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Les imprévus du mage de Locmirail [Orphéo]

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Lemme

Terranide

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  • FicheChalant

    Description
    1m75, 60kg, une longue queue (60cm) dans le dos, deux longues queues (21 et 19cm) à l'avant et un pistolet arcanique à la ceinture.
    
    Originaire d'un lointain continent polaire et pratiquant d'une magie-science, il se qualifie lui-même « d'ingénieur ».
    
    Parcourt Terra sur son Trotteur, à la recherche de curiosités ésotériques pour le mage de Locmirail.

Les imprévus du mage de Locmirail [Orphéo]

mercredi 14 janvier 2015, 20:40:48

Lemme était un peu nerveux, mais il faisait de son mieux pour le cacher à son interlocuteur : un terranide très animalisé aux traits de lérot. Depuis presque deux mois, le jeune garçon, d'une quinzaine d'années, était en quelque sorte son apprenti. C'était Sophomyn Gilbroltin, mage de la tour de Locmirail et principal partenaire de Lemme, qui avait eu l'idée. L'approche qu'avait l'ingénieur de la magie était très spécifique, et les individus qui la partageaient, sur le continent, excessivement rares. Il avait semblé important au sorcier de la transmettre au plus tôt, et l'esprit particulièrement vif du lérot en avait fait un candidat parfait à cet apprentissage. Mais cette fois, le petit terranide ne serait pas du voyage…

« Désolé Géo. Pour les terranides, Castelquisianni n'est pas un meilleur lieu que Nexus. Les esclavagistes guettent à chaque coin de rue.
Toi aussi t'es un terranide.
Mais moi je suis moins…
Moi je suis trop quoi, Lemme ?
Euh, trop terranide. Je pourrais pas te protéger là-bas. Tu vas rester avec Sophomyn.
Sophomyn il m'apprend quedal. Je suis sûr il y connaît rien en magie.
C'est juste pas la même magie.
Va falloir du temps pour réparer le trotteur, non ?
Tu y travailleras, j'y vais sans. Sophomyn dit qu'il vaut mieux éviter d'attirer l'attention sur une magie qui ressemblerait un peu trop à celle de la Gilda. Ils homologuent tous les artefacts du genre. C'est pourquoi… Sophomyn va me téléporter sur place.
Oulà.
Ça va m'éviter de croiser des chasseurs sur la route, en plus.
Mais il sait vraiment faire ça ?
Évidemment qu'il sait faire ça.
Pourquoi est-ce qu'on prend le trotteur à chaque fois, alors ?
J… hm. Parce que… c'est à sens unique.
Sérieusement Lemme, c'est quoi les chances que tu apparaisses dans le fleuve ?

…et dans une autre dimension ? »


*      *
*
*      *

« …donc la précision peut être relative ? Entendu. »

Les incantations prononcées, la réalité se déforma devant les yeux du terranide. La silhouette du vieux mage, et celle du gros cristal violet qu'il tenait en main, devinrent progressivement de plus en plus indistinctes. Allongées verticalement, les formes laissèrent place à des tâches de lumières nébuleuses qui après quelques secondes se mirent à entamer un mouvement rotatif. J'ai l'impression de ne rien peser, mais paradoxalement, je me sens trop lourd pour bouger, remarqua Lemme, alors qu'il analysait avec minutie les sensations qui traversaient son corps.

Finalement, le flou cinétique se dissipa. Mentalement, il se préparait surtout à faire face à n'importe quelle situation dans laquelle il pourrait se retrouver. Au milieu du fleuve, voire dans un autre plan, comme Géo l'avait prévu, ou encore…

« Monsieur ! Les téléportations sont interdites dans l'enceinte du bâtiment. Pour être exact, elles sont théoriquement impossibles. Alors vous comprendrez qu'il n'existe pas de sanction prévue. Une chance pour vous. Enfin. Vous avez un rendez-vous ? »

Le terranide cligna des yeux, hébété. Devant lui, une femme qui devait avoir dépassé les trois-quarts de siècle le fixait avec un regard las. Secoué par les dizaines de miles qu'il devait de parcourir en quelques secondes, il se sentait aussi un peu nauséeux. Cela devait se voir, car la vieille femme réagit.

« Vous êtes pâle. Mal de la téléportation ? Si vous vomissez, en fonction d'où vous vomissez, il existe un barème précis de la compensation que l'on peut vous demander.
Excusez-moi…  je suis où ?
À l’accueil des visiteurs. Vous avez un rendez-vous ?
Je cherche la Gilda.
Vous l'avez trouvée. Vous avez un rendez-vous ? »


Qu'il ait atterri avec autant de précision au bon endroit surpris bien davantage l'ingénieur que s'il s'était retrouvé sur le toit de la tour. Géo m'a fait douter, mais Sophomyn maîtrise en fait vraiment bien son art. Je dois me trouver exactement à l'endroit qu'il a défini, peut-être au mètre près.

Lemme regarda tout autour de lui : l'intérieur était d'une relative sobriété pour un bâtiment officiel Castelquisian. Cependant, les murs couverts de tentures délicates aux motifs losange rouges et or, dans le style renaissant castelquisian, suffisaient à donner à l'intérieur un aspect princier qu'auraient envié la plupart des seigneurs provinciaux. Le sol, lui, était en marbre coloré, figurant des surfaces mouchetées de noir et de bistre entourées d'arcs de cercle harmonieux. Ce qui ressemblait à des torches, mais couvertes de verre, devaient être utilisées pour l'éclairage de nuit. Mais en plein jour, elles étaient inutiles, la luminosité étant assurée par des grandes fenêtres qui offraient une vue presque aérienne de la cité-état.

En effet, le siège de la Gilda se trouvait sur la plus haute et la plus orientale des collines de Castelquisianni, la Molto. Longtemps il avait été éloigné du reste de la ville. Lors de l'arrivée des incantatori, les nobles, dont le pouvoir sur la ville était alors incontesté, avaient fermement refusé qu'ils s'installent sur l'île principale, ou dans les périphéries les plus prestigieux de la berge ouest. Depuis, la ville avait grandit, et sous la Molto s'était développé le Terzo. Le Terzo était le quartier le plus pauvre mais également le plus peuplé. Les zones les plus proches du fleuve restaient associées à un niveau de vie correct : ils abritaient le plus souvent les équipages modestes et les dockers. En revanche, plus l'on s'avançait sur les terres et plus les bâtiments ressemblaient à des taudis, refuge des plus déshérités.

Dressant sa propre enceinte circulaire au milieu de la misère, la Gilda faisait office d'exception. La tour, grâce à sa position surélevée, était visible de loin, et on y accédait par une allée pavée – du moins sur les derniers mètres. Évidemment, si l'on arrivait de l'île principale, comme c'était le cas de la plupart des embarcations qui faisaient escale à Castelquisianni, il fallait prendre un des traversiers pour se rendre sur la berge est.

« Non… Je cherche Walter Zaccaria, le forgeron. Je viens m'entretenir de la part du mage de Locmirail.
Je ne le connais pas monsieur. Mais vous avez de la chance, encore. Monsieur est un chanceux en définitive. Avec l'hiver, Castelquisianni est un  désert. Le commerce est à son plus bas – c'est pas pour les trois pauvres bateaux qui arrivent chaque jour – alors la ville est vide, et les salles d'attente aussi. Cette feignasse de Zaccaria ne doit rien avoir à faire du tout. Passez dans la pièce d'à côté, je lui envoie un picci.
Merci madame. »


Le terranide n'eut pas longtemps à se demander ce qu'était un picci. De dessous son guichet, la réceptionniste sortit ce qui ressemblait à un perroquet d'acier, dont les jointures, entre les plumes de métal gris, brillaient légèrement d'une lueur ocre. Elle lui murmura quelques mots, et la machine aviaire s'envola à tire-d'aile vers les étages supérieurs, passant par la fenêtre. En tout cas, elle paraît très à l'aise avec les grands maîtres.

La salle d'attente, en effet, présentait de longs bancs en pierre presque inoccupés. L'intérieur était un peu moins prestigieux que le hall, mais restait décent et dans un style proche : seules les tentures et les quelques objets précieux qui pouvaient orner les murs avaient été ôtés, peut-être pour éviter d'être volés ou abîmés par les visiteurs. Car en effet, l'identité du seul individu attendant là – une sorte de clochard qui somnolait – indiquait que la Gilda devait accepter presque tout le monde, à défaut de les recevoir.

Lemme s'assit à l'autre bout du banc, pressentant la mauvaise odeur qui pouvait se dégager de ce genre d’indigent. De toute façon, il ne voulait pas attirer l'attention. Il rajusta le un capuchon qu'il portait par-dessus ses habits de voyage, comme il en avait l'habitude lorsqu'il fréquentait les milieux susceptibles d'abriter des humains. Le tissu lui permettait de cacher ses oreilles, et ainsi de masquer presque parfaitement sa nature de terranide. Seul son nez restait un peu atypique, mais il n'alertait en général pas ses interlocuteurs, à moins qu'ils ne lui portent un intérêt particulier. Son pistolet, même s'il le portait, était aussi dissimulé dans son sac, toujours dans l'objectif de ne pas faire de vague, mais auprès de la Gilda cette fois. L'organisation était en effet sensible en ce qui concernait la détention et le commerce de ses créations, et un malentendu n'était pas impossible.

« Tu veux un bisou ? »

Aussi inquiet que gêné par la proposition, l'ingénieur tourna la tête vers le purotin qui en était à l'origine. Il ne répondit pas, ayant peur que cela l'incite à continuer la conversation. Le manant s’esclaffa, et se tut pour un moment. Lemme espérait que l'attente ne durerait pas trop longtemps.

Orphéo

Humain(e)

Re : Les imprévus du mage de Locmirail [Orphéo]

Réponse 1 jeudi 15 janvier 2015, 01:22:58

Tout avait commencé par une petite foire rurale, moins de six moins auparavant. Orphéo s'était arrêté dans un petit village fermier quelque part dans la périphérie la plus éloignée de Nexus et avait décidé d'y passer quelques jours, comme il le faisait souvent lors de ses pérégrinations. Une journée pour récupérer quelques rations, une autre pour négocier le prix de quelques potions de soin qui faisaient défaut à sa vieille besace de voyage élimée, trois ou quatre autres pour remplir sa petite bourse de quelques sous glânés en accomplissant de menus travaux... Rien qui ne sortait vraiment de l'ordinaire et ce coup-là, ça ne devait pas être différent des autres. Delguéo n'avait de spécial que sa foire qui s'étalait sur une bonne semaine et qui réunissait les ouvriers agricoles des environs sur plusieurs stands dans une ambiance festive et joviale afin qu'ils puissent vendre céréales, fruits, légumes et éléments de bétail à des prix plus bas que ceux pratiqués en Nexus. De temps à autre, quelques charlatans et autres bardes se mêlaient à l'assemblée pour tirer aussi quelques piécettes des escarcelles, ce qui n'était finalement pas sans faire le bonheur des plus curieux ou des plus avides de nouveautés.

Orphéo était de ceux là. La tente miteuse de la diseuse de bonne aventure l'avait attiré et il n'avait pas rechigné à dépenser quelques pièces pour qu'une vieille femme toute fripée à l'haleine chargée de relents de vinasse et de parchemin sorte une boule de cristal fissurée afin de lire dans les volutes de fumée argentée qu'on pouvait voir danser dans la sphère. Tout n'était probablement que spectacle dans les prétendus arts de cette femme, mais la scène était passée de mode depuis longtemps déjà : les lourdes teintures qui décoraient la tente étaient déchirées et leurs couleurs jaunies, les bibelots divers couverts de poussière n'effrayaient plus personne et les encens que la voyante faisait brûler ne dispensaient plus que le souvenir d'une vague odeur fruitée. Le jeu de la femme aux dents gâtées et à la chevelure hirsute était lui aussi passé de mode et ses effets de manches n'impressionnèrent que très peu un Orphéo pourtant assez naïf pour s'émerveiller d'à peu près tout.
Elle ne lui avait rien prédit d'étonnant et Orphéo s'apprêtait à la quitter quand elle lui attrapa l'avant-bras pour le retenir avec assez de force pour le surprendre. Il s'était rassit en déglutissant, voyant que les yeux de la voyante avaient adopté une curieuse teinte laiteuse alors qu'il avaient été couleur noisette jusque là.

- Tu es né sous les étoiiiiiiiiiles, petit. Et les étoiiiiiiiiiiles ont de grands projets pour toi ! Une constellaaaaaation brille pour toaaaaaaa ! Trouve la divinité et l'aaaaaaarmure pour proooooootéger ! L'aaaaaaaarmure... MAGIIIIIIIIIQUE des étOIIIIIIIIIIIIIILES ! La COOOOOONSTELLAAAAAAAAAAATIOOOOOOOOOOON !

Et elle était tombée. Pouf, comme ça, sur la table basse, face en avant. La boule avait roulé dans un coin de la tente et Orphéo n'avait pas tardé à se ruer sur la vieille pour s'assurer qu'elle vivait -ce qui était le cas. Une fois assuré de la bonne santé de la voyante qui piquait en fait un petit roupillon, le garçon s'était éclipsé sans demander de son reste.
Néanmoins, la prophétie de la diseuse de bonne aventure avait fait son petit bonhomme de chemin. Pensez donc ! On y parlait armure magique, étoile et divinité, tout le genre de vocabulaire qui séduisait un esprit aussi vagabond que celui d'Orphéo. Lui avait prit cela pour argent comptant et s'était mit en quête d'une armure douée de pouvoirs quelconques, bien décidé à accomplir la prophétie pourtant bien décousue.

C'était ainsi que le gamin avait quitté le village de Delguéo, son baluchon sur une épaule et la lanière du fourreau de sa fidèle épée de fer sur le dos.
Après tout, c'était un parfait prétexte pour une nouvelle aventure !


Le parchemin froissé qu'il tenait à la main lui avait beaucoup servi, depuis hier qu'il était arrivé en Castelquisianni. Orphéo ne lisait que très mal et difficilement, ce qui faisait qu'il peinait à déchiffrer l'adresse qui était griffonnée sur le petit carré de velin. Alors le gamin s'était il efforcé de montrer les lignes aux gens qu'il croisait dans les différents quartiers de la cité et ce depuis son arrivée. Bon, son chemin n'avait pas été une ligne droite : parfois Orphéo avait-il mal compris ce qu'on lui avait indiqué, d'autres fois s'était-il retrouvé à flâner devant les échoppes et les belles devantures des maisons pour se retrouver perdu dans les allées pavées et passantes. Quelques points de vue disséminés ça et là dans les recoins de l'île principale avaient fait son bonheur pour avaler une petite collation, avant qu'il ne se décide pour de bon à se rendre au siège de cette étrange Gilda dont on lui avait assuré qu'elle pourrait lui produire cette fabuleuse armure dont il n'avait cessé de rêvé depuis sa visite chez la vieille diseuse de bonne aventure.

Rejoindre le siège de la Gilda avait été la partie la moins agréable de son voyage. En vérité, ça avait été la partie la moins agréable de tout ce qu'il avait accompli jusque ici; jamais Orphéo n'avait traversé de si miséreux quartiers dans lesquels on menaçait de le voler à chaque coin de rue, jamais Orphéo n'avait eu à subir si frontalement la déchéance et le malheur. Pour quelqu'un d'aussi innocent que lui l'était, cette côte était un véritable crève-coeur et il l'avait traversé en baissant la tête pour éviter de trop se faire remarquer. Peut-être était-ce aussi là de la lâcheté ? Le vagabond manquait de ce zeste de courage qui faisait les héros.
Il avait été plus rassuré sur les derniers mètres qui menaient à la grande tour de la Gilda et avait pressé le pas pour pousser la porte avant de la refermer sur lui en soufflant un grand coup. Enfin au chaud, notre Orphéo aux bottes crottées écarta les pans de sa vieille cape de voyage et abaissa le col qui surmontait cette dernière. Le gamin avait remonté le couloir qui se présentait à lui en admirant les décorations qui s'étalaient sur ses pas, finissant par tomber sur un guichet derrière lequel se trouvait une femme qui lui tomba dessus verbalement.

- Je peux vous aider, monsieur ?
- Je... o-oui, sûrement. Je pense.
- Vous pensez. C'est déjà une bonne chose.
- Euuuuh... vou-voui...
- Et vous venez pour ?
- Euuuuuuuh...
- Seriez-vous apparenté à un batracien ? Vous coassez.


Orphéo, qui virait au rouge, préféra ne rien répondre. Se précipitant sur ses poches pour les fouiller -ce qu'il dut faire en trois fois sous la montée de stress qui l'avait saisi- afin de mettre la main sur le papier qui l'avait guidé jusque là. Il le donna à la bonne femme, qui s'en saisi pour le parcourir rapidement des yeux.

- Vous voulez rencontrer Walter Zaccaria, donc.
- Voilà. Le monsieur qu'est marqué sur le papier.
- Passez dans la salle d'à côté, vous aussi. Je lui envoie un picci.
- Un quoi ?
- Un picci.
- ...Ah.


Pas plus renseigné alors que la secrétaire haussait mollement une épaule avant de disparaître pour fouiner sous son bureau à la recherche d'un second automate ailé, Orphéo se détourna pour rejoindre la direction indiquée. Il n'avait pas spécialement envie de continuer à discuter avec cette femme au ton sec qui avait l'air de le considérer comme un fameux crétin; aussi fila t'il vers la salle d'attente sans demander de son reste alors que le message mécanique s'envolait par la fenêtre, spectacle que le jeune humain n'aurait pas été sans apprécier.

- Toi aussi, tu veux un bisou ?
- Gnhein ?


Le clodo n'avait redressé la tête que pour lui sourire avec ses dents jaunies quand elles n'étaient pas manquantes. Son regard (dont Orphéo n'aurait pas été capable de dire si il était juste sérieusement imbibé d'alcool frelaté ou naturellement du genre à déconner tout seul) s'était fixé sur le vagabond qui avait arqué très haut l'un de ses sourcils en faisant un petit "O" avec sa bouche, ce qui n'était visiblement pas sans amuser très franchement le clochard. Ce pauvre type qui puait la marée décida d'asticoter le vagabond en lui envoyant quelques baiser sonores de ses lèvres sales avant de faire mine de se lever de son banc, ce qui poussa sérieusement Orphéo à réagir.
Le garçon n'avait clairement rien d'un foudre de guerre et n'était vraiment pas intimidant; seulement, il portait une épée et cela savait parfois l'aider à décourager quelques importuns. Avec vivacité, Oro porta la main à la poignée couverte de vieux cuir qu'on voyait dépasser de son épaule gauche et tira sur l'arme. Le bruit de l'acier frottant légèrement contre le fourreau fut suffisamment parlant pour que le loqueteux ne se ravise en grognant un peu. Orphéo affecta d'afficher un visage de dur, ce qui ne trompait jamais personne, et alla s'asseoir non loin du troisième larron de la scène qu'il n'avait pas eu le temps de remarquer avant ça.

Un garçon pas bien plus vieux que lui, de ce que pouvait en juger le pêcheur au premier coup d’œil. Cela eut tendance à le rassurer un peu et Orphéo lui adressa de façon tout à fait naturelle un petit sourire amical en s'installant sur le banc, entre le clochard et le type au capuchon. Le pue-la-rue se ramassa un peu sur lui-même en jetant un oeil méfiant à l'arme du vagabond, ce dernier se retrouvant finalement plus près de la capuche.

- Désolé, hein, mais il pue drôlement l'autre type, lui glissa t'il discrètement pour justifier la proximité. Moi, c'est Orphéo !

L'ainsi nommé présenta sa main dans un nouveau sourire. Candide et amical au tout premier abord, Oro l'était toujours. La présence du clochard ne changeait pour lui rien à l'affaire. Et puis, quitte à attendre, autant s'occuper. En faisant connaissance avec le premier venu par exemple, ce qui ne serait pas forcément venu à l'idée de n'importe qui.
« Modifié: jeudi 15 janvier 2015, 01:28:28 par Orphéo »

Lemme

Terranide

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    1m75, 60kg, une longue queue (60cm) dans le dos, deux longues queues (21 et 19cm) à l'avant et un pistolet arcanique à la ceinture.
    
    Originaire d'un lointain continent polaire et pratiquant d'une magie-science, il se qualifie lui-même « d'ingénieur ».
    
    Parcourt Terra sur son Trotteur, à la recherche de curiosités ésotériques pour le mage de Locmirail.

Re : Les imprévus du mage de Locmirail [Orphéo]

Réponse 2 mardi 31 mars 2015, 05:02:33

La proximité et la demande étrange de l'indigent avait un peu renfrogné Lemme. Il n'était pas habitué à l'ambiance des grandes villes humaines, dans lesquelles il n'avait jusqu'ici jamais pénétré, et encore moins à ce qu'on l'aborde de cette manière. Temporairement, il s'était replié sur lui-même, considérant son environnement et toutes les personnes aux alentours comme soudain hostiles. Heureusement, son regard, qu'il s'efforçait de garder vide, et sa tête baissée ne parurent sans doute pas assez distrayants pour l'autre occupant, qui s'en désintéressa… probablement. Le terranide mettant un point d'honneur à ne surtout pas reposer les yeux sur lui, il n'aurait pu le jurer.

Un bruit de pas qui s'approchaient le tira de la contemplation de ses bottes. Peut-être est-ce déjà Zaccaria se mit-il à espérer. Je ne regretterais pas de n'avoir passé que quelques minutes ici… Il déchanta vite en voyant entrer un garçon bien trop jeune pour être l'homme qu'il cherchait. Du reste, il n'avait vraiment pas l'allure d'un mage, tout juste celle d'un voyageur pas très bien loti. Rien à voir, cependant, avec l'état du loqueteux ; lui devait conserver un minimum d'hygiène. Il n'était pas tout à fait déplaisant, d'ailleurs.

La confrontation entre le jeune homme et le clochard fut courte mais pleine de tension, les comportements plus agressifs des deux côtés. Après avoir contemplé la scène avec un peu d'appréhension, se demandant s'il allait devoir intervenir, le terranide fut soulagé de la façon dont elle se conclut. Au moins la méthode était-elle efficace : sachant le voyageur armé, l’indigent ne tenterait sans doute plus rien. Lorsque le garçon vint vers lui, Lemme essayait d'offrir un visage plus ouvert. Le sourire qu'on lui adressa lui facilita beaucoup la tâche – il le trouva communicatif – et il n'eut aucun mal à le retourner. Il lui tendit une main confiante. C'était la façon dont les humains se saluaient entre mâles, il en était à peu près convaincu… très satisfait de se comporter comme un humain parmi les humains.

« Lemme. Lemme Ostrovski. Enchanté, je préfère aussi que ce soit toi ! »

C'était une vérité simple, dite sans méchanceté mais un peu fort, pour que le clochard ait une chance de l'entendre. Trouver quelqu'un d'à peu près normal à qui parler avait redonné un supplément d'audace à l'ingénieur. Sophomyn lui avait dit d'être prudent, cependant, cette résolution, dès les premiers mots et le premier contact échangés, s'effaçait de son esprit. De toute façon, le vieux mage avait tellement de catastrophes dont la cause était une imprudence qu'il ne pourrait rien lui reprocher. Orphéo ne paraissait pas mal intentionné, et ne ressemblait pas à un esclavagiste. Même si le terranide aurait eu bien de la peine à distinguer un esclavagiste d'un humain lambda. Pas question néanmoins d'abaisser sa capuche et de dévoiler explicitement sa nature.

« Il ne doit pas faire beau. Tu viens de loin ? »

La question était moins sensible et indiscrète que de lui demander pourquoi il était ici. Sans vraiment le vouloir, l'ingénieur jugeait un peu son interlocuteur. Il l'observait attentivement, aussi. Ses bas boueux témoignaient du voyage pénible qu'il avait dû faire pour arriver jusqu'ici. Dans la même situation, Lemme n'aurait pas été beaucoup plus coquet, et tout le monde n'avait pas la chance d'éviter les terrains bourbeux en défiant les lois de la physique. L'absence de toute trace d'humidité sur sa propre tenue devait d'ailleurs mettre la puce à l'oreille du garçon, s'il était un assez vif d'esprit.

« Moi j'arrive directement d'un petit village désertique, de l'autre côté de Nexus, tout au sud. Je suis arrivé ici grâce à un déphasage spatial tachyagobolistique de mon enveloppe congrue successif à une décorporation plénière ad hoc. Une téléportation, en fait. Alors c'est comment, dehors ? »

Il y avait un peu de frime, bien sûr, mais son ton n'était pas trop prétentieux. Parler technique l'aidait à se sentir à l'aise, bien qu'il le soit déjà plus qu'il ne l'aurait d'abord cru. L'interrogation, elle, était plus espiègle, faisant remarquer que lui n'avait pas eu besoin de marcher et de se salir pour se rendre ici. Parallèlement, le clochard grommelait dans son coin, sans que ses paroles ne soient toutefois audibles. De toute façon, ce qu'il dit n'a sûrement aucun intérêt.


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