville de Jessica lui ayant juste obstrué le passage.

*Un rat…*

Jessica le vit remonter à toute allure, visiblement heureux de pouvoir fuir, et baissa à nouveau les yeux vers le trou que la bestiole avait creusé dans la paroi… Et fronça lentement les sourcils.[/i][/color]*

*Qu’est-ce que… ?*

Elle avait cru apercevoir une lueur verte… La femme éclaira la zone avec sa lampe, aveuglant la lueur, et éteignit la lampe, permettant de voir, très clairement, un reflet vert.

*Étonnant…

Clignant des yeux, Jessica constata qu’elle n’avait pas la berlue, et se pencha donc davantage, fléchissant les genoux. Sa main s’aventura près du trou, mais elle préféra plutôt pencher sa tête, et ferma un œil. C’est ainsi qu’elle vit une curieuse lueur verte. Son œil unique se fronça, comme pour y voir davantage, et elle discerna une sorte de chaleur, qui alla caresser son visage, et aperçut…

*Un anneau ?!*

Étonnée par la présence d’un tel objet, Jessica aventura sa main, et s’en empara, puis le releva, et le contempla dans sa paume.


Troublée, elle sentit alors une voix résonner dans le creux de son esprit.

*Jessica Cruz de la Terre… Tu as été choisie pour annihiler l’espoir.*
« Modifié: samedi 03 septembre 2016, 07:36:38 par Ahri »
DC d’Alice Korvander.

Consultez ce topic pour une présentation détaillée de mes personnages.

Pour une demande de RP, je vous encourage, soit à poster sur le topic susmentionné, soit à envoyer un MP sur mon compte principal.

Jessica Cruz

Créature

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Entretien téléphonique #2

« J’ai parlé avec votre sœur, Jessica…
 -  
 -  Vous n’avez rien à me dire, vraiment ? Vraiment rien ?
 -  
 -  Alors, je suppose que c’est à moi de commencer. Écoutez, je suis désolé pour ce qui vous est arrivé. Je… J’ai conscience que je vous en ai sans doute trop demandé, mais… Jessica, il faut que vous compreniez que vous avez blessé votre voisin, que vous lui avez hurlé qu’il était…
 -  Je ne suis pas folle, Docteur…
 -  Je n’ai jamais prétendu une telle chose, et je…
 -  Il est là, Docteur. Vous ne comprenez pas ? Il prend possession des autres, et Il me traque, parce que je suis celle qu’il a choisie… Il a pris possession du corps de mon voisin, et Il est là…
 -  Jessica, allons… Si… Si cette chose était vraiment là, comme vous dites, pourquoi vous aurait-elle laissé ? Vous avez refusé d’aller à l’hôpital. Vous avez fait une crise en sortant de chez vous, et votre voisin, en tentant de vous réveiller, s’est fait attaquer. Il a porté plainte, Jessica. La police a été voir Sara, votre sœur, car elle est votre tutrice… Et elle est venue me voir aussi. J’accepte ma part de responsabilité, mais…
 -  
 -  Jessica ?
 -  Pourquoi Sara est venue vous voir ?
 -  La plainte l’a inquiété, et… Nous avons parlé de vous, essentiellement.
 -  Oh… De moi, vraiment ? Avez-vous entendu parler du secret professionnel, Docteur ?
 -  Vous m’avez expressément signé une décharge de responsabilité. C’est votre sœur qui m’a contacté, vous savez, et, en sa qualité de tutrice… Enfin, la loi applicable à l’État de Gotham permet, dans ce genre de cas, et si la thérapie le justifie, que le tuteur puisse avoir accès à des éléments relevant normalement du secret professionnel, si le patient encoure un risque pour la sécurité publique…
 -  Un risque pour la sécurité publique ?! Je me suis défendue, Docteur, je n’ai rien fait d’autre ! En quoi est-ce un danger ?
 -  C’est un danger quand il n’y a aucune menace… Monsieur Martin allait juste promener son chien quand il vous a vu ! Jessica, bon sang ! Vous prenez toujours vos médicaments ?
 -  Oui… Oui…
 -  Je… Écoutez, je ne peux pas continuer comme ça. Ces entretiens téléphoniques ne peuvent constituer une vraie thérapie, et… Votre sœur a acquis la conviction que vous laisser dans votre appartement, seule, livrée à vous-même, n’est pas bien pour vous. Vous avez souffert un grave traumatisme, Jessica, et ce traumatisme ne peut pas se guérir en restant seule chez soi. Vous ne faites… Vous ne faites que l’encourager, et… On cherche qu’à…
 -  Cessez de tourner autour du pot, putain ! Sara a déjà essayé de m’interner ! Vous voulez m’envoyer à Arkham, au milieu des dingues et cinglés… Mais, et écoutez-moi, Docteur, je ne suis pas folle !
 -  Je…
 -  Merde, vous êtes sacrément con comme psy’, vous ! Vous vivez dans une ville où il existe des monstres et des phénomènes de foire à tous les coins de rue, et vous refusez de croire à ce que j’ai vu ! Allez vous faire foutre, Docteur ! Je ne suis pas folle, Volthoom existe, et Il me traque ! »



5.
La chute de la maison Thompkins

Six mois auparavant…

Le sergent Garv Franklins n’aimait vraiment pas ça. Sa vieille voiture crapahutait lentement le long des montagnes magnifiques du Maine, et, dans la radio, Coconut filait tranquillement, comme pour lui donner du baume au cœur. Lui qui avait passé toute la matinée à Castle Rock, n’était guère heureux de devoir prévenir tous les fermiers du coin, et ceux vivant dans les chalets en-dehors de la ville. Seulement, tous ces hameaux faisaient partie de sa juridiction, appartenant à Bloomberry, et les ordres étaient clairs. Il fallait prévenir les gens qu’un cinglé s’était évadé de Castle Rock Asylum, l’hôpital psychiatrique de la ville. Garv avait envoyé ses adjoints, et lui se rendait vers le manoir de Leslie, sachant très bien que cette évasion portait la patte du riche propriétaire terrien de la région.

Depuis que son fils avait été interné à l’asile, Leslie avait fréquemment tenté d’obtenir qu’il sorte, multipliant les procédures judiciaires, les menaces, les pots-de-vin, et les tentatives de corruption. Cependant, Floyd était un catatonique profond, ne réagissant que très peu aux moindres stimulations extérieures. Difficile, face à une telle pathologie, de convaincre un juge, même le plus corrompu du monde, de libérer un tel phénomène. Garv l’avait vu fréquemment, il avait tenté de l’interroger à plusieurs reprises, mais sans succès. Pendant des années, l’homme avait eu des yeux vides, et, à chaque fois que Garv avait été le voir, il en avait eu des frissons dans le dos. Pour lui, il y avait bien longtemps que la santé mentale avait quitté l’esprit de Floyd, et, quand beaucoup de gens avaient accusé Floyd de simuler sa folie, Garv, lui, n’avait jamais cru à de la simulation. On ne pouvait pas simuler un tel regard vide, et surtout sur le si long terme.

Alors, dans ce cas, pourquoi s’était-il échappé ?

Cette question trottait dans la tête de Garv, alors qu’il grimpait la route menant au manoir, et voyait ce dernier se découper à travers les arbres. Il fallait reconnaître que Leslie avait une superbe demeure, un élégant manoir blanc de type colonial, entouré par un mur.

*Leslie, tu as déconné, cette fois…*

Garv était sûr que ce vieux salaud avait fini par libérer son fils. La femme de Leslie était devenue cinglée à force de vouloir libérer Floyd de cet asile ancestral, cet « endroit affreux où on pratique encore des électrochocs ». En tant que notable de la ville, Leslie siégeait au conseil municipal, et Garv le voyait fréquemment, lui et sa femme. Le shérif était donc bien placé pour savoir que sa femme était une hystérique, accroc aux médicaments, et qui était prête à tout pour libérer son fils.

Pour l’heure, Garv manquait d’informations sur le déroulement des opérations. Les internes avaient remarqué, à l’aube, que la chambre de Floyd était vide, et les caméras de sécurité n’avaient pu fournir aucune explication, pour la simple et bonne raison que les caméras n’avaient pas été allumées cette nuit, faute de moyens. La nuit, l’asile comprenait une équipe très réduite. Castle Rock n’était pas Gotham City, et le personnel présent n’avait rien remarqué.

*Une bande d’incompétents…*

Garv grommelait sur place, et s’arrêta devant le portail. De la main, il abaissa la fenêtre, et pencha sa tête vers l’interphone.

« Leslie ! Leslie, ouvre cette putain de porte ! »

L’interphone resta silencieux, et Garv bouillonnait, ses doigts égrenant son volant. Il se pencha en avant, apercevant, à travers le pare-brise, la caméra de sécurité permettant de visionner tous ceux qui venaient à la grille.

« Leslie, merde… T’as vraiment joué au con, là… »

Garv s’était souvent embrouillé avec sa femme, en lui disant qu’il n’y avait rien à faire, que Floyd était incapable de faire quoi que ce soit de sa vie, et qu’il resterait dans l’asile jusqu’à la fin de ses jours. Le shérif ramena sa tête en arrière, s’appuyant contre le repose-tête de son fauteuil, et se passa une main sur le front, avant de finir par sortir. La portière claqua derrière lui, et il s’approcha rapidement de l’interphone, en tapant le code d’entrée, qu’il connaissait. Quelques petits bips clignotèrent, puis, dans un claquement, le portail coulissa sur place.

L’homme pénétra dans le jardin. Leslie avait de l’argent, et il tenait à ce qu’on le voit. De grands arbres peuplaient le jardin, ainsi que des buissons, élégamment taillés par son jardinier, Manuel, et une grande fontaine sur la gauche. S’y désintéressant complètement, Garv marcha rapidement vers le perron du manoir, avec des colonnes en marbre, ulcéré de voir que Leslie ne s’était même pas donné la peine de se déplacer. Il s’attendait presque à voir Lewis, son garde du corps, débarquer depuis le perron, pour lui dire de partir, et de revenir avec un mandat. Mais il n’y eut personne. Ni Lewis, ni Manuel, et encore moins Leslie.

D’un grand geste plein d’élan, Garv ouvrit la porte, débarquant dans le hall d’accueil.

« LESLIE ! LESLIE !! »

Il tourna la tête. Le hall d’accueil était cylindrique, avec un grand escalier qui longeait ce dernier et un lustre au plafond. Une forte odeur vint lui agresser les narines, et il regarda autour de lui, en constatant qu’un silence terrifiant régnait ici. Tout d’un coup, un mauvais pressentiment se dressa en lui, et, clignant les yeux, il tourna la tête, de droite à gauche…

*PLOC ! PLOC !*

Sentant quelque chose lui tomber sur le visage, Garv leva la tête vers le lustre…

« Oh putain !! »

Le hurlement s’échappa de ses lèvres sans qu’il ne puisse le retenir, et il se recula nerveusement, se prenant les pieds dans le tapis trônant sur le sol, et s’étala sur les fesses.

« Putain, putain, putain… »

Un corps était là, suspend au lustre. Une femme, dans une robe de chambre, dégoulinante de sang, les bras étirés, se vidant lentement de tout son sang. Elle était morte, indéniablement, et Garv se redressa brusquement. Ses mains tâtonnèrent nerveusement sur sa ceinture, soulevant le haut de son holster, et il sortit son arme de service, puis se mit à courir, grimpant rapidement les marches, et ouvrit la porte au fond. Soupirant nerveusement, Garv courut vers le fond du couloir, rejoignant la chambre à coucher de Leslie et de sa femme, suspendue au lustre…

Et déglutit en voyant le corps de Leslie, étalé sur le lit et dans son sang. Le liquide rouge s’égouttait massivement sur le sol, tandis que ses yeux vides fixaient le plafond, et qu’une espèce de trou sanguinolent avait remplacé son estomac. Ses intestins pendouillaient dans tous les sens autour de lui, et Garv se mit à ventiler.

« Oh merde, merde, merde… »

Sur la devanture du lit, un mot se dressait, aux lettres écrites avec du sang :

VOLTHOOM



C.
Rencontrer la sœur

*TOC ! TOC ! TOC !*

« Jessica ? Ouvre la porte ! »

Sara grogna en se mordant les lèvres, et tapa à nouveau sur la porte, essayant, en vain, de l’ouvrir. Mais, encore une fois, la porte choisit de rester close. Elle se mordilla nerveusement les lèvres, agacée plus qu’autre chose. Il y a quelques jours, sa sœur avait agressé un voisin, la police était venue la voir… Si tout cela allait jusqu’au procès… Sara n’avait pas les moyens de payer un avocat, ou de supporter les coûts d’un procès. Elle était venue pour tenter de dissuader le voisin, Martin Richards, mais ce dernier avait été particulièrement véhément, pestant contre cette « folle » qui ne sortait jamais de chez elle. Le convaincre ne serait pas difficile, et Sara réfléchissait donc.

Elle n’avait plus les moyens d’assumer cette tutelle, que ce soit les moyens financiers, ou tout simplement matériels. Entre son boulot et ses enfants, elle ne pouvait plus laisser Jessica sombrer dans sa psychose.

« Tu as besoin de soins, Jessica. Tu… Tu ne veux même plus ouvrir à ta propre sœur !
 -  J’ai pas besoin de toi ! Tu... Va-t-en !
 -  J’ai voyagé de Seattle jusqu’à ici, Jess’. À Gotham, merde ! Tu crois vraiment que je vais repartir la queue entre les jambes ?
 -  Tu es en danger ici ! »

Sara grogna encore, et ferma les yeux en soupirant. Elle comprenait ce que Jessica ressentait, après ce qu’elle avait vécu auprès de ce cinglé de Floyd Thompkins. Néanmoins, cet incident remontait à plus d’un semestre, et elle ne faisait aucun effort de guérison. Jusqu’à présent, Sara avait refusé la solution de l’internement, convaincue que Jessica allait s’en sortir, qu’elle allait guérir… Elle avait voulu avoir confiance en elle, car elle était sa sœur, mais Sara ne pouvait plus nier l’évidence, maintenant. Jessica était déconnectée de la réalité, et, loin d’aller mieux, elle s’enfermait, et dépensait tout son argent en achetant des conserves, des rations de survie, et de vieux grigris et des talismans débiles. Sara le savait, car elle avait accès aux comptes de Jessica.

Elle tapa  à nouveau à la porte.

« Jessica ! »

Toujours aucune réponse, et elle soupira à nouveau.

« Je t’aime, Jessica, glissa-t-elle à voix basse, et en fermant les yeux, retenant difficilement ses larmes. Je t’aime, mais je ne peux plus supporter ça, Jess’… J’en ai marre, ma chérie, et… Tu ne t’améliores pas… »

Plusieurs sanglots entrecoupèrent ses propos, et elle se retourna, tentant de les retenir, de se calmer, de se maîtriser.

*Je vais devoir faire venir un serrurier et des policiers… Oh Seigneur, Jess’, ne me force pas à faire ça…*

Le docteur Alvarez avait dit que c’était la meilleure solution pour elle. Certes, ce serait difficile au début, mais c’était nécessaire dans certains cas, et ça ne signifiait pas un internement à vie. De plus, contrairement à ce qu’on pensait, Arkham n’était pas qu’une prison de haute-sécurité. L’asile s’étalait sur toute une île, et les malades ordinaires étaient traités à part, dans des pavillons très modernes, très bien sécurisés, et où il était très agréable de vivre. Les malades s’en sortaient plutôt bien, car Arkham, du fait des criminels instables qui y séjournaient, recueillait des spécialistes et énormément de psychiatres. Sara avait toujours refusé de confier sa sœur à cet asile dangereux, mais… Avait-elle vraiment le choix ? Elle n’avait pas encore signé les papiers d’internement.

Mais elle songeait à le faire…



6.
Avis de tempête

Six mois auparavant…

L’éclair illumina toutes les fenêtres du chalet pendant quelques secondes, et le coup de tonnerre rugit ensuite, et fit sauter les plombs.

« Ah merde ! Les plombs ont encore sauté ! »

Steve pesta en relevant la tête, arrêtant sa partie de cartes avec Brittany, qui avait de plus en plus de mal à masquer sa déception. Elle qui s’était attendue à des vacances inoubliables à Miami, se retrouvait à faire une partie du tarot au coin du feu dans un chalet de montagne, parce qu’une tempête venait subitement d’éclater. Une tempête aussi imprévue que soudaine, qui les avait surpris alors qu’ils étaient encore dans la mine. Steve avait entendu les grondements du tonnerre, et n’avait pas compris comment une telle tempête avait pu éclater si brusquement, alors que rien ne la prévoyait.

Ils avaient réussi à rentrer au chalet tant bien que mal, mais, régulièrement, le disjoncteur, situé dans une cabane à l’extérieur, plantait régulièrement. Étrangement silencieuse, Jessica, une fois de retour, avait demandé à prendre un bain pour se décarcasser le corps. Steve avait acquiescé, et Jessica s’était ensuite réfugiée dans la salle de bains, à l’étage, et avait fait couler son bain.

« Bon… J’y retourne…
 -  Hmm… »

Steve enfila un manteau et une lampe-torche, se rapprochant ensuite de la porte de sortie.

« C’est dingue, ce temps de merde… »

Il sortit dehors, et s’avança dans la tempête. Un vent particulièrement fort soufflait, et la pluie tombait drue, tandis que le ciel se striait d’éclairs. Comment diable une telle tempête avait bien pu éclater ? Ce matin, il régnait encore un temps caniculaire ! C’était vraiment à n’y rien comprendre… Steve s’avança le plus rapidement possible, mais le vent le forçait régulièrement à rabattre sa capuche, et il conserva une main sur sa tête, afin de la maintenir, tout en s’avançant vers le fond de son terrain, où il y avait une cabane.

C’était là que son père entreposait tout son matériel de bricolage et de jardinage, ainsi que le disjoncteur, et le générateur électrique autonome. Quand des tempêtes comme ça éclataient, le générateur se coupait automatiquement à chaque fois qu’un éclair éclatait à proximité, de manière à éviter qu’il n’entre en surchauffe, et n’explose. Steve s’avançait laborieusement, l’eau trempant son jean, le glaçant jusqu’aux os, et la porte de la cabane s’était ouverte sous l’effet du vent, claquant sur place.

« ’Fais chier… »

Le temps était vraiment merdique, et, alors qu’il s’avançait, un redoutable craquement se fit entendre, et il vit une branche d’arbre tomber violemment sur le sol, juste devant lui.

« Putain de merde ! »

Son cœur se mettait à palpiter sévèrement, et il se rapprocha plus rapidement de la cabane, pénétrant à l’intérieur, pour voir que le vent avait renversé de multiples objets, qui s’étalaient sur le sol. La serrure de la porte d’entrée avait également volé, et les coups de tonnerre rugirent à nouveau. Steve claquait nerveusement des dents en se rapprochant du générateur, au fond de la cabine.

*
* *

« Mais qu’est-ce que tu es ? »

*Pauvres idiots incultes… On ne vous apprend donc vraiment rien, sur ce monde reculé et primitif ?!*

« Je suis en train de devenir folle… »

Jessica tremblait dans son bain. Malgré l’eau chaude, qui ruisselait sur son corps, et la recouvrait agréablement, elle avait froid… Et peur. L’anneau brillait intensivement devant elle, volant dans les airs, émettant des lueurs verdâtres, une aura sombre et malsaine qui l’enveloppait, tandis qu’une voix forte et sauvage remontait dans son esprit, lui donnant l’impression de parler à elle-même, d’avoir définitivement perdu la raison.

*Je suis l’Anneau de Volthoom, pauvre idiote. Volthoom ! Ce nom ne te dit-il donc rien ? Je viens d’une dimension très éloignée de la tienne, où j’étais un scientifique très intelligent, et qui a inventé une machine m’ayant permis de remonter le temps. J’ai assisté à la Création, au Big Bang originel… Une expérience inoubliable, crois-moi, mais qui m’a… Transcendé. L’homme que j’étais est mort, et Volthoom est né !!*

La jeune femme vit les lueurs verdâtres autour de l’anneau se modifier, évoluer, remplissant tout l’espace, et formant des images. Dans cette scène irréelle, Jessica vit alors des images éblouissantes et éclatantes se former autour d’elle, aveuglantes et lumineuses… Et elle la vit.

La Création.

Lumineuse, assourdissante, terrifiante, emplissant tout l’espace, dans une détonation d’énergie phénoménale.

*Toutes les forces du Cosmos ont explosé en quelques secondes, et j’étais là… Je pensais que mon bouclier me protègerait, mais il a été submergé. J’ai été irradié par toutes ces forces, par cette énergie fondamentale qui m’a transpercé. Je n’ai fait plus qu’un avec l’Univers, avec le Cosmos… Je suis devenu l’Énergie.*

Jessica déglutit encore, peinant à comprendre ce qui se passait. Son bain lui semblait rapetisser à vue d’œil, tandis que l’anneau continuait à tournoyer dans les airs, lui rappelant dangereusement l’Anneau de Sauron, qui était un reflet de la personnalité maléfique et corruptrice du redoutable mage noir de la Terre du Milieu.

Elle vit alors à quoi cet homme ressemblait, si tant est qu’on puisse encore qualifier d’homme cette créature faite de pure énergie.

*J’ai été découvert par d’autres observateurs, par Ganthet et ses proches… Une très ancienne race, se faisant appeler les Gardiens de l’Univers, et qui ont compris que l’énergie issue du Big Bang pouvait être canalisée en la plus puissante force du Cosmos. J’ai synthétisé avec cette force, j’en suis devenu l’expression-même. Ganthet et les siens m’ont formé, et ont voulu m’apprendre à user de mes pouvoirs au mieux, afin de répandre l’ordre et l’harmonie dans l’Univers. Les Gardiens m’ont formé, et m’ont tout appris…*

« Puis tu les as trahis ? »

*Oh non ! Ce sont eux qui se sont trahis ! Ils ont refusé de suivre mes plans ! Ils ont refusé de comprendre ! Refusé d’admettre que la Création toute entière était viciée dès la base, et qu’il fallait l’éradiquer intégralement. J’ai tenté d’éduquer ces primates, des individus comme toi, obnubilés par leurs propres pensées… Mais je n’ai pas réussi. Des sauvages incultes, voilà ce que vous êtes. Il ne sert à rien de vouloir apprendre à des chiens l’arithmétique, ils n’en sont pas capables. Vous n’êtes pas capables de comprendre des choses complexes, et le plus logique était donc de vous supprimer, afin de vous reconstruire. Les Gardiens ont manqué de courage, ils ont manqué d’ambition… Ou ils n’étaient pas aussi parfaits que je le pensais, et jalousait un pouvoir qu’ils n’auraient jamais pu égaler, même dans leurs rêves. Je peux modifier la réalité, Jessica… Passé, présent, futur, n’ont d’importance pour moi. Je suis au-delà de ces considérations purement physiques, car, quand l’Éternité m’a touché, je suis devenu l’Éternité. Et j’ai compris, à force de voir des civilisations, que la foi était essentielle au développement de toute civilisation, mais qu’elle engendrait aussi moult conflits, car les individus croient en des divinités qui, soit n’existent pas, soit sont faibles. Moi, je serais un Dieu suprême parfait, vivant, et, sous mon égide, l’existence toute entière s’unifiera et vivra un air de paix !*

« Tu es fou à lier… »

*SILENCE ! De quel droit oses-tu me juger ? Comment un primate pourrait-il même oser me juger ? Je suis ton supérieur en tout point… Les Gardiens m’ont enfermé, petite conne ! Enfermé ! Mais ils n’avaient pas pensé que j’avais une assurance… Cet anneau est le prolongement de ma volonté, et quiconque le porte se soumet à ma volonté. Je pensais que tu étais digne d’être ma nouvelle porteuse, mais il s’avère que l’ancien porteur, contrairement à ce que je pensais, n’est pas mort. Tu mourras ce soir, Jessica Cruz, pour ton insolence, et, quand je retrouverai mon porteur, il tâchera de me libérer, et je ferais ce que j’ai toujours dû faire…*

Jessica se mit à déglutir, et ferma les yeux, en se demandant si elle n’était pas en train d’halluciner.

Et l’orage tomba à nouveau, la foudre s’abattant de plus en plus près.

*
* *

Steve inspecta silencieusement le générateur, tout en entendant, dans son dos, les sifflements sinistres du vent. Il se retournait fréquemment, comme pour s’assurer que personne ne le suivait.

*Je deviens parano’, ma parole…*

Il secoua la tête, comme pour se fustiger lui-même de sa nervosité, et se posa près du générateur. Il était encore chaud. Grommelant lentement, Steve attrapa le levier à côté. C’était un générateur à l’ancienne, avec un levier à tirer à plusieurs reprises, pour que le courant se relance. L’homme força donc, soulevant le levier, le ramenant ensuite vers le générateur, avant de tirer à nouveau, prenant appui avec son pied sur la surface ovale de l’appareil.

« Fichue machine… Veux-tu te relancer… ?! »

Steve continua à appuyer sur l’appareil, sentant ce dernier vibrer sur place. La machine était lentement en train de s’ébranler. Le jeune homme continuait à forcer sur l’engin, avant d’entendre un choc sourd dans son dos. Sursautant sur place, Steve relâcha l’appareil, et se retourna, en voyant une silhouette sombre se découper dans l’obscurité, tenant dans la main une longue serpe, qui semblait luire dangereusement dans l’obscurité.

Les yeux de Steve s’écarquillèrent sous l’effet de la surprise. Une stupéfaction la plus totale, tandis que la silhouette s’approcha, dégoulinante d’eau, des yeux froids et meurtriers le fixant.

« Vous l’avez volé ! vociféra alors une voix sombre et cruelle. Vous me l’avez volé ! Où est-il ?!
 -  Qu… Quoi ? »

Médusé, Steve vit l’homme se rapprocher rapidement, en brandissant la serpe, pour l’abattre sur lui…



D.
Gueule de bois

Elle ne pouvait pas rester ainsi.

Volets fermés, pièce plongée dans la pénombre, la télévision qui tournait en boucle dans un coin… Des rats commençaient à envahir l’appartement, s’attaquant aux carcasses de pizzas éventrées gisant sur le sol… Et, quand les rats commençaient à arriver, c’est qu’il fallait réagir. Combien de jours s’étaient écoulés depuis que sa sœur avait tapé à la porte ? L’avait-elle seulement fait ? Jessica ne le savait plus, ne s’en rappelait plus, tant tout était confus dans sa tête.

Étalée sur son lit, en sous-vêtements, elle se tourna lentement dans ce dernier, sa main tâtonnant sur la table de nuit, à la recherche de ses cachets. Ses doigts heurtèrent la boîte de comprimés, et elle réussit, tant bien que mal, à traîner ce lourd objet, puis l’approcha de son visage. Ouverte, la boîte libéra des sachets plastifiés censés contenir des pilules… Mais qui étaient tous vides. En grognant rageusement, Jessica les balança sur le sol, et posa ses mains sur sa tête.

« ’Chiiiiieeerr… »

Une voix d’outre-tombe s’échappa de ses lèvres, et elle se mit à éternuer, avant de pivoter sur place. Sa main tomba dans le vide, et elle s’affala sur le sol, son visage s’écrasant sur la flaque de vomi et sur les tripes qu’elle avait craché pendant la nuit. Jessica jura à nouveau, et tenta, difficilement, de se relever. Tout son corps lui semblait hurler de douleur, et son crâne lui donnait l’impression d’être passé à travers un concasseur. Elle avait vomi la nuit, et revit plusieurs flashes la traverser… Des séances redoutables, où elle avait enfilé tous ses cachets, avant de les vomir pendant son sommeil. Jessica avait envie de mourir, mais sa volonté, ce fichu instinct de survie, s’y refusait.

Résultat ? Elle se réveillait avec une gueule de bois incroyable, titubant maladroitement sur place. Elle s’appuya contre le mur, et rejoignit  la salle de bains, filant en avant, et s’appuya contre le lavabo, puis sa main gauche tâtonna contre le mur, jusqu’à appuyer sur l’interrupteur.

Flash blanc. Grognement. Yeux qui se froncent. Quelque chose remua dans son ventre, et Jessica grogna, puis vomit à nouveau, inondant le lavabo, avant de relever son visage, se fixant dans le miroir.

*Regarde-toi…*

Jessica avait toujours été plutôt mignonne. Pas une beauté fatale ou sculpturale, mais juste… Mignonne. Son beau sourire, sa longue chevelure brune soyeuse qu’elle aimait entretenir, son corps svelte… Tout ça ne semblait plus n’être qu’un souvenir. Elle pouvait au moins se rassurer en constatant que, derrière ses énormes cernes, et sa chevelure déconfite, elle n’avait encore aucune ride, ni aucun cheveu blanc. Une bien maigre consolation, en réalité… La femme s’observait dans le miroir. Une épaisse masse de cheveux barraient la moitié de son visage, formant une frange crasse.

*On dirait qu’un nid d’araignées s’est posé sur ma tête…*

Comment avait-elle fait pour chuter à ce point ? Pour être si pâle ? On aurait dit un cadavre sur pattes. Elle était plus maigre que jamais, ayant perdu presque toutes ses formes, et tenta de se redresser… Las, un vertige la saisit, et elle tomba en arrière, s’écroulant sur le tapis de bain, où elle y resta pendant un certain moment, perdue dans des pensées confuses, dans des souvenirs et des rêves fantasmagoriques… Où elle se revoyait dans la mine, à récupérer ce maudit anneau, puis à écouter Volthoom lui expliquer qui il était, et qu’elle ne le quitterait jamais… Et ce fameux soir de la tempête, quand les éclairs avaient fait trembler la maison, provoquant un début d’incendie, et qu’il était entré, tel un Jack Nicholson furieux, armé de la hache que Steve et sa famille utilisaient habituellement pour couper le bois.

Et tout ça n’était pas derrière elle.

*Il est là, dehors, je le sais…*

Personne ne pourrait l’aider, car personne ne la comprendrait. Personne n’en était capable, tout le monde la croyait folle, mais elle, elle savait qu’Il allait revenir, qu’Il viendrait pour la prendre, pour la dompter, et faire d’elle son esclave.

*Et je ne me laisserai pas faire… Non, je le refuse !*

Gisant sur le sol, Jessica acquit la conviction qu’elle allait tenir, qu’elle allait le repousser. Ce monstre avait détruit sa vie, ses espoirs, mais il ne la détruirait pas… Pas elle !

C’est à cet instant qu’on tapa à la porte.



7.
Carnage

Six mois auparavant…

Les Gardiens de l’Univers avaient utilisé la First Lantern en pensant qu’elle réussirait à pacifier le Cosmos. Hélas, Volthoom avait peu à peu sombré dans une arrogance sans bornes, et avait été banni. Suite à cela, les Gardiens avaient décidé de créer une armée d’androïdes qui avaient déferlé dans toute la Création pour la pacifier et protéger les populations locales des dictateurs, des génocidaires, et des esclavagistes. Hélas, cette première armée avait également fini par sombrer, par manque d’empathie et d’émotions. Les Gardiens avaient alors décidé de revenir auprès de l’énergie primitive du Big Bang, celle utilisée par Volthoom, et avaient compris que cette énergie se diluait à travers les émotions, et qu’ils pouvaient la concentrer dans des appareils technologiques ressemblant à d’énormes lanternes vertes. L’énergie de la Volonté avait été utilisée pour fonder les Green Lanterns, et chaque Green Lantern disposait d’un anneau de pouvoir, relié à sa lanterne, qui agissait comme une batterie, et permettait au porteur de l’anneau, pour peu qu’il en soit digne, de manifester, à travers sa volonté, des forces énergétiques redoutables et très puissantes.

Tout ça, Jessica l’intuitait plus ou moins, pendant que l’Anneau de Volthoom s’était reposé. L’anneau manquait d’énergie, et sentait son précédent porteur à proximité, permettant à Jessica, qui avait touché l’Anneau, de voir des images… Elle vit  ainsi des mineurs, piégés dans une grotte, se disputant entre eux.

*Floyd m’avait repéré depuis longtemps… Je lui avais dit de les tuer, et il l’a fait… C’est un porteur très doué, qui a toujours été terrorisé par son père, depuis que ce dernier le battait, lui et sa mère. Tout petit, déjà, il se terrait sous son lit, tremblant sur place en craignant la venue de son père, et du coup de ceinturon quand il revenait avec une mauvaise note de l’école. Floyd était une lopette magnifique. Il a massacré ses amis, et il va vous massacrer. Je prendrais un soin tout particulier à ce qu’il s’occupe de toi.*

« La ferme !
 -  Jess’ ? Tu vas bien ? »

La voix de Brittany résonna depuis la porte close, et Jessica se retourna subitement.

« Hein ? Euh… Y se passé quelque chose ?
 -  Ben… Ça fait une heure que t’es là, dans la salle de bains… Je m’inquiète, moi, toute seule dans le noir !
 -  Oh, euh… Oui, désolée, je me suis endormie ! »

Jessica se redressa rapidement, l’eau ruisselant le long de son corps, et s’enroula dans une serviette. Steve n’avait toujours pas rétabli l’électricité, et la tempête ne semblait guère sur le point de se calmer. Elle se retourna vers l’anneau, voyant qu’il ne bougeait plus, et déglutit, puis récupéra ses affaires, et sortit précipitamment.

En contrebas, Brittany bouillonnait sur place. Sa lampe-torche, que Steve lui avait laissé, commençait à manquer d’énergie, et, incapable de rester en place, elle se rendit vers le réfrigérateur, sortant une bouteille de Coca-Cola. Elle l’ouvrit, tout en maudissant intérieurement Steve, avant qu’un éclair ne frappe particulièrement près, faisant exploser l’une des vitres, la faisant hurler. Sursautant sur place, Brittany en lâcha sa bouteille, qui lui tomba sur le pied, et la fit jurer, pendant que le Coca se répandait sur le sol.

« Raah, merde ! ‘Fais chier, putain ! »

Elle avait l’impression d’être dans l’un de ces putains de films d’horreurs pour adolescent, et récupéra une serviette, afin de nettoyer le sol, quand la porte d’entrée s’ouvrit brusquement, et tapa violemment contre le mur.

« Steve ?! »

Brittany se rapprocha de l’entrée, et ne vit personne, si ce n’est la porte qui claquait violemment. Elle grommela, en se disant que le vent avait dû l’ouvrir. La jeune femme se rapprocha donc, et posa sa main sur la porte, l’eau jaillissant dehors, ainsi que le mugissement redoutable du vent.

*Chiotte, ça darche sévère, dehors…*

Elle tenta alors de refermer la porte, avant de percevoir du mouvement dans son dos. La femme se retourna alors subitement.

« J-Jess’… ? » demanda-t-elle, d’une voix bien moins assurée.

Brittany s’avança lentement, sans rien dire, déglutissant. Est-ce qu’elle avait rêvé ? Bon sang, pourquoi n’avait-elle pas été à Miami, plutôt que dans ce simulacre de slasher pour adolescents décérébrés ? Et pourquoi est-ce que Steve était si long ? Sa lampe-torche éclaira la zone autour d’elle, et, quand elle alla sur le sol… Brittany crut défaillir en voyant des traces de pas sur le sol, remontant depuis la porte d’entrée.

Des bruits de pas filèrent alors depuis l’escalier intérieur, au centre du hall, et qui permettait de rejoindre le premier étage, où il y avait la salle de bains. L’escalier comprenait une première partie en ligne droite, avant de se dédoubler en filant sur la gauche et sur la droite.

« Brit’ ? Où est Steve ?
 -  Jessica !!! Il faut partir, vite !! »

Brittany s’élança vers l’escalier. Jessica était juste au-dessus, sur la plateforme intermédiaire…

…Et elle vit une silhouette redoutable jaillir dans le dos de Brittany, et planter dans son dos une serpe. Le hurlement de Brittany mourut dans sa gorge, ses yeux se révulsèrent, et elle s’écroula sur le sol, s’effondrant sur les marches de l’escalier, l’arme blanche scintillant dans son dos. Un être en noir, portant des bottes, un lourd manteau avec une capuche, et des gants, récupéra la serpe, dont l’extrémité était en rouge, et releva la tête.

« Tu as vole mon anneau ! »

Un mauvais chat avait volé la langue de Jessica, qui vit l’homme s’avancer vers elle, tenant dangereusement la serpe.

« B-Brit… »

Cette dernière remuait encore faiblement, et, au bout de quelques secondes, le choc laissa place à l’instinct de survie, et Jessica se retourna, puis grimpa les marches, entendant la serpe se loger dans le bois, avant que l’homme ne se lance à sa poursuite.

« Rends-le-moi, salope, je suis l’Élu ! Moi seul suis capable de le porter !! »

Jessica se mit à courir rapidement sur la mezzanine en bois, entendant l’homme dans son dos, et s’arrêta près d’une chaise située sur le sol. Plutôt que de fuir stupidement et de se coincer contre un mur, elle saisit l’objet, et se retourna, frappant l’homme avec cette dernière, fracassant la chaise sur son corps, l’envoyant s’étaler sur le sol, lui faisant lâcher sa serpe.

« Je sais pas qui tu es, connard, mais je vais t’éclater ta gueule, fils de pute ! »

L’homme gémissait de douleur, et c’est à cet instant qu’un éclair frappa le toit de la maison, provoquant d’intenses craquements. Jessica vit le plafond s’effondrer au milieu de la pièce, le toit s’embrasant spontanément et en quantité impressionnante sous l’effet de l’éclair. Une poutre s’effondra dans un craquement, et heurta la mezzanine, la coupant en deux. Déstabilisée, Jessica partit à la renverse, et sentit ensuite la gravité la happer, l’envoyant rouler et s’étaler sur le sol.

« Jessica… !! »

Secouée, Jessica se retourna, réagissant plus sur l’instinct que sur la réflexion, et vit Steve entrer dans la maison. Il claudiquait à moitié, tenant dans sa main une hache, et vit Brittany, puis s’approcha d’elle.

« Oh merde, Brit’… !
 -  Haaaa…
 -  Bouge pas, bouge pas ! Putain, putain, putain… »

Jessica se redressait lentement, et vit alors l’agresseur pousser Steve, et récupérer sa hache. Alors qu’elle était encore sonnée, elle vit la main de Steve se lever en vain, puis la hache se leva bien haut, et s’abattit avec force, séparant son corps du reste de sa tête dans une explosion de sang.

Puis l’homme la regarda alors, ses yeux se mettant à luire de vert, un anneau enroulé autour de son doigt.

« Jeeeeeeeeeeesssiiiccaaaa… Je t’avais dit que j’allais te tuer ! »



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Chroniques de la Lanterne Suk’Krar

La Terre… Ce monde avait déjà plusieurs Green Lanterns qui en étaient originaires, et avait toujours été un monde très particulier, peuplé d’individus surpuissants, dotés de capacités surnaturelles, et ce malgré le fait que cette planète soit, technologiquement parlant, peu avancée. Suk’Krar s’y trouvait, et, au vu de la sensibilité de sa mission, il choisit de ne pas en référer aux autochtones, et traversa rapidement l’atmosphère. Il descendit en piqué, s’approchant de montagnes boisées. Son anneau l’informa qu’il s’approchait du Maine, un État situé dans le territoire des États-Unis.

*Bloomberry…*

Suk’Krar voyait cette petite ville, et écouta à nouveau les informations transmises par son Anneau :

« BLOOMBERRY. VILLAGE DU MAINE. POPULATION ESTIMÉE SUIVANT DERNIER RECENSEMENT MUNICIPAL : 1 654 HABITANTS. »

Le Lantern se désintéressa rapidement de cette information, et se laissa tomber en contrebas, surplombant la commune. Il faisait nuit, et la ville était plongée dans le silence. L’éclairage public s’était atteint, et il n’y avait pas âme qui vive. Il s’en écarta rapidement, rejoignant les hauteurs de Bloomberry, apercevant, ici et là, des cottages, des fermes, des silos à blé… Et il continua à voler, jusqu’à voir un lac, et un chalet en ruines, où il y avait encore les bandes jaunes de la police.

Suk’Krar sentit son anneau vibrer dangereusement, et se posa au milieu du chalet dévasté, regardant autour de lui. Un incendie avait tout ravagé, et l’anneau, en glissant sur le sol, engloba les zones où il y avait eu des morts. Il s’avança lentement, le corps entouré d’un halo vert, en sentant la proximité de l’Anneau.

« Hmmm… »

Nerveux, le Lantern sentait qu’il était proche de son but, la fin de sa très longue quête, qui l’avait emmené voyager à travers tout le Cosmos. L’Anneau de Volthoom était proche, cet artefact maudit et infernal qui, pour une raison obscure, avait été libérée. Suk’Krar connaissait l’histoire de cet anneau, lié à celle du First Lantern, l’un des plus grands échecs des Gardiens. Cet homme avait été un voyageur spatial qui avait assisté au Big Bang, et qui avait été imprégné de l’énergie fondamentale du Cosmos, cette énergie que les Gardiens avait utilisé pour forger les Lanternes. Le First Lantern avait été imprégné d’une énergie pure, qui l’avait transformé, transcendé, faisant de lui un être aux pouvoirs omnipotents, ou presque. Peu à peu, la raison l’avait quitté, et, quand il avait voulu réécrire le Cosmos à son image, les Gardiens avaient réussi à le stopper, et à l’enfermer, tout en scellant les artefacts que le First Lantern avait forgé… Comme cet anneau infernal.

L’Anneau de Volthoom était à l’inverse du Green Lantern Corps. Leurs anneaux se fondaient sur la volonté du porteur, alors que celui de Volthoom se fondait sur la peur de son porteur, et était ainsi à l’image du First Lantern, qui avait estimé que la volonté n’était pas la première émotion traversant  l’être vivant, mais la peur. Il avait conçu cet anneau, qui tirait sa puissance de la peur. La peur, mère de tous les vices, qui poussait les êtres vivants à se méfier les uns des autres, jusqu’à ce que la peur devienne terreur, et ne force les individus à s’entretuer. Suk’Krar avait vu ça sur des mondes entiers. Cet anneau avait un pouvoir terrible, et il était là, proche…

Le Lantern s’approcha du lac surplombant le gîte, et fronça les sourcils, en s’envolant au-dessus, l’éclairant avec son anneau.

« DÉTECTION ÉNERGIE PSIONIQUE IMPORTANTE. »

L’anneau l’avertit, et l’eau du lac se mit à bouillonner, une lueur verte étincelante se matérialisa au fond du lac, avant de la remplir progressivement. Suk’Krar écarquilla les yeux, et vit alors un pylône vert jaillir de l’eau, soulevant cette dernière, et fondant sur lui. Très rapidement, l’extraterrestre se protégea à l’aide d’un bouclier qu’il généra avec son anneau. Le pylône le frappa de plein fouet, et l’envoya rebondir sur le sol, au milieu des arbres et des arbustes.

Rapidement, Suk’Krar se redressa en grognant, et vit que des tentacules verts scintillaient au-dessus du lac sur plus d’une dizaine de mètres, avec, au centre, un redoutable anneau vert.

*Tu es bien éloigné de ton secteur d’activités, Lanterne…*

La sombre voix de Volthoom résonnait dans la tête de Suk’Krar, qui fronça les sourcils, et s’élança vers l’ennemi, en projetant des rayons verdâtres qui ciblèrent l’Anneau, mais se heurtèrent à un bouclier magique, qui dévièrent la plupart des tirs. Un tentacule fila alors, traversant l’air, et frappa violemment Suk’Krar, l’envoyant valdinguer sur une cinquantaine de mètres. Il déracina plusieurs arbres et termina sa course en rebondissant sur le sol, avant de se relever, et de s’envoler rapidement, retournant vers le lac… Pour voir l’Anneau s’envoler également, multipliant les constructions autour de lui, adoptant une forme cyclopéenne colossale, l’œil du cyclope étant constitué de l’Anneau.

Ce dernier se mit à scintiller une nouvelle fois, et un épais rayon d’énergie verdâtre en jaillit, frappant Suk’Krar, mais le contournant aussi… Et, quand il heurta le sol, l’immense rayon provoqua un incendie vert, calcinant tout sur son passage. Suk’Krar se défendait, puisant dans sa volonté, afin de maintenir son bouclier, et réussit à progressivement étendre ce dernier, retenant ainsi le rayon.

*Tu es fort, Lanterne… Mais pas assez. Je sens ta volonté s’affaiblir…*

Suk’Krar serra les dents, et fronça les sourcils, en se concentrant davantage. Son mur se mit davantage à luire, et il généra à son tour des tentacules, qui s’échappèrent du mur, contournant le rayon, et frappèrent le bouclier entourant l’Anneau de Volthoom. Ce dernier contre-attaqua, et Suk’Krar sentit le sol briller derrière lui, avant de s’ouvrir en deux. Un geyser d’énergie jaillit depuis la terre, et le frappa, le déstabilisant, puis le cyclope retint son rayon, et tira à nouveau, le frappant violemment au torse.

Malgré le bouclier, la douleur irradia dans tout le corps du Lantern, qui vacilla sur place, tombant vers les arbres. Il tenta à nouveau de s’envoler, mais des tentacules fusèrent encore du sol, s’enroulant autour de ses jambes, puis remontèrent sur son corps, cherchant à le stranguler et à le retenir. Petit à petit, l’homme comprenait que cet anneau n’avait pas fait que sommeiller dans ce lac, mais avait étendu son influence sur toute la région. Il se concentra encore, et généra, au bout de quelques secondes, une onde d’énergie autour de lui, explosant les tentacules.

« Tu ne me fais pas peur ! »

Il hurla rageusement, et la figure cyclopéenne disparut alors, l’Anneau voletant dans les airs.

*Je la sens… Ma porteuse… Tu m’as amusé, Lanterne, mais j’ai d’autres priorités que perdre mon temps avec toi…*

Suk’Krar serra rageusement les dents, et s’élança vers l’Anneau, envoyant une nouvelle onde de choc, très puissante, et un nouveau tir jaillit de l’Anneau de Volthoom, transperçant la décharge de Suk’Krar, avant de le frapper de plein fouet… Et de le transpercer sur place.

Un trou béant orna le torse du Green Lantern, qui écarquilla les yeux sous l’effet de la stupeur. Il cligna lentement des yeux, avant de descendre, et heurta un arbre, s’écrasant ensuite sur le sol. Son anneau scintilla légèrement, et s’écarta alors de son gant blanc, s’envolant dans les airs.

« LANTERNE DU SECTEUR 3158 DÉCÉDÉ… RECHERCHE D’UNE NOUVELLE LANTERNE ! »
DC d’Alice Korvander.

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Jessica Cruz

Créature

8.
L’incendie

Six mois auparavant…

« Il est à moi, salope ! À moi ! »

L’homme s’avançait rapidement vers elle, tandis que le feu ravageait les lieux. Jessica vit la hache frapper dans son dos, heurtant le sol, et continua à courir, ouvrant la porte pour sortir. Son pied trébucha sur le perron, et elle s’affala lamentablement sur le sol.

« J’en veux pas, de cet anneau ! Reprends-le !
 -  Tu l’as touché, tu l’as souillé ! Mais je devrais te remercier… Tu l’as sorti de ta léthargie, et il m’a à nouveau choisi… Volthoom !! »

Jessica se releva, tandis que la pluie continuait à tomber. Floyd était là, sur le palier du gîte, tenant entre les mains sa redoutable hache, et descendit les marches.

*Tue-le, Jessica… Tue-le !*

Jessica réalisa alors qu’un anneau s’était posé sur l’un de ses doigts, et scintillait dangereusement. L’Anneau l’avait rejoint… Ou est-ce qu’elle-même l’avait mis en quittant la salle de bains ? Impossible de se souvenir. Floyd se rapprochait, furieux, tel Gollum se précipitant vers Frodon pour récupérer son fameux « Précieux ».

« Rends-le moi ! L’Anneau est à moi ! »

Jessica rampait sur le sol en se reculant, et se releva lentement.

*Tu dois le TUER ! Vas-y, vas-y, sale pute, tue-le !!*

Elle secoua la tête, tout en voyant Floyd. L’homme avait perdu la raison, et ce depuis de nombreuses années, depuis que, en taillant dans les profondeurs de la mine, il avait trouvé les débris d’une ancienne météorite, abritant l’Anneau de Volthoom. L’Anneau s’était nourri de ce qui se passait ici, de la démence de Floyd, mais aussi de toute cette région sauvage. Et les deux porteurs de l’Anneau se battaient ensemble. Floyd ne voulait pas qu’on le prive de son Précieux, et Jessica recula davantage, avant de courir encore.

*Arrête de fuir, utilise-moi pour le tuer, sale conne !*

L’Anneau vibrait dangereusement au bout de son doigt, et Jessica continua à courir, rejoignant le petit ponton en bois menant au lac, avant de sentir, dans son dos, Floyd se rapprocher. Il courait rapidement, et la poussa, la renversant sur le ponton. Jessica roula à plusieurs reprises, et sentit ensuite l’homme lui loger son pied dans le ventre, lui coupant le souffle. Elle gémit sur place, et l’orage tonna à nouveau, découpant la silhouette osseuse et émaciée de Floyd. Ses yeux semblaient éructer de haine, et il attrapa le poignet de la femme, celui où il y avait l’anneau, et posa son autre main sur l’anneau, le saisissant entre deux doigts… Et un sifflement se fit entendre.

Floyd se mit à hurler de douleur quand ses doigts heurtèrent l’objet, et se brûlèrent, tant la surface était chaude. Il retira sa main en la secouant nerveusement, et attrapa Jessica par les cheveux, la traînant en arrière.

« Haaaaa… !!
 -  Voleuse ! Sa… Salope de pute de voleuse ! »

Jessica se débattait en vain, et l’Anneau hurla alors, puis un rayon verdâtre en jaillit, provoquant une onde de choc qui renversa Floyd. Un rayon vert fusa vers le ciel, et, quand Jessica se retourna, le rayon atteignit également les arbres à proximité, provoquant plusieurs séries d’explosions.

*Oui ! OUUUIII ! Encore ! Laisse-moi t’imprégner de ma puissance !!*

Jessica secoua la tête, et Floyd, surpris, s’élança à nouveau vers elle, et la poussa, l’étalant à nouveau sur le ponton, tandis que lui se dressait sur elle. Ses yeux étaient devenus remplis de haine, ses veines saillaient le long de ses poings, qu’il écrasait sur la gorge de Jessica, grognant tellement contre elle qu’il en bavait même. Fou furieux, il était un véritable ours, et l’air venait à filer à toute allure, la bouche de Jessica essayant en vain d’happer de l’air, comme un poisson échoué sur la berge, hors de l’eau.

Ses jambes remuaient nerveusement, et, alors que Jessica commençait à voir des points noirs danser devant ses yeux,  elle le frappa au visage avec son anneau, ce qui produisit un nouveau sifflement, accompagné d’un hurlement de douleur de Floyd quand sa peau se mit à brûler. Il relâcha la femme en se reculant, et Jessica happa l’air, avant qu’un éclair ne jaillisse, coupant le ciel en deux, et frappant le milieu du lac, faisant scintiller l’eau.

« Arrête, Floyd ! Cet anneau… Il est corrompu !
 -  Je t’emmerde, pétasse, il est à moi ! »

Jessica posa sa main sur l’anneau, comme pour tenter de le retirer.

*QUOI ?! Comment OSES-TU me rejeter ? Je t’interdis de faire ça, salope… !!*

La jeune femme tirait sur l’Anneau, sans tenir compte de la fureur de Volthoom, ce mauvais démon issu de l’esprit pervers d’un auteur de science-fiction de deuxième zone. Elle tirait dessus en grognant.

« Je… Je ne veux… Pas… De toi !! »

Elle relâcha l’Anneau, et le jeta dans l’eau du lac.

« NON !! »

Floyd se mit à courir vers elle, les yeux exorbités… Et les coups de feu rugirent, l’atteignant dans le dos, l’envoyant s’étaler sur le ponton. Jessica vit une silhouette s’approcher, trempée, tenant au bout des mains un pistolet.

C’était Garv Franklins, le shérif de Bloomberry.



E.
Final

« Madame Cruz ? Madame Cruz ? »

L’homme tapait à la porte. Monsieur Martin… Le voisin.

« J’ai eu votre sœur qui est venue me voir, et… Écoutez, j’ai beaucoup réfléchi à ce qui s’est passé quand je vous ai vu, et… Je voulais que vous sachiez que je comprends ce que vous ressentez. Vraiment. Ma sœur est… Elle est agoraphobe, du genre à avoir des crises de panique quand elle est dans un supermarché. Votre sœur… Elle tient beaucoup à vous, vous savez. »

Elle voulait lui dire de s’en aller. Le Démon mentait toujours avec une langue fourchue, et c’était le cas ici. Il y eut un léger silence, avant que l’homme ne tape à nouveau la porte.

« A… Allez-vous-en ! Je ne veux pas vous parler ! »

Silence. Mais elle savait qu’il était là, derrière. Un silence long, insoutenable, pesant. La porte semblait grossir dans la pièce sombre.

« Ah, Jessica, Jessica… »

Il y eut alors un soupir.

« Ça aurait été tellement plus amusant que tu m’ouvres… Mais j’en ai assez d’user le corps de cet imbécile. C’est toi ma Porteuse, après tout… »

La porte explosa brutalement, des morceaux de bois s’envolant dans tous les sens, le souffle repoussant légèrement Jessica. Derrière, elle vit son voisin, dont les yeux brillaient, une lueur verte profondément malicieuse dans les yeux. Ses veines étaient également vertes, et, dans l’obscurité de son appartement, Jessica vit l’anneau vert autour du doigt de l’homme.

« Pensais-tu vraiment pouvoir m’échapper ? Que tes grigris te protègeraient ? J’ai toujours su où tu te trouvais, Jessica… Tu m’as jeté dans les profondeurs de ce lac, un endroit particulièrement sinistre et éloigné, mais rien ne m’empêche d’en sortir. »

L’être s’avança lentement. Médusée, Jessica restait silencieuse, en voyant son pire cauchemar se rapprocher, ce symbole infernal qui, depuis tant de mois, ne cessait de hanter ses nuits.

« Porte-moi, Jessica… Porte-moi, et aide-moi à sortir de ma prison. Ensemble, nous répandrons la bonne parole. Tu es mon esclave, ce n’est pas comme si tu avais le choix… Soumets-toi. »

La main s’approcha d’elle, avec l’anneau qui scintillait, l’éblouissant sur place.

« N-Non…
 -  Comment ?! Tu crois donc vraiment avoir le choix ? Petite conne… Tu es à moi ! À moi, et rien qu’à moi !!
 -  Ja… Jamais !! »

Volthoom s’approcha encore, et, tout autour de Jessica, l’appartement était en feu. Son lit, sa télévision, ses meubles, les murs, le plafond… Le feu suintait du corps de Monsieur Martin, qui était en train de se désagréger sur place, des monceaux de peau se décollant de son corps, laissant apparaître son crâne, ses yeux verdâtres, une lueur malsaine qui brûlait dans son corps… Sa main caressa le front de Jessica, recroquevillée sur le sol.

« À moi…
 -  JAMAIS… !! »

Volthoom se recula, et une fenêtre explosa alors dans le dos de Jessica, tandis qu’un autre anneau vert apparut.

« JESSICA CRUZ DE LA TERRE… VOUS AVEZ LE POTENTIEL DE SURMONTER DE GRANDES PEURS… »

Jessica sentit une chaleur inébranlable l’envelopper, et vit une lueur verte s’enrouler également sur son doigt. Puis un étincelant flash blanc remplit toute la pièce, soufflant les flammes, et repoussant la carcasse cadavérique de Volthoom.

« BIENVENUE DANS LE GREEN LANTERN CORPS ! »


Le corps de Jessica se transforma, et la femme se releva alors, sentant une détermination inébranlable la traverser, tandis qu’une énergie surpuissante venait la traverser, un déferlement phénoménal, acquis d’une conviction profonde et inébranlable.

« N-Non… Ce… Ce n’est pas possible… !
 -  Disparais, Volthoom ! »

Elle tendit sa main gantée en blanc vers lui, et son corps, entouré par une sorte de seyant et moulant uniforme vert et noir, scintilla, puis, du bout de son anneau, une onde verte fusa, et frappa Volthoom, perçant son bouclier, et provoqua une explosion surpuissante. De Monsieur Martin, il ne restait hélas plus rien, et Jessica sentit l’Anneau hurler de douleur, avant de disparaître, laissant de la fumée derrière lui, ainsi que quelques morceaux de poussière.

Jessica reprit alors son souffle, et se déplaça légèrement. Un tatouage vert cerclait désormais son œil, et elle se retourna vers le miroir, pour s’observer. L’uniforme moulait son corps à la perfection, la recouvrant presque intégralement. La jeune femme ferma alors les yeux, et respira lentement… Puis les rouvrit, et l’énonça à voix haute :

« Je suis une Green Lantern. »



ÉPILOGUE

L’air frais lui avait rarement fait autant de bien, et c’était là le signe que le contact du vent lui avait manqué. Même dans l’atmosphère extrêmement pollué de Gotham City, voler lui procurait un plaisir incroyable. Elle inhalait l’air à pleins poumons, tout en tournoyant le long des gratte-ciel du centre d’affaires, se rapprochant ainsi de la Wayne Tower, où elle se posa finalement sur le toit aménagé, près de la tour radiophonique, et où il y avait plusieurs héliports, des terrasses, et même une piscine.

*Hmmm… Bruce Wayne ne se refuse rien.*

Elle se tourna vers son anneau, et lui demanda à nouveau ce qu’il était.

« JE SUIS UN ANNEAU DE VOLONTÉ, CRÉÉ PAR LES GARDIENS DE L’UNIVERS, ET OBLIGATOIREMENT RATTACHÉ À UN HÔTE AYANT MANIFESTÉ UNE VOLONTÉ SUFFISAMMENT FORTE POUR REJOINDRE LE GREEN LANTERN CORPS… CE QUE TU AS PU FAIRE, JESSICA CRUZ.
 -  Alors… Je suis une Green Lantern ?
 -  TU NE POURRAS PRÉTENDRE À CE STATUT QUE QUAND TU AURAS PRÊTÉ SERMENT, JESSICA CRUZ. POUR L’HEURE, TU RESTES UNE NOVICE.
 -  Prêter serment ? Mais… Où ça ?
 -  SUR OA, LA PLANÈTE-MÈRE DU GREEN LANTERN CORPS, ET DES GARDIENS. CES DERNIERS VEULENT T’ENTENDRE. TU ES LA SEULE À AVOIR PU STOPPER VOLTHOOM…
 -  Mais je n’ai pas détruit l’Anneau, je le sens encore…
 -  L’ANNEAU DE VOLTHOOM EST LE PLUS VIEIL ARTEFACT AYANT ÉTÉ FORGÉ À PARTIR DES FORCES PRIMORDIALES DE L’UNIVERS. IL EST PARTICULIÈREMENT PUISSANT, ET A DÉVORÉ DES MILLIERS D’ÄMES AU COURS DE SON EXISTENCE. ON NE LE DÉTRUIT PAS SI FACILEMENT.»

Jessica hocha lentement la tête. Elle observa encore un peu l’anneau, tout en essayant de se faire à l’idée qu’elle était maintenant la réceptacle d’un Anneau de Pouvoir. Des bruits se firent alors entendre dans son dos, et la jeune femme se retourna brusquement.

« Que… Qui est là ? »

Une silhouette sombre se découpa sur une plateforme, et descendit en contrebas, avec une longue cape lui donnant brièvement une apparence monstrueuse.

*Non !*

Mais pourtant si… Ce corps massif, plongé dans l’ombre, les oreilles pointues, un symbole en forme de chauve-souris sur le torse…

« Batman ! »

L’homme ne se donna pas la peine de se présenter, et s’avança vers elle.

« Tu es impressionnante, Jessica Cruz. Repousser ce Volthoom est un exploit. »

Jessica se sentit bêtement rougir en le voyant se déplacer, se rapprochant d’elle, et détourna la tête, en se mordillant les lèvres.

« Je… Euh… Merci…
 -  Mais ce n’est pas encore fini. L’Anneau a survécu, et nous avons pu le pister.
 -  N-Nous… ? »

Surprise, Jessica cligna des yeux, en se demandant si elle n’avait pas l’air idiote.

« Beaucoup de gens vont rechercher cet Anneau… Et toi aussi. »

Une voix forte et grave jaillit au-dessus de sa tête, et, quand Jessica la leva, elle vit un uniforme en tenue moulante bleue sombre, avec une longue cape rouge qui flottait dans son dos.

*Oh. Mon. Dieu.*

Elle n’en crut pas ses yeux en voyant Superman se poser devant elle.

« L’Anneau de Volthoom s’est réfugié dans un endroit très spécial sur Terre, d’où il va chercher à récupérer son énergie, pour revenir t’attaquer..
 -  Mais…
 -  Nous voulons t’aider, Jessica. C’est pour ça que nous sommes venus te voir. L’anneau que tu portes au doigt a estimé que tu avais en toi la force mentale nécessaire pour vaincre cet anneau, mais tu as besoin de formation.
 -  Et je vais bientôt me rendre au Japon, là où l’Anneau s’est réfugié. Je pourrais te former, et t’apprendre à utiliser ton pouvoir. »

Jessica était toujours estomaquée, ayant l’impression que le temps défilait trop vite. Un sentiment irréel la traversa, et elle secoua la tête.

« Mais… Qu’est-ce que ce que vous attendez de moi, exactement ? »

Un léger sourire traversa les lèvres de l’Homme d’Acier, qui tendit sa main vers elle.

« Que tu rejoignes la Justice League. »




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RÉSUMÉ

Originaire d’une civilisation technologiquement très évoluée, Volthoom était un explorateur qui choisit de remonter dans le temps, afin d’assister à la création de l’Univers. Il assista ainsi au Big Bang, mais l’explosion d’énergie phénoménale qui se dégagea le frappa de plein fouet, et détruisit l’être qu’il était auparavant. Son corps, devenu une entité cosmique astrale, fut recueillie par l’une des plus vieilles races intelligentes de la Création, les Gardiens de l’Univers. Ces êtres parvinrent à soigner Volthoom, faisant de lui le First Lantern, un être dédié à la protection des espèces faibles. Las, le pouvoir  omnipotent a peu à peu amené Volthoom à perdre la raison, en l’amenant à vouloir réécrire le cosmos tout entier à son image. Les Gardiens ont alors réussi à le sceller, mais Volthoom avait gardé une assurance derrière lui… Un anneau magique, abritant sa volonté et un fragment de ses pouvoirs, et  capable de lui permettre de sortir de sa prison éternelle.

Cet anneau fut récupéré par les Gardiens, mais quelqu’un parvint à le libérer. L’anneau s’enfuit alors, et se réfugia sur Terre, où il entra en possession d’un mineur d’une petite ville du Maine, Floyd Thompkins, lui faisant perdre la raison, et l’amenant à massacrer tous ses proches. Floyd fut ensuite incarcéré dans un asile psychiatrique, et, bien des années après, l’anneau fut récupéré par une jeune femme venue de Gotham, en vacances avec ses amis, Jessica Cruz. En récupérant l’anneau, elle réveilla aussi Floyd, qui parvint à s’évader de l’asile où il était incarcéré depuis des années, et tenta de récupérer l’anneau, manquant de tuer Jessica, massacrant toutefois ses amis, ainsi que sa propre famille. Floyd fut finalement tué, mais Jessica resta marquée par ce contact avec Floyd, et, surtout, avec Volthoom.

Six mois après, retournant chez elle, à Gotham City, Jessica s’est isolée dans son appartement, jusqu’à ce que Volthoom ne la retrouve. En plein doute, elle réussit à le repousser, et cet accès incroyable de courage attira l’attention d’un Anneau de Pouvoir, qui fit d’elle une Green Lantern. Elle repoussa l’Anneau de Volthoom, qui, épuisé, alla se recharger à Seikusu, et Jessica, encore très inexpérimentée, et n’ayant même pas encore eu le temps de prêter serment auprès du Green Lantern Corps, reçut la visite de Batman et de Superman, qui l’encouragèrent à se rendre au Japon, afin de s’y former, et de retrouver l’Anneau…

Physique

Jessica Cruz est une superbe femme à la longue chevelure brune, qui aime prendre soin de ses cheveux. Elle a une apparence très svelte, et un corps relativement athlétique, en raison de son attrait pour le sport. Comme elle a souvent tendance à le considérer elle-même, elle se trouve davantage « mignonne » que « belle ». Quand elle utilise son Anneau, elle revêt l’uniforme traditionnelle des Green Lanterns, à savoir un uniforme aux couleurs dominantes noire et verte, le noir étant pour ses jambes et ses bras, et le vert pour le torse. Elle dispose également de gants blancs. Cette uniforme est conçue pour coller parfaitement à son corps, et ce quel que soit sa peau, sa taille, sa corpulence… Après tout, cet uniforme est le même pour des milliers de Lanterns, qui sont parfois physiquement très différents. Il moule ainsi parfaitement cette forme, et Jessica peut le retirer quand elle le souhaite, soit partiellement, soit totalement.

Caractère

Jessica est une femme assez paradoxale. Les évènements qu’elle a subi font qu’elle a pendant des mois vécu dans la terreur la plus absolue, confinant à un fort isolationnisme, et à un début de folie. Pour autant, Jessica dispose en elle d’une grande volonté, qui est liée au fait qu’elle ait grandi dans l’une des villes les plus dangereuses du monde, Gotham City. Cette force de volonté inébranlable est parfois capable de s’exprimer dans les moments les plus terribles, et fait d’elle une guerrière redoutable, car elle compense son inexpérience par cette volonté redoutable, qui égale les plus grands Lanterns du Corps.

Au-delà de ça, Jessica est une femme assez enjouée, très curieuse, et facilement impressionnable. Ayant vécu à Gotham, elle aime beaucoup les super-héros, et se montre très critique envers les pouvoirs publics, qui se corrompent très facilement, et ont, à son goût, trop tendance à profiter de leurs positions. Même si elle n’est qu’une adolescente, elle est intelligente et très cultivée.



POUVOIRS

Jessica Cruz est une jeune Green Lantern. À ce titre, ses capacités surnaturelles lui viennent exclusivement de son anneau de pouvoir, un appareil très évolué, mélange de magie et de technologie. L’Anneau de Pouvoir repose sur la volonté de sa porteuse, et, plus cette dernière est forte, et plus les pouvoirs fournis par l’Anneau sont puissants. L’Anneau de Pouvoir dispose d’une base de données très avancée, se reposant sur les connaissances détenues par ses fabricants, les Gardiens de l’Univers.

Grâce à cet Anneau, un Lantern peut accomplir tout ce qu’il veut. Il peut voler dans les airs, dans l’espace, dépasser largement la vitesse de la lumière, et, surtout, utiliser l’énergie de l’Anneau pour matérialiser n’importe quelle construction. Cependant, Jessica, encore inexpérimentée, a pour l’heure du mal à faire des constructions, mais peut néanmoins voler. Elle peut également, et c’est ici une spécificité de Jessica, matérialiser autour de l’un de ses yeux un symbole des green Lanterns, qui lui sert de scanner, permettant d’analyser la zone environnante, et d’obtenir des informations sur la composition de ses adversaires, et leurs éventuelles faiblesses.

Par ailleurs, et l’information n’est pas totalement inutile, l’Anneau de Pouvoir est doté d’un traducteur universel qui permet à Jessica de communiquer dans presque quasiment toutes les langues possibles.

Dernière précision : un Anneau tire son énergie d’une batterie en forme de lanterne, et, si c’est l’Anneau qui permet au Lantern d’utiliser des pouvoirs surnaturels, en réalité, l’Anneau n’est qu’une sorte de transmetteur, permettant à son porteur d’utiliser l’énergie se trouvant dans la Lanterne. L’Anneau dispose d’une batterie qui se recharge auprès de la Lanterne. Ainsi, chaque Lantern dispose d’une Lanterne, et, quand cette dernière est quasiment vide, il faut retourner la charger auprès de la Lanterne Centrale, sur Oa, le monde des Green Lanterns.



RPs

1°) "In Brightest Day, In Blackest Night" [Jennifer Lynn Hayden] [EN COURS]
2°) Tau Volantis [Tanisha Malenga] [EN COURS]
3°) Warworld [Ariman] [EN COURS]
4°) Blackest Night [LV-4.26] [EN COURS]
« Modifié: lundi 04 février 2019, 01:05:59 par Jessica Cruz »
DC d’Alice Korvander.

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  • Fiche

    Description
    Ancien prince d'un peuple désormais éteint, Losgar est le dernier survivant d'une planète réduite à l'état de rocher stérile. Le ténébreux mène désormais une vie de mercenariat, d'aventurier, de vagabond ... qu'importe, du moment qu'il gagne son lot de dangers, de plaisirs et de passion.
*applaudit lentement* Waw , juste ... waw

Cette fiche , cette histoire , cette clarté , cet avatar ... ♥

Re-bienvenue parmi nous et au plaisir de te lire ~

Jessica Cruz

Créature

Merci à vous deux :)
DC d’Alice Korvander.

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Vanessa White

Humain(e)

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  • FicheChalant

    Description
    Agente du S.H.I.E.L.D
Rebienvenue ! :D

Magnifique personnage que voila ! Et comme toujours, la fiche est superbe ! ;D
Compte principal.

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Jessica Cruz

Créature

Merci, ma beauté :-*
DC d’Alice Korvander.

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Sei Sakuraoka

Humain(e)

Re : « Le chemin importe peu, la volonté d'arriver suffit à tout »

Réponse 8 vendredi 02 septembre 2016, 19:06:40

Sois la bienvenue ma chère ^^



In brightest day, in blackest night,
No evil shall escape my sight
Let those who worship evil's might,
Beware my power... GREEN LANTERN'S LIGHT !

Ma fiche
Pouvoirs de la Bague

Ahri

Créature

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  • FicheChalant

    Description
    Kitsune-bi Inari, Renarde à neuf queues ayant obtenue par magie l'apparence humaine, ayant besoin de fluides sexuels pour vivre, Ahri vit généralement seule à la recherche de plusieurs 'esclaves idéales'.

Re : « Le chemin importe peu, la volonté d'arriver suffit à tout »

Réponse 9 samedi 03 septembre 2016, 07:36:19

Gépalu lol.

L'histoire est trop courte, la description physique est inexistante, c'bouré deux photes , et //SBAFF//

J'ai rien à dire. ^^
Je valide en tant que créature. ^^
♥~~ Dispo par MP (ou sur discord, j'y suis 24/7) si besoin. ~~♥

Jessica Cruz

Créature

Merci pour la validation :)

Et merci aussi, collègue ^^ Au plaisir de voler ensemble ;D
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