Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Terra l'acceuillante. [avec Ozvello)

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Ozvello Di Luccio

Humain(e)

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    Description
    Jeune homme de haute extraction (Castelquisianni), élégant dans ses manières. Richesse manifeste et étiquette respectée, malgré des habitudes de plus en plus mercenaires. Taille et carrure moyennes, souple.
    
    Bretteur et poète, gentilhomme en herbe, en perpétuelle quête de gloire.
    
    Porte une rapière en argent enchantée qui absorbe la magie, Caracole. La dite rapière est également douée de parole. Bottes de sept lieux aux pieds.

Re : Terra l'acceuillante. [avec Ozvello)

Réponse 15 lundi 16 décembre 2013, 21:48:42

Le malaise qu'avait fait Ozvello lui concédait au moins un avantage : il était anesthésié pour la suite des opérations, dont la pose et le serrage du bandage, qui lui aurait sans doute causé un peu de souffrance supplémentaire. Alors que le bretteur était inconscient et que Zeckiel paniquait, la rapière, elle, ne paraissait pas manifester le moindre signe d'inquiétude… C'était une chose difficile, en réalité, que de décrypter les émotions que pouvaient essayer de transmettre le fer froid et luisant. La voix qui lui répondit, en revanche, aussi métallique que sa propriétaire, ne laissait pas la moindre tension, le moindre sentiment, apparaître. On pouvait croire y déceler un peu de mépris, peut-être, sans qu'il se révèle dirigé vers quelqu'un en particulier.

« Il n'a pas supporté la douleur : trop sensible, trop fleur bleue. C'est une syncope, c'est sans importance, et sans gravité. »

Si Caracole avait eu des épaules elle-même, alors sans doute les aurait-elle haussées. Elle semblait cependant d'humeur à discuter, ce qui n'était pas vraiment dans ses habitudes. En règle générale, elle ne conversait jamais avec quelqu'un d'autre que son porteur ; lui laissant ainsi le privilège unique de converser avec un artefact vieux de plusieurs siècles, et de profiter de son savoir. Elle se contentait d'ignorer les autres, et cachait si nécessaire sa qualité d'objet magique. À raison sans doute, car si la rumeur de son intelligence avait été trop commune, alors elle aurait toutes les chances de se trouver plutôt à la ceinture d'un voleur intéressé que d'un bretteur.

« Les humains sont faibles, je suppose que tu ne l'ignores pas ? Oh, celui-ci est un peu plus vaillant que ses semblables… mais sa nature le limite : il doit manger, boire, dormir, et se vide de son sang à la moindre blessure… Pour faire le métier de soldat, il n'y a rien d'idéal dans leurs corps frêle. J'ai côtoyé un démon, un féroce combattant, il y a de cela quelques siècles. Pas longtemps. »

Le ton était impassible, régulier, parfaitement clair, et pourtant parfaitement inhumain. À la fin de chaque phrase, il s'évanouissait dans quelques aigus étranges, avant de reprendre la suivante plus grave, avec des inflexions, des trémolos qui rappelaient le froissement d'un acier lointain.

« Juste le temps de m'enfoncer dans son crâne. C'était une bête immonde, immorale, ignoble. J'aurais eu honte d'être souillé de sa cervelle si je n'avais pas eu la certitude d’éradiquer de la surface de Terra l'une des créatures les plus abjectes qui l'aient jamais profanée. Vous pouvez vous cacher sous l'apparence ravissantes créatures, vous n'en êtes pas moins des êtres abominables et vils. Trompeurs et sournois, dans le meilleur des cas. Tu peux feindre, le garçon s'y laissera prendre. Mais ta nature corrompue m'asphyxie bien trop pour que tes mots et ton visage m'adoucissent… et l'on n'échappe pas à sa nature, démon. Elle est pourquoi je donnerai toujours au plus faible des humains la force de vous pourfendre. »

La rapière se tue complètement, et devint, à la suite, tout-à-fait muette. Quelques secondes plus tard, Ozvello s'agita et, rapidement, ouvrit les yeux. Il n'eut pas encore bien remis ses idées en place que déjà, il pestait :

« Par les diables ! Enfin, je n'… »

L'adolescent, tentant de reprendre contact avec le monde réel, ne tarda pas à remarquer qu'il était couché, et que son bras avait été bandé. Un vague sourire, un peu gêné, et surtout préoccupé, apparu sur ses lèvres, alors qu'il se tourna vers Zeckiel.

« Il faut croire que je suis toujours en vie ! C'est donc que je peux vous faire confiance, compagnon. Alors, laissons les préjugés de votre atavisme de côté, ce ne sont que des histoires de superstitieux. J'en suis maintenant convaincu. Ai-je défailli longtemps ? »

Vigoureusement, Ozvello se hissa en position assise, en s'appuyant sur son bras encore indemne. Il parlait aussi vite que son cœur battait, mettant beaucoup d'aplomb à se montrer reconnaissant.

« Je ne vous remercierai jamais assez… de ne pas songer à colporter la rumeur de la faiblesse que j'ai eu, puis-je compter sur vous ? Je crois que… pour votre honnêteté, et comme prix de votre silence, je devrais consentir à contracter envers vous une dette… Nous verrons cela plus tard, si vous le voulez. »
TelkaArchieVianOzvelloCyriel
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Zeckiel Selenis

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Re : Terra l'acceuillante. [avec Ozvello)

Réponse 16 dimanche 22 décembre 2013, 01:16:14

La panique du sang-mêlé retomba un peu aux propos de la lame enchantée. Rien qu'une syncope. D'accord... Zeckiel constata qu'effectivement la poitrine se soulevait à un rythme normal et que la respiration était régulière avant de pousser lui même un long soupir soulagé. Il se releva alors et laissa là le blessé, sur lequel il prit le temps de déposer un pan de tissu ayant servi, dans une autre vie, de couverture à sa paillasse miteuse.

Mais la rapière ne comptait pas en rester là. Lorsque son timbre métallique et froid reprit, le thème s'était déplacé ; usant du prétexte de l'évanouissement de son maître, l'épée parlait maintenant des hommes et de leur faiblesse physique en général, propos que le sang-mêlé acquiesçait par politesse, n'ayant guère de point de vue sur cette question qui ne l'avait jamais effleurée. Le combat, la guerre, ces choses n'occupaient généralement pas son esprit et comptait en rester là autant que faire se pouvait. Raison pour laquelle il était retourné chauffer son corps contre les flammes bondissantes, n'écoutant que distraitement les propos de la lame. Pouvait-elle se rendre compte qu'il lui tournait obstinément le dos et concentrait plus volontiers ses pensées sur le doux crépitement du feu que sur sa discordante complainte ?

Malgré tout, il n'était guère possible de s'empêcher d'entendre ce que l'artefact souhaitait dire. Lorsque la lame évoqua ses faits d'armes en compagnie d'un ancien démon, Zeckiel concentra ses pensées sur d'autres propos. Quel âge pouvait bien avoir cet objet et comment fonctionnait son esprit ? Avait-il été placé là, tel quel, et était resté immuable depuis sa création, ou bien avait-il évolué à mesure qu'il vieillissait ? Le discours s'étayant, ces questions se firent plus lointaine et l'attention du jeune homme se porta réellement sur les propos de l'épée. Zeckiel sentit son sang se glacer, puis ses joues rougissantes le chauffèrent plus que les flammes auxquelles il faisait face, qui ne pouvaient plus l'empêcher de trembler d'une rage sourde devant les propos insultants de l'arme.

Le jeune garçon se retourna pour lui répondre d'un ton qu'il voulait égal, mais sa voix lui sembla trop faible, trop mal assurée  :

«  Quant à moi, j'aurais honte de me souiller à porter une chose qui ne pense qu'en termes de  massacres !  »

Mais il fut interrompu par Ozvello qui reprenait ses esrpits. L'intervention de ce dernier, qui coupa court la dispute en devenir, ne calma pas pour autant le sang-mêlé, honteux de sa tirade. Malheureusement pour lui, Zeckiel n'était plus en état de mesurer à leur juste valeurs les compliments qu'il venait de lui faire, et son allusion à la confiance ou aux préjugés ne firent qu'attiser la colère qu'il nourrissait à l'égard du morceau de fer enchanté. Zeckiel tentait de trouver une répartie plus cinglante, mais la colère se déversait dans toute sa grammaire comme une marée dans les livres d'un écolier, l'empêchant de choisir les mots appropriés et le laissant là, aussi sot qu'il avait les joues rouges et le regard brûlant.

Aussi écouta-t-il les paroles du bretteur, qui par leur structure le tirèrent de la mélasse dans laquelle il s'était empêtré. Lorsque Ozvello cessa de parler afin de se redresser sur son séant, Zeckiel tempêta en direction de Caracole ;

« Jamais vous ne pleurerez et vous ne créerez jamais rien ! Le monde serait meilleur sans des choses comme vous ! [/color] »

Evidemment, ceci ne collait pas avec les propos que venaient de tenir le gentilhomme et Zeckiel sentait un regard interrogateur et surpris posé sur le lui, aussi se détourna-t-il pour se justifier, débitant comme si la ponctuation n'avait jamais existé;

« -Votre arme profite de votre défaillance d'être humain -composé de chair et de sang donc piètre soldat- pour m'insulter et me menacer. Si cette chose à un semblant d'indépendance, j'aimerai autant que vous la gardiez rangée dans son fourreau. Vous parliez d'avoir une dette, n'est ce pas ? [/color] »

En temps normal, le jeune homme n'aurait probablement pas dénoncé les propos de la lame ou bien  profité de posséder une créance sur quelqu'un qui lui avait pourtant sauvé la vie à peine une heure plus tôt, mais il était encore bouillant de rage. Rage mêlée de peur et de nombres autres choses, sans doute, car ses nerfs avaient atteint leur limite.

Il avait été contraint de dormir dans une forêt humide et boueuse puis été capturé par des crapules avec la promesse de mille morts affreuses, assisté à un combat sanglant, il avait poignardé un homme, rampé pour sa vie au milieu des ronces, on lui avait tiré dessus, il avait vu un charnier et suivi un homme mourant jusqu'au lieu où reposait sa dépouille encore tiède. Et une fois son sauveur défailli, la lame de ce dernier s'en prenait à son sang, crachant son fiel en promettant sa mort ?

Une grande lassitude l'envahit ; s'être écarté de l'âtre et avoir déversé sa colère l'avait soudain frigorifié. Un frisson le parcourut puis il tomba au sol, prostré et sanglotant.

Ozvello Di Luccio

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Re : Terra l'acceuillante. [avec Ozvello)

Réponse 17 dimanche 22 décembre 2013, 21:29:11

Les sourcils du bretteur décrivirent une trajectoire étrange, après la surprise, se lut sur son visage une indignation d'un instant, puis de nouveau la surprise… avant de passer par une phase neutre, et de reprendre une ultime fois dans une position évoquant l'étonnement. Dans le fond, ce qui lui décrivait Zeckiel quant à la faiblesse humaine reprochée par la rapière, ne le surprenait pas plus que cela. Caracole ne lui avait jamais fait de cadeau, et ne lui avait jamais caché son tempérament belliqueux et réprobateur. L'arme en jouait même souvent, ventant la suprématie des objets enchantés sur les hommes. L'adolescent ne l'avait, jusqu'ici, jamais vraiment prise au sérieux : il aurait été en effet ridicule de se battre contre sa propre arme. La réaction de son compagnon, en conséquence, le déstabilisait un peu.

« Ah… C'est qu'elle n'est pas toujours de bonne compagnie, oui… Si… il m'est difficile de dire cela… si vous souhaitez réparation de votre honneur, je ne vois d'autre choix que de vous proposer un duel… mais… mais je crois plus pertinent de vous proposer plutôt mon aide à l'avenir, pour racheter l'affront… »

Le garçon pinça les lèvres : peut-être ferait-il mieux de ne rien dire. Il n'avait pas la moindre idée de comment réagir, de comment s'excuser, de comment assurer une médiation. Il n'avait même pas assisté à la joute verbale ! Aussi en ignorait-il tout de sa nature raciste. De plus, rien ne décrivait, dans le protocole castelquisian, de comment réagir à des offenses qui auraient été perpétrées par sa propre épée… Il n'y avait pas une seule ligne sur le sujet, c'était peut-être la seule chose dont il était sûr. Le silence retomba. Ozvello, toujours assis, finit par le briser, avec ton préparé qui se voulait sévère.

« Ainsi, il vous faut attendre mon absence pour attaquer nos amis ? Combien de siècles d'expériences pour en arriver à un tel niveau de petitesse ?
Il n'y a nul besoin de siècles pour apprendre qu'un démon n'est jamais un ami.
Ah, c'est donc cela… ? Un grief envers les démons, alors ? Avec le respect que j'ai pour vous… je suis persuadé que vous vous méprenez. Force est de constater que celui-ci est d'une remarquable bonté. Voyez, vous n'auriez pu me défendre s'il avait décidé de m'assassiner ici. Vos vieilles querelles faussent vos jugements. Ne répliquez pas. C'est assez. Nous en reparlerons plus tard. »


Caracole avait été laconique dans sa défense, et ne paraissait, de toute façon, pas vouloir débattre davantage. Le métal était toujours aussi glacial et vide de sentiment apparent. Lorsque le bretteur, encore un peu pâle, se leva et la saisit au manche, elle ne protesta pas.

« À défaut de fourreau, nous devrions pouvoir vous trouver une terre d'exil. »

Il n'imaginait pas la forcer à s'excuser, ou toute autre chose acte expiatoire. La rapière demeurait dans son esprit comme une aînée, une rivale parfois, mais jamais il ne s'était senti sur elle une légitimité pour lui imposer le plus futile des ordres. Lorsqu'il lui soumettait une requête, c'était toujours par politesse, et parce que cela servait aussi bien ses intérêts que les siens. Il savait qu'en tant qu'objet, il aurait pu considérer qu'elle lui appartenait. Toutefois, l'idée ne lui plaisait pas. S'éloignant de plusieurs pas, il posa la rapière sur une roche en amont de l'entrée de la grotte. À cette distance, songeait-il, elle pourrait l'avertir d'un éventuel danger, tout en restant suffisamment proche pour qu'il ait le temps d'aller la chercher.

Enfin, l'adolescent se retourna et son attention revint vers son compagnon. Lorsqu'il le vit recroquevillé, son cœur se serra un peu. La vision de la détresse émotionnelle dans laquelle se trouvait le jeune homme, en outre si fragile d'apparence, réveillait chez lui des instincts protecteurs. Étrangement, il se sentait solidaire, presque responsable de cet être qui n'avait pourtant pas grand-chose en commun, si ce n'était peut-être l'âge… et encore, même cela, il n'en était pas sûr. Ozvello s'approcha et se posa à côté de lui. Il s'adressa à lui d'une voix douce et basse :

« Vous savez, ça n'est qu'un objet… Sa compréhension des êtres est limitée. Il ne sait lire que la couverture des livres, et n'entends rien aux émotions, aux sentiments, au libre arbitre… »

Hésitant d'abord, le garçon tenta finalement un geste de réconfort amical, enserrant l'épaule de son interlocuteur. Cela aurait au moins l'avantage de les réchauffer tous les deux. Néanmoins, tant de familiarité ne lui serait jamais venue à l'esprit s'il s'était agit d'un autre combattant. Zeckiel, sans qu'il en prenne réellement conscience, lui paraissait relever d'une catégorie particulière. Une catégorie de gens avec qui l'on devait être plus doux et plus soucieux du bien-être. Il avait presque l'impression de consoler un enfant… ou une jeune fille.

« Je ne crois pas que quiconque soit condamné à vivre et agir d'une façon qui serait contraire à sa conscience. Nous ne nous épanouissons pas toujours dans le chemin que la providence semble avoir tracé pour nous. Regardez-moi ! Je suis le fils d'un marchand. Les Di Luccio sont des commerçants depuis vingt générations, et parmi les plus grands. J'aurais pu passer ma vie entière à faire de la négoce ; j'avais simplement la conviction que ce n'était pas une existence pour moi. Nous pouvons nous inventer chaque jour. Il suffit de dessiner soi-même ses propres horizons… Bien sûr, la route est faite de choix plus difficiles les uns que les autres, de chagrins, de déshonneurs parfois, et le plus ardu est probablement de faire face au rejet… Ma famille a lancé à mes trousses plusieurs mercenaires, voilà qui personnifie assez bien la chose. La fatalité n'existe pas, et le destin est plus docile qu'on le croit. N'êtes-vous pas d'accord ? »
TelkaArchieVianOzvelloCyriel
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Zeckiel Selenis

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Re : Terra l'acceuillante. [avec Ozvello)

Réponse 18 lundi 23 décembre 2013, 18:13:47

Zeckiel, le visage humide dissimulé par ses mains, recroquevillé sur les soubresauts erratiques de son corps épuisé, n'entendit guère les remontrances pourtant bienvenues d'Ozvello à l'égard de sa lame. Ce n'était pas un caprice d'enfant prêt à tirer la langue dans le dos d'un autre vaincu par une autorité crédule mais une détresse véritable qui avait poussé aux larmes le garçon ; aussi restait-il prostré, honteux et malheureux en dépit du soutient moral qu'offrait le bretteur.

Pire que toute (!) autre chose ; Zeckiel n'avait plus de souvenirs précis sur lesquels se lamenter. Il aurait aimé pouvoir regretter la chaleur de son lit ou la quiétude d'une demeure peuplée d'êtres aimés mais voilà ; seules de fugaces émotions faisaient office de souvenirs. La fautes aux troubles nerveux, sans doute... Malheureusement, malgré les injonctions de la partie restée la plus saine de son esprit, Zeckiel ne parvenait pas à se calmer. Chacun de ses sanglots faisait émerger l'image d'un cadavre ou de quelque chose s'en approchant et ses hoquets n'étaient bons qu'à lui rappeler l'impuissance subie après que le boiteux lui ai frappé la cage thoracique, souvenirs qui s'attachaient évidemment à ceux d'une tête prématurément privée de ce privilège. Les souvenirs heureux semblaient avoir désertés d'eux même l'esprit dérangé du garçon, de peur de côtoyer les plus récents.

Bref, l'enfant Selenis n'allait pas bien et rien dans cette grotte glacée ne semblait propice à changer cet état de choses. Et pourtant ! Une main posée sur son épaule l'arracha de ses pathétiques jérémiades. Quand pleurer n'est pas une chose à laquelle on est habitué, quelques sanglots suffisent à enlever les épines les plus douloureuses fichées dans l'âme. Puis Ozvello avait pris le relais au bon moment. L'amour-propre du jeune garçon généralement plus enclin aux rires qu'aux pleurs parvint à changer hoquets et soubresauts en simples spasmes et tremblements. Zeckiel but les paroles du spadassin avant de répondre d'une voix mal assurée ;

-Mais qu'est ce que ça changerait ? J'aurais fière allure à m'inventer chaque jour ; si j'ai pu passer cette nuit c'est uniquement parce que vous êtes intervenu... Même un bout de métal veut ma mort parce que mon front est cornu ; de quoi voulez vous que je fasse ma vie ? Je...

Zeckiel inspira en ravalant un sanglot qui menaçait de sortir. Faire l'étalage de ses faiblesses n'était pas la chose la plus réconfortante qui soit. Et puis le jeune homme n'avait pas besoin d'énoncer la liste des innombrables choses permettant de rester en vie qu'il ne savait pas faire pour avoir l'air crédible auprès du spadassin. Une nouvelle expiration et Zeckiel se relevait péniblement en s'essuyant le visage. Une seconde à peine s'était écoulée, mais le jeune homme avait eu le temps de se prononcer en lui même son sermon le plus virulent de son existence.

-Je vous remercie Ozvello. Vous semblez en effet trop doué pour tuer pour devenir marchand. Quant à moi, j'imagine qu'il se trouve des parties du monde où l'on apprécie les gens de mon espèce.

Un violent frisson le secoua, l'empêchant d'esquisser l'ébauche de sourire qu'il avait convenu d'afficher.

-Réchauffons nous et restons en là pour ce soir, voulez vous ?

Il ficha ses yeux las dans ceux du jeune guerrier, autant pour guetter une réaction à ses propos que pour assurer à son interlocuteur qu'il avait retrouvé ses esprits. Il ne réalisa pas même une fraction de seconde la confusion qu'aurait pu engendrer cette phrase dans un autre contexte ou aux oreilles d'individus plus « joueurs » et se dirigea vers l'âtre, y réchauffer tout ce qui était froid en lui.

Ozvello Di Luccio

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Re : Terra l'acceuillante. [avec Ozvello)

Réponse 19 dimanche 05 janvier 2014, 01:27:21

Le bretteur hocha la tête, et laissa son compagnon de se dégager. Il aurait eu une infinité de choses à rajouter, mais la pertinence de toutes n'étaient pas assurées. Après tout, il ne pouvait pas se prévaloir d'une sagesse supérieure à la sienne. Il avait parfois tendance à oublier qu'il n'avait que seize ans, et il était peu probable que son interlocuteur soit plus jeune encore. Bien que persuadé que le nombre des années n'avait pas grand-chose à voir avec le discernement, et même en considérant ce fait comme véridique, il savait qu'il y avait des pensées qu'il valait mieux avoir par soi-même. Qu'un autre les formule à votre place n'avait bien souvent aucun effet, ou pire, annihilait l'effet qu'elles auraient du avoir. Du reste, s'il savait assez bien faire des discours sur des sujets ciblés, et s'il savait facilement broder sur ceux qui lui étaient imposés au hasard, vestige de ses cours de rhétorique, Ozvello était loin de les connaître en profondeur. Mieux valait pour l'estime qu'il espérait inspirer, s'arrêter avant que les doctrines soient trop creusées. Aussi acquiesça-t-il :

« Je vous souhaite une bonne nuit, Zeckiel ! Mais prenez garde aux bêtes qui hantent les songes ! Les limbes de la léthargie sont l'un de ces rares lieux où je crains de ne pouvoir veiller sur vous. »

La phrase était empreinte d'humour, mais le castelquisian ne sut pas si en faire à cet instant était une idée lumineuse. Il espérait seulement détendre un peu l’atmosphère, qui était devenue peu à peu très solennelle, et si cette seule fonction était remplie, alors il considérerait sa réplique comme couronnée de succès. Peu après, il trouva une couchette ; une paillasse qui, si elle ne sentait pas vraiment bon, semblait avoir été épargnée par les blattes. Une telle hygiène était presque inespérée, et Ozvello fut satisfait de savoir la perspective de se réveiller mordu et piqué par la vermine s'éloigner. Il s'y étendit, et ne mit pas longtemps à trouver le sommeil. Même si son rythme avait été altéré de sa propre volonté, il était jeune et n'avait jamais encore éprouvé de mal à s'endormir.

Son repos dura simplement moins longtemps, car il n'était pas aussi fatigué qu'après une journée complète, et s'interrompit aux premières lueurs du jour, quelques heures plus tard. Se levant, l'adolescent inspecta l'état de sa blessure à l'épaule. Le sang avait séché, la plaie paraissait à peu près saine, et quoiqu'elle ne s'était pas encore refermée, elle avait cessé de saigner. Peut-être aurait-il fallu faire des points de suture ? Il n'y vit pas d'intérêt, et s'en désintéressa. Dans ses souvenirs, lorsqu'il était tombé, plus jeune, on avait du refermer ainsi une estafilade à la cheville, et toujours dans ses souvenirs, cela avait été très douloureux. S'il pouvait s'en passer...

Le jeune homme remit sa chemise, et se dirigea vers la sortie, saisissant Caracole au passage.

« Vois mon amie, je suis toujours en vie, même après une nuit passée avec celui que tu traites comme si c'était un diable. » chuchota-t-il, pour ne pas réveiller celui qui dormait encore.

La rapière ne répondit pas. Ozvello voulait, lui, avait un objectif autre que de débattre avec son morceau de métal enchanté personnel. Il comptait ramener de quoi manger, car la faim le tiraillait. Il ne fallait pas trop qu'il s'éloigne, certainement, cela aurait été imprudent de laisser Zeckiel seul, en considérant la chance qu'il y avait que les bandits finissent par revenir. Il y avait des chants d'oiseaux assez agréables qui naissaient dans le bois non-loin. Le bretteur s'enfonça dans la lisière de quelques pas, avant de réaliser qu'il n'avait pas la moindre idée de comment il allait faire pour attraper le moindre gibier. À Nexus, il n'avait aucun mal à payer un repas, et à Castelquisianni ils avaient toujours été offerts par sa famille. Lorsqu'il partait en expédition, il emmenait avec lui des provisions. Mais voilà : lorsqu'il était parti, il n'avait pas prévu de camper.

Une ombre passa à sa gauche, dérangeant le feuillage d'un buisson. Un instant, le garçon pensa avoir rêvé. Il se reprit vite et vit là son repas à venir. C'était probablement une petite bête très savoureuse, un lièvre, sans aucun doute. Avec une agilité certaine, il se mit à poursuivre la forme, ne lui laissant pas prendre de l'avance. Son dépit fut grand quand, convaincu qu'il allait enfin la rattraper, il se retrouva seulement face à un trou creusé dans le sol. Ces animaux, songea-t-il, était d'une ingéniosité débordante dès qu'il s'agissait de fuir où de se cacher. Après une hésitation, l'adolescent décida de passer Caracole par le terrier, voir s'il ne parvenait pas à embrocher un lagomorphe imprudent. L'arme s'indigna aussitôt.

« Par Gilgamesh ! Veux-tu bien le gratter toi-même ! Je n'ai pas été cent fois enchanté pour donner la chasse aux lapins.
Hm. Mes confuses. »
répondit Ozvello, un peu gêné par sa propre tentative.

Sa main trouva son visage. Il grimaça.

« Qui est Gilgamesh ?
Ça n'a pas d'importance. »


Finalement, c'est bredouille qu'il rentra au camp, ayant abandonné tout espoir de faire un forestier convenable. Sa fierté un peu bousculée, il traînait des pieds. Ce ne devait pas être si difficile de trouver de la nourriture en pleine nature ! Mais à bien y repenser, il était probable que les anciens occupants de la grotte en aient stocké un peu. Cela aurait du percuter son esprit plus vite. Tant pis, le bretteur ne comptait pas révéler, de toute façon, la réelle raison de sa sortie, et ainsi l'honneur serait sauf. Une heure peut-être avait passé, et les rayons du soleil s'étaient fait un peu plus sûrs. C'était l'heure de se réveiller. Si son compagnon ne l'était pas, il était de son devoir de faire que les choses changent. D'une voix assez forte, il lança avant même que son ombre l'annonce à l'entrée de la cachette :

« Vos rêves ont-ils été agréables ? »
TelkaArchieVianOzvelloCyriel
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Zeckiel Selenis

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Re : Terra l'acceuillante. [avec Ozvello)

Réponse 20 vendredi 10 janvier 2014, 19:16:40

Zeckiel répondit à la politesse d'Ozvello par un léger grognement fatigué, avant de s'effondrer sur l'une des paillasses qui tapissait l'antre, le plus près possible de l'âtre. Les affaires qu'il rassembla, sèches et épaisses, ne tardèrent pas à constituer sur sa personne un petit monticule de chaleur bienfaisante.

Raison, peut être, pour laquelle il n'eut pas autant de chance que de son compagnon concernant à la population avec laquelle il fut obligé de partager sa couchette car il lui sembla pendant d'interminables minutes pareilles à des heures que toute la vermine du monde s'ébattait sur sa peau sensible. Mais avant de se gratter, de se tourner et se retourner en croyant toujours sentir sous ses doigts des puces (qui pouvaient n'être que d'innocentes miettes), le jeune homme prit soin de passer le sceau que sa mère lui avait confié, tout en prononçant une rapide prière aux esprits.

Sa vision s'obscurcit un instant tandis qu'il entrait dans le monde de ces derniers, mais aucune entité surnaturelle ne fit son apparition dans son champ de vision. Si l'absence d'esprit bienfaisant dans une telle grotte, qui aurait dû en compter une bonne dizaine, n'avait rien de particulièrement rassurant, au moins les lieux n'étaient-ils pas hantés par les souvenirs de créatures maléfiques. Zeckiel ôta le papier de son front, retrouvant la grotte plongée dans une pénombre bercée des éclats du feu.

Alors, seulement, après le calvaire que l'on sait, il tomba d'épuisement, sombrant dans des rêves affreux peuplés de morts qui lui parlaient d'une voix sans teint, une voix métallique mais non moins menaçante. Il se réveilla au milieu de la nuit, le coeur battant, pour constater qu'il ne se sentait pas reposé le moins du monde et que le feu avait faibli. Ce fut la vermine qui le sortit du lit plus que le courage et Zeckiel, après avoir alimenté le feu, resta debout à le contempler, suffisamment longtemps pour se mettre à dodeliner. Alors seulement il changea de couche et sombra dans un sommeil sans rêve.


Lorsque le jeune homme s'éveilla, doucement secoué par la main du bretteur, le désespoir s'abattit sur lui. Il était encore ici, dans cette forêt maudite. Il n'avait rien rêvé. Le sang-mêlé marmonna une réponse qui n'alla jamais plus loin que son nez, écartant les hardes dont il s'était recouvert pendant la nuit. Son corps zébré de traces d'ongle le démangeait encore et avec ses cernes et sa mine défaite,  Ozvello pu constater sans mal que son état ne s'était guère amélioré.

Mais dehors, l'aube étendait ses rayons, réchauffant l'âme du sang-mêlé malgré ce qu'il avait dû endurer. Le jeune homme demanda d'une voix éteinte en parcourant des yeux l'habitat ;

-Quelles sont les priorités des aventuriers tels que vous Ozvello ? J'imagine que nous avons le temps de manger, n'est ce pas...

Mais la grotte n'offrait pas à ses yeux le spectacle inattendu d'une armoire pleine de victuailles, armoire que la nuit aurait dissimilée la veille par malice. Ni ça, ni de viande accrochée à fil pour la saler ou la sécher, pas de poisson non plus bref ; rien qui ne puisse caler l'estomac d'une bande de bandits. Sans doutes possédaient-ils une cache, séparée de l'endroit où ils dormaient... Zeckiel n'était pas un expert mais il lui semblait que des animaux se seraient vite emparé de quelque nourriture qui eut été stockée dans cette grotte. Il demanda naïvement, en observant attentivement le sol ;

-Il y a peut être un cellier quelque part ?

Pour une raison ou une autre, cette idée lui sembla bonne, suffisamment pour qu'il frappe du pied le sol de la grotte, se déplaçant en cercles de plus en plus serrés et sans aucune considération pour les paillasses qu'il piétinait. Le sang-mêlé était en train de se rendre compte qu'il se ridiculisait lorsque le sol sous son talon émit un son creux. -Oh ?


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