Flash-back électrique [Mariam]

-Là tout de suite, on va au prochain port. D’après Demi-Crâne on y sera dans deux heures. Après, ben ça dépend. La Foudroyante vogue sur toutes les mers, navigue partout où il y a des gens et surtout des richesses à récupérer. On va à tous les endroits où on n’est jamais allés et parfois on retourne dans un coin intéressant parce que la capitaine a décidé qu’il restait des choses à y faire. Maintenant retourne au boulot !

Lui répondit le marin après un temps d'hésitation. Erilé se remit à son travail, maintenant plus calme. Demi-Crâne devait être le drôle de type qu'elle avait affronté précédemment, elle le chercha un peu des yeux. En continuant son travail, elle pensait à la réponse qu'elle avait eu...c'était pas si mal comme programme. En fait elle n'avait jamais pensé à la vie que  menait les pirates, certains la voyait comme un idéal. Elle réfléchit à ça.
Mais pour l'instant elle se demandait surtout ce qui allait lui arriver. Comptaient-ils la garder ainsi longtemps ? Ou allaient-ils se débarrasser d'elle bientôt ? Curieusement, elle ne s'inquiétait pas de trop, concentrée dans son travail. Erilé aimait à bien faire tout ce qu'elle effectuée, même forcée. Elle se montra donc efficace, sciant,clouant, fixant les planches à bonne allure. Elle finit assez rapidement, sans s'être précipité à un boulot mal fait. Elle leva ensuite la tête vers la voile

-Que dois-je faire maintenant ?

N’auraient été les chaînes de la jeune femme, on aurait pu croire qu’elle faisait partie de l’équipage vu la façon dont elle s’attelait à sa tâche. Elle avait un instant cherché du regard le second qui était un peu plus loin, assis sur le bastingage, un bouquin à la main. Personne ne savait ce qu’il lisait et personne ne l’avait jamais su, tous ses livres étaient dotés d’une couverture totalement vierge, avec juste une couleur différente à chaque fois.

Quand Erilé eut fini de réparer le pont, ce qui fut rapide et surtout bien fait, elle demanda ce qu’elle devait faire ensuite. Son garde lui désigna le grand morceau de tissu plié à côté d’elle. Dessus étaient posés du fil et une aiguille.

-Tu as le choix. Soit tu recouds la voile, soit tu la remplace. Et fais gaffe, la capitaine veut que ce soit irréprochable.

L'homme lui montra une grande toile repliée,

-Tu as le choix. Soit tu recouds la voile, soit tu la remplace. Et fais gaffe, la capitaine veut que ce soit irréprochable.

Erilé soupira,recoudre avec une l'aiguille était beaucoup trop fin pour elle ! Elle préférait largement pouvoir agir sans contraintes et sans raffinements, libre de ses mouvements et de sa force, comme avec le marteau...

-Très bien, je vais la remplacer alors. Il me faut du leste au niveau des chaînes. Et puis je n'y connais rien en cordage, il va falloir me guider[/b]

Elle attendu d'avoir un peu plus de chaînes en rab pour prendre la voile dans ses bras et s'envoler vers le mât. Elle se posa délicatement dessus, le soir était maintenant complet. Elle écouta les instructions du marin et les suivit à la lettre, ses ailes lui permettant de facilement se mouvoir d'un endroit à l'autre pour positionner la voile. C'était la première fois qu'elle faisait ça, mais comme à chaque fois qu'elle faisait un travail, elle s'appliquait. Elle resserra bien les cordes, c'était fascinant cet art de nouer. L'homme devait crier pour que ses paroles lui parviennent correctement. Cela lui prit un certain temps, puis elle se redressa sur la pièce de bois horizontal, regardant son travail, ça lui paraissait très convenable, elle avait bien suivit les instructions données. Elle regarda ensuite un instant le large, le noir ne lui permettait pas de bien voir mais elle entendait le bruissement des vagues. Elle ferma les yeux et ouvrit les bras, déployant un peu ses ailes, profitant du vent glissant sur sa peau et ses plumes.
Elle ouvrit un œil, il commençait à forcer. Elle plissa les yeux, dans l'obscurité, avec sa vue nocturne, elle parvenait à distinguer de lourds nuages non-loin. Un grondement se fit entendre.Elle jeta un coup d’œil en bas, on semblait bien s'agiter...

La prisonnière réclama plus de longueur de chaîne, ainsi que des instructions précises sur la marche à suivre. L’homme soupira. Il prit un bon mètre de chaîne sur ce qu’il lui restait et le jeta sans ménagement sur Erilé. Il la regarda ensuite s’envoler pour atteindre le sommet du mât.

-Commence par décrocher la première voile, ça devrait pas poser problème, même pour une gringalette comme toi !

Cette phrase avait été criée sur un ton volontairement provocateur. Il voulait la faire sortir de ses gonds pour avoir une bonne raison de la battre. Malheureusement, elle n’était pas facile à énerver. Elle suivait docilement les indications données sans se tromper une seule fois, et pourtant il faisait tout pour être ambigu et pour qu’elle se trompe ! Elle termina d’ailleurs assez rapidement, contre toute attente. La nouvelle voile trônait désormais fièrement sur le mât au sommet duquel se trouvait le drapeau de la Foudroyante.

Mais bien sûr, tout ne se passe jamais comme prévu lorsque l’on est en mer, et encore moins quand on est pirate. Le vent se fit brusquement plus fort, des nuages plus noirs que le ciel nocturne se profilaient à l’horizon, trop proches pour que ce soit sûr. Ou du moins, Demi-Crâne affirmait qu’il y avait des nuages à l’horizon. L’avantage d’avoir un œil magique, c’est qu’on voit un peu mieux dans la nuit.

Tout le monde fut rapidement prévenu : il allait y avoir du mouvement… La tempête approchait trop rapidement, il était impossible de l’éviter.

-Tout le monde à son poste ! beugla Thalia en sortant de sa cabine. Et l’angelote, descends de là, je veux pas que tu m’abimes ma voile !

Erilé regardait l'orage se former non-loin, elle sentit debout sur la barre transversale du mât, le bateau tanguer de plus en plus. Un coup d'oeil en bas, elle aperçut l'équipage s'agiter dans tout les sens, quand Thalia sortit pour crier sur ses pirates

-Tout le monde à son poste ! Et l’angelote, descends de là, je veux pas que tu m’abimes ma voile !

La jeune fille regarda en l'air, si elle avait si peur pour sa voile, fallait pas la lui faire mettre et s'en occuper elle-même...Elle déplia ses ailes, le vent commençait à souffler mais où elle était, ça allait encore, ce n'était pas très fort. Sauf que, au moment même où elle s'envola, une puissante bourrasque la repoussa, sans qu'elle puisse réagir. La chaîne se déroula et fut rapidement tendu, c'est à ce moment là que le vent s'arrêta un instant, laissant choir l'oiselle qui, tirée par la chaîne qui avait passer par dessus la partie horizontal du mât, la fit se diriger droit dessus. Sa tête vint heurter durement le bois et elle perdit à moitié connaissance, la tête en bas. Assommée, elle essaya quand même de ce sortir de ce mauvais pas, la pluie s'était abattue et fouettée son visage, par le vent qui soufflait. Elle poussait sur ses ailes, brassée l'air avec mais, dans cette position, tenue par les pieds enchaînaient,  albatros ou moineau, on ne pouvait se r'envoler.

Mais bien sûr, la chaîne et l’orage ne faisaient pas bon ménage. Au moment où elle déplia ses ailes, Erilé fut emportée par une rafale de vent, ballottée un instant au bout de la chaîne, puis relâchée…pour aller se fracasser le crâne contre le mât. À demi assommée, les marins la voyaient continuer de se débattre, sans trop oser aller l’aider. Ce fut finalement Demi-Crâne qui, sous les engueulades de son capitaine, monta détacher la jeune femme et la jeta sur son épaule pour la faire redescendre.

-On se calme et on oublie qu’on a des ailes pendant l’orage, vu ?

Il la déposa sur le pont et retourna au poste qu’il avait quitté. Thalia vint prendre Erilé par le bras.

-Un conseil si tu veux survivre à la tempête : accroche-toi quelque part où tu ne gênes personne et ne bouge plus.

Ce fut finalement celui qu'elle avait attaqué plutôt qui eut la bonne idée et la bonté de venir la détacher. Il la mit sur son épaule pour redescendre

-On se calme et on oublie qu’on a des ailes pendant l’orage, vu ?

Elle ne réagit pas, légèrement dans les vapes, il la déposa sur le pont où l'autre grande énervée vint lui saisir le bras

-Un conseil si tu veux survivre à la tempête : accroche-toi quelque part où tu ne gênes personne et ne bouge plus.

Elle ne réagit pas, mais au fond d'elle ça l'énervé, c'était pas elle qui avait priée pour qu'on l'attache à cette foutue chaîne ! Titubant sur le pont, secoué dans tout les sens par la furie des vague déchaînées, elle se trouva un coin du pont où elle s'assit en s'accrochant. Elle ferma les yeux, elle ne savait plus où était le ciel et la mers, elle se faisait trempée par la pluie et les vagues qui balayaient régulièrement le navire. La tempête faisait rage, plusieurs fois elle faillie lâcher prise mais elle tint bon. Au bout de la nuit, elle finie par réussie quand même à bien se caler dans un petit coin et tenta de dormir un peu.

Elle rouvrit les yeux au petit matin, quand le soleil montait dans le ciel, sur une mers plate et calme qui ne pouvait laisser croire que quelques heures plutôt elle déchaînait la folie des enfers si ce n'était l'état du navire. Elle se redressa et se releva, regardant autours d'elle.

La tempête passa, plus violente que d’ordinaire, et quelques personnes manquèrent de passer par-dessus bord. Heureusement l’entraide sur le navire n’était pas une légende et tous les marins étaient encore là le lendemain matin, une fois le calme revenu. Certains gisaient sur le pont, geignant lamentablement d’épuisement, d’autres s’échinaient à se dépêtrer des cordes ou autres objets dans lesquels ils s’étaient coincés, les derniers avaient pu s’en tirer sans mal et travaillaient déjà à remettre de l’ordre. Heureusement, le navire lui-même n’avait que quelques dégâts superficiels et deux personnes se chargeaient déjà des réparations. Thalia sortit de sa cabine et jeta un coup d’œil circulaire.

-Bon… Ben vous voyez, vous êtes pas morts ! Allez, tout le monde debout, on a de la chance aujourd’hui. La tempête nous a rapprochés significativement du port, on y sera d’ici quelques minutes.

Elle pointa vers l’Est, où on voyait en effet une bande de terre, à une distance assez faible.

Erilé se releva, un peu douloureusement, ayant était ballotée dans tout les sens et ayant percuté à plusieurs reprises la rembarde, l'escalier...Elle posa sa main sur sa tête, là où elle avait percuté le mât.

Elle déplia ses ailes, elles aussi douloureuses et fit quelques mouvements, comme pour s'envoler mais en plus lent, afin de les faire sécher, elle ne pourrait pas revoler tant que les plumes étaient encore mouillées. Elle passa sa main dessus et lécha l'eau, elle grimaça un peu : c'était de l'eau de mers, c'était encore plus difficile de voler après être mouillée avec cette eau ! Parce que quand ça sèche, ça colle horriblement !

Elle râla en tentant de les lisser un peu puis soupira et regarda le pont. Elle se rendit compte en les voyants s'activer, s'aidant les uns les autres et s'activant pour remettre leur navire en état, qu'ils étaient solidaires et braves, en dehors de leurs sales réputations, qui étaient un peu vrais aussi...

Thalia sortit de sa cabine, déclarant d'une voix forte

-Bon… Ben vous voyez, vous êtes pas morts ! Allez, tout le monde debout, on a de la chance aujourd’hui. La tempête nous a rapprochés significativement du port, on y sera d’ici quelques minutes.

Elle alla contre une des rambardes du pont et regarda, elle ne put réprimée un sourire en voyant la terre. Puis, elle dirigea lentement son regard sur ses pieds, elle n'avait plus sa chaîne. Elle regarda encore l'horizon, le vent venant doucement faire voler ses cheveux, ses ailes se déplièrent, et si elle en profitait pour...?

Elle se tourna encore vers le pont, et voyaient les pirates s'activaient à la tâche et, sans savoir pourquoi, elle ne se sentait pas capable, ou plutôt coupable si elle s'enfuyait maintenant...

De plus elle n'avait pas encore eu l'occasion de remercier..Demi-Crâne si elle avait bien entendu son nom, pour l'avoir tiré du mauvais pas, quand elle était pendue la tête en bas...

Elle passa sa main dans son cou et s'avança pour prendre un marteau et, presque timidement, cloua des planches sur un mât fragilisé.

Le navire n’avait pas trop souffert de la tempête, les marins non plus, donc d’une certaine façon tout allait bien ! En tout cas c’était le point de vue de Thalia, pour qui les faits présents seuls comptaient. Une tempête ? Si à la fin tout le monde était en état de marcher on pouvait dire qu’il ne s’était rien passé.

Au milieu de la tourmente quelqu’un avait pris la peine de retirer la chaîne de la prisonnière. La capitaine ne disait rien mais ça la contrariait, c’était clair.  Elle soupçonnait fortement son second, le seul à être assez courageux pour la défier ou la contredire ouvertement, et le seul capable d’assumer derrière. Il était en haut en ce moment, démêlant les différents cordages comme il le pouvait et s’assurant de l’état des voiles.

-Capitaine ?

-Quoi ? T’es pas censé bosser toi ?

-Euh, si, mais euh… La prisonnière, on en fait quoi, quand on arrive au port ?

Thalia haussa les épaules et repartit sans répondre dans sa cabine. Cette attitude, de ce que l’équipage en savait, signifiait qu’ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient du moment qu’elle n’était pas au courant.