Cela faisait maintenant deux semaines que Bunjiro était arrivé au lycée Mishima. Deux semaines, pendant lesquelles il avait porté l'uniforme féminin, un chemisier blanc et une jupe plissée mi-longue noire, avec des bas montant jusqu'au genoux et des espadrilles. Et, jusque là, sa couverture fonctionnait à merveille, les élèves n'y voyaient que du feu. Il faut dire aussi que son physique très féminin et sa voix plutôt fluette aidait pas mal à ne pas éveiller les soupçons. Cependant, bien qu'il s'efforçait au mieux de ne pas le montrer, s'habiller ainsi en publique le mettait un peu mal à l'aise. Non pas que la tenue le gênait, il la préférait même à celle des garçons, mais il avait toujours cette petite peur, au creux du ventre, qu'un jour on ne découvre son secret. Il deviendrait à coup sûr la risée du lycée, pire encore le pervers qui avait été surprit à fouiller dans les vestiaires des filles, pour y renifler des petites culottes. Ce serait catastrophique !
Bunjiro était encore tout nouveau au lycée, et n'y connaissait pour ainsi dire personne. Il n'essayait pas vraiment de sociabiliser non plus, au contraire, il était plutôt du genre à éviter les gens. Certaines avaient bien essayé d'entamer la discussion avec lui, mais elles s'étaient toute prématurément terminé par un long silence pesant. Entre chaque cours, le jeune garçon allait directement d'une salle de classe à une autre, et attendait à sa place, pendant que les autres profitaient de la pause pour retrouver leurs amies, et bavarder. De la même manière, à la fin de la journée, il filait entre les groupes d'élèves, et rentrait directement chez lui. Il avait hâte de retrouver sa maman, et de lui faire un câlin et de lui raconter sa journée ! Bon, en soi sa journée n'avait rien d'exceptionnel, mais c'était un petit rituel qui lui tenait à coeur.
En chemin, il vît au loin quelques voitures de polices, de pompiers, et d'ambulances. Visiblement, un incident avait touché le quartier. De quelle nature ? Il n'en avait aucune idée. Ce qui le tracassait en revanche, c'était qu'il était encore très peu familier avec la ville, et que traverser ce quartier était le seul chemin qu'il connaissait jusque chez lui. Il aurait pu le contourner, bien sûr, mais il avait trop peur de prendre un mauvais tournant et de se perdre. En se rapprochant, il remarqua quelques de personnes en uniformes, mais également des riverains, sûrement des habitants du quartier. Il entreprit donc de traverser discrètement la zone, espérant passer inaperçu. Mais...
« Vous n’êtes pas autorisée à passer par ici, jeune fille. Le quartier est bouclé. »
Il sursauta brusquement, et s'arrêta net. Elle ne portait pas d'uniforme, et l'intonation autoritaire de la femme l'avait surpris, tout autant que le fait d'être appelé jeune fille. Il avait encore un peu de mal à s'y faire. Bunjiro lui fît face, un peu embarrassé. Il rougissait, et lui répondit, en bafouillant.
« Je ... euh ... hum ... ah bon ? ... C'est ... oh ... je suis désolée ... juste ... en fait ... je voulais juste rentrer chez moi ... c'est ... euh ... par là ... mais, ça ira madame ... je vais juste ... euh ... prendre un autre chemin ... désolée pour le dérangement ... »
Ses doigts trituraient nerveusement une mèche de cheveux. Son regardait oscillait entre la policière en civile et une rue qui menait hors du quartier. Il aurait bien aimé lui dire au-revoir, et quitter la zone, mais le jeune garçon n'osait pas bouger. Il espérait simplement qu'elle n'en fasse pas toute une histoire, et accepte de le laisser partir. En plus sa maman devait surement l'attendre...