Les paroles prononcées par Ulrik eurent le mérite d'échauffer les sens de Jena. Déjà que le vin, but rapidement, lui enflammait la tête, alors ces sous-entendus … Elle lui répondit d'un sourire entendu, remuant des hanches comme le font si bien les jeunes femmes aux hormones flamboyantes. Le second verre, elle en but une gorgée, rapidement, avant que ZI.UA ne se lève pour récupérer son verre. Jena lui répondit d'une grimace, avant de s'approcher un peu plus d'Ulrik. Ok, elle, les bad boy, elle adorait ça. Ça tranchait avec son allure douce comme de la soie.
« Je ne pense pas être une fille de bonne vertu … En ai-je l'air ? »
Elle minaudait, avec un ton aussi enfantin qu'allumeur. Elle le savait très bien, que sa gueule d'ange donnait cette impression. Un bon chrétien lui aurait donné le bon Dieu sans confession. Tout ce qui était blanc était, dans l'imaginaire collectif, rattaché à la pureté. Le physique de Jena allait dans ce sens. Elle avait tout d'une sainte. Alors que ZI.UA buvait une nouvelle gorgée de vin, galvanisée et un peu sonnée – autant par l'alcool que par les vertus aphrodisiaques qui commençaient à lui ronger le crâne – Jena préféra s'emparer de la bouteille. Boire au goulot, c'était plus drôle, et nettement plus tendancieux. Elle avait une envie folle de faire des conneries, là, tout de suite, maintenant, que ce soit avec Ulrik, qui avait le charme d'un bandit, pour reprendre ses termes, qu'avec Nathan. Savoir que ce dernier portait un symbiote en lui, et donc quelque chose de potentiellement dangereux, l'amusait franchement. Ça lui donnait envie de jouer avec le feu, et de se brûler tout le corps au passage.
Elle s'installa tranquillement sur la table, pile entre Nathan et Ulrik, la bouteille serrée dans la main. Et ZI.UA, blasée, la regardait. Nan mais ça, c'était du délire. Elle ne savait pas si elle devait la laisser là et partir se planquer dans leur chambre, ou entrer dans son jeu. Les méfaits des aphrodisiaques commençaient à se répandre partout dans son corps. Sauf qu'elle, pour qu'elle s'intéresse un tant soit peu à un être humain, il fallait se lever tôt. Des débordements hormonaux lui donnaient envie de choper un robot, doué, sans failles aucune, et de se perdre dans ses bras mécaniques. Jena, c'était autre chose. Dos creusé, poitrine bombée, elle … se bourrait la gueule, oui. Elle avait une descente incroyable. Sans doute des restes de sa patrie d'origine. On disait des habitants d'Ankylos qu'ils avaient, en général, un caractère porté sur la destruction et la soif de pouvoir. Si ce n'était quasiment jamais le cas chez une Jena sobre, il y avait de grandes chances pour qu'une fois désinhibée, elle se lâche totalement. Je ne sais pas si j'ai envie de voir ça, moi. Même si Nathan et Ulrik, certes, l'intéressaient un peu – merci l'ivresse qui ébouillante tout un corps – elle se voyait mal partir dans un délire orgiaque, et ce en présence de Jena. Non, non. Ce n'était pas dans sa nature. Son ego, plutôt blindé, lui ordonnait au contraire d'attendre qu'on soit tout à elle. Pas question de partager. Elle se disait, et ce avec une pointe d'orgueil, que Jena ne serait qu'un amuse-gueule pour ces deux-là. Elle, il fallait la mériter.
Elle vida le verre, avant de le claquer sur la table, ce qui fit sursauter Jena.
« Toi, quand tu fais ça, ça veut dire que tu as une idée en tête, et que tu veux la faire partager. » analysa son amie avec une pointe de cruauté, genre Je t'ai cerné, ma grande.
ZI.UA lui répondit d'un rictus un peu coupant.
« Je ne veux pas te déconcentrer, Jena, voyons. »
Son ton acide, arracha un sourire à Jena.
« Oh, ZI' … Tu ne vois pas que je m'amuse ? »
Elle aurait pu lui répondre que si, justement, elle le voyait très bien, peut-être même trop bien, mais se retint. Il ne fallut que quelques micro-secondes pour que Jena n'en revienne à ses moutons ou, justement, à ces deux mecs qu'elle trouvait de plus en plus attirant au fur et à mesure des gorgées qu'elle ingérait. Elle plongea son regard clair, où scintillait une lueur brûlante, dans celui d'Ulrik.
« En quoi est-ce dangereux de voyager avec vous, mh ? Vous allez nous faire du mal, peut-être ? »
J'ai pas signé pour un porno, putain. ZI.UA se leva de son siège, inclinant la tête avec une certaine froideur. Jena perçut son regard.
« Oh, mais ZI', ça ne va pas ? »
« Je pense aller … me reposer un peu. Mais je t'en prie, Jena, je ne veux pas te gêner. »
« Oh, non, non, tu ne me gênes pas du tout. »
Discussion profondément ironique. À croire que c'était leur ton de conversation habituel.
« … J'ai juste très envie de voir où Ulrik veut en venir. J'aimerais qu'il m'explique ce qu'il peut nous arriver, ici. »
Et elle but à nouveau, au goulot, ses lèvres glissant sur le verre avec une lenteur indécente. Là, ça devenait … Ouais, bon.
« J'ai pas très envie de fuir, moi. »
A peine eut-elle fini cette phrase qu'on entendit une porte se refermer. ZI.UA ? Partie. Il ne restait donc qu'une Jena inflammable dans cette pièce, suffisamment enivrée par ces alcools aphrodisiaques pour avoir une envie terrible de s'encanailler un peu. Elle releva sa jambe, pour l'appuyer contre l'accoudoir du siège d'Ulrik, avant de tourner son visage d'ange vers Nathan, et de lui offrir un sourire gavé d'envie. Dès que ZI.UA décampait, c'était comme si la seule figure d'autorité qui l'entourait disparaissait. Qui dit plus d'autorité, dit … beaucoup plus de bêtises.