Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Ça, une vie ? Désolé mon grand, mais tu te trompes. [Prima Cadenza]

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Gaël/Gaëtan

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    Un psychopathe en bleu avec des lunettes.
    Un psychopathe en blanc sans lunettes.
    Un lion et un serpent noirs de jais.
    Des yeux bleus luisants.
    La Mort en double.
-Merde… Je crois qu’on s’en sortira pas cette fois.
-J’avais remarqué.


Ils sont essoufflés. Ils ont trop combattu, ils ont trop utilisé leurs pouvoirs. Ils n’en peuvent plus, c’est à peine s’ils tiennent encore debout. Les Jumeaux Noirs sont sur le point de perdre un combat. Leurs forces les abandonnent peu à peu, leurs blessures prennent le pas sur leur combativité. Gaël tombe, épuisé par la lutte. Son frère ne tarde pas à suivre. Ils s’effondrent tous les deux et perdent connaissance.
-_-_-_-_-_-

-G…Gaëtan…?
-Je suis là… Ooh, ma tête…

Ils se regardèrent et découvrirent chacun un collier autour du cou de l’autre. Un désespoir profond se lut alors dans leurs yeux. Un collier avec une pierre d’obsidienne. Un collier d’esclave…

-On est foutus.

Gaël, plus émotif, commença à pleurer. Leur vie venait de prendre fin, commençait une semi-existence misérable à laquelle ils avaient tout fait pour échapper.
La révolte gronde, la bête hurle à la lune, les guerriers traquent le démon, l’espion cherche la divinité et le chat erre sous l’œil de l’écrivain.

Prima Cadenza

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Pendant que certains traînaient leurs misères, d'autres traînaient leurs savates, sur la place du marché.

Cadenza en faisait partie, ayant simplement voulu voir du paysage, ou en tout cas d'autres paysages que les monts enneigés qui se découpaient dans les fenêtres de sa demeure. Époustouflante comme d'habitude, ses cheveux rouges étaient noués en un chignon élégant. Elle avait troqué son épaisse cape pour une tenue plus légère, plus adaptée à l'environnement ensoleillé de Nexus : une robe corsetée, simple, d'un rouge profond.
La tenue de la dame était peu sophistiquée, mais suffisamment indicative pour que l'on sache que l'on avait affaire à une aristocrate. Nulle présence de garde du corps autour d'elle : avec son indépendance habituelle, Cadenza s'estimait assez puissante en cas d'éventuelles attaques.
Il faut dire que l'éventualité lui avait à peine effleuré l'esprit : la noble devait en effet être l'une des seules résidentes d'Ashnard dont le pouvoir n'était pas proportionnel à sa culpabilité. En gros, elle n'avait rien à se reprocher - d'où sa confiance envers la population nexusienne.

- Hoyé, Madame, un peu de temps à consacrer au bas peuple ?

La démone dirigea son regard vers l'individu qui l'accostait, un marchand aux traits tirés, un sourire sur ses lèvres. Il jaugeait les achats de Cadenza d'un œil expert - qui allaient de l'étole précieuse aux flacons de chimistes - et son sourire s'élargit, en constatant que ces objets n'était pas à la portée de toutes les bourses.

- Ma foi, pourquoi pas, répondit poliment la rousse.
- Vous êtes bien aimable ! La fin de la matinée approche, j'attire votre attention sur le fait que je revends toutes mes marchandises à la moitié de leur prix d'origine !
- Et dans quoi vous spécialisez-vous, mon ami ?

Pour toute réponse, l'esclavagiste saisit quelque chose sur son stand : une laisse de cuir, épaisse et dure. Par automatisme, la noble leva le regard sur ce qui se tramait derrière lui. Des dizaines de cages, remplies ou non. La démone les préférait personnellement vides.
Cet individu ne s'imaginait certainement pas que la femme devant lui avait pu séjourner dans une de ces horreurs. Avec le temps, Cadenza avait appris à relativiser, tout comme l'on apprend à relativiser devant la gamelle d'un mendiant que l'on croise sur notre route. Mais c'était toujours assez désagréable de croiser autant de barreaux, qui lui renvoyaient les fragments de son propre passé.

- Je n'ai pas besoin de domestiques, répondit-elle, un peu plus sèchement qu'elle ne l'aurait espéré. Je suis déjà servi avec ce que j'ai à la maison.

Le marchand éclata de rire, dévoilant deux dents en or.

- Je m'en doute, ma Dame... avec tout le respect que je vous dois, vous n'avez pas l'air de faire votre propre vaisselle !
- Dans ce cas, pourquoi m'accoster de la sorte ?
- Eh bien, je m'étais dit qu'il serait bon que vous sachiez que je dois vider ces cages avant la fin de la journée... je vends à moitié prix pour donner une chance aux restes, haha !

La démone tiqua. Oh, sérieusement ? Cet homme insinuait donc que si le reste de ses esclaves ne se vendaient pas, Ils finiraient au "rebut"... et personne n'avait envie de savoir ce que ça signifiait vraiment.
Il aurait pu mentir pour l'amadouer et multiplier ses chances de vente, bien sûr. Et c'était probablement le cas, d'ailleurs. Mais sans doute que ce bougre aimait jouer avec les sentiments de ces dames... devenir mère changeait la vision d'une âme, même dans les yeux d'une créature au sang maléfique comme le sien.
Elle était donc sur le point de l'ignorer royalement, le nez en l'air, quand les sanglots percutèrent ses tympans.

Attirant son attention, Cadenza aperçut alors une cage où deux jeunes hommes se serraient l'un contre l'autre. Même visage et même corps, il s'agissait de jumeaux. C'était une nouveauté pour la démone qui n'en avait presque jamais vu, et ce fut sûrement cela qui aiguisa d'abord ses sens. Son esprit scientifique marchait à plein régime.
Les âmes des jumeaux étaient réputées pour être pratiquement identiques. Du moins, dans le folklore. Et les amateurs d'ésotérisme comme elle savaient que certaines paires montraient parfois des capacités psychiques, magiques, alchimiques, qu'ils ne partageaient qu'entre eux.
Quelles expériences on pouvait bien faire sur des jumeaux ?

- Combien pour le binôme ? demanda-elle, montrant la cage d'un long doigt blanc.
- Les deux p'tits blondinets ? C'est cent cinquante pièces d'or, ma Dame.

C'était si peu cher ! Comment espérait-il faire du bénéfice, avec si peu de rendement ?! Constatant l'expression surprise de sa cliente, le vendeur réprima un grognement.

- Je sais c'que vous vous dites... ni malades, ni boiteux, ni rien, ma p'tite dame... c'est juste que y en a un des deux qui me les brise depuis ce matin, à pleurer comme une fillette. Si je les vends pas, je leur tord le cou dans la journée.

Et là, il n'avait pas l'air de mentir du tout.
La bourse de Cadenza se vida donc de cette maigre somme, et les deux jumeaux furent sorties de leurs maison de fer. La rousse saisit le bout des laisses que l'on lui donna, et salua poliment le vendeur, ses bonnes manières prenant le pas.

Une fois un peu éloignée, elle put enfin constater l'obsidienne qui ornait les deux colliers. Elle la toucha du bout de l'ongle, souriant tristement.

- Vous avez des pouvoirs, donc ? Je vous les ôterais une fois que nous serons de retour à la maison. Pour l'instant, allons nous installer dans la carriole...

Midi approchait à grands pas, et il était temps de quitter la région.

Gaël/Gaëtan

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Ils étaient dans une cage. Ils avaient des colliers à pierre d’obsidienne. Ça faisait déjà deux bonnes raisons pour les jumeaux de désespérer quant à leur sort. Mais il avait fallu que le destin leur joue un autre tour, tout aussi cruel ! Alors que Gaël avait enfin réussi à sécher ses larmes, il eut le malheur de regarder ce qu’il se passait à l’extérieur. Un hoquet de terreur lui échappa et il recula brusquement, se cognant contre son frère.

-Qu’est-ce qu’il y a ?
-On est…on est à Ashnard !

Gaëtan regarda et dut bien reconnaître que c’était vrai. Comme Gaël se remettait à pleurer, il le prit dans ses bras en essayant de le consoler du mieux qu’il pouvait, mais lui-même était maintenant mort de peur.

La matinée fut horrible. Les jumeaux ne pouvaient que prier tous les dieux qu’ils connaissaient pour que leur acheteur soit suffisamment idiot pour qu’ils puissent s’échapper sans problèmes. Mais personne ne les acheta. Ils restèrent dans leur cage, leur inquiétude grandissant à mesure que le Soleil montait dans le ciel.

Puis vint quelqu’un. Une dame aux cheveux roux. Le marchand d’esclaves l’avait interpelée et conversait maintenant avec elle. Au début, les jumeaux n’y prêtèrent pas attention. Et puis…

- Combien pour le binôme ?

Gaëtan releva la tête. Tous les autres esclaves étaient vendus séparément, elle devait donc faire allusion à eux. Et c’était le cas puisqu’elle tendait le doigt vers leur cage.

- Les deux p'tits blondinets ? C'est cent cinquante pièces d'or, ma Dame.

Les jumeaux tiquèrent. Il se moquait d’elle ! Ils valaient bien plus que ça, même séparément, ce marchand les insultait en donnant un prix aussi bas ! Et la dame aussi se doutait qu’il y avait un problème avec le prix. En même temps, n’importe quel imbécile l’aurait compris !

- Je sais c'que vous vous dites... ni malades, ni boiteux, ni rien, ma p'tite dame... c'est juste que y en a un des deux qui me les brise depuis ce matin, à pleurer comme une fillette. Si je les vends pas, je leur tords le cou dans la journée.

Gaëtan grinça des dents et marmonna :

-Si tu nous touches c’est ton cou que je vais tordre, fumier…

Ils virent les pièces d’or changer de propriétaire. Ainsi donc, c’est elle qui les achetait. Ils ne se débattirent pas quand on les fit sortir, ni quand on leur mit une laisse à chacun. Tenter une évasion ici reviendrait à se suicider, ils en étaient conscients. Mieux valait attendre un moment plus propice.

La dame les conduisit un peu plus loin tandis que Gaëtan jetait un regard meurtrier au marchand. Bon débarras. Cet homme échappait à une morte lente et très douloureuse.

- Vous avez des pouvoirs, donc ? Je vous les ôterai une fois que nous serons de retour à la maison. Pour l'instant, allons nous installer dans la carriole...

Les jumeaux échangèrent un regard inquiet. Ils ne savaient pas si la deuxième phrase concernait leurs pouvoirs ou leurs colliers… Ils choisirent de ne pas y penser pour le moment.

-Qu’est-ce que vous allez faire de nous ? demanda doucement Gaël. Je vous préviens, nous ne savons rien faire à part nous battre. Et encore, sans nos armes ni nos pouvoirs…
« Modifié: mercredi 25 février 2015, 18:17:34 par Gaël/Gaëtan »
La révolte gronde, la bête hurle à la lune, les guerriers traquent le démon, l’espion cherche la divinité et le chat erre sous l’œil de l’écrivain.

Prima Cadenza

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Elle avançait au milieu de la foule, s'éloignant peu à peu avec ses nouvelles acquisitions, tentant de ne pas avoir l'air trop apitoyée par le sort des deux jumeaux - qui, à en juger par leurs réactions respectives, devait leur être être inédit. Heureusement, la foule se dispersa peu à peu au fur et à mesure qu'ils sortaient du marché d'Ashnard, gagnant l'endroit où étaient rangés les différents moyens de locomotions des nobles. Ici, mis à part les laquais qui attendaient dans les voitures le retour de leurs maîtres respectifs, personne pour juger les actes de la démone.
L'un des deux membres du duo finit par s'adresser à elle, lui précisant qu'à part leurs capacités de combat, ils n'étaient bon à rien.

Pour toute réponse, Cadenza s'arrêta et lui adressa un sourire compatissant en se retournant. Le pauvre petit avait les yeux rouges d'avoir tant pleuré, des traces de larmes séchés zébraient ses joues pâles. Fouillant dans son sac à main de cuir, la dame sortit un mouchoir rouge sang et le lui passa doucement sur le visage, comme elle avait l'habitude de le faire à ses enfants lorsqu'ils étaient jeunes et qu'ils pleuraient à chaudes larmes.

- Lorsque l'on est un esclave, mentionner ses faiblesses n'est pas recommandable, tu sais. Heureusement que je n'ai aucune mauvaise intention à votre égard.

La noble ne souhaitait pas dévoiler tout de suite ce qu'elle comptait faire d'eux, mais elle souhaitait tout de même leur faire comprendre que, si ils se comportaient bien, elle ne leur ferait aucun mal... sauf si la science le réclamait, lors des futures expériences qu'elle comptait leur faire subir.

- Pour l'instant, nous allons tous rentrer chez moi. Vous prendrez un bain chaud et mangerez quelque chose en ma compagnie. Je vous expliquerais mes intentions lorsque nous serons à table.

Il n'était pas loin de l'heure du déjeuner, après tout. Le trajet durerait une à deux heures, et ils seraient au moins tous confortablement installés. Ils gagnèrent ensemble le véhicule de la bourgeoise et montèrent dans l'élégante carriole qui lui appartenait, s'enveloppant instantanément de confort et d'espace, assez d'espace pour que les jumeaux soient assis côte à côte et que Cadenza leur fasse face.
Quand ils démarrèrent, elle ôta doucement les chaînes qui étaient reliées aux colliers et les rangea dans son sac. Elle n'ôta cependant pas les colliers des deux nouveaux esclaves, s'expliquant de cette façon :

- Vous conserverez ces colliers jusqu'à ce que nous soyons chez moi. Vous avez beau être bien tombés, je ne suis pas stupide pour autant. Les petits oiseaux comme vous s'enfuient, dés qu'on leur ouvre la cage, non ?

Dieu seul savait qu'elle les comprendrait, si ils tenaient à s'échapper comme elle le prévoyait. Mais, aussi bonne fut-elle (pour une démone du moins), elle ne tenait pas à jeter cent cinquante pièces d'or par la fenêtre. Cette dernière pensée la fit glousser, et elle détourna son regard par la fenêtre.

- Cent cinquante pièces d'or, quand même, quand j'y pense... ça ne devrait pas permis, d'être aussi stupide. Je suppose que vous avez dû vous sentir offensés de coûter si peu cher !

Cadenza leur parlait comme à des pairs, brisant le stéréotype du maître s'adressant à son esclave sans prendre de pincettes. Pour autant qu'elle en savait, les ashnardiens considéraient que leurs possessions avaient autant d'intelligence qu'un sac de pomme de terre. De son côté, elle estimait que ces deux jeunes hommes avaient l'air suffisamment intelligents pour tenir une conversation normale. Une chance pour elle, qui s'était au moins trouvé une source d'occupation jusqu'à son retour au château.

Gaël/Gaëtan

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La dame ne répondit pas à sa question. Elle sortit un mouchoir de son sac. La voyant l’approcher de son visage, il eut un mouvement de recul, qu’il réprima bien vite quand il se rendit compte que c’était ridicule. Le geste de la dame le surprit.

- Lorsque l'on est un esclave, mentionner ses faiblesses n'est pas recommandable, tu sais. Heureusement que je n'ai aucune mauvaise intention à votre égard.
-Mais…
-Vous nous avez achetés pour quoi alors ?


Là encore, pas de réponse. Du moins pas tout de suite, puisqu’elle leur promit de la donner plus tard. L’attitude de leur nouvelle maîtresse était assez déstabilisante, comme si elle ne comprenait pas le principe de base d’une relation maître/esclave. Les jumeaux étaient un peu inquiets. La situation échappait à leurs capacités de réflexion.

Ils marchèrent encore jusqu’à une carriole. Là, elle les détacha. Enfin, ils avaient toujours leurs colliers, pour une excellente raison qui prouvait qu’elle avait plus de jugeote que certains. Ils pensaient bien évidemment au marchand d’esclaves, dont les paroles leur étaient restées en travers de la gorge. Et justement…

- Cent cinquante pièces d'or, quand même, quand j'y pense... ça ne devrait pas permis, d'être aussi stupide. Je suppose que vous avez dû vous sentir offensés de coûter si peu cher !

Gaëtan eut un ricanement dédaigneux tandis que Gaël levait les yeux au plafond.

-C’est le moins qu’on puisse dire…
-Même sans magie, un seul de nous deux vaut au moins le triple.
-Faut peut-être pas exagérer, dis…


Ils soupirèrent tous les deux, dans une synchronisation parfaite. Oui, ils s’étaient sentis offensés, ils n’avaient pas du tout aimé ce qu’ils avaient entendu, et s’ils n’avaient pas été achetés on aurait bientôt retrouvé le cadavre de cet imbécile, et les mains des jumeaux tachées de sang qui ne leur appartenait pas…
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Cadenza les écouta parler, les mains posées sur ses genoux, adossé avec soin sur la belle banquette rouge sang. Ils avaient leur propre avis, communiquaient entre eux avec cette complicité qui ne pouvait être partagé qu'entre personnes proches - ils soupiraient même en totale synchronisation, et leurs têtes à ce moment-là fit glousser leur nouvelle propriétaire
La démone les sentait assez intelligent, loin de l'esclave pouilleux de base qui attrapait des puces tous les deux jours. On leur avait retirés leurs habits d'origine, les remplaçant par de simples habits en toile de jute, mais elle les imaginait très bien s'habiller avec raffinement.
L'un d'entre eux avait l'air beaucoup plus volubile que l'autre, déclarant qu'il valait au moins le triple. La rousse tendit un doigt pour le corriger, ressemblant plus que jamais à une mère.

- En réalité, un humain peut monter jusqu'à trois milles pièces d'or sur Nexus. Bien que je ne sois pas sûre que vous soyez humains, après tout...

Elle se réinstalla confortablement, croisant les jambes sous ses multiples jupons. Un sourire éclaira l'ovale de son visage.

- Dites-moi... vous auriez été capables de le tuer, ce cher monsieur ?

Simple question, histoire de s'informer sur ce qu'elle avait en face d'elle. Son regard se reporta sur ses ongles - ou plutôt ses griffes, assez aiguisés pour égorger n'importe qui.

- En tout cas, il n'a pas été très volubile concernant les informations les plus simples... cela vous embêterait de vous présenter, du coup ? Ça me ferait très plaisir, de savoir qui j'ai en face de moi.

Elle n'avait pas l'intention de leur donner d'autres noms, vu qu'ils étaient assez intelligents pour se souvenir du leurs. Au risque que ce comportement presque d'égal à égal les perturbe de nouveau...

Gaël/Gaëtan

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- En réalité, un humain peut monter jusqu'à trois milles pièces d'or sur Nexus. Bien que je ne sois pas sûre que vous soyez humains, après tout...

Deux choses. Les jumeaux écarquillèrent les yeux de stupeur, mais se ressaisirent assez rapidement.

-Trois mille…

Ils n’imaginaient pas que les prix pouvaient grimper jusque là pour un esclave simplement humain. Mais ils n’y connaissaient pas grand-chose, non plus… Dans tous les cas, c’était très surprenant, et ils étaient d’autant plus vexés qu’effectivement, ils n’étaient pas humains. C’était d’ailleurs la deuxième chose surprenante : comment avait-elle deviné ? Mais ils ne dirent rien, elle faisait peut-être juste une supposition au hasard, auquel cas il était hors de question qu’elle sache.

La dame leur posa alors une question. Cette fois, les jumeaux sourirent. Un sourire mauvais, avec une lueur de cruauté.

-Déjà, ce n’est pas l’envie qui manque… Surtout après ce que vous nous avez dit à l’instant.
-Et puis c’est un jeu d’enfant, de tuer un homme, même à mains nues.

Il exagérait un tout petit peu, mais pas suffisamment pour que ça se remarque. Il n’aurait réellement eu aucun mal à le tuer. En revanche, il eut un peu de mal à admettre la question suivante. Elle les traitait comme des égaux alors qu’ils étaient censés être esclaves, c’était très déstabilisant. Son frère haussa les épaules.

-Je m’appelle Gaël, et mon frère Gaëtan.

Il envisagea brièvement de lui en dire plus, mais il se ravisa. Inutile de lui en parler. Si ça l’intéressait, elle demanderait, sinon inutile de gaspiller sa salive à le lui dire.

-Dites… Je sais que c'est pas des choses qui se disent quand on est esclave, mais...vous êtes un peu étrange.

Simple, direct et...Très dangereux. Il n'aurait pas été étonné de se prendre un coup en retour.
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Prima Cadenza

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- Très bien, vous n'avez pas des prénoms originaires de nos contrées... je suppose que vous êtes des étrangers ? Je suis Cadenza, pour ma part. J'apprécie le terme de "Maîtresse", mais je ne vous l'imposerais pas.

Elle ne fit aucune conclusion concernant leurs envies de meurtres. Priver de liberté une personne la faisait changer, et rarement pour le meilleur : ça ne voulait pas pour autant dire qu'ils étaient des meurtriers en puissance. Elle les comprenait parfaitement.

-Dites… Je sais que c'est pas des choses qui se disent quand on est esclave, mais...vous êtes un peu étrange.

En guise de réponse, Gaëtan eut d'abord droit à un sourire poli. Il s'attendait peut-être à une farandole de gifles, et il n'aurait pas eu tort : la plupart des esclavagistes - ashnardiens, en l’occurrence - ne tolérait même pas que leurs esclaves se parlent entre eux... alors, s'adresser directement à son maître de cette façon... néanmoins, il eut droit à une réponse aimable.

- Parce que je suis ashnardienne et douée d'un minimum de civilisation, c'est ça ? Il faut croire que la maternité, ça apprend à relativiser, haha !

Cadenza ne l'avait pas prit mal du tout, habituée à ce genre de comportement. Ça arrivait régulièrement quand elle achetait une servante en plus. Ils étaient tous surpris d'une telle douceur dans ces terres stériles de compassion.

- Je suppose que je ne vous apprend rien en vous disant que vous avez eu de la chance que je devienne votre propriétaire. Je n'ai aucun intérêt à blesser ce qui est à moi et je n'ai jamais compris pourquoi certains aimaient détruire leurs propres propriétés.

La rousse mentait un peu sur ce dernier point : après tout, dans sa jeunesse, elle avait elle-même laissé parler ses instincts démoniaques et quelques têtes avaient dû voler, par-ci par là, dans le manoir... mais c'était de l'histoire ancienne.

- Et en parlant de propriété... nous y voilà, messieurs !

Le véhicule s'arrêta doucement et laissa sortir ses occupants, Cadenza ayant pris soin de sortir trois épais manteaux d'une malle prés d'elle. Sans leur demander leurs avis, la dame couvrit ses deux acquisitions et noua les lacets qui fermaient le vêtement, avant d'elle-même s'habiller et de sortir en premier.
Le paysage n'était que ciel blanc, blizzard et le vent soufflait si fort qu'il était inutile d'espérer se faire entendre si l'on parlait. Cadenza n'avait pas remis les chaînes aux deux jumeaux, se disant qu'ils comprendraient bien que la fuite n'entraînerait rien d'autre qu'une mort dans ce froid glacial.
Ils arrivèrent devant les portes de la somptueuse bâtisse que Cadenza avait qualifié comme son acquisition, et deux domestiques se hâtèrent de leur ouvrir les portes, leur faisant retrouver calme et chaleur. Leurs manteaux furent enlevés, leur redonnant une certaine liberté de mouvement.

- Bienvenue dans mon humble demeure, mes petits. J'espère que vous y serez confortables.

Bien sûr, le terme d'humble demeure résidait plus dans l'expression que dans la réalité. Avec autant d'espace, de luxe et de confort, le manoir n'avait rien d'humble et satisfaisait facilement les besoins les plus exigeants.
Ils se dirigèrent vers la salle à manger où les attendait la table mise, et ils s'installèrent sur trois confortables chaises. Contrairement à beaucoup de bourgeois, la table n'était pas longue d'un kilomètre - la maîtresse de maison ayant toujours trouvé cela sans intérêt. Il s'agissait d'une table de taille normale, où les trois protagonistes pouvaient se parler d'assez prés.

Les plats furent emmenés avec un large choix de nourriture, et une fois que Gaël et Gaëtan se furent servis, ainsi que leur hôte, celle-ci commence à leur dévoiler ses intentions réelles.

- Bien, je vous avais promis certaines explications une fois que nous serions à table... alors, les voilà. La vérité, messieurs, est que je ne suis pas qu'une simple bourgeoise qui achète de quoi nettoyer sa poussière... vous n'êtes pas ici pour récurer les sols, j'ai déjà ce qu'il faut de ce côté-là.

Il y avait effectivement beaucoup de valets dans cette maison, même trop au goût du mari de la démone. Mais beaucoup servant aussi pour les faveurs sexuelles, la dame les gardait malgré tout.

- Je suis une scientifique dans l'âme. Je possède un laboratoire dans les sous-sols de ce château, et j'y pratique régulièrement certaines expériences sur des objets ou... sur des êtres vivants, tels que vous.

Elle espérait qu'il voyait où elle voulait en venir, mais ne voulait pas les effrayer pour autant. Aussi précisa-elle certaines choses.

- Ce sont des expériences sans douleur ou atteinte de votre intégrité, qu'elle soit mentale ou physique. Si ça doit être douloureux, j'utilise de l’anesthésiant. Pour tout vous dire, ce qui m'intéresse chez vous, mes enfants, ce sont vos gênes... je n'ai jamais eu l'occasion de faire des tests sur des jumeaux, et je vous avoue que vous piquez ma curiosité... J'ai beaucoup de questions qui obtiendront des réponses grâce à vous.

Les yeux de la démone brillaient au fur et à mesure de ses paroles. Les yeux de quelqu'un qui parlait de ce qu'il aimait, de ses passions... ce type de yeux-là.

- Et de votre côté, si vous avez des interrogations, quelle qu'elle soit, sur vous-mêmes... sachez que la Science a réponse à tout.

C'était le deal : si les jumeaux acceptaient de se livrer aux tests de Cadenza, celle-ci serait en retour capables de leur dévoiler n'importe quoi.

Gaël/Gaëtan

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Bizarrement, vraiment très bizarrement même, Cadenza, puisque tel était son nom, ne prit pas mal la remarque de Gaëtan. Au contraire, elle sembla s’en amuser. Mais les jumeaux restaient tout de même un peu inquiets, elle allait peut-être le lui faire payer plus tard, quand il aurait oublié… Oui, ils étaient un peu paranoïaques sur les bords, mais qui ne le serait pas dans leur situation ?

Par contre, elle parlait d’eux comme s’ils étaient des objets, et ils n’aimaient pas ça. Certes, ils étaient esclaves, ce qui signifiait qu’ils étaient, d’un point de vue strictement légal, des objets, mais leur amour-propre n’admettait pas cette idée, pas plus que leur besoin de liberté ne tolérait qu’ils soient enchaînés et mis dans une cage. Rien que les colliers, c’était déjà trop. Pour les jumeaux, un être pensant n’avait pas à être traité comme une chose que l’on puisse posséder, d’où l’idée d’abolir l’esclavage.

Ils s’arrêtèrent alors. Avant qu’ils n’aient eu le temps de faire ou dire quoi que ce soit, Cadenza couvrit ses deux esclaves d’épais manteaux, ignorant leurs « Hé ! » de protestation. Elle sortit et eux à sa suite, comprenant rapidement pourquoi elle avait fait ça.

-Eh bien… Il fait plutôt frais dans le coin…

Il s’entendait à peine, et pourtant il avait parlé assez fort. Les deux frères n’étaient pas habitués à des températures aussi basses. Ils étaient donc bien contents d’avoir ces manteaux sur eux, même s’ils avaient quand même froid. Gaël resta en retrait quelques secondes pour observer le paysage, ou plutôt l’absence de paysage comme il n’y avait rien. Puis il suivit les deux autres jusqu’à l’immense bâtisse qui se dressait devant eux. Il faisait bien plus chaud à l’intérieur, c’était très appréciable…

- Bienvenue dans mon humble demeure, mes petits. J'espère que vous y serez confortables.

Les jumeaux eurent un instant de silence stupéfait pendant lequel ils se regardaient mutuellement. Ils n’avaient pas besoin de parler pour communiquer, le message était très clair : si ça c’est humble, on ne veut pas voir le niveau au-dessus… Ce doit être au moins une ville entière.

Nouvelle chose étonnante, ils étaient sur un même pied d’égalité lors du repas. C’était de plus en plus troublant, n’auraient été les colliers à pierres d’obsidienne les jumeaux auraient pu être pris pour de simples invités. Quand les plats arrivèrent ils se rendirent compte qu’ils mouraient de faim, n’ayant pas mangé depuis un temps assez conséquent. Ils eurent tout de même la politesse d’écouter parler leur « maîtresse » avant toute autre chose.

- Je suis une scientifique dans l'âme. Je possède un laboratoire dans les sous-sols de ce château, et j'y pratique régulièrement certaines expériences sur des objets ou... sur des êtres vivants, tels que vous.

À ces mots, Gaëtan se crispa. Son frère mit une main apaisante sur son bras. Mais l’un comme l’autre, ils n’aimaient pas du tout ce qu’ils venaient d’entendre… Et ils ne savaient pas ce qu’ils détestaient le plus entre être esclaves et être cobayes. Ils écoutèrent néanmoins l’explication jusqu’au bout. Cadenza était vraiment passionnée par ce qu’elle racontait, toute son attitude le trahissait. Ce n’est qu’à la fin de son discours qu’ils prirent la parole :

-Honnêtement… C’est un peu vexant de se dire qu’on est là juste pour que vous fassiez des tests sur nous, mais j’imagine que c’est mieux que ce qui nous attendait si on restait sur le marché aux esclaves.

-Et vous savez, des jumeaux c’est juste deux personnes qui se ressemblent beaucoup, y a pas de trucs vraiment extraordinaires…


En réalité, il était très inquiet à l’idée qu’elle puisse découvrir, au gré de ses expériences, leur vraie nature, le secret qu’ils gardaient depuis toujours. Vingt-deux années sans le moindre souci de ce côté, mais bien sûr il avait fallu qu’ils tombent sur une scientifique un peu cinglée…
La révolte gronde, la bête hurle à la lune, les guerriers traquent le démon, l’espion cherche la divinité et le chat erre sous l’œil de l’écrivain.

Prima Cadenza

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La maîtresse de maison avait beau se comporter de façon très décente avec ses deux nouvelles acquisitions, il n'en restait pas moins qu'ils étaient... et bien, des acquisitions. Et que, par conséquent, elle ne demandait pas leur avis directement, que ce soit pour les couvrir ou pour leur proposer toutes ces mystérieuses expériences. Ils ne semblaient d'ailleurs pas prendre goût à cette imposition.
Rien de plus normal, pensa-elle, alors qu'elle se servait une coupe de vin. Personne n'aimait être considéré comme un objet. Ayant été esclave pendant une période de sa vie, elle connaissait le problème. Accepter un nouveau statut, qui plus est ce statut-là, était dur à encaisser pour l'ego. C'était aussi pourquoi elle tentait d'être la plus agréable possible et de faire oublier aux jumeaux ce qu'ils étaient réellement maintenant.

De toutes façons, elle ne comptait pas les garder par la suite. Les relâcher n'était pas non plus envisageable - elle avait dépensé de l'argent pour eux, et même si c'était une somme minime, il n'était pas question d'un tel gaspillage. Peut-être les vendre sur Nexus, où la probabilité que leur sort soit plus agréable que sur Ashnard était grande. Mais la question ne se posait pas dés maintenant.

La noble écouta la réponse des deux frères à sa proposition.

-Honnêtement… C’est un peu vexant de se dire qu’on est là juste pour que vous fassiez des tests sur nous, mais j’imagine que c’est mieux que ce qui nous attendait si on restait sur le marché aux esclaves.
-Et vous savez, des jumeaux c’est juste deux personnes qui se ressemblent beaucoup, y a pas de trucs vraiment extraordinaires…

Ils faisaient preuve de perspicacité. L'un essayait même de convaincre Cadenza que des tests sur leur personne serait inutiles... probablement par crainte des dits tests. Quand on pensait "expérience", on imaginait vite la douleur et l’inconfort de centaines d'aiguilles et de dents de scies pointées sur nous...

- Oh, mais je suis persuadée du contraire, petit Gaël. Rassurez-vous, vous n'êtes pas des lapins que je vais enfermer dans des cages et perforer avec des pailles de fer, ha ha !

La démone gloussa à cette plaisanterie. Ce qui était sûrement un peu glauque, mais les deux adolescents avaient après tout en face d'eux une représentante de la race infernale... même si elle s'était adoucie, il lui arrivait d'avoir des élans de cruauté difficiles à réprimer.
Cadenza s'arrêta de glousser aussi soudainement qu'elle avait commencé, reprenant son sérieux et observant les deux blonds d'un regard pénétrant.

- Peut-être avez-vous quelque chose à cacher ? Les secrets sont bien gardés dans ma demeure. Le froid les conserve assez bien des oreilles indiscrètes...

Il était en effet assez peu probable que quiconque d'autre apprenne quoique ce soit de compromettant sur les jumeaux. Difficile de se déplacer jusqu'à ce manoir enfoui dans la tempête, et Cadenza était au courant de toutes les personnes présentes dans son manoir. Un minimum, pour une maîtresse de maison.
Par conséquent, elle allait devoir gagner leur confiance pour espérer ne pas avoir à les forcer, ce qui serait, de son point de vue, regrettable.

- Vous n'êtes pas obligés de vous décider tout de suite, mes agneaux. Je vous ait achetés, ce qui signifie que j'ai droit d'autorité sur vous, mais aussi devoir de protection. Je prend soin de ce qui est à moi... vous pouvez demander à mes domestiques. En conséquence, je vous propose un délai de votre choix, mais vous me devrez une réponse au terme de ce dernier.

Même si, dans tous les cas, elle allait leur faire subir ces expériences... la dame estimait qu'il était plus civilisé de leur faire croire qu'il avait un minimum de contrôle et de droit de réflexion sur la question.

Gaël/Gaëtan

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    Un psychopathe en bleu avec des lunettes.
    Un psychopathe en blanc sans lunettes.
    Un lion et un serpent noirs de jais.
    Des yeux bleus luisants.
    La Mort en double.
Belle tentative, n’est-ce pas ? Gaël croisait les doigts pour que Cadenza n’insiste pas et laisse tomber ses idées d’expériences. En fait, sa tension était clairement visible, et elle se communiquait à son frère à mesure que ce dernier comprenait le problème. Mais évidemment, on est malchanceux ou on ne l’est pas…

- Oh, mais je suis persuadée du contraire, petit Gaël. Rassurez-vous, vous n'êtes pas des lapins que je vais enfermer dans des cages et perforer avec des pailles de fer, ha ha !

Ha…ha… Non, ça n’avait rien de rassurant, bien au contraire. Elle avait des idées…inquiétantes, en plus du fait qu’elle persistait à vouloir faire des expériences sur eux. Les jumeaux étaient dans une impasse. C’était assurément le moment de s’évader, mais avec le blizzard dehors, ce n’était même pas envisageable…

Ils grimacèrent quand elle évoqua des secrets à cacher. Ça oui, ils en avaient, mais secrets pour elle aussi… Elle ne devait pas savoir. Les deux frères échangèrent un regard paniqué. Leur conversation muette et presque instantanée leur permit de décider de ce qu’ils allaient faire : se suicider. Mieux valait ça plutôt que de subir ces tests.

- Vous n'êtes pas obligés de vous décider tout de suite, mes agneaux. Je vous ai achetés, ce qui signifie que j'ai droit d'autorité sur vous, mais aussi devoir de protection. Je prends soin de ce qui est à moi... vous pouvez demander à mes domestiques. En conséquence, je vous propose un délai de votre choix, mais vous me devrez une réponse au terme de ce dernier.

Ils ne répondirent pas immédiatement. Tête baissée, les dents serrées, comme ses poings, Gaël enrageait de cette situation qui dérapait de plus en plus.

-Votre autorité ne tient qu’à deux bouts de caillou… C’est ridicule !

Il tapa du poing sur la table, seul moyen qu’il avait pour exprimer sa colère sans trop de représailles. Colère contre lui-même, colère contre ceux qui les avaient vaincus, colère contre le destin qui se jouait d’eux. Ses yeux étaient embués de larmes de rage qu’il parvenait encore à contenir.

-Vous voulez faire des expériences sur des jumeaux ? Eh bien allez chercher des vrais jumeaux ! Nous ne sommes même pas frères !

Gaëtan fronça les sourcils. Ça devenait compliqué, si même Gaël commençait à perdre le contrôle de ses paroles ils étaient vraiment mal…

-Gaël, tu devr…
-Tais-toi ! Ose me dire que j’ai tort, allez, vas-y !


Il tremblait comme une feuille, et les larmes commençaient à rouler sur ses joues. Il était vraiment dans une colère noire, et Gaëtan se demanda brièvement s’il se rendait compte de ce qu’il disait.
La révolte gronde, la bête hurle à la lune, les guerriers traquent le démon, l’espion cherche la divinité et le chat erre sous l’œil de l’écrivain.

Prima Cadenza

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Si la tension de Gael était clairement visible, celle de Cadenza ne l'était pas. C'était d'ailleurs moins une tension qu'une sorte de frustration, mise en marche depuis le haussement de ton des jumeaux et mouvante comme une plante grimpante.
La comtesse avait beau être réputée pour sa douceur et sa patience, il y avait des choses qui pouvait l'énerver. Que l'on hausse le ton devant elle était une de ces étapes qu'il fallait éviter de franchir. Selon les circonstances actuelles, soit. Mais le jeune homme ne considérait même pas les choses d'un autre angle que le sien, ne jaugeait pas, n'analysait pas le pour et le contre. Il ne lui faisait pas confiance, malgré les efforts que la dame faisait pour qu'il en soit ainsi.

- Vous n'êtes pas frères, tiens donc ?.. déclama doucement la dame, perdant son sourire.

Cadenza s'était adouci avec le temps, avec l'âge. Mais elle restait une démone, une représentante de cette race infernale et cruelle qui jaillissait de la terre comme la lave d'un volcan. Son doux visage restait de marbre, mais les picotements de l'impatience commençait à se sentir. Ses doigts délicats s'agitaient et auraient presque réclamé le bout des deux chaîne que les jumeaux avaient quitté il y a quelques instants.
Sans avertissement, la rousse se leva de son siège. Dans le même instant, un des cristals du lustre qui pendait au-dessus de leur tête se décrocha et tomba prés du visage de Gaël, s'éclatant sur le sol à côté de sa chaise. Le verre délicat ayant râpé sa joue, un mince filet de sang se faufila hors de son épiderme.
La démone passa devant lui et, sans crier gare, récolta d'un index blanc une des gouttes de sang fugitives, qu'elle porta ensuite à sa joue. Continuant sa route vers Gaétan, elle s'approcha de lui et saisit son poignet, avant de le cisailler sans violence, mais d'une seule griffe ferme. Le résultat en fut un autre filet de sang qui lui coula sur le bras et que la femme lapa doucement, avant de relâcher le bras du frère le plus timoré.

Elle sembla réfléchir un instant, puis croisa les bras, satisfaite. Il y avait quelque chose de bizarre qui trainait sur son palais, mais dans le fond, le doute ne subsistait pas trop.

 - En voilà des manières, mentir à sa Maîtresse, déclara-elle d'un ton faussement fâché. Le sang ne ment pas, lui. Moi non plus, d'ailleurs.

D'un pas plus pressé, la maîtresse des lieux se posta devant les deux garçons et s'appuya sur la table, les surpassant de toute sa posture. Son immense poitrine et son visage bien trop prés, elle ne cherchait plus trop à mettre à l'aise les blondinets. Le contrejour passait sur sa silhouette et assombrissait son faciès, pourtant encore calme.

- Pourquoi ne me faites vous pas confiance, dites-moi ? Je vous sauve d'un futur bien sombre entre les mains de répugnants esclavagistes qui vous aurait sûrement infligé bien pire que quelques piqûres et quelques sorts indolores. J'ignorais qu'un esclave puisse encore imaginer se permettre d'être aussi ingrat.

Repenser aux dernières heures qu'elle avait elle-même passé sous le joug des esclavagistes n'améliora pas l'humeur de l'aristocrate. Sa main fine alla chercher une des larmes qui roulait sur la joue de Gaël, pour la porter doucement à ses lèvres. Une habitude de démon que de goûter au désespoir d'un être plus faible que lui. Étrangement, cela sembla calmer la comtesse, qui se redressa, et croisa les bras sous ses seins volumineux.

- Auriez-vous, par hasard, un quelconque dédommagement à me proposer en échange de votre refus ? proposa la dame. J'imagine que vous n'avez pas oublié que vous m'avez coûté de l'argent.

C'était presque cruel de poser cette question, tout en sachant très bien que les poches des jeunes hommes étaient aussi vides que leur espoir de pouvoir partir d'ici. A pied, on ne mettait pas plus d'une matinée pour mourir sous le coup de la gelée ou de la mâchoire d'un animal sauvage. Cadenza le savait très bien.

- Je ne suis pas assez sotte pour jeter mon argent par la fenêtre, et vous n'êtes pas assez sots pour vous enfuir et mourir sous la tempête. Je vous ai laissé le choix, mais je n'ai pas dit que je tolèrerais une mauvaise décision.

De choix, il n'y avait en fait pas, et c'était avec satisfaction que la comtesse considérait cela, de nouveau assise dans son fauteuil et sa coupe de vin au bord des lèvres, ignorant la tension qui se posait peu à peu dans l'immense salle à manger.
« Modifié: mercredi 22 avril 2015, 22:23:53 par Prima Cadenza »

Gaël/Gaëtan

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    Un psychopathe en bleu avec des lunettes.
    Un psychopathe en blanc sans lunettes.
    Un lion et un serpent noirs de jais.
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    La Mort en double.
- Vous n'êtes pas frères, tiens donc ?..

La question avait été posée sur un ton calme, doux même, mais elle contenait tant de menace que les jumeaux ne purent réprimer un frisson. Gaël, qui commençait à se rendre compte qu’il faisait sûrement la pire erreur de sa vie, passa sans transition de la colère à la terreur quand le cristal lui érafla la joue. Serait-il possible qu’elle commande aux objets ? Il se figea aussitôt. Il avait trop peur pour penser à baisser les yeux comme l’aurait fait tout être doué de bon sens.

- En voilà des manières, mentir à sa Maîtresse, poursuivit Cadenza. Le sang ne ment pas, lui. Moi non plus, d'ailleurs. Pourquoi ne me faites vous pas confiance, dites-moi ? Je vous sauve d'un futur bien sombre entre les mains de répugnants esclavagistes qui vous aurait sûrement infligé bien pire que quelques piqûres et quelques sorts indolores. J'ignorais qu'un esclave puisse encore imaginer se permettre d'être aussi ingrat.

Gaëtan se leva aussitôt et vint prendre son frère dans ses bras, protecteur. Pour une fois que ce n’était pas lui qui perdait son sang-froid le premier, il n’avait pas la moindre idée de comment il devait réagir.

-Excusez-le, nous avons passé toute notre vie à lutter contre l’esclavage, c’est encore difficile à accepter que nous sommes pris dedans. Chut, calme-toi, ça va aller… continua-t-il, plus doucement, à l’attention de son jumeau.

-Comment ça pourrait…?

-Tais-toi et laisse-moi parler, ça vaudra mieux.


Leur maîtresse choisit ce moment pour enfoncer le clou et cueillir une des larmes du jeune homme terrifié. Les deux reconnurent immédiatement, à force de l'avoir vu, ce geste typiquement démoniaque, ce qui n’aida en rien à améliorer la situation. En plus d’avoir la poisse, ils étaient tombés sur une démone adeptes des expériences louches ! Pouvait-on vraiment faire pire ? Elle surenchérit encore en rappelant qu’ils n’étaient pas en mesure de négocier.

-D’accord, d’accord ! Au point où on en est, je crois que ça ne sert plus à rien d’insister, hein. Gaël n’a pas menti, nous ne sommes pas réellement frères. Si on devait raisonner en termes scientifiques, je crois qu’il serait plus justifié de me qualifier de clone. En temps normal cette information est un secret, c’est pour ça qu’on se fait passer pour des jumeaux.

Les quelques connaissances scientifiques héritées de leur mère s’avéraient finalement utiles. Dommage que ce soit en de telles circonstances…

-Je me doute que vous n’allez pas changer d’avis concernant vos expériences. Je ne peux pas vous proposer mieux, comme vous vous en doutez.

Honnêtement, il n’en revenait pas de devoir jouer le diplomate à la place de Gaël. Mais là, c’est pas comme s’il avait le choix. Il était le seul des deux à être encore capable de réfléchir correctement, son « frère » commençait juste à se calmer.
La révolte gronde, la bête hurle à la lune, les guerriers traquent le démon, l’espion cherche la divinité et le chat erre sous l’œil de l’écrivain.


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