La vie en Enfer peut être parfois ennuyante, malgré ce que peut en penser un mortel ordinaire. Pour moi, un démon supérieur, les balades sur le bord du Styx, les picnics dans la vallée des volcans, même errer dans les lymbes sont devenues d’un ennui mortel… S’il y a bien une chose que j’adore encore faire, c’est torturer les nouvelles (ou pas si nouvelles) âmes. Sur ma table, il y avait un irlandais, type ancien, peut-être un viking ou quelque chose du genre. Généralement, les hommes de son époque atterrissaient ici, mais lui, il m’intriguait, car son dossier indiquait qu’il n’était arrivé en Enfer il n’y a que quelques années, tandis que les autres avaient déjà passé sur ma table a plusieurs reprises. Celui-là avait une certaine valeur.
Je commençais toujours mes interrogatoires par torturer, pendant une journée entière, sans jamais poser de question. Ma lame transperçait la chair de ses membres, le sang giclait partout dans la pièce aux contours informes et, sous les cris d’horreur de l’humain rendu immortel, on pouvait percevoir un rire sadique émanant de ma bouche. Les doigts se détachait de son corps sans même que je n’ai à les toucher, on voyait les os se découvrir au fil des coups de fouets, je coupais même les tendons de chaque muscle avec une paire de pinces à découper. La première journée tirait à sa fin, et il ne restait qu’une tête dépourvue de mâchoire, yeux crevés. Le pauvre bougre ne pouvait même plus gémir sa douleur. Je me penchais sur la table pour murmurer a l’oreille.
-Si tu souhaites que ça s’arrête, tu es mieux de parler… Pourquoi es-tu mort si tard? Qu’est-ce qui est arrivé? Demain, tu reviendras en entier sur ma table, et si tu ne parles pas, je vais te réduire en bouillie, le jour d’après aussi, l’autre d’après encore… Jusqu’à ce que tu finisse par parlerUne porte apparut derrière moi, et je la traversai avant de refermer la porte. Une fois dans un corridor de béton ou l’on pouvait entendre des hurlements en échos, je comptai à voix haute jusqu’à trois, puis rouvrit la porte. L’homme était redevenu ce qu’il était avant la torture, malgré le fait qu’il était rouge et boursoufflé, signe que son corps, si on peut réellement le nommer ainsi, n’avait pas encore effacé toute la douleur de mon dernier passage. Frappant dans mes mains une fois pour attirer son attention, je fis un grand sourire innocent.
-Bonne deuxième journée, cher mortel inconnu! As-tu les réponses à mes questions?-O-Oui! Je suis au service du roi Padraigh!! N-Nous étions en route pour livrer des esclaves quand les Dieux des eaux nous a envoyé au fond d-de l’océan. Avant de mourir, ce que j’ai vu, c’était un espèce de tube de lumière qui a avalé les trois navires de notre roi bien aimé. Je ne comprends pas ce que vous voulez dire par mort si tard, je n’ai que 21ans!- Deux questions en deux, et je vois que mes démons t’ont bien apprit à parler proprement! Très bien jeune apprenti, on va continuer le test! Qu’est-ce que tu as vu a la sortie de ce tube? De la neige, du sable, des signes de civilisation?Donc, ces bateaux ont été transporté sur Terra, donc ça explique combien de temps se sépare entre lui et le dernier viking qui a passé sur ma table! Peut-être y a-t-il d’autres âmes dans ces bateaux, piégées attendant un chevalier noir sur son destrier de feu pour aller les chercher! Ou encore des gens vivants, qui souhaiteraient repartir sur Terre, en échange de leur âme!
-Du… du sable, comme dans un désert. Il n’y avait rien à part des dunes a perte de vue, je suis mort en contemplant le soleil.-Les terres désolées, hein… Ton corps a probablement été violé par la faune qu’il y a dans cette région. Il y en avait beaucoup que tu as cru voir encore en vie? -Quel-Quelques personnes, la majorité des esclaves sont morts sur le coup, mais certains avaient l’air bien en vie…Le marin irlandais disparût alors dans un nuage de fumée. Je n’avais pas besoin de lui désormais, tout ce que j’avais besoin, c’était de mener mon enquête, faut bien savoir si je fais tout ça pour rien, hein.
Terra --Terres désolées et Nexus
Ma forme humaine apparût dans une fumée noire, là où se trouvaient trois navires de bois, tous éventrés et vide, mis à part les cadavres en décomposition qui jonchaient le port des navires, certains avaient été traîné dans le sable, tout orifice possible et imaginable déchiré par ce qui semblait avoir été des tentacules ou des verges monstrueuses. Je me mis à rire lorsque je reconnus l’un des cadavres.
-BOOM!! Knew it! Je l’avais prédit que son corps se serait fait violer!Bon, le temps de la rigolade était terminé. Je me transformai en trois boules de fumée noire, qui se dispersèrent, allant chacune dans un navire, cherchant un manifeste d’équipage, une facture pour les esclaves… Ils avaient beau être des barbares, ils devaient bien avoir un certain suivi de leur marchandise. Une fois trouvé ce que j’avais cherché, je comptai tous les noms qu’il y avait sur la liste, ainsi que le nombre de cadavres.
Il manquait environ une dizaine de personnes, et avec la reconnaissance faciale en Enfer, je réussi à descendre la liste a 4 personnes, soit vivantes, soit au ciel… J’ai réussi à découvrir la trace de deux d’entre eux; Irika et Elie, deux esclaves femelles qui semblaient avoir survécu au crash. Deux âmes pures, que je pourrais corrompre et amener avec moi en Enfer, peut-être pourrais-je rompre un sceau d’apocalypse et leur faire faire couler du sang! Calmos Abel, commence par les chercher.
La première que je trouvai fût Elie. Une esclave tellement travaillée qu’elle n’était bonne qu’à faire les tâches ménagères, ainsi que les tâches de la chambre des maîtres. Cette âme, elle ne valait plus rien. Peu importe ce que je lui ferais, rien ne serait pire que ce qu’elle a déjà vécue, au moins la mort lui apporterait un nouveau corps tous les jours.
Je tombai par hasard sur Irika, alors qu’elle cherchait son frère, posait des questions dans un bar de Nexus, lequel je venais souvent m’amuser à faucher des âmes, cette femme, on dirait qu’elle ne sait pas quand s’arrêter; elle ne recherche même pas une sortie, juste son frère, qui est probablement mort, ou encore devenu un esclave dans une maison close, lui aussi. Elle posait des questions aux chasseurs assis au bar, alors que je savourais une pinte de Jager, quelques tables plus loin.
- Tu sais, petite rouquine, il y a des êtres qui peuvent t’aider à trouver tout ce que tu cherches… Viens t’assoir et laisse-moi te payer un verre .Je fis signe au barman qu’il me rapporte deux autres verres. Je savais bien qu’elle accepterait la proposition, elle était tellement désespérée de retrouver celui avec qui elle partage son sang.