Il existait différentes catégories de monstres... Pour cela, on se référait généralement aux renseignements des spécialistes de monstres, les sorceleurs, dont les mémoires et les écrits avaient été une source d’inspiration pour les académiciens et les scientifiques s’étant mis en tête de quadriller la nature et les multiples espèces qui y vivaient. Parmi toute cette catégorie, il en existait néanmoins une, qui abritait les monstres « inclassables », ce qu’on appelait les «
Vestiges ». Un Vestige était généralement un monstre redoutable, une créature terrifiante, et qui, par sa nature atypique, était difficile à classer quelque part. On y trouvait par exemple les monstrueux fiellons, les terrifiants couvins... Ou encore une autre espèce, qu’on appelait «
sylvain », ou encore «
boucavicorne ». Un sylvain ressemblait généralement à une espèce d’ogre massif avec une longue queue caudale et des cornes, d’où le terme de «
boucavicorne »... Mais il existait aussi des sylvains n’ayant rien à voir avec cette image typique.
Umo en était le bon exemple. Doté de paroles et d’une conscience développée, ce sylvain était une créature redoutable, qui avait des possibilités polymorphiques poussées. Il était devenu intelligent à force de dévorer des êtres humains, et avait peu à peu acquis son apparence actuelle en mangeant des Formiens. Cependant, Umo n’était pas un Formien, mais un véritable sylvain, une curiosité génétique qui semblait avoir atteint un stade définitif d’évolution. Doté de pouvoirs magiques qu’il avait obtenu en mangeant des runes magiques, il était comme un Blob tentaculaire, une créature redoutable, qui avait déjà tué bon nombre de chasseurs et de tueurs voulant l’occire. C’était un être cruel et dur, un redoutable glouton... Pendant ses premiers siècles d’existence, il n’avait été traversé que par un appétit insatiable, qui l’avait amené à évoluer, et à être capable d’ouvrir son ventre en deux pour avaler l’intégralité d’un humain, et le digérer lentement. Peu à peu, grâce à l’ADN formien, son appétit avait évolué S’il appréciait toujours autant la nourriture, il y avait aussi une autre forme de nourriture qu’Umo appréciait.
Ses tentacules lui permettaient désormais de violer et de manger, et il adorait violer... Le sexe était quelque chose qu’il avait découvert avec joie, et Umo, depuis lors, adorait le faire. Il violait les femmes, et, avec le temps, il avait appris à se calmer. Jadis, quand il les violait, il les tuait d’un coup, enfonçant trop loin ses tentacules... Maintenant, avec l’expérience, il avait appris à utiliser sa bave pour exciter sa proie, et ses tentacules pour les baiser longuement... Et il avait même appris à les baiser à l’intérieur de son ventre.
Umo menait maintenant une vie apaisée, au milieu d’un vaste marais ashnardien, où il était vénéré par les villageois locaux comme une sorte de divinité. Tout ce qu’il avait à faire était de tuer les meutes de loups revenant l’hiver, et, quand les loups ne venaient plus, les villageois étaient persuadés qu’il était une divinité locale, et offrait sa protection... En échange d’un prix à payer.
*
La bêtise des humains...*
Ce n’était pas la première fois qu’Umo faisait ça... La foi était une chose forte, mais, la dernière fois, des Inquisiteurs de l’Ordre Immaculé étaient arrivés dans sa région, et il avait dû fuir, avant de se faire tuer. Umo était fort, mais il n’était pas non plus invincible. Cependant, chasser à nouveau dans la forêt ne le tentait guère, et il avait donc trouvé un nouvel endroit où se terrer, et avait fait rapidement parler de lui.
Maintenant, il était là depuis de nombreuses années, un Dieu local, qui demandait un tribut, se constituant d’innombrables gâteaux et repas... Mais, parfois, il demandait aussi autre chose, et, en ce moment, il avait demandé la plus belle vierge du village. Le seul village qui avait un jour commis l’erreur de ne pas lui offrir de vierges avait subi son courroux. Il avait tué une vingtaine de villageois. La leçon avait été bien retenue, et Umo attendait donc... Il entendit les humains, depuis le trou menant à son antre, psalmodier leur litanie habituelle.
*
Hrrrrmrrr... Leurs prières à la con...*
Lui sentait la chair fraîche, celle d’une jeune vierge... Il sentit tout son corps en trembler, et se déplaça un peu. Le refuge d’Umo était dans une grotte, un chemin au bout duquel il y avait sa demeure... Quand des mets tombaient, il les récupérait avec ses tentacules, mais, là, il laissa la jeune femme tomber sur le sol, prenant tout le temps d’observer... Et saliva sur son corps, avant de l’entendre éructer contre les villageois qui l’avaient balancé là-dedans en offrande, avant de repartir dans l’autre sens.
Quelle beauté ! Quelle fougue, quelle énergie ! Mais Umo n’avait pas oublié les leçons du passé... Le corps des humains était une petite chose fragile, et, alors que la femme marchait le long de la grotte, discrètement, plusieurs fleurs libéraient dans l’air un nectar aphrodisiaque, destiné à exciter la femme, même si elle ne devrait normalement pas s’en rendre compte...
Comme pour l’impressionner, il se mit alors à rire :
«
HUA HUA HUA !! Ma petite fleur fragile... Doux bourgeon prêt à éclore... »
Si elle avançait, elle verrait la crypte, avec des colonnes en marbre et des torches enflammés dans les coins, ainsi que d’innombrables gâteaux, cadavres de biches, de vaches... Le garde-manger, où Umo passait la majorité de son temps à manger.
«
Tu sais dans quoi tes pieds marchent, ma douce fleur ? Ma merde... HUA HUA HUA HUA !! Je chie beaucoup, pour conserver mon corps attirant... »
Dissimulé dans l’ombre, Umo rampait le long des murs avec ses multiples tentacules visqueux. Umo voulait la faire paniquer un peu... Parce qu’il aimait ça.