Une autre journée paradisiaque en cette terre sacrée. Que ce soit le hasard ou la bonté divine de leur divine maîtresse, la température était toujours parfaite à Haven. Chaude et généreuse en journée ainsi que particulièrement rafraîchissante une fois le soleil couché. Il n'y à pas à dire, rien de mieux qu'une température tropicale! Malheureusement, aujourd'hui n'était pas à l'amusement, mais aux obligations. Au devoir, que dis-je! Debout depuis les petites heures du matin, la jeune Kraufs était bien réveillée, nettoyée afin d'occuper le trône en compagnie de son père, Maxwell. En tant qu'héritière du siège de Haven, elle s'habituait déjà à ses nombreuses responsabilités, la première étant l’accueil des nouveaux venus et le jugement de leurs cadeaux. Rarement intéressants, ces cadeaux venaient généralement de paysans avec très peu de fortune, ou alors de nobles venant de Nexus. On leur offrait ouvrages de lecture, pièce d'art sans réelle valeur ou bétail afin de nourrir la population. Tous utiles, jamais intéressant. Si ce n'était pas du regard sévère de son père qui l'observait et réprimandait son attitude, elle se serait probablement endormie!
Ce petit manège dura de longues et tortueuses heures. Alors que le silence retombait sur la grande salle d'audience, le père adressa un soupir à l'attention de sa jeune fille.
-N'est-ce point trop monotone pour Son Altesse? lui dit-il, moqueusement.
-Loin de moi l'intention de me moquer de la grande générosité de nos invités, père. Répliqua-t-elle avec un certain ton agacé. Mais cette courtoisie nous semble quelque peu redondante! Notre présence est-elle réellement nécessaire pour juger lequel du bœuf ou de la charrette nous serait plus favorable?
-Chère fille, il n'y a point question de jugement, mais d'allure. Haven étant terre de bonté et d'égalité, la rencontre intime de nos citoyens et de nos invités est d'une importance capitale.
On annonça l'arrivée d'un bateau venant d'Ashnard, transportant en son bord plusieurs dizaines de vacanciers. On mit fin à la conversation alors qu'on rentrait un à un. De tous ceux présents, deux seuls se démarquaient. Il y avait premièrement un esclavagiste venant de la dictature, offrant sa marchandise en l'échange d'un laissez-passer. Évidemment, celui-ci fut immédiatement renvoyé à son embarcation, Haven refusant catégoriquement le marchandage d'esclave en ses terres. La dernière était une femme peu vêtue, mais bien équipée. Probablement l'une de ces aventurières qui venaient parfois chercher un peu de calme en Haven. Elize et son père restaient pantois. Elle leur offrait un œuf de couleur saphir qu'on pouvait aisément reconnaître comme était l’œuf d'un dragon. Elize regarda son père, surpris. Elle lui offrait à elle en particulier. Elle se leva, venant prendre son cadeau.
Ma chère, nul point de vous abaisser ainsi devant nous. Nous ne sommes nul empereur, alors tant d'adoration en notre égard n'est nullement nécessaire! dit-elle en l'aidant à se relever. Pouvons-nous être honorée de connaître votre nom, jeune aventurière? Il n'est point dans nos habitudes de recevoir un cadeau... Aussi unique, puis-je dire!
Elle fit signe à un garde qui lui amena un formulaire. Elle le remplit aussitôt, l'offrant par la suite à Miva. Le document certifiait son droit d'entrée, mais également son admission au traitement de luxe, généralement réservé aux invités de marque.
Père, pouvons-nous recevoir l'honneur d'accompagner notre généreuse invitée dans la visite de nos terres?
Le grand homme lui fit signe que oui et Elena s'accrocha au bras de l'aventurière, la traînant à l'extérieur.
Avez-vous déjà entendu parler de Haven, milady?