«
Voilà l’entrée. »
En ce début de matinée,
Adamantia, la Prêtresse d’Artémis à Antaropolos, était venue à l’auberge où Daphnée et Hagran s’étaient reposées pour les emmener dans les profondeurs du quartier nain. La belle Adamantia portait sa tenue blanche et dorée, et était comme une flamme de blancheur et d epureté dans ce quartier sombre et sinueux. Le trio était descendu dans les tréfonds du quartier, jusqu’à voir les maisons s’arrêter devant une grande grotte avec, devant, un solide portail fermé, et un poteau contenant une notice explicative. Dessus, on pouvait y lire une copie de l’arrêté municipal ordonnant la fermeture des mines «
pour causes d’intempéries », les intempéries en question étant «
une attaque de monstres présentant un risque certain pour la sécurité des employés ».
Hagran hocha lentement la tête. Elle reconnaissait très bien cette grotte. Petite, avec un groupe d’amis, ils adoraient se faufiler dans la mine, se prenant pour des braves, allumant des feux à l’intérieur pour se raconter des histoires d’horreur toute la nuit, et ils tremblaient à chaque fois qu’on entendait des grognements et des hurlements. La jeune Hagran avait beau avoir fait du chemin depuis, en un sens, elle restait toujours cette jeune femme aventureuse et insouciante. Et, maintenant qu’elle était de retour à Antaropolos, on pouvait dire que la boucle était enfin bouclée.
Adamantia se tenait devant elles, et déverrouilla la porte.
«
Je suppose que les nains doivent vraiment insister pour que les mines rouvrent… -
Tout le monde, en réalité. Les nains sont par nature un peuple de rudes travailleurs. Le travail est profondément marqué dans leur culture, et l’oisiveté est très nocive pour eux. Ils errent dans les rues, boivent, se battent, et, depuis quelques semaines, nos prisons sont saturées par les nains ivres qui sont envoyés en cellule de dégrisement, ou condamnés pour ivresse sur la voie publique, ou trouble à l’ordre public. »
La jeune Amazone ne put s’empêcher de légèrement sourire. La légende des nains et de leur appétit pour l’alcool était loin d’être exagérée. Tout le monde était pressé de les voir reprendre le boulot. Adamantia, en tout cas, venait d’ouvrir, et leva sa main, créant une boule blanche. Une sphère lumineuse se dressa au-dessus d’elle, servant de torche pour leur progression.
«
En temps normal, la municipalité emploie régulièrement une malice dont la tâche est, chaque soir, de partir nettoyer les mines des monstres. Comme la mine est fermée depuis plusieurs semaines… -
Nous n’allons pas chômer, compléta Hagran.
-
Exactement. »
Le trio arriva dans l’entrée de la mine, une grande caverne avec plusieurs cabanons abritant l’équipement nécessaire au travail minier: des pioches, des lampes frontales, des gants, des casques… Plusieurs chariots étaient là, vides, et, devant elles, il y avait quatre galeries qui partaient. Adamantia, fort heureusement, avait emporté avec elle un plan des mines. Antaropolos disposait d’un gisement minier qui, sans être immense, restait tout de même assez conséquent.
Sur la carte, Adamantia avait mis une croix rouge à un endroit, au fond de la mine. D’après les témoignages des mineurs, c’était ici que le sol s’était affaissé, et qu’on pouvait rejoindre le temple.
«
Alors, allons-y. »
Avoir un enfant en elle ne rendrait pas Hagran moins combative. Elle était Amazone avant d’être toute autre chose, mais, avant de partir, elle posa sa main sur l’une des hanches de Daphnée, et l’embrassa tendrement. Un geste pour s’encourager mutuellement, qui n’échappa guère à Adamantia. Un léger sourire vint ainsi se dessiner sur ses lèvres.
Ensuite, elles purent démarrer, et s’enfoncèrent dans les mines…