Ah, elle le voyait au loin, cet arbre qui lui servait de point de repère ; dans quelques minutes elle y était.
Soudain son ouïe distraite l'alerta qu'elle n'était pas seule ; elle s'arrêta et regarda autour d'elle, juste à temps pour voir un énorme type la contourner et se jeter en travers de sa route. Cape noire, armure noir et... santiags ? C'était un peu loufoque comme ensemble, mais sourtout, ce type de chaussures, sur Terra ?... Est-ce qu'il connaissait l'existence des passages ? L'homme se mit soudain à parler d'un air pompeux :
« Salut. Je veux baiser, et je n’accepterai pas de non ! »
Un fou rire la saisit immédiatement : un type a l'allure de super-héros, sortant de nulle part qui déclamait son envie de tremper le biscuit d'un air autoritaire, c'était trop pour elle. Elle laissa sa pelle quitter son épaule pour se planter dans le sol, tandis qu'elle s'y appuyait, secouée de spasmes incontrôlables. Elle était peut être vraiment en danger de viol, mais pour l'instant cette agression ressemblait plus à une caméra cachée. Les secondes s'écoulaient lentement, pendant qu'elle se bidonnait silencieusement, une main plaquée sur le visage. Il fallait qu'elle se ressaisisse, ou elle allait passer un sale quart d'heure ( "à moins que le colosse ne crache la sauce en 5 minutes", ne se fit-elle pas la remarque pourtant cocasse ).
Elle mit une bonne dizaine de seconde à retrouver son calme, puis essuya d'un revers de main les larmes qui menaçaient de couler sur ses joues avant de se redresser, le visage toujours écarlate et des débris de son fou rire déformant encore ses traits.
« Je... je ne sais pas quoi vous répondre... l'endroit est peut être... inapproprié... »
Elle réfléchissait déjà à la manière la plus efficace pour gagner du temps ; planquer son bijou et disparaitre vite fait étant certainement la meilleure option qu'elle avait. Et pour ça, autant ne pas montrer un désaccord brutal qui mettrait fin aux négociations ( si tant est qu'elle aient commencées dans l'esprit de l'inconnu ). A moins que le bonhomme soit juste un rigolo ( très doué ), auquel cas elle aurait été ravie de discuter. Mais elle préférait ne pas trop se reposer sur cette dernière hypothèse. Elle décida de tâter le terrain, tout doucement, reprenant sur un ton cette fois plus empreint de politesse que de moquerie :
« Sinon, moi c'est Anastasia. »