J'eus un sourire un peu plus rassuré lorsqu'elle m'annonça partager l'un des détails de ma précédentes présentation. Louise me l'avait dit, que je ne devais pas choisir n'importe qui. Que je devais garder en tête la ou les personnes avec qui j'avais le maximum de choses en commun, ou celles qui m'inspiraient le plus confiance, ou celles avec qui je me sentais le plus à l'aise, avec qui j'avais un bon feeling, comme elle disait. Dans ces trois possibilités, je ne savais pas trop où me mettre. Avec n'importe qui, je serais quelque peu mal à l'aise du fait qu'il m'était difficile de me sentir à l'aise dans cette situation, où l'on vous a poussé à rencontrer de purs inconnus avec l'espoir d'y trouver l'amour. Une personne qui m'inspire le plus confiance ? Non, toujours pas. Comment voulait-elle que je trouve de la confiance chez une personne avec qui j'ai dialogué pas plus de cinq minutes ? Non, ce ne serait sûrement pas un critère très pertinent. Le maximum de choses en commun ? Je doutais qu'une personne exactement comme moi soit ici. Non, une personne comme moi serait sûrement chez elle à s'occuper tranquillement et intelligemment, ou à faire une longue balade dans un parc. Une personne comme moi n'aurait jamais eu le cran de venir ici. La preuve, je n'étais là que parce que ma demi-soeur m'y avait poussé, et que je ne pouvais absolument rien lui refuser. Et si je voulais me raccrocher à cette histoire de points communs, j'étais mal partie, vu que Léona, ma première interlocutrice, semblait être une personne pleine de confiance et d'énergie, entreprenante. Pourtant sa présence était loin de m'être désagréable, au contraire; autant de joie et d'énergie était plutôt communicatif, et donnait agréablement le sourire. Oui, cette fille dégageait quelque chose de sympathique, d'étrange, mais de sympathique. De plus, Louise m'avait dit aussi de garder de côté ceux qui aussi ont un physique avantageux. Et Léona était loin d'être déplaisante à regarder. Je me répétais, mais ses yeux avait quelque chose d'assez hypnotisant, sachant capter mon regard malgré ma timidité.
Du thé, tiens, en voilà une bien sympathique de passion. J'adorais également le thé, ça a quelque chose d'assez purifiant, je trouvais. A vrai dire, je prenais surtout des infusions, ne voulant pas abuser de théine le soir. C'est bien plus apaisant d'éviter un thé bourré de théine afin de trouver le sommeil. Et en ce qui concernait le matin, je préférais largement un bon café noir, mes origines italiennes parlant d'elles mêmes.
Mon sourire s'élargit lorsqu'elle me parla du corps humain. C'était amusant, elle en parlait comme si elle n'en était pas un. Pourtant, c'était bien une belle jeune femme qui se trouvait en face de moi, et non quelconque créature étrange. Et pourtant, je savais mieux que quiconque qu'il fallait se méfier des apparences, bien plus souvent trompeuses qu'elles ne le paraissaient. Mishima et Seikusu avaient eu raison de mon réalisme trempé; il y avait bien de choses étranges possible dans ce monde, et il y a de ça quelques semaines, j'aurais affirmé avec ferveur que la magie n'existait pas. Et pourtant.. et pourtant, mes yeux en avaient assez vu pour qu'à présent, je pense fermement le contraire. C'était effrayant à dire, mais oui, nous n'étions pas que quelques animaux banals et quelques humains normaux sur ces terres; bien plus de prédateurs aux étranges capacités se dissimulaient parmi nous. Jamais je n'aurais songé que mon professeur de biologie était une femme plante, ni que ma soeur possédait un livre d'incantation qui invoquait vraiment. Sans doute cet épisode avait été ma plus grosse surprise. Surtout venant de ma soeur qui semblait si innocente...
Enfin, je pris sa déclaration bien innocemment au premier abord, pensant qu'elle ne parlait que de la beauté des courbes humaines, comme une artistes peignant du nu. C'est également pour cela que je ne me sentis pas si déstabilisée que ça par ses mots. Je trouvais également dans le corps humain, nu, quelque chose de beau. Peut-être était-ce mon côté sauvage, bestial qui me poussait à avoir ces pensées. L'homme, nu, au même rang qu'un animal.
C'est lorsqu'elle s'excusa d'être bizarre que mes pensées glissèrent vers l'autre possibilité de cette addiction au corps humain. Peut-être insinuait-elle auX corps humains, l'un mêlé à l'autre, dans une danse sensuelle ? Devant son visage si doux, j'écartais cette possibilité. Je n'allais tout de même pas prendre cette fille pour une nymphomane, non ? Elle appréciait les corps, c'est tout.
D'ailleurs, elle me relança sur le thème de la biologie animale. Je lui adressais un sourire. Elle me rappelait étrangement dame Isley, qui me demandait en quoi j'étais tant intéressée par les animaux, et comment cela avait finit. Espérons que les choses ne dérapent pas de la même manière ! je me contentais donc de lui répondre comme toute personne normale, sans affection toute particulière pour une partie bien précise des animaux.
- Je les adore depuis toute petite, j'ai toujours envie de leur venir en aide. Et ils me fascinent. Un peu comme toi tu admires le corps humain, j'admire la morphologie animale, sa musculature, sa fourrure, et tout ces petits détails comportementaux qui attisent la curiosité des zoologistes, éthologues, et autres scientifiques impliqué dans la bio animale...
Mes joues rosirent et je laissais échapper un petit rire gêné, me rendant compte que c'était peut-être beaucoup de charabia pour peu de temps à apprendre à se connaître. Mais c'était agréable, de parler de ce qu'on aime. Ce n'était pas souvent que j'en avais si jolie occasion.
- Oh, désolée, ça te dit peut-être rien tout ça. On devrait peut-être parler d'autre chose.
Je fis mine de réfléchir, et me demandais ce qui était important dans ma vie, ou ce qui m'intéresserait de savoir chez elle. Elle m'avait posé des questions, je me devais de faire un effort pour lui renvoyer la balle. Je commençais à me prendre au jeu qu'était le speed dating; ce n'était pas si effrayant que je m'y attendais. Je devais un pe me décontracter.
- Ca fait longtemps que tu es à Seikusu ? Ou tu as voyagé ? Toi qui veux goûter tous les thés du monde...
Finis-je par lui demander, toujours une pointe de timidité dans la voix et le regard, bien que je me sentais petit à petit plus à l'aise.