Un petit tas de mousse s'était accumulée sur le corps de la fée qui n'osait toujours pas bouger, la recouvrant toute entière. Il fallut bien, au bout d'un moment, qu'elle respire, et de la mousse se dégagea ainsi sa tête, dont le regard se fit immédiatement meurtrier contre l'horrible bête qui continuait de vibrer dans son coin, comme pour se moquer d'elle. Mais dans l'absolu, il y avait bien autre chose à penser - une plus grande menace que le canard, et Flavia leva les yeux vers la silhouette qui la dominait, et qui achevait de s'ébrouer. La fée déglutit, avant de voir une des jambes de la géante se soulever, et la plante d'un pied venir tomber comme une pierre sur elle.
"AAAAAAH !!!"
Son hurlement démontra sa surprise, mais aussi et surtout sa terreur. Levant instinctivement les bras sur sa tête, cela ne la protégea de rien, et elle ne put empêcher le pied de la faire basculer sur le sol mouillé, et se caler tout contre son corps, laissant uniquement dépasser son visage. Le poids du pied, de la jambe, du corps tout entier, ne tarda pas à se faire ressentir de façon violente, et très douloureuse. Les poumons de l'ex-humaine peinaient à se remplir d'air, et cette sensation d'étouffement n'arrangeait rien au tableau. Flavia se faisait écraser comme un vulgaire insecte, et son visage se contorsionna de douleur, sentant même une de ses ailes craquer.
"Aaa- AIE !" gémit-elle, la douleur se répercutant dans tout son corps comme une décharge électrique.
Son petit corps se tortillait sous les orteils d'Hana, qui semblait n'en avoir cure, trop occupée à vociférer contre celle qui venait de lui gâcher un très bon moment. Flavia se doutait que l'étudiante ne mettait pas toute sa force dans son pied droit - si elle l'avait fait, la créature aurait été compostée depuis longtemps, sa colonne vertébrale se brisant, et sa cage thoracique transperçant probablement son cœur.
Mais si elle en avait envie, Hana était capable de la tuer - et ce fut surtout cet état de fait qui angoissa soudainement Flavia, en plus de son aile droite qui devenait de plus en plus douloureuse. Cette sensation d'impuissance, elle l'avait déjà ressentie... mais rarement de façon aussi oppressante.
Les cris, cependant, finirent par se diluer dans l'écho de la salle de bains. La pression du pied se fit plus douce également, alors que sa propriétaire semblait réfléchir à quelque chose. Flavia, elle, n'osait pas bouger, ayant du mal à respirer, mais sous la plante de son pied, la blonde pouvait sentir des tremblements picoter sa peau. Quand le pied se dégagea enfin, la brune avala une grande lampée d'air, mais n'osa toujours pas bouger, les yeux embués et son aile froissée comme celle d'un papillon mort.
"waahh-- ah !"
La main qui l'attrapa quelques secondes plus tard, s'avère bien sûr sans douceur, froissant un peu plus le muscle délicat de son aile qui en prit vraiment pour son grade. Pour ne rien arranger, Flavia fut surprise par un bruit de déchirure, et le soudain courant d'air qui se déposa sur l'ensemble de son épiderme.
"WaaaAAh- n-non !"
Ses petites mains tentèrent de cacher ce qu'elle pouvait, mais sans grand succès. Le visage d'Hana qui se rapprochait, envahi d'une rage apparente, fut toutefois assez convaincant pour que Flavia se concentre sur son environnement, dans un soucis de survie. Les yeux toujours brillants de larmes, elle observait la blonde avec une terreur non contenue.
"Tu m'as vu me toucher hm?" lui lança Hana, d'un ton tranchant comme un rasoir.
Elle n'eut droit qu'à un gémissement apeuré pour toute réponse, et à deux petites joues qui rougirent comme des pommes. La sentence sonna, irrévocable et...
"Alors tu vas m'imiter. Je veux que tu reproduise exactement ce que tu m'as vu faire, c'est compris? Je te regarde! Et mets y du coeur, si tu n'es pas convaincante, je t'arrache les bras!"
...beaucoup moins horrible que ce que Flavia avait pu imaginer.
Elle se voyait déjà collé contre le mur, écrasé entre ces doigts délicats mais impartiaux, puis jeté dans la poubelle la plus proche d'un coup de balayette. Comme un vulgaire cafard, en somme. Mais visiblement, sa mort n'intéressait pas Hana - ce qui l'intéressait, c'était autre chose, et...
Flavia sentit la chaleur de ses joues se répandre dans tout son corps, d'embarras bien sûr, mais pas que. La requête s'avéra difficile à accepter, et la fée passa de longues secondes à jauger la situation, essayant d'oublier la douleur qui la lançait et qui partait de son aile amochée jusque dans le creux de son omoplate. Inutile d'imaginer s'envoler ou que ce soit avec une aile dans cet état...
Elle n'avait donc pas vraiment le choix, mais... bon sang, avec cette paire d'yeux énormes qui observaient chaque millimètre carré de son corps, ça ne pouvait pas être plus embarrassant.
La fée déglutit, puis fronça ses sourcils, essayant de se redonner une contenance.
"Je... tu me laisseras partir, si jamais je fais ça, hein ? Promis ? Je veux que tu me le promettes !"
Bien qu'elle doute de pouvoir aller bien loin avec sa blessure, la fée ne voulait certainement pas rester un jour de plus dans cette chambre. Elle devait compter sur la bonne foi de Hana pour espérer s'en aller - et donc, du coup, lui donner ce qu'elle désirait.
Bien qu'elle n'était pas sûre de savoir exactement comment y arriver... mais il fallait essayer, en espérant que ça lui suffirait.
"...Heu... d'accord, alors..."
Essayant de se remémorer la position qu'avait prise l'étudiante dans sa douche, Flavia resta assise - n'osant pas se coucher à cause de la douleur qui envahissait son aile. Ses bras allèrent soutenir sa posture en passant derrière son dos, mains à plats sur la surface de la paume de la blonde, dévoilant de nouveau sa minuscule poitrine, dont les tétons émergeaient sous la fraîcheur de la pièce. Son regard rejoint celui d'Hana au moment où elle écartait les cuisses, comme pour lui demander si, jusqu'ici, tout était en accord avec ses souhaits.
Une de ses mains passa devant et alla rejoindre son mont de Vénus, pour s'arrêter juste devant le pubis. Ce fut à partir de ce moment-là que la fée sembla le plus perturbé - parce que, pour tout dire, elle n'était plus trop sûre de comment les choses étaient censées tourner, à ce stade-là. Prendre conscience de cet état de fait lui fit reprendre peur, et elle baissa la tête, fuyant le regard de celle qui la maintenait prisonnière.
"J-je peux pas... je sais pas comment faire..."
Malgré qu'elle soit perdue et apeurée, son ton se faisait toujours aussi bougon.
"J'ai jamais fait ça, moi... je sais même pas par où commencer !.."
Les explications techniques risquaient d'être un peu compliquées...