Un petit verre dans une nouvelle ville [PV: Daclusia]

Le Trackdown est un bar un peu paumé à l'écart du reste du centre commercial. Une musique aux basses un peu lourdes tonnent, entourant le client d'un brouhaha confortable. Une ambiance chaude et sombre se dégage du lieu, comme si c'était le bon lieu pour trouver un abri lorsqu'on a pas la conscience toute blanche. Derrière le comptoir, un barman charmant sert toutes sortes de bières et de coktails, dont notamment une tequila reposado de bonne qualité.

Rien de tel qu'une soirée alcoolisé dans un bar miteux pour conclure sa première journée dans une nouvelle ville. Le coin était bizarre, avec tous ces cosplayers et autres tordus qui semblaient aussi coriaces que les loubards des bas quartiers. Voyant une longue première journée de boulot poindre pour le lendemain, Tony opta pour une sortie pour se gorger d'alcool jusqu'à se faire virer du bar ou repartir en charmante compagnie.

Vêtu d'une veste de cuir et d'un simple débardeur, Tony poussa la lourde porte et balaya du regard la salle. L'ambiance lui parassait tout ce qu'il y a de plus sympathique. Peu de personnes daignaient lever les yeux sur lui, quelques filles pulpeuses se trémoussaient dans un coin, que demander de plus ! Peut-être un barman au visage d'ange et au buste prometteur. Finalement, il pourrait s'y plaire dans cette ville.

Faisant vibrer les tympans, la sono crachait un son techno et une voix féminine susurrait entre les notes quelques paroles. Il prit place au bar, non loin du serveur pour pouvoir plus profiter de son physique comme agréable spectacle de la soirée. Ce petit brun jouait en faisant tournoyer quelques bouteilles  pour la fabrication d'un coktail. Mais trève de voyeurisme, l'alcool d'abord. D'un ton rauque, Tony demanda un bière brune "pour commencer". Une fois le verre en main, Tony de tourna vers la salle pour scruter plus ses nouveaux concitoyens. Il porta la boisson à ses lèvres, s'humectant tout d'abord la langue avec la mousse onctueuse. Le goût passa dans sa gorge comme s'il ne sentait rien, comme si son palais était usé par une amertume trop souvent présente. Il enchaina avec une gorgée plus profonde, pour faire venir plus rapidement l'alcool dans son sang.

De la musique lourde. Des serveuses. Des ivrognes. Voilà un bon coin où trouver ce dont Daclusia avait besoin: de l'alcool. Après cette dure journée de travail, il allait se détendre un peu, boire un bon verre, puis rentrer à la maison pour aménager son petit chez soi. Sweat à capuche noir, t-shirt blanc, pantalon noir, triskel, et les cheveux aussi ébouriffés que toujours, il s'assit à côté de ce qui ressemblait à un tas de muscle, au regard soif de sexe et d'alcool. Il ne put s'empêcher de laisser s'échapper un léger rire de ce colosse qui contrastait avec lui.

Le vendeur posa au sol son sac bandoulière, duquel dépassait deux-trois bouteilles, et ... Un bras. Un bras mécanique bien entendu. Il semblait contenir encore bien des choses, mais seules celles-ci étaient apparentes. Vint alors le temps de commander. C'est sans hésiter que Daclusia demanda et reçut ce qui ressemblait à une liqueur dorée et sucrée, au doux parfum et aux reflets ambrés. De l'hydromel.

Il avala cul-sec sa coupe, laissa échappe un grand soupir de satisfaction, et demanda à ce qu'on le reserve. L'ambiance s'installait, le décor s'implantait, et bercé par la musique et l'alcool, le jeune homme entreprit de dessiner. Il sortit de sa besace carnet et crayon, et entama quelques rapides croquis.

Là où ça dégénéra, ce fut lorsque, d'un mouvement maladroit, son coude heurta et renversa la chope de bière de son voisin policier. Ne s'excusant nullement, il se contenta de jeter un regard à son voisin, puis d'en retourner à son dessin.

Après quelques minutes, la musique changea, se teintant d'une histoire à l'eau de rose braillée par une pimbêche. Maussade, Tony se tourna vers le bar pour se renfermer sur lui même, le nez dans son demi. Chassant des mauvais souvenirs, il continua à siroter sa bière. Il sortit de sa contemplation morbide seulement lorsqu'un petit mec s'installa à coté de lui.

C'était encore un de ces jeunes étranges, du genre à aimer se mettre des fausses oreilles tombantes entre leurs mèches de cheveux. Un autre tordu qui riait seul et qui commandait un alcool peu commun. Tony était même surpris que lui serve son "hydromel". Ca devait être un vin blanc tout au plus...

Tony se détourna de lui et trouva un spectacle plus intéressant en la personne d'une jolie dame qui venait d'entrer. Mais il fut sortit de sa contemplation par son verre se renversant. Par réflexe, il bondit en arrière pour éviter d'être trop mouillé.

"Saloperie !"

Son débardeur déjà pas tout neuf était désormais orné de deux belles tâches. Le barman était déjà en train d'essuyer le comptoir, le regard un peu inquiet. A coté, le morveux n'avait même pas réagit, dessinant comme si de rien n'était. Il ne fut pas dur au policier de deviner l'origine du problème. Préférant éviter un scandale avant d'avoir pu boire tout son saoul, Tony se contenta de siffler le serveur pour attirer son attention.

"Ressers moi, le jeune homme paiera pour sa gaffe."

Et ce disant, il posa sa main sur l'épaule du mioche, serrant suffisamment fort pour lui faire comprendre qu'il attend une confirmation.

Le carnet et le crayon reprirent leur place dans le sac. Daclusia posa sa main sur celle de l'autre homme, et la retira. Sans force, sans violence. Il la retira avec une douceur telle qu'on se laissait guider par elle. Il arborait un sourire amusé, et son regard, fixant le vide à travers ses yeux mis-clos, tout ça donnait une ambiance étrange à la scène. Les quelques clients autours regardaient, étonnés, ce spectacle, et certains espéraient, étaient sûrs même, que le policier allait se rebiffer et corriger ce mioche. Comme lassé, ce dernier lâcha nonchalamment:

"C'était un accident. Je suis désolé d'avoir renversé votre verre, mais je n'ai qu'assez d'argent pour un verre de plus, et je préfère étancher ma soif que de rembourser votre consommation."

Ces paroles avaient été prononcées par sa voix presque enfantine, mais elles avaient été prononcé d'un ton dur, et sous-entendaient de la rancœur. Contre qui? Contre quoi? En tout cas cette rancœur était belle et bien visible physiquement. Les yeux bleus du vendeur se teintaient peu à peu de rouge. Rien, cependant, de grave. Juste un reflet au milieu de ses prunelles.
Une goutte de sang au milieu de l'océan.
Mais tant qu'au moins une goutte était présente...

Une chose était certaine, c'est que ce mioche le cherchait. Il repoussa la main de Tony calmement et celui-ci se demanda pourquoi il l'a laissé faire sans forcer sa grippe. En tout cas, il allait pas le laisser s'en sortir aussi facilement. Il en avait maté des plus coriaces par le passé. Encore que là, la situation était différente. Jouer du poing dans une ruelle ou dans une salle d'interrogatoire pour extorquer des aveux était bien plus son domaine que négocier un verre remboursé avec cosplayer un peu trop dans son personnage. Mais l'intimidation était un bon compromis dans cette situation et sa carrure lui permettrait de s'imposer facilement. Se dressant de toute sa hauteur pour dominer le jeunot, Tony comptait bien récupérer son du.

"Eh mon petit gars, moi je préférerais finir mon verre tranquillement sans me faire éclabousser, mais visiblement, ce soir, c'est pas notre jour. Aucun n'aura ce qu'il avait souhaité..."

Le regard dur, Tony fixait l'autre pour l'impressionner et il ne lâchera pas ce contact avant que l'autre ne plit.

Le rouge prenait, lentement mais sûrement, une plus grande part dans le regard du jeune homme. Son regard s'était durcit, son expression aussi, et dans ses yeux, un dégoût non camouflé était facilement perceptible.

"J'en ai soupé des êtres humains. Je ne leurs dois rien. Et à vous non plus. Je ne prendrais pas de verre. Et je ne vous rembourserais pas. Comme ça, tout le monde est content."

Ces mots avaient claqué dans l'air comme un fouet. Le petit jeune homme qui se trouvait assit avait vieilli d'une dizaine d'année. Du moins, c'est l'impression qu'on avait. Physiquement, il était le même, mais on avait l'impression de parler à une personne totalement différente. Il avait enfilé, sans prendre le temps de s'intéresser plus en détail au flic, son sac, et se dirigeait vers la sortie.

Si l'aura existait bel et bien, alors la sienne dégageait de la colère. Pas de la colère contre quelqu'un en particulier, juste de la colère. De la colère à l'état brut. Arrivé à la porte, il poussa un petit rire malsain. Sur un ton de défi, il lâcha à l'adresse du policier:

"Vous êtes le genre de type à se croire supérieur aux autres de part sa carrure. Prenez garde à ce que ça ne vous joue pas de tours. *il se retourne, laissant apparaître un oeil rouge et l'autre jaune* Et bien, si vous avez autant confiance que ça en votre force, venez tenter votre chance être humain!"

Loin de se décomposer, le jeunot semblait prendre des couleurs. Il interprêtait complétement son personnage, partant dans un délire mysanthropique aigu, au point d'en être métamorphoser et avoir l'air plus vieux. Tony soupira, tandis que le désespoir recouvrait son envie de corriger son honneur. Il n'avait pas envie de se prendre la tête avec un fou.

Mais en sortant, celui-ci provoqua Tony en duel. C'est le genre d'invitation qu'il pouvait difficilement refuser. Un sourire au lèvres, le policier règla sa bière à moitié bue et suivit l'autre dehors. De part l'heure et l'isolement du bar, la rue était plutôt tranquille. La lumière blafarde des lampadaires tapait le pavé, donnant un aspect presque dramatique à la scène.

"On règle ça entre hommes, très bien. Tu vas regretter de m'avoir ruiné ma soirée."

Malgré ses paroles, Tony était plus enthousiaste qu'en colère. La situation l'amusait finalement plus qu'autre chose. Il allait pouvoir se défouler, même si un mioche n'était pas la meilleure cible. Mais peu importe, il n'avait qu'à retenir ses coups et filé une rouste au provocateur pour lui faire payer sa leçon. Prenant une posture de boxeur en bon amateur qu'il était, Tony se positionna face à l'étranger.

"Aller, prêt ?"

[HRP] Musique d'ambiance... [/HRP]

All red. Tout sur le rouge. Les dés étaient lancés, la roue tournait, et la mise avait une couleur sang. Ainsi étaient les yeux de Daclusia. Le jaune était parti. Ne restait que le rouge. Tout ceci allait être saignant.

"J'espère que tu n'as rien contre la viande saignante!"

Son ton de voix et sa voix elle même étaient totalement différentes. Elle crachait presque, les mots n'étaient plus stylisés, plus de tournures de phrases. Il crachait littéralement ce qu'il pensait. Et dans ces paroles presque hurlées, un goût de sang qui se transmettait aux spectateurs des fenêtres du bar. Voyant le combat se préparer, ils étaient peu à peu gagnés par la soif de combat.
Du pain. Des jeux. Pauvres êtres humains.

"C'est parti!"

A peine sa phrase terminé, le jeune homme avait bondit dans le sens propre du terme sur son opposant, avec une vitesse et une agilité qu'on ne pouvait deviner derrière son apparence tranquille qu'il arborait au bar. Il avait agrippé les bras de son adversaire, s'en était servi d'appui pour rebondir une fois le sol touché, et, l'inertie, la gravité, et la vitesse aidant, était passé par dessus le policier.... Qui lui même avait effectué un joli vol plané de quelques mètres par dessus Daclusia, atterrissant dans une voiture, qui, sous le choc, avait déclenché son alarme anti-vol.

Sous l'effet de l'adrénaline, son cœur fesait circuler dans le corps du jeune homme le sang à une vitesse de 200 battements par minute. On était passé d'un air harmonique à une dissonance de heavy metal.
Donnant quelques coups dans le vide par pure provocation, sa posture, son allure avaient quelque chose d'animal. Une bête fauve en plein combat. Pour ajouter à la bestialité assez présente, que ce soit sur sa posture, dans ses yeux, ou à l'expression de son visage et le sourire qu'il arborait, il se mordit le pouce gauche avec une canine bien trop pointue pour être humaine.
Du sang, toujours à la même vitesse, glissait sur la main de son propriétaire, dansait, tournoyait sur ce membre lui même dansant au rythme du combat. Pas, tout de même, au point d'être dangereux pour la santé.

((Désolé du temps de réponse. Entre le manque d'inspiration et les montagnes de devoirs, j'ai été débordé))

Le combat allait démarrer. La tension montait, le temps se figeait autour des deux adversaires, comme si la rue devenait scène et le reste un décor couvert de paires d’yeux, paroxysme du voyeurisme qui rongeait notre société. Tony se gaussa un instant de la posture du jeune, mais il sentait que quelque chose clochait. C’était qu’un mioche trop vite grandi, où était le problème ? Mais dans les tréfonds de son esprit, le policier aguerri percevait l’erreur, le détail qui devait lui signaler son sixième sens. Car les infimes changements physiques du dessinateur étaient loin d’être anodin, mais c’est avec un retard fatal que Tony s’en rendit compte.

Sans qu’il puisse le prévoir, il fut un simple spectateur de son propre massacre. Le jeunot fut sur lui en un bond avec une célérité de guépard, passa par-dessus lui et dans une prise invraisemblable, il projeta le pauvre Tony sur le capot d’une voiture. Sous la violence du coup et son poids, il s’effondra lamentablement, enfonçant la tôle et fissurant le pare-brise. Quant à son corps meurtri, il est dans un aussi piètre état que le tas de ferraille qui fut jadis un fier véhicule automobile. Une douleur ne venant jamais seule, l'alarme de la voiture se déclencha, fracassant ses oreilles par son son trop intense.

Entre un hoquet de surprise et un gémissement de douleur refréné, Tony souleva sa poitrine dans l’espoir futile de reprendre son souffle. Baudruches maudites, ses poumons ne pouvaient lui apporter le réconfort d’une respiration sans torturer ses chairs avec leur gonflement perturbateur. Sans nul doute, une côte ou deux s’étaient fêlées, subissant les outrages et la violence d’une rencontre à toute allure avec un pare-brise de voiture.

Tony s’était déjà retrouvé dans un mauvais état, et pas qu’une fois, mais jamais face à un seul et unique mioche l’envoyant à terre en un coup fatal, avec autant d’aisance que s’il faisait de sa trottinette. L’humiliation, exacerbée par la présence des spectateurs silencieux, était infâme, laissant un goût amer dans sa gorge et le sang qui y coule doucement ne pouvait pas l’effacer.

Malgré tout sa fierté de coq, Tony sut qu’il fallait réfréner son orgueil et arrêter les frais. Il se redressa, se tenant le flanc avec son bras le moins amoché, pour avoir une meilleure vue sur l’inquiétant et hallucinant adolescent, avec une petite étincelle d’espoir de comprendre… Mais il était toujours aussi mystérieux. Il n’avait plus l’air si innocent que ça et le policier y reconnu la flamme qui envahit les yeux des brutes. Soufflant, souffrant, Il soutint le regard, non sans écarquiller ses mirettes.

« Mais putain, t'es qui toi ? »

Sa voix émergeait faiblement de sa gorge, se perdant dans l'assourdissant vacarme de l'alarme qui ne cessait pas. Il n'était pas même sûr que son adversaire l'eut entendu.

"Tsss. Les humains sont si fragiles..."

Pour ceux qui avaient quelques dons de visions, même légers, il était possible de voir flotter au dessus du jeune homme des formes bleutées qui se battaient, comme pour avoir le contrôle du corps. Comme les parasites d'une télé mal réglée, le rouge et le bleu se massacraient pour avoir la place des yeux. Place que la seconde couleur put reprendre, lentement, en même temps que le corps reprenait sa forme tranquille.
Après quelques respirations rauques, une main de passée sur le visage, et un rapide coup sur le pantalon avec l'autre pour essuyer le liquide rouge et sucré qui en dégoulinait, le jeune homme se calma, regarda droit dans les yeux son adversaire, et on pouvait voir se refléter dans les prunelles du xintien des fantômes et des formes transparentes, qui semblaient lire dans le policier pour déceler la teneur de son âme.

Un bonbon tomba sur le torse du policier, tandis que celui qui l'avait lancé en prit un lui même. Dans un souffle, on put entendre "en compensation des blessures infligées...". De la morphine pour calmer la douleur. Un réactif pour accélérer la coagulation. Un calmant pour empêcher le sang de couler trop vite. Et un délicieux goût sucré et fruité.
Dans la froideur de la nuit, le souffle du vendeur laissait voler pendant quelques secondes des nuages de chaleur, qui s'évaporaient dans l'air aussi vite qu'ils étaient venus.

"Estimes-toi heureux que l'on soit sur terre. Ici, je suis limité aux propres limites de ce que l'homme peut croire."

Autre souffle. Autre nuage blanc.

"Daclusia. C'est le nom sous lequel on me connait. Ce que je suis..."

Souffle. Pause. Lancer de quelques pièces équivalentes au prix de la boisson d'où est partit le conflit.

"... Dépend de ton degré de compréhension... "

Il termina par ce mot, qui fut lâché avec bien plus d'insistance que les autres, mais pas avec le dégoût de plus tôt.

"... Humain."

Le gamin resta silencieux un moment, laissant Tony dans la perplexité. Celui-ci se demandait vraiment si « l’autre » était normal ou… Peu importe les pensées qui traversèrent l’esprit troublé par le choc du policier, elles n’étaient qu’un ramassis de théories fumeuses et fantastiques. Quoiqu’il en soit, le jeune homme dont l’humeur semblait aussi noire que sa ceinture en arts martiaux daigna réagir. Il jeta quelque chose que Tony prit pour un caillou de prime abord. Mais non, c’était un comprimé ou un bonbon, « en compensation pour les blessures infligés ». Tony regard incrédule la pastille, se demandant un instant s’il était sérieux. Tout bon flic des stups, même un mauvais d’ailleurs, ne serait pas assez stupide pour prendre une gélule à la composition inconnue, surtout fournie par un mec qui vient de le foutre à terre avec une prise de kung-fu comme on en voit que dans les films.

Tandis que le jeune prenait lui-même une de ces doses, Tony referma son poing sur le bonbon, se gardant bien d’y gouter. Non, il en aurait une meilleure utilité, comme une analyse pour savoir quelle drogue cela pouvait être. Toussotant pour se dégager les bronches, le policier lança un regard mauvais au dénommé Daclusia, qui semblait prendre plaisir à la situation et faisait durer les présentations.

En tout cas, ce tordu était vraiment dans son trip de cosplayer, ce qui arracha un sourire malvenu à Tony. Aucun doute, Daclusia était un fou. Un fou à l’arrogance démesurée qui prenait plaisir à l’humilier, lui rendant même la monnaie du verre renversé.

La colère grondait en Tony et la fureur irrigua ses veines, brûlant ses muscles. Tant bien que mal et clopin-clopant, il se releva, appuyé contre la voiture toujours bruyante et une main contre ses côtes douloureuses.

« Daclusia… Je sais pas où tu as appris ça, mais un jour ça ne te sauvera pas… et « l’ Humain », sera là pour voir ça… »

Les paroles peu subtiles n’avaient qu’un maigre écho, mais la situation dépassait complément Tony et seule la provocation gratuite lui permettait de garder pied.

Le vendeur soupira. Il avait cru détecter pendant un moment quelque chose d'intéressant chez le policier, mais après tout peut être n'était-il qu'un humain de base... Dans tous les cas...

"Que tu me crois ou pas... C'est un choix qui t'appartient. Cependant, tes blessures sont assez graves, et ce que je t'ai proposé n'est qu'un médicament antidouleur qui réduira la perte de sang et accélèrera la cicatrisation, avec un petit goût de bonbon parce que c'est franchement dégueulasse, si tu préfères que je le dise crument."

Un coup d'oeil rapide à l'horloge la plus proche fit soupirer Daclusia. Il était resté tard ici. Bien trop tard. Il fallait rentrer, et ne pas faire attendre son invité... D'un geste désinvolte qui signifiait "à quoi bon?", le sac reprit sa place de bandoulière.
Le jeune homme eut un dernier regard au policier. Et un dernier soupir. Il avait fait son choix. Après tout, lui-même n'était pas là pour aider les hommes à se décider, mais pour leur donner un coup de pouce si eux même étaient décidés.

"Le libre arbitre étant ce qu'il est, c'est ton choix d'ouvrir les yeux ou de rester dans ton cocon... Je ne te force à rien, alors fais ton choix."

Le vent se leva, emportant avec lui les client du bar qui retournèrent à leurs bavardages et à leurs consommations. La ruelle étant juste à côté du champ de bataille improvisé, aussi il fut clairement visible, au seul qui regardait encore, lorsque le jeune homme avait disparu dans la pénombre, qu'un vif flash lumineux avait déchiré, l'espace d'un instant, la noirceur de la nuit. Au fur et à mesure qu'elle se reformait, celle-ci laissait l'esprit du représentant de l'ordre des questions, et un esprit embrumé. Tout ceci avait-il été un rêve ou une réalité?

Le choix était sien. Garder les yeux fermés dans ce terrain connu, ou marcher dans l'inconnu obscur, les yeux grands ouverts?

Daclusia s’embarqua dans des explications qui glissés dans le crâne du policier sans laisser la moindre trace de sens derrière. De toute façon, il avait trop peu confiance en cet aimant à problème pour prendre sa pilule, même si il en vante les effets aussi dédaigneusement. Néanmoins, il glissa le bonbon dans une poche, pendant que le fou continuait ses verbiages sans queue ni tête.

Malgré la douleur trop pesante, lorsque Daclusia fit mine de partir, les réflexes d’agent de la loi poussèrent Tony à esquisser un pas à sa rencontre. Grave erreur !
A peine le mouvement accompli qu’un vertige s’empare de sa tête et trouble sa vue. Il doit user de toute sa concentration pour ne pas s’écrouler bêtement. Clignant des yeux plusieurs fois, il tente de retrouver un semblant de stabilité, car pendant un instant, il avait cru voir un éclair de lumière envahir la rue pour emporter Daclusia. Mais c’était sûrement un mirage. La lumière des réverbères s’écrasant sur sa rétine fatiguée pour y imprimer une illusion que son piètre état lui inflige. En tout cas, le bougre en avait profité pour détaler.

« Une ville de fous… »

La rue se calmait : les gens aux alentours avaient quittés la scène vide des yeux, l’alarme de la voiture s’était finalement tue dans la nuit et l’opposant n’était plus là. Tony essaya de prendre une grande goulée d’air frais pour se remettre les idées au clair, non sans faire rugir la douleur de ses côtes. Un médecin. Il lui fallait un médecin.


((Je crois que c’est la fin de la scène là… Bravo, tu viens de créer une obsession à mon personnage, qui aura une farouche envie de se venger de l’humiliation que tu lui as mis ce soir ! ))