[Super, caïd. En plus d'être un pigeon, t'es con comme une brique.]
Dwight laissa filer la remarque de Sybille, qui ne fut acceuillie que par un air contrit du journaliste. Expression pincée et agacée qui, au demeurant, pouvait tout à fait se prêter à la révélation de sa méprise quant à l'identité de la femme qui semblait attendre au bar. Il se vengea discrètement de la voix en lui envoyant une bonne grosse image érotique des familles et Sybille poussa dans sa tête un petit [Beuuurk !] avant de se contraindre au silence, laissant Dwight reprendre la main. Débarassé de la gêneuse mentale, le journaleux s'inclina poliment à la japonaise afin de présenter ses excuses et rectifier le tir. Certes, ce genre de club le gonflait... Mais la politesse devait rester de mise en toutes circonstances. Parce qu'elle pouvait toujours lui rapporter un papier intéréssant ou à défaut quelques tuyaux, mais aussi parce que Dwight n'était pas dupe : ce genre de taule fonctionnait avec l'accord des yakuzas et / ou leur protection. Et la vraie vie, ce n'était pas les films ! Un petit gratte-papier dans son genre finirait les pieds devant à jouer avec le feu. Il fit donc profil bas sans trop d'excès pour autant, parce que cela ne lui correspondait pas du tout et que même cette Yuki n'y aurait pas cru.
- Désolé pour ma méprise, mademoiselle. A vouloir être trop rapide, on fait mal les choses. Dwight abandonna sa veste aux bons soins de Yuki, non sans avoir récupéré son carnet de notes et son petit appareil photo auparavant. L'endroit ? A mon goût ? Comment dire cela poliment... Disons que je ne suis pas un oiseau de nuit et que je ne suis pas très familier de ce genre d'univers. M'enfin, c'est plutôt joli, oui. Je pensais que ce genre de club n'existait que dans les films à l'américaine, vous savez ? Je m'attends presque à voir le SWAT faire une descente sur fond de grosse musique rock, avec des ralentis à la John Woo et tout et tout !
Ayant suivi la proposition de Yuki à se déplacer dans les couloirs du Lady Boom, Dwight ne cilla pas quand elle vint à saisir son bras. Après tout, les petits journalistes comme lui n'avaient pas souvent le droit à ce genre de traitement qui les faisaient se sentir comme des invités de marque. L'air de rien, la miss le menait à travers les corridors du club. Si il avait pensé un moment à lorgner un peu sur le décolleté de la jolie hôtesse, Laz' se ravisa vite. Impossible de déplacer un oeil avec tous ces cerbères qui semblaient pouvoir le casser d'une seule main. Ils grimpèrent dans l'ascenseur sans toutefois se faire déplacer de vertèbres et lorsque la porte s'ouvrit à un étage différent, Dwight ne put que goûter l'ambiance sonore si particulière qui s'en dégageait, rendant bien moins impressionnantes les portes en chêne qui lui faisaient face, quelques petits mètres plus loin.
Eprouver un malaise, Dwight Lazarus ? Non. Quand on cavalait à travers tout Seikusu et le Japon pour parcourir les coins les plus sinistres à la recherche de fantômes et de monstres, on ne paniquait pas à l'idée de rencontrer une patronne de night-club. Il esquissa un léger sourire en coin et laissa un vieux tic le prendre. Il remonta sa main gauche à sa taille et agita les doigts à la manière d'un cow-boy prêt à saisir son flingue pour dégainer. L'image était saisissante, en vérité. Et, selon, Sybille...
[Parfaitement ridicule. Non mais quand même des fois, t'es quand même un drôle de type, Lazarus.] Elle poussa un petit soupir las. [Dégaine, cow-boy.]
La voix avait beau dire, elle enchaînait toujours sur son "dégaine, cow-boy" quand Dwight avait son tic de duelliste. Le signal lancé, le journaliste remercia Yuki d'un sourire et avança vers le bureau de la boss avant de frapper poiliment à la porte et de s'introduire quand il y fut invité. Il se rendit vers la forme féminine avec toute l'assurance dont il était capable, bien que la lumière lui renvoyait une silhouette aux courbes tout à fait charmantes, délicieusement emprisonnées dans une légère robe de soirée noire. De quoi affoler n'importe quel type normalement constitué, ce qu'était d'ailleurs Dwight. Heureusement que Sybille lui soufflait de se concentrer sur autre chose que les cuisses ou les seins de lady Seikho ! Les yeux en face des bons trous (mais bouillants de l'envie de s'offrir un foutu tour du propriétaire), l'homme inclina légèrement et poliment le buste en guise de salut. Autant faire dans le parfait japonais, pas vrai ? La maîtresse des lieux déciderait si c'était là la façon de faire. Lorsqu'il put prendre la parole, Dwight y adjoignit son sourire le plus poli.
- Je vous remercie de m'accorder un peu de votre temps, Lady Seikho. J'imagine que vous avez des affaires autrement plus urgents à gérer. Je suis Dwight Lazarus et c'est un honneur de vous rencontrer. Son sourire se fit un poil plus charmeur. Merci pour l’accueil. Je veux dire... Yuki est très aimable. Si j'étais reçu comme ça à chaque fois, je n'en apprécierai que plus mon boulot ! Au téléphone, vous m'avez dit lire le journal. C'est flatteur. Qu'est-ce qui vous plait tant dans nos lignes, que je m'assure de faire perdurer la ligne éditoriale afin que vous ne décrochiez pas de nos colonnes ?
A vrai dire, Dwight n'avait aucune idée de la façon dont gérer une femme pareille. Sans être un novice dans les jeux de l'amour, ceux de la séduction lui passaient au-dessus et il pensait qu'il fallait être capable d'en quelque sorte pouvoir séduire une femme de ce calibre pour avoir son attention. Et puis, quelles manières adopter ? Comment être sûr de ne pas faire de faux-pas ? Ayant l'impression de marcher sur des œufs, le journaliste guetta les réactions de la superbe femme d'affaires. Mieux valait jouer ce coup là à la prudence, pour le moment... Le souvenir des vigiles restait présent dans son esprit, après tout.