récolte [pv : Minawa Shoji]

L'homme avançait d'un pas assuré, sans se préoccuper des hauts épis de blé qui venaient lui cingler les cuisses, le torse ou le viage. Des marques rouges apparaissaient sur ses bras et ses joues au fur et à mesure de sa progression parmi les champs. Cette terre était cultivée et les blés semblaient bientôt prêt à être récoltés. Cependant, ceux qu'Ichiro écrasaient sous ses pas ne pourront plus apporter nulle nourriture aux propriétaire de cet hectare.

Ichiro Kozake était un homme de Terra. Il avait vécu sur Terre dans sa jeunesse, mais ne connaissait pas de portails pour s'y rendre et n'en avait plus que de vagues souvenirs. Toute son émancipation et son adolescence s'était faite à Nexus. C'était dans cette ville infâme aux moeurs esclavagistes qu'il se sentait chez lui. Il n'avait jamais cherché à s'éloigner de cette ville. Si aujourd'hui il s'aventurait loin de la capitale, ce n'était pas par lassitude ou par ennui. Il ne cherchait pas le conflit avec les peuplades nekos des terres du Chaos, il ne cherchait pas d'esclaves et ne considérait pas en avoir besoin, il n'envisageait pas non plus de s'établir dans un nouveau lieu.
S'il se trouvait au beau milieu des champs de blé, c'était par prudence. Il se devait d'aller à la récolte d'informations sur le monde extérieur à présent qu'il n'était pas protéger en permanence par ses Frères. En effet, ses Frères lui avaient toujours fournit le gîte et le couvert. Cette situation qui a duré une dizaine d'années, ne lui a jamais donné l'occasion d'en apprendre plus sur le monde extérieur. C'était donc pour cela qu'Ichiro devait se renseigner. Non par curiosité, mais par prudence.

Son bandeau noir orné d'une croix brodée était le symbole de sa différence. Or, tout être différent est considéré comme monstrueux par le commun des peuples. Il lui avait donc toujours fallut lutter pour se faire respecter, et si à présent, les gens de Nexus détournaient le regard lorsqu'il se promenait, c'était par ce qu'ils savaient qu'Ichiro n'était pas un homme fréquentable, comme tous les autres Frères.

Les peuplades nekos ne connaissaient rien de la ville et étaient bien loin d'atteindre une technologie aussi poussée. Comme lorsqu'il était jeune et qu'il avait déménagé avec son père pour se retrouver dans un monde où la technologie était en retard de quelques siècles en de nombreux domaines, Ichiro avait l'impression d'avoir réitéré l'expérience en entrant sur les terres du Chaos.
Il avait pris soin cependant de ne pas s'approcher de trop près des villages. Sa présence n'était certainement pas la plus désirée, et même si les villageois semblaient n'être que des paysans sachant mieux manier la fourche que l'épée, il ne vallait mieux pas les provoquer. Cette prudence était pourtant nuancée par le fait que l'indifférence flegmatique d'Ichiro ne l'empêchait pas de piétiner les épis de blé durant sa marche ; chose qui ne manquerait pas de rendre tout paysan alerté furibond.

Kozake avançait depuis bientôt deux heures. Le soleil était haut dans le ciel et cognait sur le sommet de son crâne. Mais l'homme ne semblait pas s'en inquiéter. L'épuisement qu'il ressentait ne ralentissait pas sa marche. Toutefois, il s'arrêta soudain brutalement. Il était arrivée à l'aurée du champ et se trouvait face à de la terre battue qui n'était autre qu'un champ en jachère.
Ichiro tourna la tête de tout côté et n'aperçut âme qui vive. Il remarqua une grosse pierre qui longeait le sentier et se dirigea vers elle. Elle s'y assit et contempla à nouveau la terre nue qui s'étendait sous ses yeux. Marcher lui permettait d'observer le paysage et d'en apprendre beaucoup sur les moeurs des paysans, mais cela ne l'aidait pas à connaître la vraie nature des nekos ou des habitants d'Ashnard par exemple. Pour cela, il lui faudrait adresser la parole à quelqu'un. Mais il ne savait comment.

Ichiro était loin d'être timide, cependant, il lui était difficile de s'adresser aux gens. Premièrement, parce qu'il en méprisait la plupart ou tout du moins, ne les trouvait pas digne d'intérêt et ne trouvait pas utile de perdre son temps à engager une discussion. Et deuxièmement, son bandeau et son regard rouge comme les braises en dissuadaient souvent plus d'un ou le catégorisait comme être dangereux qu'il fallait expulser le plus rapidement possible.

C'est alors que ses yeux perçurent un mouvement, au loin, sur le sentier. Une silhouette se dessinait au Nord-Est et venait dans sa direction. Le destin avait-il choisit de l'aider ? Plutôt que de tenter de fuir à travers champ, il décida d'attendre patiemment. Cette personne aurait peut-être des informations à lui donner. Peut-être s'arrêterait-elle et lui adresserait-elle la parole ? Et puis, si la silhouette se montrait violente, Ichiro saurait se défendre. Et si elle prenait la fuite, il continuerait sa traversée, car il avait perdu assez de temps à se reposer comme cela.

Ca avait été une rude traversée du désert et j'était épuisée, j'avais marché a pied jusqu'aux frontières de Nexus et j'esperait juste ne pas rencontrer de soucis avant d'arriver aux portes de celles ci. Je ne supportait plus les soucis. J'avais eu de la chance que personne ne me reconnaisse sur mon trajet, surement grâce a la cape de voyage que je portait par dessus mon armure. L'armure d'Ashnard que je portait était une légende assez connue dans le folklore Ashnardois et peut être également dans les autres nations de Terra, elle racontait la légende d'une soldat qui avait donné sa vie a son royaume, a un tel point que l'armure aurait suivi sa loyauté sans faille même a travers la mort. C'est la belle version des choses bien sur, la vérité est que l'objet est maudit. Je ne peux me débasser de cette armure, tout comme elle m'oblige a obeir a quiconque est né sur les terres d'Ashnard où possède du sang de quelqu'un qui en est né. Autant dire tout le monde!Et l'obeissance est totale, malgré ma volonté propre je ne peux pas faire autrement...Je ne sais pas qui était cette guerrière qui portait l'armure avant moi

Mais elle devait aimer obéir a des ordures qui la trippotaient...parce que c'est ce qui m'est arrivé, c'était il ya  tellement longtemps...Mais en même temps c'était si proche, je continuait a en faire des cauchemards la nuit.

Dire qu'il y a un an de ça, la vie me semblait si facile, j'était une enfant sage et studieuse, fille de noble de cette même ville de Nexus et promise a un heureux mariage, j'était envoyée a Ashnard pour faire mes preuves en temps que Diplomate devant le roi en personne. Le roi Mordret n'avait rien trouvé de mieux que de tuer tous ceux qui m'accompagnaient avant de m'offrir a son peuple comme esclave sexuel, je ne m'en releverais surement jamais de ce jour ou j'ai maudit tous les habitants de ce pays maudit...Car ils avaient ruiné ma vie. Mes parents me laissaient pour morte, et si je tentait de revenir surement me renieraient t'ils car ils ne pourraient me marier, j'ai du érrer seule et apprendre a me battre par moi même pour survivre. J'avais découvert en moi un feu, une nouvelle rage qui brulait dans mon coeur et qui me poussait a lutter pour ma survie, c'était la vengeance, oui, je revais de me venger un jour, de me débarasser de cette armure et de retourner a Ashnard pour planter cette épée dans le coeur de Mordret, cette épée qui était sa propre arme...

C'était tout ce qui me faisait vivre, la vengeance, après quoi, mourir, car mon honneur avait été entaché d'une manière telle que rien ne pourrait le soigner, même si je devais m'entrainer un maximum pour être plus forte et apprendre toutes les ficelles du maniement de l'épée je le ferais, ces compétences martiales qui m'éffrayaient il y a un an de ça étaient devenu les ailes de ma vengeance. Je ne respirait que dans l'espoir du jour où je pourrais décapiter moi même Mordret.

En attendant, entrainement.

En avançant dans les champs j'arrivais et voyait au loin les tour de Nexus quand soudain j'apperçut un homme tout de noir vétu assis sur une pierre qui me regardait de ses yeux sanguins, mon sang ne fit qu'un tour alors qu'il appercevait ma silhouette, une jeune femme portant une cape de voyage par dessus un vetement qu'il ne pouvait pas dicerner, mes cheveux bleux longs a présent en bataille coulant derrière mon dos et mes yeux bleux plaqués sur les siens, un frisson m'envahit. Etait t'il un démon lui aussi?Ceux qui avaient les yeux rouge étaient des démons, je le savait, je le savais...Qu'est ce qu'un être d'Ashnard pouvais bien me vouloir?Pourquoi s'evertuaient t'ils a se mettre en travers de mon chemin?Que faire?Que pouvais je bien tenter?Passer son chemin?Mais il me donnerait alors l'ordre de revenir, et je serais incapable de faire quoi que ce soit. Je pouvais lui poser des questions, mais a mes risques et périls. Ou bien je pouvais le charger et m'en débarasser...Mieux valait ne prendre aucun risque, alors que j'arrivait en vue d'Ichiro...

Je dégainais soudainement l'épée du roi d'Ashnard et me jettais vers lui dans le but de le trancher de toutes mes forces!La peur me donnant des ailes et voulant a tout prix écourter le combat, bien qu'ils aient apparence humaine je savais qu'ils n'en avaient que l'apparence, et qu'Ichiro était un de ces humains monstrueux que le roi utilisait

La silhouette se dessinait petit à petit. Tout d'abord des jambes, un torse et une tête ; un être humain. Puis, après quelques pas supplémentaire, une poitrine, une cape et de longs cheveux ; une femme. C'est alors qu'un rayon de soleil s'engoufra sous la cape et fit luire le corps de cette femme, une armure, une épée ; une guerrière.
Une lueur méfiante fit briller les yeux rougeoyants d'Ichiro. Cette nouvelle venue n'avait rien d'amical. Sa jeunesse apparente et sa grande beauté étaient étouffées par une longue expérience de la dureté de la vie. Dans ces yeux bleux pâles, Ichiro sentit la même haine que celle qu'il ressentait, la même souffrance.

Mais il n'eut pas le temps de s'appitoyer sur leur sort que déjà, la femme dégainait son épée et chargeait vers lui à vive allure. Il n'eut même pas le temps de se relever et ne put que rouler derrière la pierre, juste au moment à la lame se serait ficher dans sa poitrine.
Emportée par son élan, la jeune femme suivit le mouvement de son épée, enjamba la pierre de justesse, mais n'avait pas prévu de rencontrer les jambes d'Ichiro. Sans le vouloir, celui-ci lui fit un croche-pied qui envoya la belle dans les roses, ou plutôt, dans les blés.

Vif et agile, l'homme se remit immédiatement sur pieds. Il n'avait pas vu si la jeune fille perdu ou non son épée et il préférait rester sur ses gardes. Il n'avait évidemment aucune arme sous la main, mais s'il n'avait pas d'autres solutions, il lui restait toujours...

La méfiance s'emparait de lui à présent. Il porta une main à son bandeau. A la moindre nouvelle tentative d'attaque de la jeune fille, il était prêt à réagir au quart de tour. Ichiro était bien loin d'être un démon, mais on pouvait tout de même le qualifier d'erreur de la nature, voire même de monstre.
Ses yeux étincelèrent, scrutant les épis, à l'affût du moindre mouvement. Là où elle était tombée, la jeune fille ne pouvait esquisser le moindre geste sans être tout de suite repérée car les épis amplifieraient tout ses mouvements.

La respiration haletante, Ichiro était posté en plein milieu du sentier, prêt à se défendre. S'il le fallait, il se verait contraint de dévoiler son secret. Un secret qu'il avait si bien gardé durant tant d'années à présent que les habitants de Nexus ne se souvenaient même plus pourquoi ils le considéraient comme un monstre. Seuls ses Frères connaissaient toute son histoire, tout son passé, tout ce qu'il avait subi, tout ce qu'il avait entreprit... et c'étaient grâce à eux et à leur génie qu'il pouvait à présent se montrer et sortir dans la rue sans être montré du doigt. Et même bien au contraire ! puisqu'on l'évitait soigneusement, lui et ses yeux sanguinolants.

Je fut désarçonnée comme une enfant et envoyée dans le champ de blé derrière moi, quelle honte, si ceux avec qui j'avais apris a manier les armes m'eut vu ainsi, ils auraient bien rit...Mais j'avais de moins en moins l'humeur a rire a présent que j'était sure que cette personne était un démon de Nexus.

Ce bandeau sur sa bouche et cette absence de réponse lors de l'attaque voulait tout dire, pas de surprise, pas de peur, seulement de la neutralité, Ichiro ne possédait pas d'emotions, il n'était pas humain, il ne ressentait pas d'émotions, si a la rigueur il m'avait interpellée et m'avait demandé pourquoi j'était aussi agressive, ou qu'il aurait fait signe de rédition, j'aurais pu être fixée, mais par son agissement Ichiro était clairement un monstre sous forme humaine, je devais donc l'érradiquer avant qu'il ne se mette en travers de mon chemin!Je ne voulais pas a nouveau être l'esclave de monstres!

Je roulais dans le blé pour me rétablir et reprendre ma position défensive pour placer une nouvelle attaque. Je n'était peut être pas un monstre comme Ichiro, mais je me défendrais jusqu'au bout.

J'aurais pu utiliser le blé comme couverture et me faufiler pour préparer une seconde attaque, mais je n'y pensait pas sur l'immédiat a cause de ma grande colère et de ma hâte qui voulait a tout prix que ce combat s'achève au plus vite, qui plus est je répugnait a me cacher pour attaquer comme une de ces monstruositée, je me relevait, légèrement halletante de l'effort et de la surprise occasionnée par l'attaque d'Ichiro, je resserait la poigne sur mon arme dans le but évident d'effectuer une seconde attaque, mais cette fois ci en arc de cercle et non estoc pour tenter de couvrir le plus de périmètre autour de l'ennemi et ainsi augmenter mes chances de me toucher, le démon me regardait avec mépris et condescendance, pensait t'il qu'il n'aurait pas même besoin des mots pour me contraindre?

Il allait connaître mon courroux quand je me dresserais sur son corps inerte, triomphante. Si je n'était pas capable de supprimer un seul ennemi, alors autant mourir, car ma carrière de guerrière n'aurait servi a rien et Mordret m'aurait écrasé aussi surement qu'un fétus de paille.

Je me relevait donc et me précipitait a nouveau vers ichiro dans un cri d'effort dans le but de le tailler en tranche avec dans mes yeux l'energie du désespoir et de l'ardeur combattive

Les épis de blés avaient remués, indiquant à Ichiro l'endroit où la jeune femme se trouvait.Il fixa son regard dans cette direction et se prépara à toute éventualité. Ses jambes étaient fléchies, prêtes à le faire bondir pour esquiver une attaque ; sa main se tenait à proximité de son bandeau, prête à le dénouer en un clin d'oeil si le besoin s'en faisait sentir.
Ichiro ne laissait jamais personne approcher de son bandeau depuis qu'il l'avait reçu par ses Frères. Il le gardait toujours bien serré autour de sa bouche et il était noué de telle manière que seul celui qui l'avait noué (Ichiro) pouvait le dénouer facilement sans perdre plus de deux secondes. Bien évidemment, il lui fallait tout de même ces deux secondes pour pouvoir agir et c'est pourquoi il se préparait.

Les blés se mouvèrent à nouveau, et cette fois, l'homme vit briller la pointe de la lame de l'épée que l'attaquante était en train de déplacer. Il n'en fallut pas plus à Ichiro pour comprendre que son adversaire n'était pas décidée à rendre les armes. Alors qu'une armure apparaissait entre les épis, l'homme aux yeux rouges défit son bandeau.
Ces pupilles se retractèrent, agrandissant le pourtour injecté de sang des yeux de l'homme. Une lueur de cruauté traversa son regard tandis que son bandeau noir tombait contre son torse, cachant ainsi la croix brodée dessus. La jeune femme put alors assister à une transformation impressionante du visage d'Ichiro tandis que ses pas la menait vers lui.

Sa chair devint fer, ses dents devinrent pics, sa langue devint lame, ses lèvres devinrent rasoir... Toute la partie humaine de son bas de visage se métamorphosa en arme de fer.

Vif, Ichiro repéra le mouvement d'amplitude de l'épée et cala sa bouche face à la trajectoire. Au moment au l'épée aurait dû rentrer en contact avec la chair, l'ESPer ouvrit la bouche et broya la pointe de la lame entre ses mâchoires.
Le reste de l'épée qui lui frôla le menton crissa sur le fer et se dégagea dans un bruit désagréable. Puis l'arme finit son demi-cercle, la pointe tranchée nette.

Alors Ichiro détourna la tête et fixa la jeune femme aux longs cheveux et aux yeux bleus qui se tenait devant lui. La fureur transparaissait dans leurs yeux à l'un comme à l'autre. Mais Ichiro commençait à se poser des questions sur cette femme si déterminée et entreprenante qui portait une armure de soldat et semblait connaître le maniement de l'épée.
S'il avait pu parler, il l'aurait questionné. Mais une fois la transformation opérée, il fallait que sa colère retombe et que le combat se termine pour qu'il puisse retrouver ses attributs humains et la parole.

Plus rien ne me surprenais de la part de cet horrible monstruosité qui révéla rapidement sa véritable nature cachée derrière des traits humains. Ichiro révelait son hideux visage au mien alors que ma seconde attaque allait lui porter surement le coup final de sa carrière de démon au service de l'empire.

Quoi qu'il en soit quand il changea son apparence pour reprendre sa forme originelle je fermais les yeux d'effroi sur les derniers mètres dans le but d'effacer la peur de mon coeur. Je ne voulais pas que ma lame tremble lorsqu'elle plongerais dans le corps de cet être répugnant, mais loin de plonger celle ci entra en contact avec les dents acérés comme des rasoirs d'Ichiro qui tentèrent de briser l'épée, malheureusement, si toute épée normale aurait du être réduite en miette Ichiro se brisa la machoire a vouloir écraser la lame entre ses dents.

Je l'ignorais a cause de mon inexperience, mais l'épée que je détenait avait été destinée au roi d'Ashnard en personne, la lame de métal noire dentellée avait résisté sans problème a la morsure d'Ichiro et, si il était possible de lui trancher quelque chose au passage...

Alors je le tranchait sans hésiter!Cet horrible monstruosité de fer blanc et ses yeux comme des vrilles tourbillonantes m'inquiétaient plus que tout. Je voulais a tout prit que le combat se termine et que je puisse reprendre ma route en esperant ne pas me blesser pendant cet affrontement. Mais je devais gagner cette fois!la roue devait tourner!

J'avais connu l'infortune mais ce combat devait s'achever par ma victoire, ou bien la notion de justice pour laquelle je combattait n'était pas prête d'apporter la juste rétribution qui me revenait. Je n'avais pas l'impression de commettre un meurtre en essayant de tuer cet homme, car il n'était pas humain et j'était sure de faire le bien en éradiquant cette menace de la surface du continent, pour que d'autres jeunes femmes ne soient pas dans le même cas que moi, parce que je ne voulais pas que d'autres aient a porter mon fardeau, je ne voulais pas que d'autres soient contraintes a vendre leur corps a l'empire.

Les images des esclaves d'Ashnard torturées en permanences jusqu'a être livrées en bouillie aux animaux me revinrent et j'eut un haut le coeur, qui me fit peut être hésiter une seconde ou deux avant d'attaquer a nouveau d'un coup diagonal sensé trancher l'épaule d'Ichiro pour le fendre en deux...

Peut être ces secondes furent de trop.

Ichiro ne ressentait pas la douleur. Sa mâchoire de fer avait tenté d'entailler la lame, mais le métal était trop dense : la lame avait ripé, arrachant des sons stridents et avait enraillé le fer d'Ichiro. Mais aucun liquide sanglant ne s'échappait, aucun signe de douleur ne transparaissait du monstre, rien ne l'avait atteint.
L'homme de fer secoua la tête, un peu étourdi par la violence du choc. Il n'avait que rarement eut l'occasion de croiser le fer, mais à chaque fois, cela s'était soldé par une défaite de l'adversaire. Aujourd'hui, le camp adverse semblait receller de pouvoirs inconnus de l'hybride inhumain.

Cependant, Ichiro n'eut pas le temps d'analyser la situation que déjà, la femme reprenait son épée bien en main et s'apprêtait à lui porter un coup fatal. Bien que sa mâchoire soit de fer, le reste de son corps était resté de chair, et son adversaire l'avait noté avec attention. C'est pourquoi à présent, elle ne visait plus son visage mais son corps.
Pourtant, la jeune femme hésita. Qu'est-ce qui avait pu provoquer ces quelques secondes d'hésitations ? Avait-elle eut un sursaut de pitié ou de doute ? Une once de regret ? Ichiro n'imaginait même pas de telles choses. Un adversaire comme celle-ci ne pouvait s'appitoyer sur le sort qu'il réservait à son ennemi. Mais alors, d'où venait cette hésitation qui permit à Ichiro de plonger au sol et de roule en boule jusque dans les blés.

Cette situation ne lui plaisait guère, mais il ne voyait pas l'intérêt de se battre. Cette petite scène ne l'aiderait pas à en savoir plus sur les terres qu'il était venu explorer, or, il se doutait qu'une fille comme celle qui se trouvait en face de lui, devait avoir une multitude de choses à lui raconter.

Ichiro ne bougeait plus. Le moindre de ses mouvements auraient fait bouger les blés et auraient indiqué sa position. Or il ne le souhaitait pas. Pas encore. Il devait d'abord réfléchir quelque peu. Sa mâchoire de fer n'était pas la solution à tout ses problèmes, elle lui en avait plutôt créer. Même si maintenant, depuis de nombreuses années, il avait su en tirer profit.
Aujourd'hui, la situation était particulière, originale, unique. Ichiro appréciait cela. Il n'aimait pas les choses banales. Il était un être unique et se devait de vivre des choses uniques. Mais pour cela, encore fallait-il rester en vie !

Les secondes s'écoulaient comme des heures. La respiration haletante, Ichiro essayait de calmer les battements de son coeur. Il gardait sa concentration sur les faits et gestes de celle qui se trouvait à l'extérieur du champ de blé, mais le reste de son esprit était occupé à calmer sa colère. C'était bien la première fois de sa vie que sa mâchoire lui semblait être de trop. Il l'avait toujours cultivée comme un atout, même quand le regard d'autrui lui donnait un reflet monstrueux de lui-même. Aujourd'hui, cette arme défensive qui pouvait se révéler être un précieux allié, lui entravait son champ d'action.
Lorsqu'il réussit à calmer les battements de son coeur, il sentit petit à petit sa chair reprendre sa place et ses droits sur le bas de son visage. Tout ce qui était tranchant redevenait doux et tendre, comme une peau de bébé. Cette partie de son visage se révèlait être une peau extraordinairement douce et velouté car elle n'était que très peu altéré par l'atmosphère extérieure, toujours protégée par son bandeau, qu'Ichiro ne s'empressa pas de remettre. Ce bandeau ne l'empêchait pas de parler, mais s'il fallait reprendre le combat, cela lui ferait perdre de précieuses secondes. C'est donc le bandeau autour du cou, sans bouger d'un millimètre, qu'il s'adressa à la jeune fille à la cuirasse et à la lame de soldat.

"Qui es-tu, femme ?!"

Malheureusement, les bonnes manières avaient depuis longtemps désertées l'esprit du pauvre jeune homme. Martyrisé par la société, il ne faisait maintenant confiance qu'à ses Frères. Or pour lui, il fallait pouvoir accorder sa confiance à quelqu'un pour le respecter. Et le respect se méritait, tout comme la confiance. Or cette femme appartenait aux peuples humains, à ceux qui ne savaient distinguer la valeur des gens derrière leurs masques, et ces gens ne faisaient pas parti de ceux qu'Ichiro évaluait positivement.