Vivre toute seule dans un si grand penthouse n’avait, jusqu’alors, représenté aucun soucis pour l’honorable veuve. Catalina appréciait cet espace. Elle appréciait le luxe, et tout, ici, respirait le luxe. Elle était libre d’y accueillir qui elle voulait, d’y faire ce qu’elle voulait. Le premier étage de son penthouse était constitué d’une grande salle de séjour, à la sortie de l’ascenseur, avec une cuisine toute équipée et moderne sur la gauche, et un salon à côté de l’ascenseur et du séjour, face à la baie vitrée. Le salon contenait du matériel high-tech plutôt cher. La télé, surtout, était immense. Mais en fait, Catalina ne la regardait que peu. Elle n’usait que rarement son canapé d’angle. Dans la salle de séjour, une seule chaise était toujours dérangée. La même, à chaque fois, même si la longue table contenait de la place pour huit personnes. Pareillement, il était rare qu’elle utilise sa cuisine à son plein potentiel, recevant rarement d’invités. Il y avait une dernière pièce, au premier étage. Enfin deux. Une pièce vide, facilement aménageable en chambre étant donné la proximité avec la salle d’eau qui y était accolée. Douche, et WC séparés. Mais malgré la qualité indéniable de cette chambre possible et de cette salle de bain, Catalina ne s’en était jamais servie. Elle préférait l’étage. Divisée en deux parties, avec un couloir sur lequel donnait l’escalier, en son centre. D’un côté, une salle de bain refaite à neuf, comportant douche et baignoire creusée, ainsi que des WC séparés par une cloison. De l’autre, sa chambre, grande et spacieuse, et aménagée avec goût. De chaque côté, un balcon. Le penthouse prenait en effet les deux derniers étages de l’immeuble. Et le toit. Dans le couloir entre la chambre et la salle de bain, il y avait d’ailleurs une petite échelle dépliable, reliée à une trappe au plafond. Et au-dessus, il y avait un toit des plus magnifiques. Une sorte de jardin aériens, avec une piscine couverte en son centre, et quelques chaise autour d’un salon de jardin.
Soupirant doucement, Catalina repassa par la baie vitrée du premier étage, revenant dans le séjour. Elle posa son verre de vin, vide, sur le bar à l’américaine, et prit ses affaires. Son sac à main, ses clés de maison et ses clés de voiture. Elle avait pris sa décision. Depuis quelques semaines, elle y réfléchissait vraiment. Elle avait besoin de compagnie. Des coups d’un soir, de temps à autres, ce n’était pas vraiment satisfaisant à la longue. Sur le niveau sexuel, il n’y avait pas de soucis, mais sur le plan social, elle dépérissait. Et ce chantage qu’exerçait sur elle l’agent Valmy n’aidait pas vraiment à lui changer les idées. Frissonnant comme la brise fraîche s’infiltrait sous sa petite chemise blanche, la veuve ferma la baie vitrée, et prit l’ascenseur. Elle descendit jusqu’au niveau du parking. Elle avait deux étages, dans son penthouse, et avait donc hérité de deux places. Mais elle n’en utilisait qu’une seule.
Elle se rendit dans le centre-ville. Elle n’en n’était pas très éloignée, aussi ce fut rapide. Elle trouva une place rapidement près de l’agence immobilière, et verrouilla sa voiture avant d’entrer dans le local. Elle patienta près d’une demi-heure avant qu’une conseillère ne la prenne en charge. Les bureaux étaient ouverts, du style « open space ». Lissant sa jupe noir, plissée, laissant apercevoir ses bas opaques et autocollants, la veuve s’avança, et prit place sur le siège. De là où elle était, elle voyait toujours les gens qui attendaient. Croisant les jambes, laissant voir la dentelle de ses bas, elle s’accouda au bureau.
« Bonjour, je souhaiterais proposer mon appartement pour une colocation.
— Très bien. De quelle surface disposez-vous ?
— Environs 450 mètres carrés. C’est un penthouse. Il y a deux étages, plus le toit.
— Avez-vous des photos ?
— Bien entendu. »
La veuve sortit son téléphone, et montra les quelques photos qu’elle avait pris de tout l’appartement. La conseillère les fit transférer sur son ordinateur, et posa encore quelques questions techniques. Loyer, partage de l’appartement, adresse, étage, ainsi que tout ce qui était places de parking, taxes d’ordures ménagères et charges. Ce à quoi Catalina répondit de son mieux, affirmant qu’elle ne mettrait pas un loyer en fonction des prix du marché. Elle recherchait avant tout de la compagnie, des interactions sociales, et non pas un complément de revenu. La conseillère parlait fort, pour se faire entendre par-dessus les voix de ses collègues, aussi les personnes qui attendaient pouvaient tout à fait saisir l’offre que proposait la veuve.
« Très bien. Un agent viendra évaluer l’appartement de visu dans la semaine, et nous mettront ensuite l’annonce en ligne. Si vous trouvez preneur d’ici-là, prévenez-nous. »
Elle régla ensuite les derniers détails administratifs, comme les honoraires de l’agence et tout ce qui s’ensuivait, avant que la brune puisse sortir. Elle avait passé près d’une heure avec la conseillère, et elle avait faim à présent. A côté de l’agence, un petit bistrot « à la française » s’était installé. Elle hésita à y faire un tour, étirant ses muscles endoloris sur le pas de la porte.