Je sors en compagnie de Jonhson, rejoignant ses hommes avec lui. Les Marines sont nerveux, mais confiants. Je discute un peu avec eux pendant que nous transportons les caisses de munitions dans le bunker qu'ils vont défendre. Nous parlons un peu de la pluie et du beau temps, des dernières nouvelles que nous avons de la situation politique de Tekhos, de mécanique sur vautour, bref, tout sauf de ce qui concerne la merde à venir. C'est une sorte de tradition entre lui et moi. Pour éviter que les hommes ressassent le combat à venir, ils peuvent nous écouter et intervenir s'ils en ressentent l'envie.
Bref, malgré qu'on soit en train de monter des barricades et y ajuster des mitrailleuses rotatives, on donne un peu l'impression d'être une bande de pote en virée à bécane. La seule chose qui nous manque ce sont les bières. Même si certains fument en bossant, je ne tolère pas qu'on boive en opération, et japplique aussi cette règle dans mon cas, même si j'ai probablement les plus gros problèmes d’alcoolémie de tous les rebelles.
Je ne suis pas fier d'être aussi dépendant de la dive bouteille, mais là où je suis fier c'est que je ne l'ai jamais laissée me diriger. Les rares fois où j’étais trop bourré pour assurer mon commandement, j'ai toujours pu m'en remettre à Matt pour assurer l'intérim. Lui ne boit qu'aux grand occasions et fume uniquement à ces moments-là. C'est tout con, en-dehors de son jeu d'intello, le "Go", et ses livres, je ne l'ai presque jamais vu s'amuser sauf quand on avait des sacrés truc à fêter. Même son mariage avec Mira Han était d'un sérieux mortel. Bon, faut aussi admettre que Matthew avait gagné ce mariage au poker sans avoir bien compris ce qu'étais le premier prix. Quand Mira avait dit "c'est moi", il avait compris son groupe de mercenaire. Pas elle-même en tant que prix. Et puis, franchement, qui aurait résisté à Mira pendue aux bras de Matt en train de roucouler qu'elle lui appartenait désormais corps et âme ? On avait réussi à lui trouver un prêtre Nexusien pour les marier et Matt m'avait traité de "traître" à ce moment-là, mais j'ai gardé l'enregistrement où devant l'autel, il a dit "oui".
Ces souvenirs me font sourire et c'est avec eux en tête que je retrouve mon commandant en second devant son PC.
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Alors Matt, ces nouveaux, ça avance ?-
Ils ont l'air plutôt doués en intervention de force, commente Horner d'un ton songeur.
Je les ai stationnés à la défense du groupe de civils armés que nous aurons en soutien sur les toits. Leur mécano sera plus utile à aider ceux qui modifient le transport minier.-
Bonne idée Matt, quoique j'aurais bien vu le robot en défense dans les rues avec nous. Il m'a l'air solide, il doit pouvoir encaisser bonbon et abattre son content de formien avant d'avoir à battre en retraite.-
Commandant, ce robot n'est pas à nous et il constitue visiblement la principale défense de cette jeune femme, je ne vais lui dire de nous le laisser dans un nid d'armes pour optimiser ses capacité et dégarnir sa vraie priorité, ce serait aller contre son programme à mon avis.-
C'est vrai, admet-je en regrettant déjà qu'il soit cantonné à un rôle défensif.
Bon, que disent les rapports des éclaireurs ?-
Ça va de mal en pis, me dit sombrement Matt en baissant la voix malgré qu'il n'ait rien changé à son langage corporel.
Les derniers rapports indiquent que la colonie formienne a forcé le rythme. Probablement que leurs propres unité avancées ont vu que nous nous préparions à partir. Ils veulent arriver avant que toutes les femmes ne soient loin.-
Salopes de bestioles... Grogne-je en approuvant.
Ta stratégie tiens toujours ?-
Avec aussi peu de forces, je n'ai rien de mieux à proposer, mais ça devrait nous faciliter un peu les choses, commente Matt en me ressortant sa projection.
Ses unités rapides demeurent les zerglings et en les poussant à avancer plus vite, cette mère des couvées est en train de créer un écart entre eux et ses unités de soutiens. Je ne sais pas qui est cette cérébrate, mais elle ne voit qu'un besoin de récolter des femelles sans se soucier de ses pertes. En faisant ainsi, on aura dans un premier temps uniquement affaire à de bonnes vieilles croquettes faciles à nettoyer. Il faudra juste le volume de plomb adéquat.-
Du plomb on en aura, garantis-je d'un ton lugubre.
Des crache-plombs, c'est pas un soucis, le gros soucis c'est le nombre de personnes pour en manier.-
J'admets qu'on sera au four et au moulin quand les premières vagues vont nous tomber dessus. Mais vous êtes là pour ça, commente Matt en se tournant vers moi.
Je sais de quoi Matt veut parler. Lui est un stratège, il voit les cartes et les choses avec une vision d'ensemble, il coordonne l’interarmes et gère le soutiens sur des distances se mesurant en dizaines de kilomètres. Ses plans sont des esquisses et des ébauches de mouvements de troupe qui, sur le papier, sont d'excellentes solutions.
Mais moi je suis un tacticien. Moi je vois les mouvements à l'échelle des escouades, je suis des déploiements tactique sur des dizaines de groupes de combat différent à travers tout un secteur d'opération sans bien savoir ce qu'il y'a au-delà. Moi je suis sur le terrain, je sais ce qu'il est possible de faire ou pas pour correspondre à la stratégie et en dernier lieu, c'est moi qui donne les ordres suicidaires ou l'ordre de repli d'urgence si tout s'effondre.
Dans ce sens, je suis un mauvais commandant car normalement je devrais être à l'arrière à coordonner tout le monde avec Matt, mais je suis avant tout un homme de terrain. C'est au milieu de mes marines que je suis le plus efficace et c'est la raison pour laquelle mes hommes me font confiance et se fient à mon jugement. Ils savent que je sais dans quelle merde ils croupissent et ce qu'ils ont à affronter ainsi que les sacrifices qu'ils consentent. Je ne suis pas en train de gueuler depuis le fond d'un siège en cuir, je suis en train de patauger dans la merde et le sang avec eux, occupé à sauver ma peau, un œil sur ma carte tactique, l'autre sur mon compteur de cartouches. Et c'est la raison pour laquelle mes instructrices ont toujours dit que j’étais un soldat doué en tactique. Pas un tacticien, d'après elles. Mais bon, je m'en fiche un peu, je ne leur obéis plus de toute façon.
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On a encore combien de temps avant les premiers contacts ? Demande-je en désignant la carte de Matt d'un geste du menton.
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Les premiers rangs seront sur nous dans une dizaine de minutes, répond Matt en haussant les épaules.
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C'est bon, on sera prêts... Commente-je.
Bonne chance mon pote, oublie pas de décarrer quand ça commencera à devenir trop chaud.-
Vous non plus commandant, me dit Horner en me tendant la main un sourire en coin aux lèvres.
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J'vais faire de mon mieux, lui promets-je en rigolant tout en lui serrant la pogne.
Matt n'a pas menti, on a à peine attendu dix minutes.
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CONTACTS ! NOMBREUX CONTACTS EN APPROCHE RAPIDE ! CIBLES FORMIENNES IDENTIFIÉES COMME TYPE "ZERGLINGS" !-
OKAY LES FILLES ! Gueule-je sur le canal général.
C'EST ICI QU'ON VA MONTRER À CES SALOPERIES D’INSECTES QU'ILS AURAIENT DÛ RÉFLÉCHIR AVANT DE S'ATTAQUER À L’ESPÈCE HUMAINE ! ON VA FAIRE DE LA BOUILLIE DE CES ÉPOUVANTAILS D'OPÉRETTE, JUSQU'À CE QU'ON AIE PLUS UNE SEULE CARTOUCHE ! ET ENSUITE ON LES ÉTRANGLERA AVEC LEUR PROPRES BOYAUX !-
HU-HA ! Acquiescent férocement mes marines sur le même canal.
À peine ais-je fini mon petit discours que les premiers rangs de Zerglings apparaissent, chargeant à travers le terrain vallonné comme une marée de sauterelles.
Aussitôt, les mitrailleuses entrent en action, leurs opérateurs faisant pleuvoir une grêle de balles de gros calibre sur leurs carapaces de chitine. Les rangs adversent se retrouvnet balayés sur de larges zones tandis que les marines dans les bunkers et derrière les barricades ouvrent le feu à leur tour.
Très vite, les collines se couvrent de cadavres, des boyaux, d'éclat d'os et de sang violet. Les zerglings continuent malgré tout à nous charger, se contentant d'enjamber leurs pertes sans la moindre hésitation, progressant malgré le tir de barrage auquel ils sont confrontés. Les insectes tombent par centaines sous nos coups, mais ils sont des milliers. Les marines tirent sans interruption, les maraudeurs vident leurs roquettes dans les groupes d'adversaires aussi vite qu'ils peuvent les recharger, les flammeurs arrosent les survivants qui se sont trainés jusqu'à nos barricades de carburant hautement volatil enflammé. Malgré tout, il faut moins de cinq minutes aux zerglings pour arriver à portée de contacts avec mes marines les plus avancés.
Je suis moi-même occupé à ajuster mes tirs tout en donnant mes ordres, sentant tressauter mon fusil gauss comme un marteau-piqueur entre les mains de mon exo-armure en titane-tungstène. Pour le moment les lignes tiennent, même si mes hommes se retrouvent à devoir parfois donner des baffes pour écarter quelques zerglings qui ont quand même réussi à s'approcher de trop près. Pas encore de pertes, juste les annonce des premiers blessés qui tombent.
Pour combien de temps encore ? Me demande-je.