Une Lune Rouge. Comme le sang. Cliché ? Tellement. Mais tu t'en fous. Une lune Rouge pour un meurtre rouge à coups de bec blanc. Intéressant aussi. Cliché, mais intéressant. Et pour assassiner qui, au fait ? Un ... procureur, il te semblait. Un fouineur en tout cas. Une Lune Rouge, c'est terriblement angoissant, ça a quelque chose de fou, de faux, d'irréaliste, de surnaturel. Tu regardes la lune, tu la fixes. Tu as repris tes bonnes vieilles habitudes de Tueuse à Gages. Un p'tit contrat de temps en temps ... Enfin. Non. Pas de temps en temps. En une semaine, deux meurtres. a semaines d'avant, deux autres. Et tu continuais. Besoin d'argent, Petite Marquise ? Peut-être bien, ou juste un besoin de tuer, de te sentir supérieure. Pour une fois, tu n'es pas dans un état de soumission, tu n'as qu'une envie, c'est tuer. Violence.
Tu es redevenue la Fatale, après tout. Terriblement fatale, effectivement. Le contrat de ce soir te paraît identique aux autres. Un homme, seul, un procureur, un mort. Badabam. Enfin, dans ton esprit, c'est pas plus compliqué, j'avoue. Le contrat sur la tête du pauvre gars, c'est un contrat comme un autre, un soir d'une Lune Rouge. Mais revenons une petite journée en arrière, car si certaines personnes n'aiment pas narrer le passé, le narrateur de La Fatale le fait, elle. Na. Pourquoi ? Elle sait pas. Bref, passons. La mort, de toute manière, comme le passé, comme la vie et comme l'amour, c'est rapidement devenu des sentiments optionnels pour toi. Et un peu compliqués à appréhender. La mort, qu'est-ce que c'est ? Quelque chose de très lointain qui ne t'arrivera sans doute jamais. L'amour ... ? Indéfinissable. La vie ? Un ramassis de minutes, d'heures, de semaines, de mois et d'années à faire des choses à moitiés inutiles.
Le passé, qu'est-ce pour toi, après tout ? Un temps comme un autre. Etre immortelle, c'est bien, mais ça peut paraître long. C'est pour ça que tu aimes bien tuer des gens des fois, ça occupe pas mal, en plus. Les meurtres et ton modus operandi sont toujours les mêmes. Une victime, des colombes, et un coup de couteau quand la victime ne peut plus te faire de mal. C'est un peu lâche, un peu long, assez douloureux pour la victime, elle te déteste, elle te hait, elle t'exècre et toi tu t'amuses. Mais apparemment, un certains 'Rose' serait en train de faire une si bonne enquête qu'il pourrait te trouver facilement. Ça te parait impossible, impensable, inimaginable, mais ça t'énerve. Pourtant, tu ne sais pas si tu veux le tuer ou pas. Tuer des gens sans avoir d'ordres, ça t'amuse moins, et ça ne rapporte pas. Pourtant, ce procureur pourrait encore te faire partir à l'autre bout du monde. S'il découvre qui tu es, d'ou tu viens, ce que tu as déjà fait, tu pourrais être bonne pour un nouvel exil.
Et là ... Que découvres-tu ? Un contrat. Un contrat sur la tête de Lyan Rose, procureur. L'homme doit être tué, sommairement, le plus rapidement possible. Le prix ... ? Un bon pactole, une jolie petite somme bien intéressante. Parfois, le destin fait bien les choses. Tu as une a raison de le tuer, maintenant. Qui en plus te rapporte. La vie peut être amusante, parfois ! Enfin, pas pour lui. Se faire picorer par la personne qu'il traque depuis une p'tite semaine déjà, ça va pas l'amuser. Mais au moins, il te connaîtra. Vous pourrez même discuter quelques secondes, pendant qu'il souffre en se faisant grignoter par tes jolies colombes. C'est donc dans cet état d'esprit plus ou moins joyeux et content que tu regardes la lune rouge qui rougeoie dans les rues vides quelques minutes avant que minuit sonne.
Est-ce que tu l'as suivi ? Est-ce que tu l'as croisé ? Est-ce que tu l'attendais ? Seul la narratrice le savait et elle ne sait pas si décider. Alors juste, là, pas loin de lui, dans la rue vide. Ce sera classe de mourir sous une Lune Rouge. Sur ton épaule, une colombe. C'est un avertissement. Ce soir tu es d'humeur joueuse. Sourire aux lèvres, lèvres carmins, yeux bleus pâle fixant la silhouette armée. Armée ? Oh, pas bête, la bête. Tu passes ta main dans le petit sac qui pend contre ta hanche, et en sors une dague. Jolie dague. Dans son coeur tu t'enfonceras, de rouge tu te coloreras et andrinople tu ressortiras.
<< - Bonsoir, Procureur. Vous attendez quelqu'un ? >> Il va se retourner et faire face à ta silhouette un peu fantomatique, grande, élancée, pâle et fragile. << - Heureuse de vous croiser, Monsieur ... Rose. Votre affaire avance-t-elle. Je pourrais peut-être vous aider. >> Ta colombe roucoule, alors que ta main libre s'en va la caresser, filant sur les plumes lisses.
Tu souris à ce jeune homme brun, tes cheveux ondulés entourant ton visage blanc. Ta tête est un peu penchée vers la droite, ton regard dévorant la silhouette. Ta main qui garde la dague se relève se relève pour le pointer, d'un air peu menaçant, ta colombe s'envolant dans les airs, suivant ton mouvement et allant se poser sur l'épaule du jeune homme.
<< - Voilà déjà une réponse, non ? >>