Fuir ? Mais fuir n'est pas une option pour l'esclavagiste. Chassez le naturel, il revient au galop : A peine s'est-il isolé dans ce coin de paradis pour se ressourcer et oublier son difficile labeur, loin du cœur de Nexus où il œuvre, il se prend aussitôt à la vile envie de tenir par le collier et la laisse cette jeune fille au corps voluptueux qui se meut devant lui, à quelques mètres. Appel à la luxure. Elle ne masque même pas son corps, se contentant de lever les mains en l'air. Il ne faut pas s'étonner qu'en l'hyperactif Law naisse de démoniaques pensées où Seina n'est, au mieux, qu'un objet utilisable pour son bon plaisir.
Il allait tenter de faire le tour du lac pour la rattraper, mais elle fuit. Biche, oh ma biche... Tu as un chasseur à tes trousses, parmi les plus efficaces : Traqueur né, celui-ci n'est pas dans son élément le plus optimal dans les bois, seul désavantage. Un rat des villes qui a néanmoins passé sa plus petite enfance à la campagne. Les jeux de piste dans la forêt ont laissé des traces impérissables. Récupérant ses deux vêtements qui traînent au sol, il ne remet que la couche supérieure : Une veste d'officier, au tissu épais, très près du corps, au col haut et droit, s'arrêtant net au niveau de la ceinture. Il ne remet pas les lourdes agrafes qui en longe l'ouverture. Quant à la fine chemise, blanche et tout à fait banale, il la tend entre ses deux mains, et la noue autour de ses paumes. La course est lancée.
Il ne perdra de vue sa proie que quelques fois, pas assez longtemps pour qu'il n'en perde la trace, et tient la route jusqu'à ce qu'elle décide de s'arrêter. Il l'entend hurler, chouiner, et ça lui profitera pour se rapprocher le plus possible à pas de loups, les feuilles bruissant sous ses bottes sans qu'elle ne puisse les percevoir. Il ne comprend pas bien à qui elle parle, vers qui elle s'agite. Il s'étonne, mais n'ose émettre d'hypothèse sur une éventuelle maladie mentale. Elle se radoucit finalement, comme assommée, calmée par une force mystique. Étrange créature que voilà. Assez versatile. Elle lui échappe totalement, et les énigmes, ça lui plaît. Comment ne peut-elle pas sentir cette irrépressible attirance qu'il éprouve envers elle ? Parce qu'elle le fait s'interroger, et parce qu'elle a un corps à se damner, le mafieux la veut, pour lui, qu'elle soit marquée de son nom à vie. Rien que pour elle, il a envie de pratiquer de nouveau le marquage au fer rouge, comme sur les animaux. Celle-ci sera estampillée « T. Raine », et tout le monde saura, en la voyant, qu'elle est à lui. Une nouvelle tête à son tableau de chasse, et pas des moindres.
Attention ! Elle s'approche. Silence. La respiration se fait plus basse malgré les poumons qui réclament à corps et à cris de l'oxygène. Vous en aurez, mes bons, quand tout sera fini. Il faut se faire violence et ne pas se faire repérer. Il tourne lentement autour de l'arbre au fur et à mesure qu'elle passe, à trois mètres de lui. Elle ne semble pas l'avoir remarqué. Il est maintenant de nouveau dans son dos, et elle a repris le chemin du lac. C'est maintenant qu'il faudra être des plus discrets. Law la talonne, un peu baissé, prenant soin de garder une nécessaire distance, bien que courte, et tente d'esquiver les branchages secs au sol pour ne pas se faire repérer. Parfois, il aura à s'arrêter quand il verra sa tête pivoter, plaquant son dos contre un tronc assez large pour ne pas se faire repérer. Sa veste sombre lui donne au moins un camouflage efficace dans cette pénombre des feuillages percée par quelques lances solaires, donnant au lieu une ambiance à la fois confortablement intime et pernicieusement oppressante.
Au lac. Elle s'arrête, semble le chercher. Mais lui n'est plus là. Elle est donc seule, pour de bon. La bête est dangereusement proche d'elle. La quiétude de la forêt n'en est que plus inquiétante désormais. Sens-tu, Seïna, ce frisson dans ton dos, semblable à une goutte glaciale qui longe ta colonne ? Cet air frais qui passe dans les interstices de tes vêtements et fait frémir ta peau ? Entends-tu ces petits bruits champêtres qui sont trop lointains pour pouvoir te réconforter ? Et cette impression de cage qui se referme sur toi ? C'est l'esclavagiste qui n'est plus qu'à une foulée de t'avoir. Il aura saisi un caillou et celui-ci est lancé en l'air, vers le lac. Un « plouf » très soudain, qui attire forcément le regard et l'attention de Seïna avec.
Sa chemise fermement tenue par ses mains puissantes se referme sur le visage de la jeune fille. La voilà aveugle, et ses voies respiratoires sont entravées, bien que de l'air, filtré par le tissu, parvient encore à ses bronches. Avec habilité et dextérité, le jeune homme a déjà fait un nœud très serré derrière sa nuque, et, lorsqu'elle tentera de porter ses doigts à son visage pour se dégager, elle sentira ses poignets saisis par l'efficace poigne de son ravisseur, qui les bloquent dans son dos. Soudain, la gravité n'a plus court. Soulevée, flottant l'espace d'un instant, puis renversée en avant, elle ne peut éviter la chute, puisqu'il la tient toujours. Et plouf, le visage dans l'eau, le reste du corps en-dehors. La chemise se gorge d'eau, renforçant l'impression de noyade. Plusieurs secondes sous la surface de l'eau, son esprit est brouillé. L'énergie du désespoir n'est pas suffisant pour se débattre. La mort approche. Elle frappe à la porte.
… Mais tel n'est pas le dessein de Law. Après de longues secondes, il daigne extraire de l'eau son visage, en tirant ses cheveux qu'il tenait pour l'obliger à s'immerger. Lui est assis sur elle, ses jambes et ses bottes bloquant ses bras au sol, et le poids qu'il exerce sur son dos l'empêchant de se relever. Si l'une des mains tient toujours son crâne tiré en arrière, la nuque à la limite d'atteindre un angle pas naturel, l'autre main écarte la tissu mouillé qui bloque son nez et sa bouche, mais reste sur ses yeux. Elle peut enfin respirer.
Raconte-moi tout sur toi. Nom, prénom, ce que tu fais dans la vie, tes éventuels pouvoirs, tout ce qui pourrait m'intéresser, et si tu refuses ou si je sens que tu me mens, je te fous la tronche dans la vase jusqu'à ce que tes poumons en soient pleins.
Aucun accroc. A force de capturer des esclaves, le boss du crime a acquis une maîtrise du kidnapping sans égal dans Nexus. Se penchant sur elle, il chuchote.
Il n'y a personne pour t'aider, alors sois coopérative et je peux te promettre que tout se passera bien.
A-t-elle une autre solution que de le croire ?...